L’argent qui avait servi à payer tout cela n’était pas le leur, et rien que de penser à la façon dont ils l’avaient acquis, à ce qu’ils avaient dû faire pour l’avoir, Marisa sentait son malaise grandir. Chaque fois qu’elle y pensait, elle avait l’impression que la maison tout entière lui devenait hostile, que les murs se refermaient sur elle et lui renvoyaient toute sa culpabilité en pleine figure.
La folie était, du point de vue de Jensen, une chose fascinante. Il voyait cela comme une simple et minuscule discordance dans la machinerie humaine. Exactement comme une horloge dont le mécanisme serait grippé et qui ne cesserait de prendre quelques secondes de retard. Juste quelques toutes petites secondes, perdues dans l’abîme des rouages de l’horloge, mais ces précieuses secondes ajoutées l’une à l’autre finissaient par devenir des minutes, par s’amonceler jusqu’à ce qu’il soit clairement visible que quelque chose clochait.
Nina était prisonnière d’un monde de tragédie et de tourments, tout ce dont elle avait besoin était d’oublier, de nier et de transformer la réalité, de façon à la rendre plus acceptable. Et sans le savoir, Jimmy venait de lui offrir exactement ce qu’il lui fallait.
Les enfants étaient une source d’ennuis, ils étaient épuisants, énervants, ils détruisaient tout et, surtout, ils coûtaient cher.
Jimmy n’aime pas les médecins, mais celui-là n’est pas un médecin ordinaire : Avec lui, tout ce qu’il y a à faire, c’est parler. Le médecin pose des questions et il
demande à Jimmy de lui répondre, de lui dire ce qu’il a en tête. Il ne lui fait pas de piqûres et ne lui demande pas d’enlever son tee-shirt pour pouvoir écouter les battements de son cœur.