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Critique de berni_29


La plus que vive est un tournant dans l'oeuvre de Christian Bobin.
L'auteur se retourne vers la mort pour voir celle-ci qui emporte l'amie, l'être aimée. Mais à la différence d'Orphée, celle qui est partie ne s'éloigne jamais, se rapproche encore plus près de celui qui tend la main, ne veut pas la perdre, l'aime plus que jamais, continue de vivre avec elle.
« L'événement de ta mort a tout pulvérisé en moi
Tout sauf le coeur ».
C'est tout d'abord une mort qui foudroie. Lorsque la mort vient, souvent elle frappe par deux fois. Ici l'homme qui parle, l'homme aimant, qui aime celle qui est morte, est foudroyé, mais il parle, donc il vit encore. Il survit peut-être. Il nous parle, nous écrit.
Le chagrin apaise, guérit, apprend à vivre. Je ne sais pas ce qui m'a fait connaître Christian Bobin. Je crois parfois que ce sont les livres qui nous choisissent.
Lorsqu'un jour j'ai fini par ouvrir ma fenêtre, ce livre est entré et s'est posé près de moi comme un oiseau.
Il m'a tout d'abord parlé du manque, de l'absence.
Puis des vivants et des morts.
Et aussi de ceux qui croient et de ceux qui ne croient pas.
Le chagrin n'est pas la tristesse. Au contraire, peut-être…
A l'inverse d'Orphée, Christian Bobin peut-être ne s'est jamais retourné vers la mort.
Il a accompagné l'être aimée là où sa mort devait l'amener, déjà dans ce livre. Là… Puis ailleurs, là où à chaque instant quelque chose nous rappelle un souvenir, où il faut revenir, aller, dans la lumière plus que vive du jour, dans le chant des oiseaux et l'odeur des fleurs…
L'auteur dit la mort, par-delà la mort. Il dit la vie. Croyants ou non-croyants, peu importe car tous se posent la même question face à la mort, lorsqu'elle arrive chez un être cher. Pourquoi ? Ce sont les réponses qui diffèrent. Quoique…
Les réponses de Christian Bobin ne se situent pas dans ce clivage souvent irréconciliable.
Il propose d'autres réponses par-delà les chemins trop bien appris.
Il dit d'autres mots. Il le dit avec ses mots, avec le chant des cigales et du rossignol. Il le dit dans la joie.
Plus tard, nous sommes apaisés. Si nous n'avons pas obtenu de réponses à nos questions, ce n'est pas grave. Ce texte nous a apaisé, bien que nous sentions encore dans le frémissement des pages la douleur de celui qui les a écrites.
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