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EAN : 9782070411702
169 pages
Gallimard (12/01/2000)
4.06/5   210 notes
Résumé :
« Ce n'est pas un journal que je tiens, c'est un feu que j'allume dans le noir. Ce n'est pas un feu que j'allume dans le noir, c'est un animal que je nourris. Ce n'est pas un animal que je nourris, c'est le sang que j'écoute à mes tempes, comme il bat - un volet ensauvagé contre le mur d'une petite maison. »
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"Alors, pourquoi, parfois, une ombre, une lourdeur, une mélancolie ? Eh bien c'est qu'il me manque parfois le don de recevoir. C'est un vrai don, un don absolu."


Difficile de parler de ce livre alors que son auteur, lui-même, hésite à parler de ses écrits de peur de les "affaiblir" - "Venez affaiblir vos livres en en bavardant avec nous." Comme il écrit le percevoir lui-même dans l'invitation qui lui est faite un jour -, hésite de crainte de les affadir...


C'est, d'une certaine façon, un éloge de l'innocence au sens fort de terme, les yeux désormais dessillés, le regard désormais centré sur les invisibles fragilités du monde, sur ce qui fait enfin silence dans les vies tourmentées et pleines de bruit de chacun.

Est-ce un encouragement à se recroqueviller dans ce qui, seul, devrait signifier l'importance, le furtif de nos vies que nous ne voulons plus, ne serait-ce, qu'apercevoir ?

Est-ce une invitation à se ressourcer dans le discret et l'effacé de nos existences?

Oui, sans doute, ou du moins l'ai-je reçu ainsi ce livre quand l'écrivain nous parle du brin d'herbe ou des fleurs en bouquet qu'il ne cesse de contempler comme une compagnie éphémère et fragile. Comme des présences qui "communiquent" par attitudes au lieu de mots prononcés, par des postures au lieu de phrases et d'avis, ne cessant de se laisser deviner, saisir , au lieu de marteler opinions et sentiments...

Un petit livre-journal qui, en plus, pose un regard sur l'absence, une émotion partagée bien éloignée des chagrins avilissants et destructeurs, plutôt un regard qui glisse vers ce qui perpétue une présence sans contours, sous l'habit d'autres évidences quand l'écrivain évoque le deuil récent et sa vie désormais autre.

Les mots sont parfois révolte, parfois admiration devant l'indéfiniment petit, devant l'invisible banalité dont on vêt ce qui devrait toujours être vécu comme les joies des rencontres quotidiennes, humaines et encore davantage animales et végétales !

C'est aussi un éloge de la solitude pour celui qui ainsi écoute et entend davantage les messages d'une vie en simplicité mais si riche de sensations et de scintillements de lumière.



C'est pour celui qui lit, une rencontre d'un écrivain sincère et sans dissimulation, certains seront sensibles à ses mots, d'autres resteront en retrait.
"Un livre, un vrai livre, ce n'est pas quelqu'un qui nous parle, c'est quelqu'un qui nous entend, qui sait nous entendre."

Alors reste à découvrir ce qui sera entendu ou pas pour chacun, reste à ouvrir les yeux sur le presque invisible, l'infinitésimal...


(lecture faite et avis rédigé en Mars 2023)
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"La vie, je la trouve dans ce qui m'interrompt, me coupe, me blesse , me contredit. La vie, c'est celle qui parle quand on lui a défendu de parler, bousculant prévisions et pensées, délivrant de la morne accoutumance de soi à soi"

Cette phrase me semble assez bien résumer l'essence de ce livre au titre très énigmatique.
En effet, pourquoi au radiateur ?
Dans ce roman, sous forme d'un journal, courant de Pâques 1996 à Pâques 1997, Christian Bobin nous parle surtout d'un deuil. Il a visiblement perdu une compagne chère peu avant l'écriture de ce roman.
On sent que l'auteur s'accroche à la vie pour surmonter cette épreuve. Des points d'orgue dans son esprit, avec lesquels il a toujours vécu, ainsi il nous parle de la beauté, de la beauté du monde. Et, pourquoi pas, déjà, la ressentir dès le matin, dans la contemplation de fleurs coupées qu'il achète chaque semaine. Il leur impute de très belles phrases et de très belles pensées.
Pour le reste, cette suite de jours s'accompagne de cafés, de cigarettes, de visites des enfants de cette femme décédée.
Malgré une indéniable poésie dans son écriture, je dois dire avec regret que je me suis ennuyée. Ses longues assertions sur l'amour ne m'ont pas convaincue. Il y a un quelque chose d'indefinissable qui ne prend pas, ne me touche pas.
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Où il est beaucoup question de beauté, d'amour, de lumière, de Dieu et de la mort.
Où la « plus que vive », Ghislaine, hante toujours l'âme inapaisée de l'auteur.
Et là, à l'épicentre du livre, cet autoportrait en moins de cent lignes : un autoportrait tout en joie, en espoir, en satisfaction. Et finalement ce paragraphe jure. Il ne déçoit pas.... mais jure, niché dans ce long poème, cette mélopée infinie et continue.
L'égrenage inconséquent des jours comme balises des strophes.
Si l'écriture de Bobin peut facilement m'entraîner vers des zones profondes ou aériennes de mon âme, elle me demande une attention soutenue. J'ai souvent peur d'en perdre un éclat par négligence.
La subtilité de ses textes vient sur le long en lisant patiemment ses mots posés, incongrus, et qui, de temps en temps, titillent une zone sensible de notre esprit.
C'est comme observer le paysage qui défile devant le pare-brise et soudain être ébloui par l'harmonie, à un instant précis, sous une lumière précise et qui file si on ne la garde pas en soi par cette attention soutenue.
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Ce livre se représente sous la forme d'un journal intime dans lequel le narrateur s'adresse en particulier à une femme qu'il a aimé et continue d'aimer bien qu'elle soit maintenant morte. Ce journal s'étend sur presque une année, du 6 avril 1996 au 21 mars 1997 et le narrateur, bien que parlant constamment de la mort dans son livre, ne fait en réalité que parler de la Vie et surtout du plus puissant et surtout du plus beau des sentiments qui existent, à savoir l'Amour.

Dans les premières pages de son "journal", le narrateur parle de son amour pour les fleurs qui, bien qu'elles soient périssables, sont destinées à renaître un jour. Ce n'est qu'au cours des chapitres suivants que le lecteur découvre, par bribes, qui était la femme à laquelle il s'adresse, que cette dernière a eu trois enfants dont il n'est pas le père mais avec lesquels il est toujours très lié.
Dans la plus grande partie de cet ouvrage, le narrateur s'adresse donc à cette femme, comme si elle était toujours en vie, lui donnant des nouvelles de ses enfants ou encore de ses parents.

L'auteur, fortement engagé dans la croyance en Dieu, essaie de nous communiquer ce message d'espoir mais sans nous obliger à y croire nous-mêmes. Il le dit d'ailleurs à peu près en ces termes : transposez l'image de Dieu par celle de l'Amour et vous verrez que cela revient au même.
Un livre magnifique sur l'Amour, la Vie, la Mort et surtout l'Espoir !
A découvrir !
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"Il peut paraître étrange de faire entrer chaque semaine, deux bouquets de fleurs dans un endroit où l'on vit seul. C'est pourtant un geste dont je ne peux plus me passer. Il est apparu dans la foulée de ta mort, et c'est peut-être une façon d'ouvrir dans le noir une quinzaine de fenêtres, autant que de fleurs, par où du clair arrive."

À la mort de sa compagne, Christian Bobin, douloureusement affecté, traverse une période sombre, durant laquelle il écrit le journal intime que voici.

Dans la première partie du livre, l'auteur poétise sur des fleurs qu'il achète régulièrement. C'est peut-être tout ce qui le rattache encore de son amie morte. Elles sont comme une trace féminine dans son quotidien. Je pourrais lire des pages de Christian Bobin qui me parle de fleurs. Je fonds.

Les souvenirs de sa compagne lui reviennent en mémoire. À l'évidence, sa solitude et son manque lui pèsent. Il les comble grâce à des élans de poésie dédiés aux tulipes, aux roses, aux iris, aux "je-ne-sais-quoi", nom emprunté provisoirement à des fleurs qu'il rebaptise, ...

Puis, un déclic se fait en lui, et s'amorce une remontée de ses énergies. Ses écrits passent du coeur et des sentiments jusqu'à l'esprit qui se tourne vers la société. Son raisonnement se teinte de noirceur et d'amertume. Bobin mène aussi un combat sans concession.

Lire Christian Bobin est toujours porteur de richesses. J'en retire des enseignements, sur tout et sur rien. Ses écrits dans un style simple se distinguent par une sensibilité poétique qui me touche. Son extrême humilité et son côté "Saint François d'Assises", au plus près de l'éphémère de la nature me fascinent. Un pissenlit au bord de la route, une note de musique ou l'écoulement du radiateur... ce n'est rien, mais pour Bobin, c'est beaucoup, et il sait embellir tout cela. Quel bonheur, quelle respiration, et quelle pause dans le quotidien.
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Citations et extraits (198) Voir plus Ajouter une citation
J'ai rendez-vous chaque matin avec la beauté du monde. La beauté du monde est assise en face de moi. La beauté du monde change de chaise tous les jours.
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L'amour est cette bienveillance élémentaire à partir de laquelle une solitude peut parler à une autre solitude et, au besoin, l'accompagner jusque dans le noir.
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Je suis seul auteur de ce qu'il y a de mauvais dans ma vie. Le bien, s'il y en a, quand il y en a, arrive dans les rares instants où, m'abstenant de faire quoi que ce soit, je lui ouvre un espace. Le mal, c'est ce à quoi je prends part. Le bien, c'est ce que je laisse venir.
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Faire sans cesse l'effort de penser à qui est devant toi, lui porter une attention réelle, soutenue, ne pas oublier une seconde que celui ou celle avec qui tu parles vient d'ailleurs, que ses goûts, ses pensées et ses gestes ont été façonnés par une longue histoire, peuplé de beaucoup de choses et d'autres gens que tu ne connaîtras jamais. Te rappeler sans arrêt que celui ou celle que tu regardes ne te doit rien, n'est pas une partie de ton monde, il n'y a personne dans ton monde, pas même toi. Cet exercice mental est un peu austère, mais il te conduit à la plus grande jouissance qui soit : aimer celui ou celle qui est devant toi, l'aimer d'être ce qu'il est, une énigme - et non pas d'être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères, ce que tu attends, ce que tu cherches, ce que tu veux.
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Certains gestes ordinaires de la vie ordinaire font ainsi parfois plus que leur travail, dépassent l'utilitaire et réveillent une fée.
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