Amoindrie par l'exclusion mais forte de somptuosité de «l'insurrection» d'août 1944 (contre l'occupant nazi) et de ses 167 «martyrs» de la Libération de Paris, la préfecture de police de Paris est devenue puis restée (jusqu'à nos jours ?) une sorte d' «Etat dans l'Etat», auquel il était très difficile, sinon impossible d'imposer des réformes. Entre 1947 et 1963, sa cible favorite a été d'abord et surtout les «Nord-Africains», en particulier les «Français musulmans d'Algérie» (les Fna) arrivés, émigrés forcés ou volontairement, en «métropole». Les Algériens furent donc ciblés, continuellement, soit comme des étrangers, soit comme des «indigènes» que l'on pouvait discriminer en raison de la situation coloniale. Sous divers motifs étaient mis en place des dispositifs qui empruntaient au traitement habituel des «indésirables».
La marge de manoeuvre fut élargie avec la nouvelle configuration politique née du déclenchement de la guerre d'Algérie et encore plus lorsque celle-ci déménagea une partie de son action en «métropole» (ouverture rendue nécessaire d'un «second front»). On passa donc de l'«indigène» au citoyen diminué puis à une nouvelle clientèle policière. Les structures changèrent ainsi que les méthodes. La mentalité, elle, n'avait pas changé, avec «l'absence du vécu colonial des gardiens de paix parisiens».
Après 1962... Aujourd'hui... une parenthèse refermée ? Pas si sûr...
On en perçoit bien des séquelles aujourd'hui encore.
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Il s’agit d’un travail extrêmement rigoureux, convaincant et nuancé, qui s’appuie principalement sur les archives de la préfecture de police (PP) et du ministère de l’Intérieur.
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Emmanuel Blanchard : "Histoire de l'immigration algérienne en France"