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Cécile Noguès (Illustrateur)
EAN : 9782916141145
267 pages
L'Arbre vengeur (09/05/2007)
3.96/5   71 notes
Résumé :
Incendiaire volontaire qui brûle pour la littérature, ne rendant de compte à personne sinon à un Dieu terriblement absent, Léon Bloy a mis tout son furieux génie dans ces trente contes ; implacables et hilarantes nouvelles où l'horreur se conjugue au familier, et où, sans jamais se départir d'une distinction grammaticale, il nous fait douter de son sérieux jusqu'au moment de l'explosion. Cet enragé, revenu d'un temps qu'on croyait disparu, pointe sur notre globe aff... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un court billet pour conseiller ce recueil de nouvelles - à l'hilarance chimiquement stable - tel que publié récemment par les éditions "l'arbre vengeur", dans sa collection "l'arbuste véhément". La reliure est souple à souhait, la couverture soyeuse en diable - on s'y laisse prendre. Une gourmandise tactile, tandis que les pages aérées - mais chargées a ras-bord des pires grinceries - se tournent à bride abattue. On lira les autres commentaires pour achever de se convaincre. Ce bougre d'écrivain à la plume acérée, que l'on dirait "pamphlétaire socialisto-révolutionno-réactionno-christiano..." - mais non non, foin, FOIN des catégorisations politico-religieuses!, cet "écrivain" avant tout ici, voilà, écrivain s'il n'en était qu'un, grand lexicographe, marginal libertaire des belles lettres, béni de la muse (diabolique) du style vitupérant, ravaleur de fiertés devant l'Eternel... - il s'époumone dans la page, il s'époumone avec une vigueur folle, de portrait sardonique en pochade assassine, avec une ironie de jugement dernier, engloutissant tous ses contemporains dans une mer de miasmes fumants, sous les mille tombereaux d'une apocalypse verbale méritée. La bêtise insondable de tous, des bourgeois, des riches, des pauvres, des crétins, des intelligents qui ne savent pas qu'ils sont crétins, des pauvres de Dieu (tous, j'ai dit), de tous les moutons panurgiens sous la voûte céleste, et puis le vice sous toutes ses formes, le vice foutraque, ronçonnant les barrières, proliférant à l'envi, et puis la cupidité inouïe, et puis les tares abjectes et pendables du commun des mortels (pléonasme! dirait-il), etc., etc., des abreuvoirs sans fond pour son déchaînement prosodique, à l'assaut de TOUT mal.
"Car j'ai fort à dire, je vous assure, et la matière noire surabonde".
Comme les antidépresseurs: fait du bien sur le moment. Crainte des effets à terme.
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Le style de Léon Bloy est très élaboré, le lexique délicieusement suranné mais précis, les intrigues souvent imprégnées de cynisme. Bloy porte un regard noir sur la société de son époque et ne se prive pas d'épingler les travers des riches comme des pauvres. « La matière noire surabonde », comme le dit lui-même l'auteur. Pourtant, je n'ai pas adhéré à ces nouvelles, sortes de contes sociaux. Il est de plus en plus difficile pour moi de lire des auteurs du XIXe siècle. Les ressorts des intrigues sont trop éloignées de notre XXIe siècle commençant et nous n'avons plus les codes. Mon désintérêt s'installe peu à peu au fil de la lecture et j'ai fini par abandonner.
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Certes, ces histoires sont bien désobligeantes, elles ne sont pas pour plaire à tout le monde et peuvent-ou pouvaient en leur temps-irriter, voire choquer.

La plume de Bloy est acérée et parfois trempée dans le poison ou l'acide, elle est cependant élégante et non dénuée d'humour pince sans rire.

Les situations et personnages de ces courtes histoires "à chute", sont bien souvent monstrueux sous des aspects banals et bienséants.

L'esprit caustique de l'auteur est jubilatoire, mais, à mon avis, cette causticité peut finir par devenir un peu lassante, il est sûrement préférable de lire ces histoires en prenant le temps et, pourquoi pas en alternant avec des lectures plus légéres pour éviter la surdose d'acidité !
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On ne peut que regretter que Léon Bloy soit un auteur méconnu. Il est rarement donné à lire de tels élans fustigeant la médiocrité et la bassesse humaine, de telles envolées acerbes, abattant tout adversaire par un trait aussi efficace qu'un carreau d'arbalète, tiré, non pas comme la flèche du Parthe, en reculant, mais bien en avançant frontalement contre ce qui paraîtrait la terre entière. Dans ces histoires désobligeantes, Léon Bloy dévoile sublimement les turpitudes de ses contemporains et toutes les hypocrisies de son siècle, maniant la langue comme une épée à deux mains plutôt qu'une dague, il abat les tièdes, les libidineux et toute la clique humaine qui se complaît dans la fange, qui accumule les péchés capitaux comme on cueille des dividendes. Lire Bloy laisse un certain goût, une certaine amertume sur le palais, ou plutôt non, une acidité, mais on est électrisé par la lumineuse clairvoyance de cet homme et par son talent, sa facilité à trouver le mot juste, le trait d'esprit qui "met au tas" aussi sûrement qu'un coup de corne donné par un bison, un bison européen -l'animal existe!
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Léon Bloy (1846 – 1917), est un romancier et essayiste français, polémiste célèbre. Sans trop entrer dans le détail de sa biographie, juste cet épisode marquant qui donne une bonne idée du personnage : En 1877 il perd ses parents, effectue une retraite à la Grande Trappe de Soligny, la première d'une série de vaines tentatives de vie monastique, et rencontre Anne-Marie Roulé, prostituée occasionnelle, qu'il recueille, et convertit, en 1878. Rapidement, la passion que vivent Bloy et la jeune femme se meut en une aventure mystique, accompagnée de visions, de pressentiments apocalyptiques et d'une misère absolue puisque Bloy a démissionné de son poste à la Compagnie des chemins de fer du Nord. Cet épisode de sa vie se traduira dans son roman le plus célèbre, le Désespéré.
Le dernier ouvrage de Léon Bloy que j'avais chroniqué était particulièrement dur, ici avec ces Histoires désobligeantes, un recueil de 31 nouvelles extrêmement courtes paru en 1894, le ton est tout autre, amusant de prime abord mais entendons-nous, il s'agit d'humour noir ou provocateur.
Quelques exemples du contenu de ce recueil : Un fils surprend par hasard la confession de sa mère à un prêtre et l'histoire se termine mal (La Tisane) ; Un dentiste amoureux tue son rival puis épouse la belle mais la jalousie le ronge et quand leur vient un enfant difforme ressemblant au mort, c'en est trop… (Terrible châtiment d'un dentiste) ; Dans le Frôleur compatissant un homme prend son plaisir « de toucher à peine, de palper infiniment peu » ; Ailleurs un cocu se venge de ses « amis » en les invitant à manger la galette où il a incorporé le coeur de sa femme défunte ! (La Fève) ; Enfin on notera que c'est dans le Téléphone de Calypso qu'il est fait mention de la première conversation téléphonique de la littérature française.
Tous ces textes au-delà de leur humour (« Il était si chaste qu'il eût condamné la jupe des zouaves ») tissent une critique plus ou moins apparente des moeurs et de la bien-pensance de la bourgeoisie de son époque. Des fables acides débutant gentiment pour s'achever brutalement.
L'écriture est particulièrement soignée, empreinte du style caractéristique du début du XXème siècle, éblouissante dans son délié digne des orateurs de talent où les mots rares se sentent à leur aise (« une bouchère hispide », « non moins albe et lactescent que le nitide manteau des anges ») en compagnie de nombreuses références littéraires.
Pas mal du tout.
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critiques presse (2)
LeMonde
11 juillet 2023
Les trente "Histoires désobligeantes" (1914), de Léon Bloy [...], dilacèrent avec une voracité de condor les figures rentées et bien-pensantes de la bourgeoisie de la IIIe République.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
03 avril 2017
Une extrême richesse de vocabulaire, à la hauteur de la violence mise en jeu, est sans cesse déployée pour s’en prendre par-dessus tout aux gens comme il faut.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
J'ouvre ici une parenthèse, complètement inutile d'ailleurs, pour déclarer que le téléphone est une de mes haines.
Je prétends qu'il est immoral de se parler de si loin, et que l'instrument susdit est une mécanique infernale.
Il est bien entendu que je ne puis alléguer aucune preuve de l'origine ténébreuse de cet allonge-voix, et que je suis incapable de documenter mon affirmation. Mais j'en appelle aux gens de bonne foi et d'esprit ferme qui en ont usé.
Le bruissement de larve qui précède l'entretien n'est-il pas comme un avertissement qu'on va pénétrer dans quelque confins réservé où la terreur, peut-être, surrabonde... si on savait ?
Et l'horrible déformation des sons humains qu'on croirait étirés sous un laminoir, qui ont l'air de n'arriver à l'oreille qu'à force de se distendre monstrueusement, n'est-elle pas aussi quelque chose d'un peu panique ?
Il y a peu de jours, un vieux garçon de bains scientifiques, appointé spécialement pour le massage des découvertes utiles, au hammam d'un puissant journal, célébrait la gloire d'une usine anglaise qui venait d'exterminer l'Ecriture.
Il paraît qu'une lumineuse machine va destituer la main des hommes qui n'auront plus du tout besoin d'écrire, et le fantoche invitait naturellement plusieurs peuples à se réjouir d'un tel progrès.
J'imagine que le téléphone est un attentat plus grave, puisqu'il avilit la Parole même.
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Mme Virginie Durable, née Mucus, était le type insuffisamment admiré de la "martyre".
C'était même une martyre de Lyon et, par conséquent, la plus atroce chipie qu'on pût voir.
Elle avait été, dès son enfance, livrée aux bourreaux les plus cruels et n'avait jamais connu le rafraîchissement des consolations humaines. L'univers, d'ailleurs, était régulièrement informé de ses tourments.
Trente années auparavant, lorsque M. Durable, aujourd'hui négociant retiré des huîtres, avait épousé cet holocauste, il ne se doutait guère, le pauvre homme, de l'effrayante responsabilité de tortionnaire qu'il asssumait.
Il ne tarda pas à l'apprendre et même en devint, à la longue, tout à fait gâteux.
Quoi qu'il eût pu faire ou dire, il n'était jamais, une seule fois, parvenu à n'être pas criminel, à ne pas piétiner le cœur de sa femme, à n'y pas enfoncer des glaives ou des épines.
Virginie était de ces aimables créatures qui ont "tant souffert", dont aucun homme n'est digne, que nul ne peut ni comprendre ni consoler et qui n'ont pas assez de bras à lever au ciel.
Elle arborait, cela va sans dire, une piété sublime qu'il eût été ridicule de prétendre assez admirer et dont elle-même ne s'arrêtait pas d'être confondue.
En un mot, elle fut une épouse irréprochable, ah! grand Dieu! et qui devait attirer infailliblement les bénédictions les plus rares sur la maison de commerce d'un imbécile malfaisant qui ne comprenait pas son bonheur.
Un jour, quelques années après le mariage, la martyre étant jeune encore et, paraît-il, assez ragoûtante, l'odieux personnage la surprit en compagnie d'un gentilhomme peu vêtu.
Les circonstances étaient telles qu'il aurait fallu non seulement être aveugle, mais sourd autant que la mort, pour conserver le plus léger doute. [...]

(Nouvelle: Une martyre)
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On racontait aussi l’histoire, devenue fameuse, d’une soupe fantastique trempée régulièrement le dimanche soir et qui devait le nourrir toute la semaine. Pour ne pas brûler de charbon, il la mangeait froide six jours de suite.

Dès le mardi, naturellement, cette substance alimentaire devenait fétide. Alors, avec les révérencieuses façons d’un prêtre qui ouvre le tabernacle, il prenait, dans une petite armoire scellée au mur et qui devait contenir d’étranges papiers, une bouteille de très vieux rhum vraisemblablement recueillie dans quelque naufrage.

Il en versait des gouttes rares dans un verre minuscule et se fortifiait à l’espoir de les déguster aussitôt après avoir englouti son cataplasme. L’opération terminée :

― Maintenant que tu as mangé ta soupe, disait-il, tu n’auras pas ton petit verre de rhum !

Et déloyalement, il reversait dans la bouteille le précieux liquide. Recommandable finesse qui réussissait toujours, depuis trente ou quarante ans.
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Cet inconnu signalé par toutes les polices de l'Europe, avait une de ces figures en mastic où il semble que les figures les plus compliquées pourraient s'empreindre et sur lesquelles un chiromancien découvrirait la "ligne de vie" du téméraire qui les souffleta ; – une de ces figures modifiables et impersonnelles qui ne paraissent avoir d'autre emploi que de refléter la blafarde peur de la multitude.
Personnage débile qui eût pu être fauché d'un seul coup de poing décoché par un faible bras et trituré sous n'importe quel talon, sans que la pitié la plus attentive s'en émût, sans que l'idée même d'un malheur ou d'un préjudice quelconque s'éveillât, tellement on le devinait absent de toute solidarité sublunaire.
C'était un de ces Êtres engendrés par la Colère silencieuse, qui ont juste assez de surface humaine pour incorporer le Danger social dont ils sont les simulacres effrayants.
Colis étranges cahotés dans les trains rapides ou les paquebots transatlantiques pour apparaître au moment précis où la tige de l'universelle Inquiétude s'élance du coeur des agonisants qu'on outrage.
Les ressources de la répression n'y peuvent rien. Ils sont incolores et dilués comme le crépuscule des soirs et c'est toujours un fantôme qui s'interpose quand la main pénale croit les saisir.
Mais la Mort soudaine obéit à ces coutumaces, comme une chienne de voleur de nuit, et l'Épouvante marche devant eux dans des brodequins de velours...

Extrait de la nouvelle : "Une recrue"
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Hier matin, passant sur Saint-Honoré, j'aperçus un homme vénérable qui descendait les marches de Saint-Roch. C'était un si doux vieillard qu'il répandait comme de la tiédeur à l'entour de lui. On avait, en le regardant, la sensation de manger de la moelle de veau. Ses modestes mains déversaient toutes les clémences disponibles et son menu pas lui donnait l'air d'un bonhomme en sucre qui marcherait sur des entrailles de lapin.

"Le torchon brûle!"
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Videos de Léon Bloy (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léon Bloy
http://le-semaphore.blogspot.fr/2015/.... Le 29 novembre 2015 - pour l'émission “Les Racines du ciel” (diffusée tous les dimanches sur France Culture) -, Leili Anvar s'entretenait avec François Angelier, producteur de “Mauvais genres” à France Culture, chroniqueur au Monde, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels on peut citer le “Dictionnaire Jules Verne” (Pygmalion, 2006) et le “Dictionnaire des voyageurs et explorateurs occidentaux” (Pygmalion, 2011). Il vient de publier “Bloy ou la fureur du juste” (Points, 2015), essai dans lequel il revient sur la trajectoire de Léon Bloy, qui ne cessa, entre la défaite de 1870 et la Première Guerre mondiale, de clamer la gloire du Christ pauvre et de harceler sans trêve la médiocrité convenue de la société bourgeoise, ses élites et sa culture. Catholique absolu, disciple de Barbey d'Aurevilly, frère spirituel d'Hello et de Huysmans, dévot de la Notre-Dame en larmes apparue à La Salette, hanté par la Fin des temps et l'avènement de l'Esprit saint, Léon Bloy, écrivain et pamphlétaire, théologien de l'histoire, fut un paria des Lettres, un « mystique de la douleur » et le plus furieux invocateur de la justice au coeur d'une époque dont il dénonça la misère sociale, l'hypocrisie bien-pensante et l'antisémitisme. Bloy ou le feu roulant de la charité, une voix plus que présente - nécessaire. Photographie : François Angelier - Photo : C. Abramowitz / Radio France. François Angelier est aussi l'auteur de l'essai intitulé “Léon devant les canons” qui introduit “Dans les ténèbres”, livre écrit par Léon Bloy au soir de sa vie et réédité par Jérôme Millon éditeur.
Invité : François Angelier, producteur de l’émission « Mauvais Genres » à France Culture, spécialiste de littérature populaire
Thèmes : Idées| Religion| Leili Anvar| Catholicisme| Mystique| Douleur| Littérature| François Angelier| Léon Bloy
Source : France Culture
+ Lire la suite
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