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EAN : 9782070406951
110 pages
Gallimard (05/01/1999)
4.21/5   698 notes
Résumé :
Tu meurs à quarante-quatre ans, c'est jeune. Aurais-tu vécu mille ans, j'aurais dit la même chose : tu avais la jeunesse en toi, pour toi. Ce que j'appelle jeune, c'est vie, vie absolue, vie confondue de désespoir, d'amour et de gaieté. Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le cœur a la jeunesse pour lui, en lui, avec lui. Je t'ai toujours perçue avec ces trois roses, cachées, oh si peu, dessous ta vraie douceur.
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Critiques, Analyses et Avis (105) Voir plus Ajouter une critique
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Ce matin, j'ai laissé "réparer les vivants" sur ma table de chevet. Je venais juste de le terminer. J'avais le coeur serré, comme un vide à combler.
Un petit livre était là, dans ma chambre. Il m' attend depuis longtemps, patiemment, coincé entre les autres. Fluet, discret, humble...
Aujourd'hui, il m'a tendu les bras. Il savait que c'était le bon moment.
Je l'ai lu tranquillement, savouré chaque passage.
"La plus que vive" est une réponse à ce vide que la mort creuse souvent.
Un hymne à l'amour, à la vie, au rire.
Lorsque Christian Bobin a perdu sa compagne Ghislaine, il a d'abord pensé qu'il n'écrirait plus, comme un enfant qui boude et qui en veut au monde entier parce qu'on lui a enlevé ce qu'il aime.
Puis, il a écrit ce livre parce que c'est dans l'ordre des choses.
Parce que l'écriture, c'est un baume, une nécessité, une délivrance.
Les mots étaient là...vivants et magnifiques !
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À travers ce très court texte, Christian Bobin rend hommage à Ghislaine, la femme qu'il a aimée, décédée à l'âge de quarante-quatre ans. La perte qu'évoque l'auteur est de celles qu'on s'interdit de pleurer, car pleurer reviendrait à prendre conscience de la rupture irrévocable d'un lien qu'on voulait éternel, et il est des souffrances qu'un coeur d'Homme ne peut soutenir... L'écriture est tendre, mais au regard des critiques que j'ai lues, je m'attendais à un roman plus empreint de poésie. Je regrette également de n'avoir pas mieux connu cette jeune femme, car ce qu'en dit l'auteur, à savoir qu'elle était aimante, libre et rayonnante, ne m'a pas permis de me la figurer, si bien qu'à regret, je suis restée un peu à distance de ce récit.
Je suppose ceci dit que là était le choix de Christian Bobin, qui a opté pour une approche plus philosophique de cette "chose" qu'est la mort, et qui par instants, est la cause de souffrances tellement indicibles. l'auteur aborde différents thèmes tels que la vie, la mort, l'éternité, la place que tient une mère auprès de son enfant, et celle que tient également un père, sur ce dernier point je n'adhère pas, mais tout point de vue a le mérite d'exister. J'ajouterai que l'analyse qu'il a faite de la jalousie me parait très juste, il expose avec une telle clarté le pathétique de ce sentiment, que je m'en trouverais guérie comme par enchantement si je l'étais de manière déraisonnable.
Monsieur Bobin est un auteur que je relirai, et même si je n'ai pas réussi à prendre la mesure du chagrin dont cet ouvrage est l'objet, et ce pour des raisons déjà évoquées, cet auteur, qui s'interdit de verser des larmes, est de ces Hommes qui, à l'instar de Henri Calet, pourrait confesser, "Ne me secouez pas, mon corps est plein de larmes"...
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Un livre qui se dévore, et qui nous dévore...
Un coeur se met à nu pour nous parler de la splendeur de l'amour, un amour passé, et toujours présent, Vivant, malgré la mort. Une mort qui n'est pas séparation mais absolu. L'absolue pureté de l'amour nous est ici relatée avec des mots qui, par-delà la description, nous empoignent profondément.
La plus que vive est véritablement un livre bouleversant qui insiste sur la nécessité du rire.
Ici, le manque rejoint la joie insufflée de et par l'être aimée toujours là... Alors, l'amour nous est dévoilé... Nous touchons ici à ce qu'est la noblesse de l'amour......
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Très beau texte de Christian Bobin qui livre à ses lecteurs ses pensées, souvenirs, inquiétudes et espérances à la suite du décès de sa compagne survenu très brutalement à l'âge de 44 ans.

Même dans la douleur s'apaisant, c'est toujours par sa très belle écriture que Christian Bobin rend hommage à celle qu'il aimait, sans emphase, simplement, avec les mots du coeur, ceux qu'il sait prononcer et écrire à la perfection. Il relate ainsi des tranches de vie, des sensations vécues à deux, de courtes promenades de cinq minutes qui contiennent deux vies, leurs partages, leur amour et respect mutuel.

Il communique aussi sur son questionnement à propos de la mort et de ses conséquences, d'abord ce sentiment de "fini", de "plus jamais" que nous ressentons chacun lors des séparations d'êtres chers. Il s'interroge sur l'au-delà, ce mystère total pour nous les vivants qui sommes en attente de le découvrir ou non.

Christian Bobin sait employer tous les mots qui vont parfaitement traduire ses ressentis et interpeller nos perceptions sur la mort, n'hésitant pas à révéler la vison des "cercueils pourris" à côté desquels va gésir sa compagne. Son réalisme devant la mort est saisissant, il nous renvoie vers des images de la nature, de la neige, ce linceul blanc qui peut tout engloutir avant la renaissance printanière.

Même pour l'évocation douloureuse de cette séparation, le style de Bobin porte bien au-delà des mots et chacun peut donc le ressentir plus ou moins intensément selon sa sensibilité personnelle.
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Christian Bobin s'adresse à sa femme, au présent. Au gré des pages l'imparfait la lui vole. Il se reprend vite, dès qu'il s'en rend compte.
Il refuse le présent sans elle. Il refuse d'être avec elle à l'imparfait.
Sa femme est morte.
La plus que vive est un ouvrage qui nous apprend la "brume sur la terre vidée de son rire". Il nous apprend l'amour avec des mots de tous les jours.
Le bonheur c'est toujours à l'imparfait.
Ce n'est pas apitoyant.
C'est bouleversant.
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Citations et extraits (291) Voir plus Ajouter une citation
On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout: le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. Ma maison mentale, ma maison de coeur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l'air s'y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés.
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Le monde n'est si meurtrier que parce qu'il est aux mains de gens qui ont commencé par se tuer eux-mêmes, par étrangler en eux toute confiance instinctive, toute liberté donnée de soi à soi. Je suis toujours étonné de voir le peu de liberté que chacun s'autorise, cette manière de coller sa respiration à la vitre des conventions, et la buée que cela donne, l'empêchement de vivre, d'aimer. 

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Les hommes sont des petits garçons obéissants. Ils vivent comme on leur a appris à vivre. Quand le temps est venu de quitter leur mère, ils disent : d'accord mais il me faut une femme, j'ai droit à une certaine quantité de femme rien qu'à moi, il me faut une femme dans mon lit, à ma table, une mère pour mes enfants et pour moi qui resterait inguérissable de on enfance. Et parce qu'il leur semble que le meilleur moyen de tenir une femme, c'est encore de l'épouser, alors ils épousent et prennent la mariage comme un fléau de plus, une corvée inévitable comme celle du travail salarié ou des courses à faire le samedi. Quand ils ont leur femme, ils n'y pensent plus. Ils jouent avec un ordinateur, réparent une étagère, passent la tondeuse dans le fond du jardin. C'est leur manière de se reposer d'une vie vécue comme une intempérie. C'est leur manière de partir sans partir. Avec le mariage quelque chose finit pour les hommes. Pour les femmes, c'est l'inverse : quelque chose commence. Dès l'adolescence les femmes vont droit à leur solitude. Elles y vont si droit qu'elles l'épousent. Le solitude peut être un abandon et elle peut être une force. Dans le mariage les femmes découvrent les deux. Le mariage est une histoire très souvent voulue par les femmes et par elles seules, rêvée en profondeur par elles seules, portées par elles seules, ce qui fait que parfois elles se lassent et désertent : quitte à être seules, autant l'être pleinement.
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Le jaloux croit témoigner, par ses larmes et ses cris, de la grandeur de son amour. Il ne fait qu'exprimer cette préférence archaïque que chacun a pour soi-même. Dans la jalousie il y a pas trois personnes, il n'y en a même pas deux, il n'y en a soudain plus qu'une en proie au bourdonnement de sa folie: je t'aime donc tu me dois tout. Je t'aime donc je suis dépendant de toi, donc tu es liée par cette dépendance, tu es dépendante de ma dépendance et tu dois me combler en tout, c'est que tu ne me combles en rien, et je t'en veux pour tout et pour rien, parce que je suis dépendant de toi et parce que je voudrais ne plus l'être, et parce que je voudrais que tu répondes à cette dépendance, etc. Le discours de la jalousie est intarissable; (Gallimard, L'Un et l'Autre, 1996, p.32)
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[ Incipit ]

L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi.

Tout sauf le coeur.

Le coeur que tu m'as fait et que tu continues de me faire, de pétrir avec tes mains de disparue, d'apaiser avec ta voix de disparue, d'éclairer avec ton rire de disparue.

Je t'aime : je ne sais plus écrire, je ne vois plus que cette seule phrase à écrire, c'est toi qui m'as appris à l'écrire, c'est toi qui m'as appris à la prononcer comme il faut, avec une énorme lenteur, en détachant chaque mot, avec une lenteur de plusieurs siècles, avec cette lenteur adorable qui était la tienne lorsque tu devais te livrer à des choses pratiques, faire une valise, ranger une maison, tu es la femme la plus lente que j'aie jamais connue, la plus lente et la plus rapide, quarante-quatre ans de ta vie passés comme un éclair très lent d'un seul coup avalé par le noir.
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Vidéo de Christian Bobin
"–Qu'est-ce que tu fais dans la vie ? –Moi ? Rien. Je réfléchis sur ce qu'est un sourire, un vrai sourire. –C'est tout, rien d'autre ? –Non, rien d'autre, mais ça me prend tout mon temps."
Hanté depuis toujours par la mort, dès ses premiers écrits, Christian Bobin paria pour le salut par la poésie, plaçant sa vie « sous une pluie de lettres noires et blanches ».
Commencé chez lui, au Creusot, en juillet 2022, poursuivi sur son lit d'hôpital durant les deux mois précédant sa mort, le 23 novembre 2022, "Le murmure" appartient à ces oeuvres extrêmes écrites dans des conditions extrêmes.
Dans ce livre ultime, le plus humain des poètes se révèle être aussi le plus héroïque.
Découvrir "Le murmure" : https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Le-murmure
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Ce que disait l'homme qui n'aimait pas...

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