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Critique de afriqueah


Karen Blixen avait l'habitude, au Kenya, de raconter à ses hôtes des histoires à rebondissement, ainsi ils passaient la nuit chez elle, et attendaient la fin de l'histoire. de retour au Danemark, ruinée, blessée par les infidélités de Finch-Hatton et sa mort, pas très bien accueillie par sa famille à qui elle a demandé tant d'argent avant l'incendie de sa plantation de café, elle retrouve les contes .

Dans les Contes d'hiver 1942: le champ de la douleur :

Le plus étrange et sauvage des contes, par la meilleure des conteuses.
La campagne vallonnée du Danemark était sereine et silencieuse : une propriété, les collines bleutées la brume couleur de perle, l'odeur des tilleuls en fleur.
Karen , fait durer le plaisir, avant d'aborder le thème :
Adam( mais oui…), héritier présumé des terres revient sur les lieux de son enfance. Il a connu mieux, n'avait pas trop envie de revenir, et revient, acte manqué, quand il a perdu l'héritage : Son oncle, un vieux hobereau a perdu son fils unique mais a épousé la promise de ce dernier. Il a l'argent, peut tout se permettre et achète donc une jeune fille beaucoup plus jeune, pour continuer la lignée, (il ne doute pas d'en être capable.)
Adam retrouve le domaine, et pense que, comme en Angleterre où il a vécu, il voudrait « délivrer les captives rougissantes, et leur permette de prospérer. » Il s'agit des roses, mais en lisant plusieurs fois Blixen, je sais qu'elle parle d'autre chose plus intéressant.
D'autant que son oncle répond : « tu pourras manger librement de tous les arbres de ce jardin » !!!
L'épousée, élevée à la cour, n'est pas surprise de la vie campagnarde, elle voit par exemple l'étalon se cabrer et crier près de la jument. « Toute cette luxuriance, cette vie sensuelle, cette fécondité, se révélaient à elle, rien que pour son plaisir. ». Elle aperçoit des paysannes nues se baignant dans le fleuve, et, regardant son propre corps, une démangeaison interrompt sa rêverie… (Karen a alors dû dire à ses invités qu'il était temps de dormir, ses récits de la roseraie et de l'étalon ayant monopolisé l'attention)
Dans la propriété, un incendie a été commis par un jeune paysan et le hobereau vieillissant propose à la mère qui vient défendre l'honneur de son fils, de moissonner un champ entier de seigle que normalement coupent trois hommes valides en un jour. Par amour pour son fils, une veuve peut aller loin, très loin.
Douleur, et, comme parfois dans les contes, pas de happy end, pas de morale salvatrice. Seule la douleur.
Pendant ce temps, le cousin Adam aussi jeune que son fils passe son temps à jouer du clavecin avec la jeune épousée ….Alors, la lignée, un espoir ….peut être j'invente… Serait ce ça la Nemesis, la justice rétributive, dont parle Adam à son oncle, vengeance des dieux contre la démesure tyrannique d'un vieux au cerveau (et autre, je me permets) fatigué, et vengeance du jeune qui n'admet pas l'horrible symbole de la cruauté et de l'oppression du monde.
Car Adam se sent proche du centre des évènements, il est au centre.
Chef d'oeuvre barbare, j'essaie de trouver une alternative au propos de Blixen, ou un non –dit pourtant évident, plus sensuel, plus centré et plus vrai.
Mais ai-je raison ?
LC thématique octobre 2021 : Cap au Nord
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