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EAN : 9788950000073
Livraphone (17/11/2004)
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3.67/5   504 notes
Résumé :
Dans l’Allemagne des années 1970, Katharina Blum est une jeune femme, droite, travailleuse et honnête. Impliquée malgré elle dans un sordide fait divers, elle devient le centre d’intérêt d’un journal à scandales. Son intimité fait la une, sa réputation est salie, les propos de ses proches déformés. Ne reculant devant rien, un journaliste la poussera à commettre l’irréparable…

Heinrich Böll (1917-1985), prix Nobel de littérature en 1972, est l’un des p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 504 notes
J'étais persuadée que L'honneur perdu de Katharina Blum était un rien sordide, et au minimum hyper triste - il faut dire que le peu que j'avais lu de Heinrich Böll se résumait jusque-là à quelques nouvelles franchement pas gaies. Et les autres lecteurs babeliautes qui ont écrit une critique sur ce roman ont beaucoup insisté sur son côté sombre, sur son écriture clinique. Je ne suis pas tellement en accord avec ça.


L'honneur perdu de Katharina Blum, publié en 1974, est sous-titré (ce qui a disparu de la couverture des dernières éditions en poche) "ou comment naît la violence et où elle peut conduire". C'est l'histoire d'une jeune femme employée de maison modèle, bien sous tous rapports et même considérée comme prude, qui va rencontrer à une soirée un jeune homme qu'on peut difficilement qualifier de "bien sous tous rapports" (il braque des banques, ce qui n'est généralement pas jugé comme vertueux) qu'elle ramène chez elle (ce qui tendrait à prouver qu'elle n'est pas si prude que ça). Or nous sommes en plein dans la première décennie des années de plomb en Allemagne de l'Ouest, donc à l'époque de la Fraction armée rouge, surnommée "Bande à Baader". le petit braqueur est suspecté de faire partie du groupe terroriste, la police se demande plus ou moins si Katharina est sa complice, la presse à scandale s'en mêle et tout ça finit par Katharina abattant le journaliste qui la harcèle avec un revolver. Je ne révèle rien : aucun mystère, tout est dit dès le début. Il ne s'agit aucunement d'un roman policier. le narrateur prétend disséquer l'affaire Katharina Blum (affaire toute fictionnelle, précisons-le bien) de la façon la plus objective possible - rapports de police et toutes sortes de documents à l'appui -, afin de démontrer comment une jeune femme extrêmement naïve peut en arriver à commettre un meurtre.


Sauf que sous les dehors d'un narrateur d'une neutralité à toute épreuve surgit très vite l'auteur, Heinrich Böll, qui donne dans l'ironie la plus mordante. Les rapports de police et autres documents s'effacent donc au profit d'un pamphlet s'attaquant à la presse à scandale, en mettant en scène le quotidien le Journal prêt à tout - c'est-à-dire à raconter n'importe quoi sur n'importe quel citoyen lambda par n'importe quels moyens, mais aussi à masquer les turpitudes d'autres citoyens beaucoup moins lambda, mais aussi à voir des communistes et des terroristes partout. Mais il n'y aurait pas de journal à scandale sans lecteurs naïfs, pour ne pas dire complètement idiots, parmi lesquels on peut compter Katharina Blum, victime donc d'une presse dont elle est la consommatrice. D'ailleurs, il n'est pas un personnage qui ne soit épargné. Katharina est à la fois rusée (un peu trop pour que ce soit crédible, d'ailleurs, et je suppose que c'est voulu) et incroyablement niaise (plus on avance dans le roman, plus on se rend compte qu'elle en tient une sacrée couche), les hommes mûrs sont au mieux agités par des fantasmes de romances platoniques avec leurs jeunes employées, au pire de gros pervers, etc., etc. Non, L'honneur perdu de Katharina Blum n'est pas un roman sordide ; c'est un roman à l'humour certes insistant (on peut trouver que c'est un peu trop, bon, c'est une question de goût), où Heinrich Böll se lâche carrément par moments. Rien que les pages consacrées aux écoutes téléphoniques valent franchement le détour...


Je ne sais pas pourquoi l'humour de ce roman est si peu mis en avant par ses lecteurs. Oui, le sujet de fond est sérieux. Mais Heinrich Böll a justement choisi de le traiter de manière légère. En 1972, Böll eut maille à partir avec la presse à scandale, plus précisément avec le journal Bild, qu'il accusait de publier des mensonges sur la Fraction armée rouge et d'entretenir un climat de violence dans le pays. Bild avait alors déversé son fiel sur Böll et on peut considérer L'Honneur perdu de Katharina Blum comme sa réponse sous forme de roman pamphlétaire, où la presse à scandale est proprement ridiculisée. On comprend donc que la place de l'humour y soit prépondérante, puisqu'il ne s'agissait ni de répondre de manière agressive à Bild, ni de donner dans le tragique.


On peut trouver des parallèles avec notre époque si l'on veut, on peut penser aux fake news, pourquoi pas, mais aussi aux chaînes d'info en continu traitant de l'actualité de manière ultra-subjective et presque toujours biaisée. Mais est-ce que c'est un roman si universel que tout le monde le dit ? Mouais, pas si sûr que ça...


Bref, lisez L'honneur perdu de Katharina Blum. Au mieux, vous rirez un bon coup mais vous aurez l'air plus intelligent et cultivé que si vous avouez avoir ri en regardant un film avec Dwayne Johnson (car les gens sont terriblement snobs). Au pire, vous n'avez pas d'humour (c'est pas de pot, à tous les coups vous n'aimez pas non plus Dwayne Johnson et vous faites partie des snobs) mais vous aurez quand même l'air intelligent et cultivé car vous aurez lu un Nobel. Je pense avoir usé des bons arguments pour convaincre tout le monde.
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Le lecteur est prévenu dès la page 9: le "journaliste" Tötges s'est pris quelques balles qu'il n'a certes pas volées... Et en est mort, bien sûr.
Heirich Böll, dans ce bref et passionnant roman, s'en tient aux faits: Comment, poussée à bout par les articles d'un torchon de la presse-caniveau allemande, Katharina Blum est devenue une meurtrière.
Ce roman percute Horus Fonck, qui a vu le film voici vingt-cinq ans.
Le livre date de 1974, mais reste d'une actualité encore amplifiée par Internet et les réseaux sociaux... Une actualité qui perdure depuis l'avènement de la presse écrite au XIXe siècle... Ou comment salir et détruire la vie et la réputation de celui ou celle victime de journaux sans scrupules.
Au reste, Katharina Blum, dont l'honneur du titre est perdu, garde la seule attitude digne par rapport à son geste: Aucun remords.
Et Heinrich Böll, je lui en sais gré, évite de nous asséner une quelconque morale sur l'acte de Katharina.
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Katharina Blum est un personnage vraiment sublime.
Peu choyée par le destin, elle conserve un comportement irréprochable moralement en restant toujours fidèle à son caractère propre, peu importe les circonstances.
Soudain soumise, suite à la rencontre d'un homme recherché par la police, aux précédés douteux d'un journaliste à sensation qui traduit tout les éléments irréprochables de sa vie en moyens de provoquer l'attention et l'intérêt d'un public toujours blasé et insatiable, elle perd tout intérêt pour la vie qu'elle menait jusqu'alors et en vient, en quelques jours seulement, à commettre un meurtre sans aucun remord de conscience.
Les événements sont exposés de manière très précise, efficace, avec de petites pointes d'humour qui permettent de ne pas accorder trop de grandeur aux méprisables procédés employés par l'indigne gratte-papier.
J'ai été frappé de trouver que les procédés méprisables montrés dans le roman sont très près de ce que l'on peut observer dans la réalité. Quiconque a eu affaire en personne à l'actualité sait à quel point la vérité est souvent présentée par les médias sous son jour le plus sensationnel, souvent strictement anecdotique, en laissant beaucoup trop fréquemment l'essentiel complètement dans l'ombre.
Lorsque les règles du jeu pervers sont connues, c'est à ceux qui veulent passer leurs messages de faire bien attention à éviter le moindre faux pas, le moindre mot de trop, tout en arrivant à donner aux journalistes de quoi vendre leurs papiers. Par contre, lorsque ce n'est pas le cas, lorsqu'il s'agit d'une personne qui ne demande qu'à poursuivre son honnête vie modeste dans l'anonymat, l'ignominie du phénomène devient vraiment frappante. On touche ici clairement à un aspect essentiel de tout système démocratique, l'information du public, qui fonctionne actuellement extrêmement mal puisqu'elle se vend à la sensation, ce qui peut tout à fait déborder de la manière cauchemardesque, tel que présenté par Böll.
Le roman a été écrit dans les années 1970 et a malheureusement constamment gagné en actualité depuis. Avec l'arrivée d'Internet et des médias sociaux, c'est vraiment pire que jamais.
Puissent la vigilance, l'esprit critique et l'ironie toujours nous accompagner dans ces vallées d'ombres et de morts au rabais!
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Après un billet sur « Je hais les matins » de Jean Marc Rouillan, Michèle nameless et Michèle michefred m'ont gentiment conseillé « L'honneur perdu de Katharina Blum ». Merci à elles pour cette piste.

Au pays de l'injustice, je voudrai le milieu journalistique. Dans le rôle des donneurs de leçons, les journalistes. Tous nos remerciements à ces millions de lecteurs dont la bêtise a rendu possible la diffamation gratuite qui vient régulièrement se répandre en premières pages de torchons à travers les siècles.
Donneurs de leçons, oui, mais d'honneur, non.
Ici, au siècle dernier, c'est-à-dire hier dans les années 70, la presse allemande ou plutôt une certaine presse, la gazette des poubelles, va en quelques jours s'emparer de la vie d'une paisible jeune femme et la pousser au crime à force de harcèlement et de diffamation.
Ce livre dénonce la perversité et les dérives d'un droit à l'information tout à fait justifié quand il ne sort pas de son rôle.
Les années passent et rien ne change, au contraire. Ce que certains appellent progrès, permet d'aller chaque jour un peu plus loin dans les bas fonds de l'homme. Internet, facebhêêêê et autres réseaux sont responsables de « perte d'honneur » de combien de Katharina Blum ?
Heinrich Böll par son écriture et la forme qu'il lui donne dans ce bouquin, pourrait servir d'exemple à certains pseudos journalistes. On a la sensation de lire des rapports de police (enfin l'idée que je peux m'en faire) avec juste des faits bruts sans jugement. Les faits sont rapportés sans tentation d'orienter le lecteur. de l'information quoi, ni militante, ni moralisante, ni normalisante, ni lobotomisante et surtout pas racoleuse.

Aujourd'hui qui peut citer un titre qui ne fait que de l'information ?
Les faiseurs d'opinion appartiennent aujourd'hui à de grands groupes industriels et quelques familles. Les lignes éditoriales changent au rythme des acquisitions ou entrées de nouveaux actionnaires dans le capital des journaux. Je n'en vois que deux moins pire que tous les autres car tapant avec la même force et la même énergie sur les dérives des uns ou des autres sans être autant bridés, Médiapart et le Canard.
D'un autre coté, il faut bien dire que certains diffamés d'aujourd'hui et diffamant d'hier et inversement) jouent avec la presse et s'en servent. Un Mélenchon qui fait sa vierge effarouchée en se filmant pendant une perquisition, encourageait ces mêmes flics à tout fouiller chez un Fillion ou un Sarkozy par exemple et quand on sait que j'ai voté Mélenchon, c'est dire si ce système me débecte de plus en plus.
Et puis de temps en temps, une Katharina Blum est jetée en pâture à l'opinion comme on jette une carcasse dans la fosse aux lions. Un peu de « sang… sationnel » c'est toujours bon pour les affaires.

Bien qu'on nous dise qu'il y a une presse à sensation et une presse d'information avec des journalistes qui font bien leur métier et blablabla, tout cela n'est qu'un jeu de dupes où la complicité des uns encourage l'escalade des autres au pays des fake news comme on dit aujourd'hui.
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L'honneur perdu de Katherina Blum possède une grande force et une actualité toujours avérée, 44 ans après sa parution. Heinrich Böll y décrit comment une campagne de presse visqueuse et acharnée conduisit ladite Katherina à tuer le journaliste responsable des torchons qui la salissent depuis quatre jours.

Dans un avertissement, l'auteur renvoie explicitement cette forme de presse sordide, tabloïds et presse à scandales, au journal Bild. le journaliste, future victime, ne recule devant rien pour obtenir des informations, informations qu'il détourne aisément à sa convenance pour surenchérir dans l'abject et enterrer un peu plus médiatiquement Katherina.

Elle, jeune femme d'une vingtaine d'années, travaille durement pour mener une vie loin de ce qu'elle a connu auprès de sa famille et d'un premier mari très vite devenu importun. Heinrich Böll a adopté pour ce court roman un style précis et clinique. Il se veut le compte-rendu précis et exhaustif de ce qui conduisit au meurtre du journaliste. le récit se base sur des procès-verbaux, des rapports judiciaires et d'autres sources moins officielles. Malgré la sécheresse conséquente de l'écriture, Katherina apparaît comme une femme attachante dont on voudrait assurer la défense dans cette affaire.

En filigrane court la méfiance de la RFA pour tout relent un peu trop rouge, en ces années de plomb des années 1970. Si cet aspect du roman représente aujourd'hui une page tournée, celui de la presse-poubelle reste complètement d'actualité. Il n'y a qu'à compter le nombre de fois où les termes "fake news" apparaissent dans les médias. Par son style clinique, c'est aussi la société avide de scandales et de détails juteux ou croustillants qu'autopsie le prix Nobel 1972, les présomptions de culpabilité qui découlent des assauts médiatiques contre Katherina.

Première incursion pour moi chez Böll avec ce roman, mais certainement pas la dernière.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Or voici que Mme Lüding fait téléphoner par sa cuisinière à la secrétaire de son mari pour qu’elle demande à celui-ci ce qu’il aimerait avoir comme dessert dominical : crêpes aux pavots, fraises melba, glace à la fraise ou fraises à la crème ? Sur quoi la secrétaire qui préférerait ne pas déranger son patron et prétend d’ailleurs connaître ses goûts, mais qui peut-être aussi veut seulement faire des façons et enquiquiner la cuisinière, lui répond d’une voix pointue que M. Lüding préférerait certainement un pudding nappé de crème au caramel. La cuisinière qui bien entendu connaît aussi les goûts de son maître feint la surprise – la secrétaire ne serait-elle pas en train de confondre ses goûts personnels avec ceux de monsieur ? Elle préfère qu’on le lui passe pour s’entendre directement avec lui sur le choix de son dessert dominical. Sur quoi, la secrétaire qui accompagne parfois M. Lüding en voyage d’affaires et prend alors ses repas avec lui dans quelque palace ou hôtel international, affirme que quand elle déjeune avec lui, son patron choisit toujours comme dessert du pudding nappé de crème au caramel. La cuisinière : mais dimanche M. Lüding ne sera justement pas en voyage avec elle, la secrétaire, et rien ne prouve d’ailleurs qu’il ne choisisse pas son dessert en fonction précisément de la compagnie en laquelle il se trouve. Et patati et patata ! Les crêpes aux pavots font encore l’objet d’une longue discussion… et toute cette conversation est enregistrée sur bande magnétique aux frais du contribuable ! Peut-être le préposé à la table d’écoute qui doit naturellement s’appliquer à déceler s’il n’a pas affaire à des anarchistes employant un langage codé, autrement dit si crêpes aux pavots ne signifieraient pas par hasard grenades à main ou si la glace à la fraise ne serait pas une bombe au plastic, peut-être cet homme-là pense-t-il : ces gens ont vraiment bien des soucis, ou au contraire : si seulement j’avais ce genre de soucis ! (Car il se peut que sa fille vienne de déserter le toit paternel, que son fils fume du haschisch ou que son loyer ait encore augmenté.) Et tout ce bazar – l’enregistrement sur bande magnétique – uniquement parce qu’un jour Lüding a été menacé de plastiquage ! Et c’est ainsi qu’un fonctionnaire ou employé innocent apprend ce que sont les crêpes aux pavots, lui qui se contenterait d’en avoir une seule pour son repas principal. Il se passe trop de choses sur le devant de la scène sans que nous sachions rien de ce qui se passe en coulisse. Si seulement nous pouvions écouter les bandes magnétiques pour apprendre enfin quelque chose ! Par exemple le degré d’intimité – si intimité il y a – existant entre Mme Else Woltersheim et Konrad Beiters. Quel est en effet le sens du mot “ami” employé à propos de leurs relations ? Comment Mme Woltersheim s’adresse-t-elle à Beiters, l’appelle-t-elle mon chéri, mon amour ou simplement Konrad ou Conny ? Quelle sorte de tendresses verbales échangent-ils, si tant est qu’ils en échangent ? Lui dont on sait qu’il possède une belle voix de baryton qui lui permettrait de faire une carrière sinon de soliste du moins de choriste, utilise-t-il le téléphone pour chanter des romances à Else Woltersheim ? Des sérénades ? Des ariettes ? Des airs à la mode ? Ou bien leur conversation téléphonique consiste-t-elle en une évocation plus ou moins obscène de privautés passées ou à venir ? On voudrait bien le savoir, d’autant que la plupart des gens, faute de pouvoir compter avec certitude sur une liaison télépathique, préfèrent user d’un moyen infiniment plus sûr : le téléphone. Les autorités supérieures n’ont-elles pas conscience de ce qu’elles exigent psychiquement de leurs fonctionnaires et employés ? Supposons qu’un homme trivial, momentanément suspect et donc branché sur la table d’écoute, téléphone à sa maîtresse non moins triviale que lui. Comme nous vivons dans un pays libre où chacun peut converser librement et ouvertement, fût-ce au téléphone, il nous est facile d’imaginer tout ce qui peut alors siffler aux oreilles de la personne – peu importe son sexe – peut-être vertueuse ou même puritaine qui enregistre ou écoute la bande magnétique. Est-ce justifiable ? Un traitement psychiatrique est-il ensuite garanti à la victime ? Qu’en pense le syndicat des Postes et Télécommunications ? On s’occupe des industriels, des anarchistes, des directeurs, employés et pilleurs de banque, mais qui se soucie de notre corps national de la bande magnétique ? Les Églises n’ont-elles rien à dire là-dessus ? La conférence épiscopale de Fulda ou le comité central des catholiques allemands sont-ils désormais incapables de la moindre initiative ? Et pourquoi le pape garde-t-il le silence ? Personne ne se doute-t-il donc de ce que des oreilles innocentes sont contraintes d’entendre, depuis le pudding au caramel jusqu’à la pornographie la plus éhontée ? Nos jeunes gens sont conviés à embrasser la carrière de fonctionnaire… et à qui les livre-t-on ? À des dévoyés du téléphone. Voilà enfin un domaine où Églises et syndicats pourraient utilement collaborer. On devrait pour le moins prévoir en compensation une sorte de programme éducatif destiné aux préposés à la table d’écoute. Cours d’histoire enregistré sur bande magnétique par exemple. Ça ne coûterait pas bien cher.
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« A Lemgo, où une collaboratrice du JOURNAL a réussi à les retrouver chez leur fille mariée qui y dirige une maison de repos, M. Berthold Hiepertz, historien et philologue, ancien directeur des études à la retraite et Mme Erna Hiepertz son épouse - ils emploient Katharina Blum depuis trois ans - sont apparus épouvantés mais non "particulièrement surpris" par les activités de celle-ci. Ils nous ont déclaré à son sujet : "Une extrémiste à tous égards et qui nous a habilement trompés." »
(Hiepertz, à qui Blorna téléphona plus tard, lui jura avoir dit ceci : « Si Katharina peut être accusée d'extrémisme, c'est seulement en matière d'intelligence, de serviabilité et d'organisation. Ou alors j'aurais dû lourdement me tromper sur son compte, bien qu'ayant derrière moi en matière de pédagogie quarante années d'expérience au cours desquelles je me suis bien rarement trompé. »)
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Comme nous vivons dans un pays libre où chacun peut converser librement et ouvertement, fût-ce au téléphone, il nous est facile d'imaginer tout ce qui peut alors siffler aux oreilles de la personne – peu importe son sexe – peut-être vertueuse ou même puritaine qui enregistre ou écoute la bande magnétique. Est-ce justifiable ? Un traitement psychiatrique est-il ensuite garanti à la victime ? Qu'en pense le syndicat des Postes et Télécommunications ? On s'occupe des industriels, des anarchistes, des directeurs, employés et pilleurs de banque, mais qui se soucie de notre corps national de la bande magnétique ? Les Églises n'ont-elles rien à dire là-dessus ? La conférence épiscopale de Fulda ou le comité central des catholiques allemands sont-ils désormais incapables de la moindre initiative ? Et pourquoi le pape garde-t-il le silence ? Personne ne se doute-t-il donc de ce que des oreilles innocentes sont contraintes d'entendre, depuis le pudding au caramel jusqu'à la pornographie la plus éhontée ? Nos jeunes gens conviés à embrasser la carrière de fonctionnaire... et à qui les livre-t-on ? A des dévoyés du téléphone. Voilà enfin un domaine où Église et syndicats pourraient utilement collaborer. On devrait pour le moins prévoir en compensation une sorte de programme éducatif destiné aux préposés à la table d'écoute. Cours d'histoire enregistré sur bande magnétique par exemple. Ça ne coûterait pas bien cher.
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Au début de ce roman, le lecteur est averti par l’auteur par cette citation :

L’action et les personnages de ce récit sont imaginaires. Si certaines pratiques journalistiques décrites dans ces pages offrent des ressemblances avec celles du journal Bild, ces ressemblances ne sont ni intentionnelles ni fortuites mais tout bonnement inévitables.
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C'est alors seulement que, tirant de son sac les deux éditions du JOURNAL, Katharina demanda si l'Etat - ce fut le terme qu'elle employa - ne pouvait rien faire pour la protéger de toute cette boue et lui rendre son honneur perdu.
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