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Citations sur Le tombeau de Tommy (15)

Son sourire d'enfant, son sourire du plus beau de l'homme, est une lumière dans la nuit d'horreur que d'autres hommes, ivres d'instincts animaux, font tomber sur le monde.
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On découvre dans cette scène la relation singulière qui se noua entre Hélène la rebelle et son fils en armes. Engagée elle-même dans la Résistance, la mère encouragea son fils au combat. Non pas directement, mais par un soutien et un amour constants, une présence affectueuse, un lien presque magique : "Je suis Antée, et toi tu es la terre, lui disait-il, quand je te touche, j'ai de la force".
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Ce court bonheur fut-il terni par cette dernière humiliation de figurer ce à quoi les tâcherons de la propagande voulaient les réduire : des monstres épuisés, transis, hirsutes. Tommy dut ressentir durement cet outrage. Pourtant, sur ces photos, de tous les dix (jeunes résistants) émanent, à l'inverse, une noblesse d'hommes libres, un orgueil de vagabonds, un panache d'aristocrates au pied de l'échafaud. Tout le contraire de la vulgarité grégaire et lâche d'un matamore S.S., comprimé dans son ridicule uniforme amidonné.
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J'ai imaginé un Tommy en état de choc, diminué, sans défense, rapidement vaincu, ne réagissant par le silence qu'à la première question puis à celle de sa judéité. Non pasprécisément la sienne, mais l'image de la judéité que fabriquait la propagande nazie, à laquelle il ne voulait pas qu'on l'assimile, qui l'avait entraîné à prendre les armes et qu'on voudrait forcément, désormais, lui coller à la peau. Je ne sus quelle fut pour Tommy la plus grande souffrance morale, à partir de ce jour, entre sa mère perdue, sa dignité perdue, sa vie perdue... Mais je parierais que pour lui, l'orgueilleux, grand prince blond, fils de reine, l'offense d'être rivé de force, sans moyen de s'en défaire, à cette image vermineuse et simiesque fut l'une de ses douleurs. Plus forte que l'avilissement des coups.
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Le regard de Tommy vers l'avenir sombre semblait vouloir se détourner de nous, du jeune Gabriel des années 2000, si vide, si seul, si privé d'idéal qu'il s'était laissé investir par un fantôme, et du vieux cinéaste impénitent chasseur d'émotions forcément éphémères, qui tentait en vain d'arrimer le temps.
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Qu'il n'aurait pas aimé cette page de sa mère, qu'elle ne l'aurait pas écrite s'il était vivant. Mais pour moi Tommy vivait encore, il m'avait accompagné lors des repérages, il renaissait sous mes yeux, et je respectais sa pudeur et son orgueil. Ce genre de précaution est une limite à mon art, peut-être, mais l'art n'est rien que de l'art, une petite chose utile mais somme toute anodine, un reflet dérisoire des beautés, des larmes et du sang du réel, et je ne suis pas disposé, pour me faire valoir, à lui sacrifier des secrets brûlants.
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J'avais lu tous les livres, je connaissais toute l'histoire, j'avais écrit le scénario, et pourtant - outre aussi la conduite du film qui m'obligeait à m'attacher à mille détail du présent - j'aurais voulu effacer cette ombre noire. J'avais choisi Tommy plutôt qu'un autre en partie pour m'épargner un encombrant pathos, et voilà que les forces du mal penchées sur son épaule, devant ma caméra, désormais sa dureté, sa violence, pour me le rendre en oisillon transi que j'aurais aimé réchauffer entre mes paumes.
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Belles, la pose du corps pour une fois alanguie de Gabriel, la façon dont il a replié un bras derrière sa tête et relâché l'autre au bord du lit. Emouvante aussi la générosité avec laquelle il s'offrait à mes lumières, aux regards de la caméra. Que serait devenu le film sans cette scène improvisée où, telle une étoile imprévue dans la nuit de la douleur et de la mort, paraît soudain la grâce troublante du tueur ?
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J'avais choisi Tommy plutôt qu'un autre en partie pour m'épargner un encombrant pathos, et voilà que les forces du mal penchées sur son épaule, devant ma caméra, désarmaient sa dureté, sa violence, pour me le rendre en oisillon transi que j'aurais aimé réchauffer entre mes paumes. Comment le dire ? Il va de soi que je devais cette soudaine et tendre compassion à ce qui me reliait désormais à Gabriel. Le jour de cette aube grise oùnous avions pour nous le haut de la rue Mouffetard, le voyant marcher comme sûrement Tommy marchait avec sur ses pas un homme en costume sombre, les deux garçons se confondaient et j'ai pensé, avec effroi, que Gabriel lui aussi pouvait mourir.
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Passé les premiers jours et le choc de la lecture du scénario, ces garçons - à l'inverse de Gabriel qui avait quitté le monde présent, ses rollers, son look, ses sorties - portaient toujours, greffés, leur portable, leur iPod, et papillonnaient gaiement entre les amusements de leur jeunesse insouciante. Au moment du tournage, alors que ma longue infusion dans le monde de Tommy parvenait à son paroxysme dans la recréation de ce monde, le contraste, déchirant, m'empêchait de les aimer vraiment. Comment pouvaient-ils incarner des jeunes Juifs combattant le nazisme avec la quasi-certitude d'en mourir, et de ne se préoccuper que de l'organisation d'une soirée à venir, de la réservation en août de leur club de vacances ? J'ai admis bien plus tard seulement que Wajsbrot, Fingercweig et Goldberg s'étaient battus pour cela, pour cette futilité dont ils devaient rêver, cette liberté de l'inconsistance, cette jouissance de la vanité.
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