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EAN : 9782845975927
176 pages
Textuel (13/09/2017)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Mauvaises graines , apaches , sauvageons , blousons noirs , racailles : les mots changent mais la stigmatisation perdure pour qualifier les enfants des classes laborieuses lorsqu'ils croisent le chemin des tribunaux. Véronique Blanchard et Mathias Gardet présentent ici le premier panorama de la justice des mineurs sur deux siècles, en replaçant dans leur contexte les rapports que la société française a entretenus avec sa jeunesse. Exhumant pour la première fois des ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'ouvrage Mauvaise Graine, plutôt destiné au grand public, est issu d'une recherche passionnante et minutieuse, menée par deux historiens chercheurs, sur deux siècles d'histoire de la justice des mineurs. 

L'iconographie très bien mise en valeur, les références foisonnantes , puisent leur richesse dans une documentation provenant en grande partie des archives de l'administration française, notamment de la Protection judiciaire de la jeunesse actuelle, anciennement appelée Education surveillée.

Le lecteur est entraîné dans le dédale d'une justice si singulière, si politisée, qui évolue sans cesse dans ses orientations à l'égard de cette enfance "irrégulière" au gré des pressions sociales, politiques, alimentées elles-mêmes par des faits-divers qui agitent l'opinion publique.

Cette analyse sur le long court nous permet de percevoir en filigrane des réflexions des acteurs de terrain qui incarnent cette justice et la construisent chaque jour; qui tentent d' appréhender cette question si sensible de comment oeuvrer en faveur du relèvement durable de mineurs en profondes difficultés.

Faut-il continuer à prendre en compte la spécificité du public auquel s'adresse cette justice, même lorsque celui-ci  commet des actes qui choquent, qui font peur, qui provoquent le dégoût et l'incompréhension de la société? Au contraire,  faut-il se déprendre des actes posés, aussi graves soient-ils, pour chercher en chacun de ces enfants des solutions individualisées, qui lui permettent de relever la tête, de comprendre, de s'amender, et de se reconstruire au milieu du chaos adolescent, et en définitive faire la paix avec la société qui le juge?

L'ordonnance du 2 février 1945, maintes fois retoquée demeure le texte de référence relatif à la délinquance des mineurs. Elle consacre la spécificité de cette justice des mineurs, elle accorde la primauté de l'éducatif sur le répressif. La question se pose toutefois de ce qu'on retient de l'Histoire, de la cruauté des traitements infligés autrefois, qui ne sont pas si différents de ce qui existe actuellement, notamment dans des structures qui enferment pour mettre à distance, pour cacher, pour détourner les regards, pour éviter qu'on ne se penche réellement sur des problèmes structurels qui impactent notre société, et par ricochet, notre jeunesse, et nos adultes de demain...  

Comme le soulignent les auteurs de cet ouvrage, les frontières entre enfance en danger et enfance délinquante sont extrêmement poreuses, se juxtaposant ou se superposant la plupart du temps.  le rôle du juge des enfants, en tant que chef d'orchestre de cette justice si particulière,  est d'être le garant de la protection de l'enfance sans distinction dans l' absolu, puisque le jeune délinquant est aussi un mineur à protéger. Un travail qu'il ne pourrait réaliser sans ses chevilles ouvrières : ses hommes ou femmes éducateurs, psychologues de service, assistants sociaux, professeurs techniques qui exécutent dans l'ombre les décisions judiciaires et contribuent par leur pratiques professionnelles et leur travail de proximité à donner sens à cette justice.

J'ajouterai juste comme bémol à cet ouvrage, que leurs recherches s'arrêtent aux années 80. Je me doute qu'il s'agit d'un choix, dicté peut-être par une commande institutionnelle, mais il est bien dommage qu'il ne relate pas notre justice aujourd'hui. Faudra-t-il attendre deux siècles supplémentaires pour voir surgir une vraie recherche "dépassionnée" sur ce qui traverse notre époque?

Enfin, je regrette que la préface soit rédigée par l'actuelle directrice de la Protection judiciaire de la jeunesse, qui a pris son poste en février 2017 seulement... Dans ce genre d' ouvrage historique, il ne manque assurément pas d'historiens de qualité - comme monsieur Yvorel qui réalise la postface-  pour contribuer à ce genre d'ouvrage de qualité.
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"Mauvaise graine" est un livre très intéressant sur la justice des enfants et la prise en compte de la jeunesse par la société française de la fin du XVIIIe siècle à la fin des années 1970.

Constitué de textes courts résumant la situation par période, de citations et de documents photographiques d'archives, c'est une bonne approche du sujet. On y voit clairement l'évolution en pointillé, les ambitions contradictoires et les difficultés d'applications qui ont jalonné des siècles de prise en charge, parfois douteuses, des enfants des classes populaires.

Ce livre donne envie de creuser le sujet car il survole sans forcément approfondir. de plus, sur la fin, il devient un peu trop succinct et s'arrête brutalement aux années 1970 alors qu'on aurait pu espérer pousser jusqu'au début des années 2000. M'enfin, c'est tout de même un travail pertinent.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ma cellule

Une pièce aux murs nus et dont l'aspect vous glace
Un lit, une paillasse ou l'on dort par besoin
Comme distraction, des punaises en masse
Un lavabo au mur, les W.C. dans un coin

Quatre mètres sur deux et des murs de Bastille
Les meubles y sont fixes et le linge grossier.
La croisée haut placée est close d'une grille
Une nuée de gardiens rôde dans l'escalier.

Ou donc est le printemps, l'air, la verdure
Liberté que l'on aime que quand on ne l'a plus
Il me faut aujourd'hui reposer sur la dure
Je regrette fort tous mes beaux jours perdus.

Je suis jeune en entrant, sortirai-je de même
M'en irai-je gracié, condamné ou mort
Après avoir gâché le bel âge ou l'on aime
Sortirai-je d'ici comme un vieillard en sort.

[poème écrit par un détenu de la Petite Roquette, 1910 - p38]
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Chercher à voir ce qu'il y a de bon dans les enfants qui vous sont confiés. [...] Si vous n'avez d'yeux que pour les défauts, les travers, les imperfections et les fautes, vous risquez de décourager très vite les enfants. Vous leur donnez en second lieu l'impression qu'elles seront aussi bien méprisées dans cette maison que dehors. [...] En ne faisant que détruire et abattre, on ne fait rien pousser.

[Euphrasie Pelletier - p 58]
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Écrire l'histoire de la justice des enfants, c'est donc renoncer à raconter une histoire linéaire, évolutive et progressiste. L'histoire de la justice des mineurs est faite de volontés contraires, contrariées, de prises de conscience successives parfois contradictoires. Elle oscille souvent entre coercition et protection, prévention, répression et éducation, au gré de politiques et de considérations variées.

[p10]
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