Tout se multiplie——se paie de mots
S’inverse s’éternise en gloses
S’interdît s’exclame
Gémit pour éloigner l’aurore
Se revend exacerbe
Donne du poing pour ne pas tendre la main
Murmure son poison à l’oreille
Tire la langue aux témoins
Tend une jambe à l’aveugle
Crie bien haut
Être de son temps jusqu’à demain » …
J’étais nu
J’étais nu – mille ans passent.
J’étais nu.
Des incendies et la lande morte.
J’étais nu.
De grandes eaux arrivèrent.
Tout était promis – chacun de vous
Sait qu’il faut des genèses, non ?
Seulement
Seulement aucun ne fut là à me vêtir.
J’étais chaussé de sable.
Le mieux toujours est de tomber à terre
Tracer quelque chose.
Ce fut le commencement.
III
E //
Tout est enveloppé d’une bâche
Épaisse comme un linceul.
Un règne de plastique colore
Ces tentes de fortune
Où des souffles se réchauffent
Oubliant qu’ils furent des voix.
(...)
Une éclaircie au soir.
Le trajet d’un rapace
Au-dessus de l’onde.
Tous ces signes que l’on ne voit pas
À l’image des vies qui passèrent.
Aucune n’est la nôtre.
Et pourtant dans ce qui s’efface
Quelqu’un vient vers vous.
Quelqu’un vient vers vous.
Vous en faites un visage
Et vous avez raison.
Vous admettez ensuite
Qu’il ait un corps
Et devenez ami de son nom.
Suivent de nombreux jours ensemble.
Vieillir devient deux visages.
Enfin ce sont des funérailles.
Elle arriva à la dernière heure
Et bien sûr eut raison.
III
D //
Les toits légèrement visibles
Derrière les haies fatiguées –
Je ne suis pas là-bas à m’attendre
Ni ici à rêver de m’étrangler.
Voir pèse en moi
Comme un secret à ne pas taire.
Il y a ce pain que je peux atteindre
Cette vie que je peux partager
Et derrière chaque chose
Ce qui vit sans me parler.