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Critique de Merik


Si Antoine Blondin nous embarque d'emblée dans les rêves exotiques de Quentin qui revisite sans cesse ses virées de jeune appelé le long du Yang-tsé-kiang, c'est pour mieux nous prendre à revers : le décor est carrément franchouillard dans ce village de Normandie, où les messes dominicales disputent la vedette aux beuveries locales. La soixantaine désormais cantonnée dans un rôle d'hôtelier au Stella, Quentin a promis sobriété au nez et à la barbe du bourg. Pas vraiment le cas de Gabriel, seul client actuel du Stella, la trentaine en perdition dans ce village où il est venu espionner sa fille en pension, où il noie sa mélancolie de matador chez Esnault.
Une amitié naitra entre les deux, à la fois bourrue et empreinte de tendresse et de pudeur. Une amitié à la Gabin, le casting de l'adaptation ciné ne s'y est pas trompé (à moins que ma lecture en ait été influencée).
du franchouillard, de la picole, l'on pourrait croire à une musique de grosse fanfare. Il s'en dégage au contraire de la finesse, dans les sentiments et même le contenu des verres. Point de piquette mais un élixir, la verve singulière d'Antoine Blondin régale, c'est du haut de gamme bourré de délicatesse et de détresse poétique.

« Ce que les hommes se disent tient en peu de mots, pensa Fouquet. Depuis hier soir, j'ai un nouvel ami et nous n'avons pas échangé trois paroles sérieuses. Ce qui s'est établi entre nous vient de plus loin, la qualité d'une attitude le révèle, un regard l'illumine ; le reste est de la sauce. Cet homme pourrait être mon père. Et certes Quentin inspire le respect, mais il l'éclaire d'un jour nouveau. Ce qui est respectable chez les gens âgés n'est pas ce vaste passé qu'on baptise expérience, c'est cet avenir précaire qui impose à travers eux l'imminence de la mort et les familiarise avec les grands mystères. »
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