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Critique de Sarindar


Philippe de Mézières (vers 1325- 1405) apparaît comme un véritable "citoyen" européen avant l'heure. Encore faut-il nous entendre sur ces termes et les ramener à la dimension que Mézières leur donna, intéressé qu'il était à ramener les rois et princes d'Occident sur le chemin de la Terre Sainte alors que ces derniers avaient perdu, pour beaucoup, l'habitude de s'y rendre, au moins depuis Saint Louis et Frédéric II de Hohenstaufen. Homme de culture, homme d'action, serviteur du pouvoir chypriote comme chancelier du roi Pierre 1er, il fut un infatigable militant de l'esprit de Croisade, accompagnant le souverain en Égypte dans son aventure alexandrine en 1365. L'expédition commença bien, mais les ardeurs des hommes d'armes retombèrent dès qu'ils furent chargés de butin. Revenu en Europe, Philippe de Mézières se trouvait à Venise lorsqu' il apprit la triste fin de Pierre de Lusignan, son maître, qui avait péri assassiné en 1369. Après un passage en Avignon, il gagna Paris, où l'attira le roi Charles V le Sage, qui désirait faire de lui le précepteur de son fils aîné, le futur Charles VI. Il prit résidence tout près de Charles V, entre l'hôtel Saint-Pol et le couvent des Célestins. Quand le Sage roi mourut en 1380, Philippe quitta la vie publique et se réfugia chez les Célestins pour y écrire, notamment son Songe du Vieil Pèlerin. Il mourut en 1405, laissant une oeuvre écrite importante.
Pour que son idée de Croisade eût pu voir le jour, il aurait fallu que les Européens commençassent par se réconcilier durablement entre eux, notamment les Anglais et les Français entrés en conflit en 1337 et provisoirement en paix apparente en 1360 avec les traités de paix de Brétigny et de Calais, consécutifs à la défaite de Poitiers-Maupertuis en 1356 et à la capture de Jean le Bon par le Prince Noir. Mais cette dernière opportunité fut manquée et quand se ralluma la guerre en 1369, la belle chimère de la Croisade disparut comme mirage devant les yeux (il faudra attendre celle de Nicopolis pour que le rêve soit repris de façon éphémèrepar Jean Sans Peur en 1396).


François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)
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