Cécile et Philippe voyagent côte à côte dans ce
06h41, entre Troyes et Paris. Ce sont (presque) des inconnus : ils ne se sont pas revus depuis leur séparation trente ans plus tôt, après une brève aventure visiblement douloureuse, au moins pour Cécile. Pendant les 90 minutes du trajet, chacun feint d'ignorer l'autre, tout en se remémorant in petto les années écoulées et surtout leur liaison - avec haine pour l'une, remords pour l'autre.
Comme tous les romans de
Jean-Philippe Blondel, celui-ci est très agréable à lire, a fortiori si l'on est de la même génération que l'auteur. On peut alors y reconnaître ses propres années 80 et ses questionnements trente ans plus tard, à l'approche de la cinquantaine, lorsqu'on regarde dans le rétroviseur le chemin parcouru et les portes refermées.
Le problème (si problème il y a) : les histoires de JPB ont beau se renouveler, on retrouve tellement de points communs d'une fois à l'autre qu'on a l'impression d'avoir déjà lu l'ouvrage, surtout si on connaît l'intégralité de l'oeuvre. Les protagonistes semblent interchangeables, la construction des intrigues est souvent la même (faite de flash-back, de récits à la fois parallèles et croisés, à l'image de cette couverture). Et les thématiques, inspirées de la vie de l'auteur, restent identiques : la province d'origine, les parents ringards et frileux de classe moyenne, l'amitié virile, le rêve de Paris à vingt ans, les études d'anglais, le voyage à Londres, la nostalgie d'une vieille histoire d'amour, les années adultes, les regrets...
Malgré ce sentiment de vu et revu, j'ai apprécié cette lecture et quelques unes des idées développées, notamment le sens de la rancoeur, du pardon et du remords (d'avoir été un sale petit con en l'occurrence).