Le Très-Bas

Quelle écriture magnifique! Je ne suis pas spécialement porté sur les choses religieuses mais cette biographie de Saint François d'Assise est vraiment intéressante et ne s'adresse pas qu'aux croyants, elle nous permet d'assister au bouleversement psychologique d'un homme et de réfléchir au sens que nous souhaitons donner à notre vie, ainsi qu'aux valeurs que nous représentons par notre comportement. C'est, de plus, un texte magnifiquement poétique et rempli de phrases bijoux et de perles philosophiques. Excellente lecture.

Il est difficile pour moi de commenter les livres de Christian Bobin : mélange de terre-à-terre et de spirituel, mélange d'historique te de fantasmé, mélange d'action et de contemplation ... il en reste une tonalité de fond qui m'habite pendant plusieurs jours sans que j'arrive à définir sa consistance.

Ce texte qui parle de Saint-françois d'Assise s'inscrit dans cette même musique.

A sa manière, inimitable, Christian Bobin nous parle de François d'Assise, le saint, fondateur de l'ordre des Franciscains. Evidemment c'est tout sauf une biographie au sens habituel du terme. En fait, on ne dispose pas d'une grande masse de renseignements sur la vie de François, et l'auteur ne cherche pas à la "romancer". Il évoque ce personnage extraordinaire par petites touches, partant des faits réels mais, à partir de là, laissant libre cours à sa subjectivité. C'est comme un fil que Bobin déroule, suivant son intuition, en comblant élégamment les lacunes concernant le saint. Par exemple, le célèbre biographe J. de Voragine a écrit que « François vécut dans la vanité jusqu'à l'âge de près de vingt ans ». Dans son livre, Bobin lui répond: « C'est en empruntant à la hiérarchie militaire du clergé qu'il nomme son Dieu: le Très-Haut. C'est oublier que rien ne peut être connu du Très-Haut, sinon par le Très-Bas, ce Dieu à hauteur d'enfance », et il conclut délicatement: « François vécut dans la douceur jusqu'à l'âge de près de vingt ans ». C'est tout l'esprit de l'écrivain qui se trouve illustré dans ce passage.
Mais Christian Bobin c'est surtout un poète, même s'il semble écrire en prose. Il a un style tout à fait original, un ton à la fois lyrique et simple, des images fortes et inattendues, une liberté d'expression remarquable; son écriture relève du complet libre-arbitre du poète. Un exemple de ses jolies phrases, entre mille: il écrit au sujet de François parlant aux oiseaux: « Un moineau parle: je suis une mie de pain dans la barbe du Christ, un brin de sa parole, de quoi nourrir le monde jusqu'à la fin du monde ». C'est étrange et très beau. Les images, les fulgurances, les coq-à-l'âne et les digressions poétiques, se succèdent dans un apparent désordre. Beaucoup de lecteurs ne supporteront pas cette écriture. Moi-même je l'admire très souvent mais aussi, je l'avoue, parfois il m'irrite un peu . Toutefois, ce texte mérite sans conteste d'être découvert et, si possible, savouré…

Ce livre consacré à Saint François d'Assise est celui qui a vraiment fait connaître Christian Bobin. Plus mystique sans doute que ses livres plus récents, il raconte - à la façon de l'auteur - ce que l'on sait sur le saint et "on sait de lui peu de choses et c'est tant mieux. Ce qu'on sait de quelqu'un empêche de le connaître." Il faudrait, pour rendre vraiment compte de ce récit, en citer toutes les phrases merveilleuses, mais alors, n'en recopierait-on pas les trois-quarts ? L'auteur qui dit vouloir "transmettre l'émotion qui lui est venue" écrit de la poésie en prose, poésie empreinte ici d'une belle spiritualité. Et quand il referme le livre, le lecteur qui a comme toujours été touché par le joie et la sérénité de l'auteur, se sent plus en harmonie avec lui-même et avec le monde.

"Les livres d'aujourd'hui sont en papier. Les livres d'hier étaient en peau."

"Très peu de vraies paroles s'échangent chaque jour, vraiment très peu."

"Les hommes vont en aveugles dans leur vie. Les mots sont leurs cannes blanches."

Il y a des mots magnifiques sur les mères, qu'on ne peut tous citer, sur le choix de la pauvreté, la relation au père, l'amour de la nature et des animaux, la rencontre avec Claire ... Superbe !

J'ai commencé ce livre il y a un mois, je me suis arrêtée à la page 15. Je le réouvre cet après-midi, et en reprenant ma lecture là où je l'avais laissée, je comprends qu'il me faut repartir en arrière, car je n'ai rien entendu. Quelques heures plus tard, je referme cet ouvrage avec la sensation d'un grand apaisement. Pas besoin d'être croyant pour être sensible à la musique de ce psaume poétique consacré à Saint François d'Assise. On peut l'apprécier comme un conte spirituel sur l'Amour.

Une biographie originale de Saint-Francois d'Assise. le caractère historique est très peu marqué. En revanche, très poétique, comportant beaucoup d'images, l'ouvrage est rempli de petites réflexions philosophiques, voire religieuses. J'ai parfois dû m'y prendre à plusieurs reprises pour comprendre quel était le registre de ce que je lisais. C'est le premier livre de cet auteur que je lis. C'est un style. C'est son style. Je ne suis pas sûr d'aimer ce mélange de genres.

C'est un très beau texte de Christian Bobin consacré à Saint-François d'Assise.
Au début de la lecture les descriptions poétiques nous parlent de nouveaux-nés, de mères aimantes, d'enfance et de familles heureuses.
Ensuite l'écriture se fait plus dure pour parler des "querelles familiales" : la rébellion d'un fils qui fait le choix de ne pas suivre la voie toute tracée que son père avait prévue pour lui, la colère d'un père qui porte plainte contre son fils, le chagrin d'une épouse et d'une mère qui regarde sans pouvoir intervenir.
Non, l'entrée dans la vie adulte pour François d'Assise ne fut pas simple. Oui, il a dû enjamber des obstacles, se dépouiller entièrement pour adhérer à une vie consacrée à Dieu.
Courage et abnégation, ce sont les deux mots qui me viennent pour résumer la vie de ce saint qui a suivi SON chemin en louant le Très-haut et Bon Seigneur. Ce Dieu du ciel a toujours été SA lumière, lumière présente tout là-bas au bout du tunnel, un tunnel sombre qui représente toutes les embûches rencontrées : maladie, prison et découragement. Mais la foi fut toujours la plus forte. Jusqu'au dernier souffle.

très beau livre de christian Bobin,qui nous parle de St françois d'Assise,mais surtout de l'être humain dans toute sa profondeur.Cet ouvrage est empreint d'une sensibilité extrême,d'une sublime poèsie,d'une luminosité sur le chemin de la sagesse,la vérité.A relire sans modération.

Les livres de Christian Bobin comme ceux d'autres auteurs, je pense tout particulièrement à Pierre Michon, sont des lectures que je dois apprendre à lire différemment et surtout ce sont des livres qu'il faut relire pour en acquérir toute la richesse. On y ressent la force des mots mais mon esprit vagabond se plaît à musarder alors qu'il faut une concentration extrême.
A relire donc !

Mon premier contact avec Christian Bobin. J'étais en train de lire ce livre, offert il y a pourtant assez longtemps, au moment du décès de l'auteur (pour l'anecdote). Ce livre nous narre-t-il l'histoire spirituelle de François d'Assise, parti à la recherche de Dieu, du dénuement, de la Joie, alors qu'il avait l'amour de ses parents, la richesse, une vie installée qui l'attendait ? Ou ce livre évoque-t-il la recherche spirituelle ? C'est quand tu rentres chez toi, sous la pluie, et que tu ne peux ouvrir la porte, que tu trouves la Joie. C'est difficile à comprendre, c'est un livre à méditer, c'est en tous cas de la poésie et c'est beau. Et nous avons besoin de Beau. Christian Bobin achève son ouvrage sur la photo d'une famille pauvre. Pendant que je lisais ce livre, j'ai trouvé un homme à moitié enfoncé dans la poubelle d'un supermarché afin de trouver de quoi manger. La lecture du très-bas nous permet-elle de mieux envisager ce monde ? de l'accepter ? de trouver une voie ? Un livre tout sauf anodin en tous cas.