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Critique de Pecosa


Le crépuscule tombe brutalement sur Los Angeles, le crépuscule des dieux du cinéma muet, du Hollywood des Roaring Twenties. « Je cherchais en vain les personnages familiers d'autrefois: les cameramen à la casquette en arrière, les réalisateurs en leggings, les musiciens d'ambiance, les clochards barbus sur les bancs des figurants. Ils étaient soudain dépassés, anachroniques, comme les Keystone Cops. Dans quelques années, ils ne seraient plus que des silhouettes, les caricatures d'un passé lointain et imprécis. »

Ni polar, ni roman noir, comme pourrait le laisser croire la couverture des éditions Rivages, le roman de Robert Bloch se veut plutôt une chronique des débuts de la grande industrie du rêve, à travers les yeux du jeune et rêveur Tom Post, grouillot de service pour le compte de Theodore Harker, réalisateur qu'il admire. Grace à son ambition et à de bonnes rencontres au bon moment, Tom devient scénariste, monte les échelons, croise acteurs, journalistes, metteurs en scène, traverse les années et les succès, jusqu'à l'avènement du cinéma parlant, qui fera table rase du passé et transformera Hollywood en impitoyable machine à fric. Tom Post observe, apprend, passera de « l'artisanat » à l'industrie, connaîtra l'envers du décor, la banalité des vedettes au quotidien, les vices traqués par la presse à scandale, les cadavres dans les placards, les pères la morale qui commencent à mettre leur nez hypocrite dans les scénarios et la vie privée des employés des studios (Code Hays…).

La chronique s'achève dans le bruit fracassant du succès du Chanteur de Jazz et du krach financier de 1929. le Crépuscule des stars (titre français pour The Star Stalker) nous évoque le Boulevard du Crépuscule et la démence de Norma Desmond, la star déchue, au nom inspiré par le réalisateur et acteur William Desmond Taylor, assassiné en 1922, et son amie Mabel Normand, qui ne se remettra pas du scandale qu'évoque l'auteur dans le roman. C'est donc un cénotaphe élevé à la mémoire des D.W Griffith, John Gilbert, Pola Negri…. C'est un cri d'amour au cinéma muet écrit par le prolifique Robert Bloch, maitre de l'horreur fantastique, et auteur du culte Psychose plus tard adapté par Hitchcock, qui fait dire à l'un de ses personnages, avant la fermeture en fondu sur le mot Fin:
« Cela avait de la valeur, et cela en aura de nouveau, un jour ou l'autre. le jour où l'on se penchera sur les vieux films pour recréer une culture, où l'on s'en servira pour reconstituer l'histoire de toute une époque. (…) Les films muets, c'est l'Amérique, celle de la prodigieuse décade des années 1919-1929. Ils font tout autant partie de notre vie que les cow-boys et les pionniers. »
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