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EAN : 9791031902517
80 pages
L'Herne (18/09/2019)
3.61/5   18 notes
Résumé :
Parlant de sa ville natale, Christian Bobin fait exploser toutes les notions tristes d’appartenance, de racines, voire d’identité.
Il dessine ses rues, ses maisons préférées, le ciel qui roule au-dessus et contracte le tout dans le dessin d’une feuille d’automne, ou la minuscule cathédrale d’un flocon de neige. Celui qui était réputé immobile, plus sédentaire qu’un arbre, se révèle en vérité habitant de tous les mondes, vagabond de tous les ciels.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Petite perle de poésie et de mélancolie…dans lequel on se fond avec bonheur, par la magie des mots, toujours choisis dans une simplicité extrême !

« On se demande pourquoi on vit, pourquoi on fait ce qu'on fait. Il n'y a pas de réponse. Toute réponse abîmerait la question. ( p 26 )”

Après des heures studieuses, je me suis octroyée une flânerie à la Bibliothèque Buffon, près du Jardin des Plantes et parmi mes emprunts, je me suis choisi ce très court texte de Christian Bobin, un de mes écrivains préférés… Ecrit que je ne connaissais pas. le personnage central… sans l'être vraiment se trouve être le Creusot, berceau de l'auteur !

Belle typographie, caractères en bleu ardoise, avec des photos minimalistes dans les mêmes tons. Bobin y parle de sa ville, du décor de son enfance…des lieux modestes mais riches, à leur manière, comme l'ancienne quincaillerie, caverne d'Ali-Baba ; apparaissent aussi des artistes admirés de l'écrivain, dont Soulages….

« L'âme a un besoin vital d'herbes folles et de vieilles choses » (p. 24)

Toujours la même poésie, la même vive attention aux détails les plus humbles… Cela ne l'empêche pas de lancer un très bref cri d'indignation contre le travail harassant en usine… et d'égratigner en passant, le prestige à double tranchant de la dynastie des Schneider !

L'extrait choisi qui va suivre exprime au mieux son attachement ambivalent envers sa ville natale…
« "Né" au Creusot, je ne lui appartiens pas. Son fer est rentré dans mon âme, certes. La rigueur millimétrée de ses avenues comme des ailes de l'usine abattues de chaleur, incapables de frémir. L'idée que le travail salarié est fait pour rincer un homme, tordre sa chair comme une serpillière jusqu'à la dernière goutte d'espoir. (...) J'ai eu comme institutrice une rose de jardin, comme professeur de chinois un nuage et pour compagnons de France tous les clins d'oeil du ciment qu'on nomme "pissenlits" (p. 9)

La lecture de Christian Bobin se révèle toujours, pour ma part, une pause intense, rafraîchissante, et bienfaisante !
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« La minuscule cathédrale d'un flocon de neige ».
Que j'aime cette expression.
Peut-être n'est-elle pas de Christian Bobin, mais de son éditeur car je l'ai relevée au dos du livre.
Mais comme elle dessine bien, à mes yeux, cet ouvrage

il ne faut pas lire Bobin, il faut engranger ses mots dans notre esprit sans comprendre, les laisser faire leur chemin et ne rien en attendre.
Ils font très bien leur travail.
Ils nous grandissent, ils ouvrent notre regard et notre coeur.
Lire Bobin c'est comme laisser filer le paysage par la fenêtre de l'auto et faisant le point sur l'infini - Peu à peu le beau nous gagne.

Dans cet opus il nous parle du Creusot, sa ville natale, celle qu'il n'a jamais quittée ou si peu.
Il en parle d'une façon si étrange mais qui lui est habituelle, sa façon à lui de voir le divin. Car Christian Bobin a reçu ce don de voir l'absolu où nous, pauvres borgnes, ne voyons que beauté, pire, que banalité.

Certes, je ne connais pas cette ville. Son nom aux relents industriels ne m'évoque pas forcément la promesse de grands charmes, mais si Christian Bobin y voit profondeur, fidélité, grandeur, noblesse, c'est qu'il a raison, forcément, et je peux dès lors comprendre son attachement.

Quel merveilleux poète.

heureux celui qui nait, grandit, vit et meurt à l'ombre du même clocher.

Ceci dit, je pense que Christian Bobin excelle lorsque son esprit est libre, sans borne.
Là le thème de sa ville le contraint et sa poésie me paraît un iota moins enivrante.
Je dis bien un « iota »

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L'amour des fantômes , Christian Bobin*****, Editions de l'Herne 2019
lecture 1er décembre 2023
Fantômes, on ne les voit pas, on en a peur, on les évite… et pourtant ils ne font pas de mal, ils portent le poids d'une histoire, son silence aussi, ses traces dont certaines s'effacent sous nos pas indifférents.
Soixante seize minuscules pages d'un livre où parle le coeur d'un homme, où chante et rêve la sensibilité d'un poète, où des images que nous connaissons s'habillent en arlequin et nous surprennent, nous émerveillent et émeuvent par les couleurs de leurs losanges empruntées à l'arc en ciel et au gris fer des nuages en colère.
« Un papillon noir vole au-dessus du pré, devant ma fenêtre. Je le charge d'écrire pour moi les premières lignes de ce petit livre. Je reprendrai la main ensuite » p.5, la première page.
Un regard sur ce qui fut et un autre intérieur, là où les portes sont souvent difficiles à ouvrir, peut-être parce qu'elles font peur, ou peut-être parce que...
Mon billet est un ressenti fort de ce qui m'a profondément touchée, s'est gravé en moi, les mots restent faibles devant la simplicité et la délicatesse du texte qui cherchent à ne pas heurter, même avec une aile de papillon la vie silencieuse des partis. le Creusot une histoire d'hommes et de femmes, une histoire de guerres et de ce qu'elles ont laissé derrière, « des canons, inhumaines perfections »,p.20, le Creusot et son poète, maintenant devenu lui-même fantôme. Des vérités infirmes d'un passé, mais « la vérité n'est pas dans L Histoire ni dans rien de bruyant. La vérité est ce que serre un nouveau-né dans la minuscule pince à sucre de deux doigts roses : le jupon d'un nuage »p.22 Il y a vingt-cinq mille habitants au Creusot, il y a aussi la montagne, des arbres et leurs feuilles, des fleurs d'acacia, il y a un ciel qui veut épouser la terre « un je-ne-sais-quoi de froid pour dire le feu »p.65
L'immense poète du Creusot y naquit, y vécut et continue à vivre là-bas et dans le monde.
« On se demande pourquoi on vit, pourquoi on fait ce qu'on fait. Il n'y a pas de réponse. Toute réponse abîmerait la question »p.26
Je ne peux pas entrer pressée dans les livres de Christian Bobin, encore moins avec des attentes ou des a priori, j'entre comme un nouveau-né et m'émerveille à chaque page, à chaque fois je découvre un homme, le monde et sa beauté faite d'horreur et de sublime, de grand et de tout petit, d'infini et d'éphémère. Les merveilles du monde sont à portée d'oeil, faut juste se mettre en creux et les laisser nous envahir. « Il suffit de gratter la surface du visible : il y a autant de miracles que d'herbes folles et de chats susceptibles. le moderne vieillit mal. L'éternel reste jeune »p.47
Des images bleues accompagnent le texte, un volet d'une fenêtre fermée, une roue qui a servi son temps, des clous utilisés, un détail d'un toit marqué par le passage du temps, un pan de mur témoin de plusieurs générations de vivants.
Christian Bobin accueille et offre généreusement sa poésie, nous emmène en ami dans ses balades, ses questions, ses rêves et partage avec nous ses larmes et ses rires explosifs. Il me surprend à chaque lecture de ses pages, il est ailleurs et tout près, il est souvent hermétique tout en s'ouvrant entièrement aux rendez-vous de la vie.
« Est faussement réputé solitaire l'enfant qui prend conscience d'être entouré de présences innombrables, des fantômes avec lesquels il s'entretient sans phrases, auxquels bientôt il écrira des lettres »p.77
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Un papillon noir vole au-dessus du pré, devant ma fenêtre.
Je le charge d'écrire pour moi les premières lignes de ce petit livre. Je reprendrai la main ensuite.

Ainsi commence ce petit livre de 77 pages de C. Bobin qui remonte avec nous le fil du temps et de ses pensées.

Il nous emmène au travers des rues de sa ville natale le Creusot.

Il dessine pour nous ses souvenirs de jeunesse, une feuille d'automne que le vent soulève, un flocon de neige tombé du ciel.
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L'Herne publie un cahier consacré à Christiazn Bobin, mais aussi ce petit texte, déjà publié ailleurs (Zadig).
L'auteur y parle du Creusot, sa ville.
Ville qu'il n'aime pas spécialement et à laquelle il ne dresse donc pas un panégyrique ; elle sert plutôt de prétexte à quelques divagations, souvenirs, belles images qu'amène Bobin sous les yeux de son lecteur.
Ce n'est pas du grand Bobin, poétique, léger, l'écriture est un peu moins pure, trop ancré dans le réel peut être, et trop loin de moi qui suis loin de la ville des frères Schneider.

C'est agréable à lire, très court, écrit en bleu (berk !), mais pas le plus indispensables des bouquins de l'auteur.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
La vraie naissance, la seul qui compte, c’est celle de l’esprit, son entrée subtile et fracassante en nous.

L’esprit inonde les berceaux - une vague de lumière haute de plusieurs dizaines de mètres soulève l’Humain dans son apparition.

Puis, très vite, déçu par nos apprentissages qui sont autant de soumissions au monde, l’Esprit s’éloigne, recule, attend l’heure favorable pour revenir.

Nous naissons par intermittences, cette histoire n’est jamais vraiment finie ni commencée...
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Il y a dans les rues sidérées du Creusot, bien plus de saints qu’au Vatican, si, par « sainteté » on entend l’humble fait de vivre jour après jour sans rien comprendre et faire face, comme l’oiseau s’élance et saute de la falaise.
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Les nuages traînent au-dessus des toits orangés de l’usine. Ils hésitent à rentrer chez eux. Ils sont la part la plus humaine du cœur. La rue du 4-Septembre est en pente. D’un côté elle se précipite vers l’usine, roule et cogne son front contre les ateliers dont les toits de tôle ondulée aux bords coupants blessent les nuages. De l’autre côté la rue attaque Dieu par la face nord, elle monte, s’arrache à son bitume vérolé de petites pierres, bondit vers une colline où des arbres secouent coquettement leur chevelure à gauche, à droite.
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Je suis né du sourire de ma mère. Sans ce sourire mon père n’aurait jamais été hypnotisé et ne serait pas devenu mon père.
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L'amour sauve ce qu'il voit. Il n'y a aucune différence entre voir et écrire. Ce sont des variations d'un amour dont la puissance est effrayante. (p. 14)
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Videos de Christian Bobin (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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