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Critique de Ladybirdy


C'est avec la chair de poule que je referme les dernières pages d'Iboga. Je n'avais fait qu'une bouchée de mon premier livre de Christian Blanchard, Antoine, j'ai voulu voir jusqu'où allait me mener cet auteur. Jusqu'au KO probablement.

Jefferson Petitbois est le dernier prisonnier condamné à mort en France début des années quatre-vingt. Saviez-vous que la peine de mort ne fut pas abolie plus tôt ? Que pas si loin encore, un Dutroux et autres dangereux criminels pouvaient être condamnés à mort ?

J'ai suivi la vie de Jeff plusieurs jours en totale immersion avec lui dans sa tête d'abord puis dans sa cellule isolée de 9 mètres carré. J'ai écouté ce qu'il avait à dire, de sa solitude, sa condition d'enfant abandonné, d'homme rejeté, abîmé, sali par la vie et le manque de chance, d'amour, d'espoir. Je l'ai accompagné dans ses 23h dans sa piaule avec l'odeur entêtante de l'iode qui vient à narguer au loin celui qui ne peut rien vouloir, rien espérer, pour qui la liberté n'a plus de sens. Je l'ai accompagné dans ses pas à tourner en rond une heure dehors entre les murs bétonnés. J'ai plissé les yeux devant les humiliations de certains gardiens pour toi, Jeff le negro. J'ai respiré quand d'autres t'offraient un peu de leur temps, Jean ce gardien lui, il t'aimait bien toi Jefferson. Puis il y avait Germaine, cette souris pour seule compagnie qui elle aussi, a fini par t'aimer un peu. Tu ne demandais pas plus Jeff, un peu d'amour, même une chienne s'occupe de ses petits diras-tu, tu n'as même pas eu cette chance-là.

Alors oui, tu as commis des actes impardonnables pour lesquels tu as été jugé. Mais entre ton passé et tes violences, je suis tiraillée. Plus on avance avec toi, plus un attachement se crée.

Il y a ce quelque chose de la ligne verte, de Glen Affric ou encore de L'étranger ici. Quelque chose de fort éclôt à la mesure des pages. Jefferson est là, même quand on referme momentanément le livre. Grâce à une écriture tout en finesse, en émotion, sans aucune lourdeur, cette immersion dans la tête de Jeff rend la lecture troublante, marquante et peut-être un peu hors du commun. Jamais un livre n'a donné autant de place aux pensées d'un prisonnier enchaîné à une mort certaine.
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