AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782851940261
64 pages
Fata Morgana (30/11/-1)
3.83/5   21 notes
Résumé :
L’homme du désastre, c’est Antonin Artaud, à qui cette sorte de longue lettre est adressée; méditation sur l’enfance, l’innocence, la précarité que Bobin écrit avec cette trompeuse douceur qu’on lui connaît.
Que lire après L'homme du désastreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Chronique initiale en juin 2013- complétée le 11 mai 2021

Reprise d'une chronique datant de 2013, à la lumière de la lecture d'un recueil d'entretiens de Christian Bobin, où l'écrivain parle de ce texte, de son besoin de l'écrire , et je me rends compte que j'ai besoin de le relire, songeant que je n'en ai perçu que partiellement les qualités !!

Long texte d'hommage, de réflexions, adressé à Antonin Artaud-L'Homme du désastre", où Christian Bobin parle de l'écrivain, de son écriture, de ses quêtes...de ses souffrances mais aussi de ses propres thèmes de prédilection: l'enfance, la mort, la solitude de l'être humain, la quête d'un sens à donner à sa vie... - Lui, Antonin Artaud qui hurle à Dieu qui manque, comme un chien hurle à la mort. Il naît à Marseille, en 1896. Avec lui, grandit l'ombre qui s'étend sur le siècle. Il regarde le monde qui pâlit, il écoute les mensonges qui l'instruisent, les voix qui tremblent bien trop pour apaiser. A cinq ans, une méningite l'emporte au-delà du miroir. L'enfance et la mort se ressemblent. (p.53)

[cf. « La Merveille et l'obscur » de Christian Bobin, Paroles d'Aube, 1992 ]
---« 1er entretien de C. Bobin avec Charles Juliet

- Vous avez écrit une lettre à Antonin Artaud. Cette lettre a donné un livre. L'Homme du désastre.

A l'origine de cette écriture il y a une voix, et puis de la lumière. La lumière c'est celle d'un été. Accablante , décourageante. Dans la lumière une maison pleine d'ombres. Dans le milieu des ombres, un livre d'Antonin Artaud. Sa correspondance, les lettres écrites à Rodez. Il est à l'hôpital psychiatrique. Il écrit beaucoup. A sa mère, à des amis, à des médecins. Il est dans l'humiliation physiologique, dans la misère mentale. Il demande qu'on lui envoie des colis. Et dans le même temps il écrit des lettres qui conseillent, qui orientent, qui aident. C'est quelque chose qui m'a beaucoup touché: quelqu'un qui est au plus bas de ses forces et qui éclaire des vies autour de lui. J'ai fait ce petit livre pour ça, par gratitude, pour apprivoiser la vérité de cette voix. (p. 49)”


Commenter  J’apprécie          260
Texte très beau adressé à Antonin Artaud (dont je ne connais absolument rien, donc il me manque certainement une référence primordiale pour apprécier l'oeuvre de Bobin). N'empêche qu'on y retrouve le style poétique et onirique habituel de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Nous préférons toujours la vie restreinte, la vie tempérée, à ce trait de foudre, à cette intelligence plus rapide que la lumière. Toujours nous préférons ne pas savoir, vivre à côté de notre vie. Elle est là. Elle est sous le buisson ardent, on ne s'en approche pas. Il faut l'imprévu d'un amour ou d'une lecture pour que nous y allions voir.
Commenter  J’apprécie          300
Je crois que la démence n'est que l'effet lointain, contrarié, d'une force à laquelle pour rien au monde nous ne voulons céder. Une aimantation de l'espace, l'attirance qu'exerce sur nous un astre éclatant, favorable. Je crois que l'on devient malade par intelligence, par une intelligence trop exacte, trop soudaine, non acclimatée. Je parle d'une intelligence de la vie, d'une intelligence que la vie aurait d'elle-même, par à-coups, par flambées, d'une intelligence telle qu'en empruntant nos corps, elle brûlerait tous les nerfs, toute la tête.
Commenter  J’apprécie          183
Perdre était le chemin, et très tôt vous arrachiez l’ivraie des pensées, raclant votre cerveau jusqu’à l’os. Vous goûtiez ce rare privilège de disparaître de votre vivant, confondu avec les fougères dans la même adoration du vent qui passe, prostré devant l’icône du soleil. Dans vos veines ensemencées par la foudre le dieu répandait l’abondance d’une douleur. Votre visage était lisse, dévoré du dedans, semblable à celui des saints ou des simples d’esprit : poli par une averse de pierres précieuses. Jamais vous ne cédiez au persuasif désir d’un repos, et mourir était chez vous l’extrême éveil, l’offrande faite au ciel creux.
Commenter  J’apprécie          70
Ames par âmes, j'ai poursuivi mon amour, jour après jour au fond de moi-même, non comme les notes d'une mélodie sans suite, mais comme les mesures d'un infini sans mesure.
Artaud cité par C.Bobin
Commenter  J’apprécie          210
La première neige. Elle touche à peine le sol. Elle effleure les joues des passants puis s'envole, dansante, en nuée, en lumière, en légers désirs. Dans le jardin, l'enfant court après les derniers flocons. Son rire détache un grand morceau de ciel froid. Puis elle rentre dans la maison et demande ce que demandent tous les enfants : l'infini, tout et rien, les mille et une nuits des fous rires, des secrets et des images. Et surtout pas de sommeil, de repas. Surtout pas de ces choses empoisonnées comme une trêve, comme un devoir.
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Christian Bobin (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
+ Lire la suite
autres livres classés : marginauxVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Complétez les titres des oeuvres de Christian Bobin

Ce que disait l'homme qui n'aimait pas...

Les femmes
Les oiseaux
Les souvenirs
Ses semblables

20 questions
77 lecteurs ont répondu
Thème : Christian BobinCréer un quiz sur ce livre

{* *}