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Critique de Canaju


Avec G229, on passe de l'autre côté du miroir et on découvre le quotidien d'un professeur d'anglais.
Mal jugé, parfois déconsidéré, le prof est dans notre conscience collective (que celui qui n'y a jamais pensé, me jette la 1ère pierre) "un fonctionnaire qui profite des vacances scolaires". En réalité, le prof est un Homme comme les autres à la différence près qu'il vit par et pour ses classes. Vulnérable et sensible, il est bon et parfois moins bon, il a haït ces élèves un jour pour finalement être heureux de leur progrès l'autre.
Malgré les années qui défilent et qui se ressemblent, l'auteur nous montre qu'au delà de cette permanence usante, le bon prof n'est pas celui qu'on croit être. Ce n'est pas forcément ce monstre de rigueur et d'exigence, ce pédagogue ordonné et méthodique. Non, c'est celui qui prend son métier à bras le "coeur", celui qui saura guider ses élèves dans leur existence d'adulte, à sa manière, avec ces tripes. Et lorsqu'il se réalise, il déteint sur ces élèves. Tel un "qui m'aime me suive" enthousiaste, ils s'épanouissent en coeur avec lui. Voilà l'équation magique.

Loin des discours démagogiques, Jean-Philippe Blondel, lui même prof d'anglais dans un lycée de province, nous fait entrer dans son univers. Dans son plus simple appareil, avec ses failles et sa spontanéité, on découvre un personnage attachant, sujet aux questions existentielles et parfois, aux mauvais jours : il a été excédé par l'attitude désinvolte et détachée de ses élèves. Parfois le privé empiétant sur le public, il en a passé des nerfs injustement, il en a même poussé certain à bout jusqu'à les faire pleurer.
Mais au delà de ces vicissitudes, la vie d'un prof offre son lot de petites réussites, ces instantanés fugaces de bonheur, ces moments où la satisfaction est à son comble, où la communion avec ses classes est évidente. Incontestablement, on trouve dans ce récit quelque chose de profondément humain, une authenticité rafraîchissante.

Terriblement attachant, ce livre nous renvoie à nos plus belles années collège et lycée, où notre Moi était encore en chantier, lorsque nos émotions et nos valeurs étaient à fleur de peau. Ces années où tout nous semblait possible, que rien ne pourrait nous arrêter. On était naïvement invincible, on emmerdait joyeusement le monde. Une époque où la société et le quotidien n'avaient pas encore finis par user nos vies.
Mais ce livre nous rappelle avant tout, nos meilleurs profs, ceux qu'on définissait d'un air niais de "cool", ceux qu'on a adoré écouter, ceux qui nous ont offerts d'autres champs de vision, ceux avec qui on a rigolé, ceux qu'on a retrouvé à la fin d'un cours pour discuter 5 minutes...Ces images tutélaires dont le souvenir nous reste tatoué.
On retiendra de ce livre que la plus grande réussite d'un prof reste encore de nous avoir personnellement apporté quelque chose, même un rien.
A lire et à aimer.
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