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EAN : 9782081479609
128 pages
Flammarion (06/03/2019)
3.74/5   23 notes
Résumé :
«Je suis là pour nager, pour couler, pour sortir de l’eau casquée et en colère. Je suis venue empêcher que des enfants soient inhumés avec les faits sans clairons. On leur doit bien une oraison funèbre. Je suis venue porter plainte. Je suis venue réveiller les petits cadavres, leur prêter ma voix de stentor, faire une chaîne avec eux et nous allonger sur les places, sur les routes, nous suspendre aux nuages, nous jeter avec la pluie, menacer enfin, troubler l’ordre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Immense claque. Il faut absolument lire ce roman malgré la noirceur du sujet: la pédophilie et l'inceste.
J'en sors exsangue, complètement sonnée et en même temps subjuguée par cette puissance et cette beauté de l'écriture, cette voix singulière.

Un texte fort, qui prend aux tripes, vous sort de votre zone de confort aux forceps tout en étant porté par une langue magnifique, soutenue, évocatrice.
La narratrice est journaliste. Elle est de ces femmes courageuses qui n'hésitent pas à « rôder dans les coins partout où l'humanité s'est mise en boule et personne d'autre ne voudrait mettre un pied dans l'abject ou en abattre les devantures ».
Elle accepte de partir dans une ville de Calabre afin d'enquêter sur une affaire de pédophilie et de consigner la parole d'une jeune adolescente abusée par un sexagénaire qui vient d'être relaxé sous prétexte qu'elle en était amoureuse…
Au cours de cette enquête elle exhume des souvenirs concernant d'autres victimes parfois très proches, certaines disparues, et témoignera à leur place.

L'auteure décortique le vice, le tord jusqu'à en extraire la boue visqueuse et le décrit avec réalisme. La littérature devient un lieu de déposition dont la narratrice symbolise la parole libérée.


Ses mots, minutieusement choisis, tranchants, n'épargnent pas le lecteur, ébaubi par cette réalité qu'il peine à affronter, ce monde à la dérive dont la folie affecte toutes les strates sociales.


Elle dénonce avec rage, brise le silence et « porte plainte » pour eux à coup de phrases chocs mettant à vif la chair et l'âme et malgré la rudesse de certains passages on ne lâche pas le texte.
Elle explore le désastre causé par l'indolence judiciaire, le silence, le consentement tacite de l'entourage souvent complice et la cristallisation du mal qui revient comme un boomerang lacérer l'affect de la victime, en modifier la personnalité et en fracturer durablement la structure.
Sophie Blandinières est la voix de tous ces enfants du traumatisme, stigmatisés à vie par un parent incestueux ou tout autre prédateur, et : « pour les raconter tous, elle livre un roman aussi brûlant qu'une déposition collective ».
Superbe.
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Livre dur, qui dérange et révolte et cela d'autant plus qu'il est très bien "e(t) cri (t)"
La narratrice est une journaliste qui se rend en Calabre pour couvrir un événement peu glorieux. La sortie de prison de P, condamné pour pédophilie. Mais la jeune victime de onze ans à l'époque des faits, témoigne en sa faveur pour le faire liberer, elle était "consentante", amoureuse.
La journaliste se remémore et nous fait pas également d'autres cas de sa propre famille, de son entourage et des dégâts que cela entraînent inévitablement sur la victime ou sur l'entourage.
"Le grand n'avait rien pu faire pour sa petite soeur, alors après il n'avait rien pu faire pour lui non plus."
Ce livre est un condensé de drames mais aussi peut-être un appel à la vigilance, à la responsabilité. Aucun milieu n'est préservé, et il n'est pas concevable de fermer ne serait-ce qu'un oeil une seconde.
Livre essentiel.


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Bouleversant! Je ne suis pas la seule à le dire et je ne vois pas comment le dire autrement.
Je suis toujours admirative des auteurs qui traite de sujets difficiles sans tomber dans le pathos où le reportage documentaire.
Avec un titre qui montre d'emblée une certaine impuissance à agir dans le secret des familles, "Le sort tomba sur le plus jeune" est le premier roman de Sophie Blandinières.
La narratrice comme l'auteure est journaliste. Elle va devoir se rendre en Italie, à Catanzano, en Calabre. Elle doit rédiger un article suite à l'annulation de la condamnation d'un homme de 60 ans jugé pour pédophilie. La petite fille qu'il a abusée avait 11 ans au moment des faits. Aujourd'hui, à 16 ans, elle a témoigné pour le faire libérer affirmant qu'elle était amoureuse de l'accusé. Pourtant ni elle, ni sa mère qui a dénoncé à la justice ce que cet homme faisait à sa fille, ne parlerons. La journaliste se trouvera seule face aux silences et aux non-dits.
Elle va donc écrire pour témoigner de l'horreur des corps d'enfants meurtris que lui raconte des femmes proches d'elle ou rencontrées par hasard.
Il y a surtout sa cousine Hannah, violée par son grand-père, son père et son frère. Elle restera proche d'elle, bouleversée par ce qui a pu se passer au sein de sa propre famille. Il y a aussi son amie Jeanne et bien d'autres encore.
Sophie Blandinières montre très bien comment les situations s'installent, dans tous les milieux sociaux, puisque le secret domine. Personne ne voit ou ne veut voir et comme on apprend l'obéissance aux enfants, leur rébellion semble impossible. Ces êtres violentés vont devoir vivre avec le poids des atrocités subies ou mourir.
Alors ce livre même court est important car il dit les choses.
Comme dans les romans de Christine Angot les propos dérangent, mais l'autofiction est un bon support pour parler de la pédophilie et de l'inceste.
Je regrette juste l'impuissance que l'on ressent face aux prédateurs qui détruisent des vies. Mais les mots sont difficiles à trouver face à de telles situations.

Lu en avril 2019
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Titre :  LE SORT TOMBA SUR LE PLUS JEUNE

Auteur : Sophie BLANDINIERES

Editions : Flammarion

Genre : roman

Nombre de pages : 120

Date : 2019 

Prix : 15 €



Présentation physique du livre :

Un livre de moyen format comprenant un peu plus de 100 pages

La sur-couverture représente des jambes d'enfants s'amusant.

J'adore la couverture.



Résumé : 

«Je suis là pour nager, pour couler, pour sortir de l'eau casquée et en colère. Je suis venue empêcher que des enfants soient inhumés avec les faits sans clairons. On leur doit bien une oraison funèbre. Je suis venue porter plainte. Je suis venue réveiller les petits cadavres, leur prêter ma voix de stentor, faire une chaîne avec eux et nous allonger sur les places, sur les routes, nous suspendre aux nuages, nous jeter avec la pluie, menacer enfin, troubler l'ordre public en étant simples et laids, pitoyables et repoussants, prêts à horrifier.»C'est une histoire d'enfants, dont elle fut, qui ne grandiront jamais comme les autres, prisonniers à perpétuité de ces années où ils ont été les jouets de prédateurs, pédophiles ou parents incestueux. Pour les raconter tous, Sophie Blandinières livre un roman aussi brûlant qu'une déposition collective."



Sur l'auteur et son univers 

Nationalité : France 

Biographie : 

Sophie Blandinières a été professeur et journaliste avant d'écrire des livres "pour les autres". le sort tomba sur le plus jeune est son premier roman. 


Sur les éditions

Flammarion est une maison d'édition généraliste qui explore les domaines de la littérature, des sciences humaines, des livres illustrés et de la jeunesse.

Depuis sa création en 1875, Flammarion a toujours veillé à poursuivre l'ambition de son fondateur, Ernest Flammarion : « Proposer le meilleur contenu au plus grand nombre. »



Très tôt présent en littérature et riche d'une grande diversité d'auteurs classiques et populaires (Émile Zola, Guy de Maupassant, Colette, Jules Romains, François Mauriac, Alphonse Daudet...), l'éditeur s'est ouvert dès la première moitié du XXe siècle à de nombreux domaines : histoire, philosophie, sciences (Albert Einstein, Vladimir Jankélévitch, Fernand Braudel, Georges Duby, Jacques Derrida…), livres d'art et illustrés, ou encore livres pour enfants avec les albums du Père Castor.





AVIS

Un immense merci à FLAMMARION pour l'envoi de ce livre qui vous secoue.

C'est le premier livre que cette maison d'éditions m'envoie et j'espère que ce n'est pas le dernier.



Début du livre 

Catanzaro est une bourgade calabraise aux rues assez étroites pour que l'actualité judiciaire, surtout celle qui appelle un signe de croix et un air contrit, vole d'un balcon à l'autre.



Pour la première fois, je me suis plongée dans un livre suite à la lecture de la quatrième de couverture.

Au début j'ai eu du mal à accrocher car je trouvais l'écriture assez complexe mais au bout de quelques pages je me suis laissée entraîner par l'histoire et le style de l'auteur et j'ai refermé ce livre complètement sonnée, à la limite de la nausée.

Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce que s'agissant du premier roman de l'auteure, il décrit avec force un fait de société qui est la pédophilie.

La narratrice qui est journaliste, part en Italie pour rencontrer et surtout comprendre l'histoire de cette enfant de 11 ans qui à défrayé la chronique. 

Parallèlement, elle raconte une partie de son passé, et des histoires d'enfants abusés mais que la vie ou la famille ont réduit au silence.

En effet, suite à la révélation par la mère d'une enfant de 11 ans de la relation intime qu'elle entretenait (ou plutôt subissait) avec un homme sexagénaire, ce dernier fut jugé en première instance; jugement confirmé en appel mais cassé par la Cour de Cassation.

Pour quelles raisons ? il semble que la petite était consentante. Consentante à 11 ans ???? non mais je rêve.... Absolument écoeurant.

Dans ce petit village où habitent les protagonistes du procès, c'est la consternation.

Mais au delà de cela, c'est le silence, l'omerta.

Tous ces enfants risquent de mourir avec leurs craintes, leurs souvenirs, leurs peurs... Cela la journaliste ne peut l'accepter.

Malheureusement remontent à la surface des souvenirs qu'elle avait enfouies, puis la nouvelle tombe et concerne son amie Hannah.

Justement hier à la radio j'entendais qu'un homme avait été jugé et avait écopé d'une peine d'emprisonnement de perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 20 ans pour avoir volontairement donné la mort à un officier de police, en le renversant en voiture. 

Jamais je n'ai entendu pareille peine pour un prédateur sexuel, un pédophile détruisant à petit feu et de manière répétée la vie d'un enfant...... Que penser de cela ???



Le style de l'auteur

Une écriture un peu difficile j'ai trouvé au départ mais après, on entre tout à fait dans le style et on ne peut lâcher le livre en cours de lecture. Il se lit d'une traite .

Vous refermerez ce livre avec un arrière goût d'amertume et d'écoeurement.



Le genre

Un roman qui dérange, qui secoue, mais qui est nécessaire pour faire entendre la voix de ces enfants réduits au silence par la vie.



La forme de l histoire

Plusieurs chapitres composent ce livre et on vit au rythme des découvertes de la journaliste et surtout de ses anecdotes toutes plus 



Conclusion : 

Une claque, une baffe, une taloche.... On sort totalement sonné de ce livre court mais concentré.
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Le sort tomba sur le plus jeune laisse peu d'imagination au lecteur quant au thème exploré dans ce roman, qui s'avère être d'une profonde noirceur.

Au vu du titre, je m'y attendais, mais peut-être pas à ce point-là.

La narratrice est journaliste, elle se rend en Calabre, dans la bourgade de Catanzaro pour mener une enquête sur une très sale affaire : « l'annulation de la condamnation d'un homme jugé pour pédophilie, estimant que la Cour d'Appel avait sous-évalué le « rapport amoureux » entre l'accusé âgé de soixante ans et sa victime, une fillette de onze ans ». Les dés sont jetés, j'ai froid dans le dos, cette seule phrase suffit à me répugner et presque aussitôt me faire regretter d'avoir entamé ce livre.

Mais je continue, car si pédophilie et inceste sont bel et bien dégueulasses (excusez le terme), il n'empêche que les deux existent.

Pour autant, je pense que j'aurais dû m'arrêter, je n‘avais pas les épaules pour cette lecture, car tout y est trop noir.
Le roman est construit sur le cours de l'enquête de la journaliste, qui cherche des réponses à ses questions, des avis des voisins, des explications, des réactions, elle cherche, elle gratte, elle fouille. Partout. Mais rien. Niente, la gente tace. En décrivant ce quartier silencieux où le mutisme est roi, l'on découvre une atmosphère lourde, pesante, l'air est brûlant, la ville est asséchée, l'espoir y semble mort, abandonné à son propre sort, prisonnier du silence. le village et tout ce qui le constitue semblent être liés par la résignation, et réveiller les mauvais souvenirs pourrait irrévocablement briser cet Eldorado du « motus-et-bouche-cousue ».

Au fil de ses rencontres, la journaliste se souvient des témoignages qu'elle a reçus, des évènements qu'elle a vécus, et de ce silence qu'elle connaît si bien. Se mêlent alors d'autres histoires, d'autres enfants dont on s'est servi, qu'aucun adulte n'a su épargner, préserver, ou qui a simplement fermé les yeux, par peur, par déni, abandonnant son rôle de protecteur.

Si le sujet mérite qu'on en parle, je n'ai pourtant pas adhéré à la forme, j'ai ressenti comme une overdose de violence, de viols, de sexe, de suicides, d'incestes, de pédophilie, de désespoir et de noirceur qui ont fait que je n'ai pas pu apprécier cette lecture, c'est un trop-plein, toutes ces affaires mêlées les unes aux autres au fil des 121 pages qui composent ce roman m'ont perdue et déroutée…

« Moi je rôde dans les coins, partout où l'humanité s'est mise en boule. Et personne d'autre ne voudrait mettre un pied dans l'abject ou en abattre les devantures pour offrir le spectacle de petits bouts de corps qui traînent dans les décombres, si loin les uns des autres qu'ils ne se souviennent plus qu'ils ont été les parties d'un tout, d'une petite fille ou d'un petit garçon ».

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critiques presse (4)
LaCroix
30 juillet 2019
À partir d’un fait divers italien, ce roman incandescent met à nu avec âpreté les ressorts de la pédophilie et son impact sur ces enfants que personne n’a su protéger.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LaCroix
11 juillet 2019
Après des décennies et des siècles de silence, les victimes de pédophilie et d’incestes s’expriment. La littérature a sa tâche à mener, fiction pure ou mâtinée de réel. Sophie Blandinières s’y attelle avec talent sur des bases bien authentiques.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
18 mars 2019
A Catanzaro (Calabre), une fillette de 11 ans a été abusée par un « bon bougre » de 60 ans, lequel a été relaxé. Claro salue l’écrivaine qui brise le silence de l’inceste et de la pédophilie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
14 mars 2019
Dans son premier roman, Sophie Blandinières dépeint avec brio la rage d’une journaliste partie couvrir une affaire de pédophilie dans un village du sud de l’Italie.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
"Les cas de pédophilie sont presque à l'ordre du jour [...] quand la Cour de cassation a pris cette décision controversée [...] les gens étaient en colère contre le protagoniste masculin de l'affaire et contre le système judiciaire. Je crois qu'il faut chercher les raisons de ce phénomène dans le climat libertaire des années 70, ce n'en est que l'héritage, cette permissivité, cette évolution des mœurs.."
Commenter  J’apprécie          60
" Mon père m'a violée pendant des années quand j'étais enfant
mais ma mère disait : "au moins tu sauras comment on fait." Hier maman est morte."
Commenter  J’apprécie          102
La petite ce matin, je ne sais pourquoi, était gaie. Comme si la nuit, la perspective de me parler peut-être, lui avait redonné une fraicheur provisoire. Sa robe aussi peut-être. Rouge, sans manches, avec une ceinture. Pieds nus. Avec des orteils abimés, écrasés. J'ai pensé en les voyant, c'est lui, il aimait ça, ses orteils. Qui ont été petits. Il l'a connue avec ses pieds nus de dix ans. Sans chaussures vernies.

page 63
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Les villes ne devraient pas dormir tant que des pédophiles les sillonnent discrètement, leur gentillesse flasque en bandoulière, leur désir infâme masqué par leur courtoisie.
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Ça me dégoûtait au point d'épuiser mon appétit et de me lier la langue. Aux questions que les parents de mon amie me posaient, je fournissais des réponses brèves, presque sèches, effrayée à l'idée qu'on me regarde, qu'il me regarde, le grand-père, le porc dans son auge d'aristo. On ne se serait pas méfié de ce patriarche de bonne famille, parce que c'est avéré, chez les gens bien, l'on n'est pas des animaux tout de même, l'on se contrôle, et même, l'on est irréprochable, l'on ne viole pas.
Commenter  J’apprécie          10

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