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Blutch nous avait déjà expliqué comment en finir avec le cinéma. Cette fois, il nous raconte la fin de la bande dessinée dans une dystopie qui se déroule du rose au bleu et du vert au jaune, dans un monde peuplé d'hologrammes et de machines organiques que n'aurait pas reniées le David Cronenberg d'un Festin nu. L'intrigue, si ce n'est le monde présenté dans Lune L'Envers, tourne autour de cet impératif : « L'humanité ne passera pas une année supplémentaire sans son Nouveau Nouveau Testament ». Dans l'avenir, la nouvelle Bible s'étendra en phylactères et onomatopées –et Blutch ne pardonnerait pas que l'on réduise la bande dessinée à ces deux caractéristiques. Lui-même essaie sans cesse de rendre ce format aussi littéraire que n'importe quel autre roman, s'inspirant ici de l'esthétique et des coloris d'Alan Moore. Ses figures de style sont des illustrations frappantes, des changements de rythmes narratifs surprenants, des variations de couleurs à la fois discordantes et ravissantes. Le message véhiculé à travers l'intrigue sera cependant moins original et constitue une critique classique des impératifs économiques venant avilir ce domaine incorruptible que devrait être la création artistique. Il s'agit peut-être d'une façon comme une autre pour Blutch de ne pas perdre de vue ses propres idéaux alors que sa bibliographie commence à devenir aussi dense et respectée que celle du personnage malmené de Lune L'envers. + Lire la suite |