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Critique de lanard


Voici un texte tout entier inspiré par la passion. Apôtre enivré par un souffle Divin lui dictant son évangile, Blondin écrivit Sur le Tour de France comme une véritable Passion du Cyclisme selon Saint Antoine (patron des causes perdues). Récit d'un témoin sinon de la première heure, en tous cas d'un témoin qui en connaît un rayon sur la grande boucle. Avec cet Evangile orné de calembours à la façon des canoniques avec leurs paraboles, Saint Blondin convertirait les esprits les plus rétifs à la célébration annuelle de l'effort physique outrancier. Car le Tour de France est bien cette Passion dont les Golgotha s'appellent Tourmalet, Aubisque ou Galibier. Après une telle lecture, les esprits les plus guindés s'éprendraient de toute cette glèbe tonitruante, hurlant ses viva ! au passage de la caravane publicitaire avec Yvette Horner en feu, dominatrice sous les salves des klaxons « américains » ; les intellos les plus austères s'émouvraient avec sympathie de tous ces pèlerins assis sur des pliants, trop pleins de joie populacière enflammée au Ricard mais bien serrée par des templiers à moto pour laisser passer cette procession de pénitents aux culottes chamarrées. Toute cette ferveur est catéchisée par un clergé de journalistes qui sème à tous vent la bonne parole cycliste ; Blondin le plus mémorable d'entre eux est reconnu au moins comme écrivain – même par les mécréants. le Verbe blondinien donnerait la foi aux plus braqués contre la religion du braquet. Aux plus endurcis, il ferait croire que le Tour est vraiment éternel. Tout est cycle, n'est-ce pas. le cycle des années, éternel recommencement. Retour du Tour chaque année que fait Dieu. Joie enfantine de l'enfant sur le manège ; tout ce qui se répète plait. En lisant Blondin écrivant en 1977, on voit combien le Tour, c'est un peu la joie des recommencements ; on s'y émeut chaque année du dopage ; quel plus effrayante négation du cycle éternel qu'un arrêt cardiaque... Blondin nous ressuscite quelques grandes gloires oubliées du tour (Charly Gaur etc.) en permettant à l'incrédule de toucher les stigmates des martyrs. Et l'on saisit combien les pires excès physiques des crucifiés du vélo outrepassent l'idée ‘pataphysique de la « Passion considérée comme course de côte » (in le Canard sauvage, avril 1903) si chère au « surmâle des lettres », Alfred Jarry qui fut sans doute le premier écrivain fanatique de la religion cycliste.
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