Le beau [pour Baudelaire] c'est l'inattendu et c'est l'attente du rythme ; quelque chose de vague, ce qu'on ne peut jamais saisir, quelque chose d'absent et comme privé de soi – et aussi ce qu'il y a de plus exact, l'accord juste d'un projet rigoureusement accompli ("Le plus grand honneur du poète : accomplir justement ce qu'il a projeté de faire").
Baudelaire, comme tous ceux pour qui le mot poésie prend un sens, sait que la poésie est une expérience vécue par l'existence et le langage, expérience qui tend à faire naître le sens de toutes les choses ensemble, de sorte qu'à partir de ce sens, chaque chose se trouve changée, apparaît telle qu'elle est, dans sa réalité propre et dans la réalité de l'ensemble.
Ce mystère augmente quand on découvre ce que Rimbaud demande à la poésie : non pas de produire des œuvres belles, ni de répondre à un idéal esthétique, mais d’aider l’homme à aller quelque part, à être plus que lui-même, à voir plus qu’il ne peut voir, à connaître ce qu’il ne peut connaître – en un mot, faire de la littérature une expérience qui intéresse le tout de la vie et le tout de l’être.
Plus de mots. Je ne sais plus parler. Tous ses poèmes, le moindre de ses textes signifient la même aridité supérieure, le besoin de tout dire dans un temps d'éclair, étranger à la faculté de dire qui, elle, a besoin de durée.
("Le Sommeil de Rimbaud")
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