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EAN : 9782070135349
192 pages
Gallimard (03/02/2022)
3.73/5   84 notes
Résumé :
En janvier 1961, dans la station polaire soviétique de Daleko, cinq hommes sont chargés par le Parti d'affirmer la présence russe dans la région. Vadim, l'un d'eux, convaincu que Nikolaï a triché durant leur partie d'échecs, le tue d'un coup de hache. A son réveil, leur chef Anton découvre le cadavre et enferme Vadim dans le cellier où la température culmine à -15°C.
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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En 1961, cinq hommes occupent la station polaire soviétique de Daleko dont la seule finalité est la présence russe en Antarctique. Lors d'une partie d'échecs qui tourne mal, le tractoriste tue le chauffeur-mécanicien d'un coup de hache. Sans prison ni police dans ce bout du monde totalement coupé de la civilisation depuis la panne de leur radio, le chef Anton met le coupable à l'isolement dans le cellier, où la température ne dépasse jamais les moins quinze degrés. Mais l'homme parvient à s'échapper…


Leur mission, seuls au beau milieu de l'Antarctique, dans une zone inaccessible soumise à des conditions extrêmes, entre un froid capable de les congeler en quelques instants et une blancheur spectrale qui a mangé toute couleur, pourrait faire de ces hommes des héros si elle avait un sens. Seulement voilà, ils ne sont que de pauvres hères, envoyés par le Parti comme porte-drapeaux soviétiques en ces confins sans vie, avec pour seule responsabilité l'entretien de la statue de Lénine confiée à leurs bons soins. Autonomes avec leur immense stock de nourriture, ils vivent un temps indéfiniment suspendu puisque leur engagement ne comporte aucun terme, dans un huis clos d'autant plus hermétique que l'inaction conjuguée aux températures insupportables les confine dans les quelques mètres carrés de leur seul baraquement à peu près chauffé. Tous diluent leur ennui dans les brumes de la vodka, qui, à défaut de toujours agir en assommoir, favorise parfois quelques échauffements, des corps comme des esprits. Alors il suffit un jour d'une broutille pour qu'un geste irréparable les fasse glisser dans un infernal engrenage.


Que faire d'un meurtrier quand votre quotidien n'est que promiscuité et que vous ne pouvez compter sur aucun recours extérieur ? La défiance qui s'est subitement invitée au sein du groupe est un poison qui rend tout à coup la cohabitation impossible. Les tensions montent, faisant craindre de nouveaux drames dans ce contexte ubuesque, mais malheureusement implacable. Bien décidé à défendre sa peau condamnée par sa mise à l'isolement, le fruste Vadim va se révéler indomptable. Désormais, « Si quelqu'un rentrait vivant de ce séjour au pôle, ce ne serait pas le plus malin, le plus savant ou le plus équipé, mais celui qui aurait l'instinct de survie le plus fort. »


Avec une malice de tous les instants qui transforme ce huis clos angoissant, mâtiné d'aventure extrême, en une sorte de fable, noire et acide, sur la nature humaine, la plume toujours aussi splendide d'Olivier Bleys nous propose une échappée hallucinante aux confins de la civilisation, dans une fiction aux convaincants accents de vérité. Après le viscéral et tout aussi recommandable Solak de Caroline Hinault, une nouvelle occasion, peut-être plus subtile, de frisson polaire, dans un environnement où se révèle la vraie nature de l'homme. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Une nouvelle fois je ne vais pas rejoindre les critiques élogieuses pour ce livre que je n'ai vraiment pas aimé, ce huis clos malsain ne répondant pas du tout à mes attentes en la matière.

Déjà, le buste de Lénine en première de couverture aurait pu m'alerter. Mais, non. Il est vrai que l'histoire se situe en 1961, époque à laquelle, malgré la déstanilisation en cours, le joug soviétique pesait toujours très lourd sur les pauvres russes, tyrannisés pourrait-on croire à jamais. Viendra-t-il le jour où ils auront la volonté et la capacité de se débarrasser de leurs dictateurs?

Et les quatre russes prisonniers de cette station antarctique n'ont aucune des qualités pouvant relever l'âme russe, ils sont peureux, faibles, alcooliques, violents, menteurs, indécis, bien loin des ces alpinistes russes qui portèrent le drapeau rouge sur les sommets des 8 000 himalayens. Bien loin aussi d'autres héros de ce pays qui ont eu le courage payé au prix fort de dénoncer un régime inhumain. Je pense à Soljenitsyne qui disposait dans sa mission d'un talent littéraire exceptionnel.

Non, ces quatre là sont des pleutres et leur histoire, laborieusement contée par Olivier Bleys, ne génère aucune émotion. Je lui reconnais néanmoins le fait d'avoir su transporter le contexte soviétique en Antarctique, mais sans utiliser vraiment le décor exceptionnel de ce drame que l'on aurait pu tout aussi bien situer dans le désert ou en Sibérie.







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Humour noir teinté d'absurde et de grotesque, telle est l'ambiance de ce roman noir singulier. On y fait la connaissance de cinq russes qui tiennent la base soviétique de Daleko, dans ce qu'on nomme le pôle d'inaccessibilité de l'Antarctique, donc au bout du bout du monde, voire encore plus loin. de cinq on passe à quatre dans ce huis-clos pesant à l'ambiance glaciale lorsqu'il arrive un drame, le meurtre d'un ingénieur par le tractoriste Vadim. C'est la triste conséquence d'une dispute aux échecs à laquelle se rajoutent des litres de vodka. Car ces hommes s'abrutissent d'alcool pour oublier le froid hostile et l'inaction. Il faut dire que rien ne fonctionne dans cette base loin de toute civilisation et qu'ils sont sans nouvelles de leurs supérieurs.
Après ce meurtre, quelle sera la décision du chef Anton ? Tout d'abord écrire un rapport, ce qui permet de gagner du temps. Mais comment isoler un criminel dans une base aussi restreinte ?
Les évènements vont se succéder, tous plus saugrenus et grotesques les uns que les autres. le rythme est soutenu, on passe de l'effroi au rire et on s'amuse bien au dépend de ces personnages aussi glaçants que le climat et qui brillent par leur animosité et leur indifférence. Leur inclination pour la bouffe et l'alcool les rend pitoyables. On nage dans l'absurde avec des situations burlesques comme la corvée obligatoire qui consiste à faire « la toilette du buste en plastique de Vladimir Ilitch Lénine qui coiffait la station » et d'en prendre une photo chaque mois.
C'est délicieusement immoral et on se laisse cueillir par une fin déconcertante.
Un très bon roman noir.
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Pas mal du tout ! Cadre original, huis clos, humour noir, fin inattendue et immorale. Cinq hommes vivent en autarcie dans une station polaire du gouvernement russe. Vadim tue un de ses collègues à la hache parce qu'il a triché aux échecs. Impossible de dormir auprès d'un meurtrier ! Il est enfermé là où on entrepose la bouffe où il y fait - 15 degrés. le temps de prévenir les autorités. Seulement plus rien ne marche : téléphone, radio, etc. Jubilatoire !
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Cette farce macabre se caractérise par son humour noir grinçant. Olivier Bleys propose une réflexion sur la condition humaine en forme de huis-clos et sans morale, si ce n'est que la loi du talion régit décidément les rapports entre hommes. Ses personnages sont peu sympathiques, ce qui lui permet de leur faire endurer les pires misères sans s'attirer les foudres du lecteur qui, au contraire, se repait de ces aléas antarctiques (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/03/10/antarctique-olivier-bleys/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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critiques presse (3)
LeJournaldeQuebec
25 juillet 2022
Grand voyageur et explorateur émérite, l’écrivain français Olivier Bleys propose un huis clos extrêmement original, addictif à souhait, avec son nouveau roman, Antarctique.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
SudOuestPresse
08 mai 2022
Le romancier imagine un huis clos meurtrier sur une base antarctique éloignée de tout. On se laisse emporter par un mélange d’humour et de fatalisme.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
17 mars 2022
Ce roman est un réjouissant huis clos polaire d’où se dégage une vision guère optimiste de la nature humaine.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Quel prodige que la vodka! Même si le thermomètre descend à moins cinquante, à moins soixante, elle ne gèle pas... Par grand froid, on la voit seulement ralentir. Ce qui semblait de l'eau devient comme un sirop épais. Vodka magique! C'est notre trésor à nous les Russes...
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J’ai appris bien des choses en me gelant sur ce grabat, entre autres celle-ci : que l’intelligence ne sert à rien pour combattre un froid mortel. Seul l’animal en nous peut s’en sortir. Tu saisis, chef ? Si quelqu’un rentrait vivant de ce séjour au pôle, ce ne serait pas le plus malin, le plus savant ou le plus équipé, mais celui qui aurait l’instinct de survie le plus fort. Voilà ce que m’ont enseigné ces deux semaines en enfer.
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À tout homme, il faut le matin une bonne raison de se lever, de quitter le nid douillet des couvertures pour les chocs et les frictions du monde extérieur. Eux n’en avaient pas. Qu’ils paressent au lit, une cigarette aux lèvres, ou se lancent dès l’aube dans des travaux de science, c’était égal. Personne ne leur tiendrait rigueur de passer la journée à plat, ni ne les féliciterait d’œuvrer à l’avancement de leur discipline. Une tâche pourtant les requérait absolument.
Une tâche dont le Comité contrôlait la parfaite exécution sur des photographies, prises au début de chaque mois quelles que soient la météo et, notons-le, la visibilité parfois réduite à la longueur du bras. Les tirages, produits sur place, venaient grossir une collection de douze clichés – pour les douze mois de l’année – qu’on archivait une fois complétée. Certaines images, réalisées lors de tempêtes de neige, étaient toutes blanches. Seules alors les authentifiaient la date et la signature du chef de base.
Cette corvée obligatoire, ce travail indispensable et dûment vérifié, c’était la toilette du buste en plastique de Vladimir Ilitch Lénine qui coiffait la station, ses petits yeux inquisiteurs tournés vers le nord-est, à 22,5° précisément, dans la direction de la mère-patrie. Pas question que la neige souillât la statue grandeur nature, qu’elle blanchît ses épaules ou, pire, casquât de flocons son crâne dégarni. Le premier devoir des résidents était d’en prendre soin afin que le portrait du révolutionnaire, au sommet de la grande cheminée, siégeât là pour l’éternité.
Hormis ce coup de chiffon quotidien, les poliarniks n’avaient positivement rien à faire – rien du moins dont il fallût rendre compte à l’administration qui les payait. On leur demandait juste de se garder en vie, donc de nourrir le poêle, de cuisiner les provisions, de traiter leurs engelures avant qu’elles n’entraînent des blessures plus graves ; bref, d’entretenir Daleko et de veiller sur eux-mêmes.
Jusqu’à quand ? s’interrogeaient les poliarniks dont le contrat, pas plus qu’il n’expliquait leur mission, n’en fixait le terme. Ils l’ignoraient. Aucune date n’apparaissait dans leur acte d’engagement, bien qu’une ligne pointillée figurât à l’article IX, sous l’intitulé « durée du contrat » – hélas, le champ à remplir avait été laissé en blanc.
Daleko ne bénéficiait pas des relèves saisonnières, en vigueur sur les stations de la côte – trop loin, trop cher. Quant au rapatriement définitif de tout le personnel, ça ne semblait pas non plus au programme des semaines à venir – trop loin, encore plus cher.
« Vous étiez volontaires », lui répondait-on chaque fois qu’au nom de tout le personnel, Anton Loubachev s’enquérait poliment de leur retour en terre russe. « Vous touchez double salaire, plus la prime de froid et la prime d’éloignement ! Quand vous rentrerez à la maison, les années passées à Daleko compteront triple pour votre avancement, et les plus âgés d’entre vous pourront postuler à la médaille des vingt ans de services irréprochables. De quoi vous plaignez-vous ? »
Les autorités convenaient, certes, qu’il faudrait évacuer la station quand les vivres seraient épuisés, mais les stocks demeuraient abondants. On ne voyait pas de raison d’abandonner Daleko. Son étoile rouge brillant au centre de l’Antarctique avait une grande valeur : elle prouvait l’excellence du savoir-faire soviétique dans l’exploration des régions froides, et l’endurance non moins héroïque du citoyen russe à ces conditions extrêmes.
Quel pays n’aurait été flatté d’avoir son ambassade au pôle d’inaccessibilité ?
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La station de recherche scientifique Daleko ne figurait sur aucune carte, publique ou secrète, du continent antarctique.
Les rares plans à disposition n’étaient que des ébauches d’une terre distante et méconnue où l’homme venait seulement de prendre pied. À l’état de brouillons, de griffonnages sur un bout de papier, ces documents ne renseignaient personne. C’était, sur le grand vide blanc de l’immense terre australe, une réunion de points tremblants, de lignes à peu près, de traits de côte levés à vue comme sur les cartes anciennes, et des uns aux autres des distances si mal jugées qu’il aurait fallu, pour tomber juste, peut-être ajouter ou soustraire un zéro.
Comme celles d’autres nations, les cartes soviétiques étaient grossières, plombées d’erreurs et d’approximations. Mais un tracé y figurait, absent des versions françaises ou américaines : cette ligne pointillée, issue de la mer de Davis, qui traversait les terres de Wilhelm II et de la reine Mary en direction du pôle Sud géomagnétique. Elle marquait l’avancement vers l’intérieur du continent d’expéditions têtues et presque suicidaires, une par an en moyenne ; des expéditions menées à grand renfort d’hommes, à grands débours de matériel et de carburant, pour accomplir le rêve d’une colonie permanente en Antarctique.
Cette ligne était jonchée de cadavres sans sépulture et de machines, crevées elles aussi, que le gel intense pétrifiait à l’endroit du dernier tour de roue – chacune de ces épaves érigeant sa propre statue à la gloire d’une prouesse ignorée. Il y avait là des hommes qui avaient marché dix kilomètres après l’abandon, sur le bord de la piste, d’un engin à chenilles qui en avait roulé cent.
La ligne pointillée reliait la base littorale de Mirny à celles de Pionerskaya, Komsomolskaya et Vostok sur la calotte glaciaire. Une branche adventice desservait Sovietskaya, station étape sur la route du pôle d’inaccessibilité.
C’est à la pointe de ce dernier rameau qu’une étoile tracée au feutre rouge situait la base Daleko. Sa position réelle pouvait bien être à deux heures de ski dans une direction quelconque mais enfin, Daleko était notée sur la carte et c’était déjà ça. Les avions pouvaient mettre le cap dessus et les équipes au sol – les rares à s’aventurer dans ces solitudes – repérer cette moucheture, d’un brun cartonneux sur la neige étale et blanche, en balayant l’horizon avec leurs jumelles.
Que la base existât, à l’emplacement marqué par l’étoile ou pas très loin, était un fait peu contestable. Sa mission, en revanche, restait mal définie. Le personnel de Daleko formait un drôle d’assortiment, vestige de l’expédition de dix-huit hommes envoyée en décembre 1958 planter le drapeau rouge au pôle d’inaccessibilité, et dont la plupart avaient plié bagage après seulement douze jours, une fois bouclées leurs expériences de magnétisme et de sismologie.
Tous étaient repartis sauf, donc, cinq volontaires chargés par le Parti d’affirmer la présence russe dans cette région où, pourtant, n’était recensée aucune vie humaine.
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Vadim se rangeait volontiers du côté de l'ours, du morse ou du sapin de Sibérie, des êtres simples et forts qui ne maniaient pas le langage mais s'imposaient à tous par leur stature.
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Aurélie Luneau en parle avec deux écrivains randonneurs, Noëlle Bréham et Olivier Bleys, dans "De cause à effets, le magazine de l'environnement".
Visuel de la vignette : Jordan Siemens / Getty
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