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Critique de tamara29


L'homme-joie, c'est un instantané de douceur. Chaque mot fond dans la bouche comme un bonbon sucré, lentement, délicieusement. On s'arrête, on savoure, on succombe. Ça nous prend au coeur comme par surprise. C'est d'autant plus savoureux que je ne m'attendais pas à un tel chavirement, à une telle envolée de l'âme.
Chacun des textes de « L'homme-joie » de Christian Bobin sont des portraits, tels des moments de plaisir ou de trouble différents, preuve de tout le champ des possibles pour se laisser embarquer par l'émotion. Chaque texte nous rappelle combien il faut savourer l'instant, profiter du moment, apprendre à ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure et aimer, contempler, admirer, ressentir...
Parce que, malgré les temps difficiles et les douleurs, malgré les peines et les frustrations, la beauté est plus forte, la beauté est toujours là, arrogante et fière. La beauté s'immisce même parfois dans ce qui nous amène des larmes. C'est un tableau de Soulages, le bleu du ciel, les notes de musique, le bouquet de pois-de-senteur dans un vase, les mots qu'on écrit à l'être aimé, à ceux qui nous ont quittés, les mots qu'on se dit, qu'on s'invente, les moments seuls avec nous-même. C'est parfois le silence aussi.
Entre chaque portrait, on découvre sur une page blanche quelques lignes écrites à la main. Juste une ou deux phrases qui sont comme des transitions. Elles ont le rythme poétique des haïkus. On s'y arrête, transportés plus encore par l'intensité des mots. Mots choisis, doux, lyriques, parfois d'une simplicité et d'une pureté comme l'eau claire, quasi transparente d'un ruisseau. Mots purs et évidents dans lesquels on s'emmitoufle comme dans un nuage de coton. Aériens comme la danse virevoltante d'un papillon blanc. Une simplicité des mots évoquant ces moments simples, sans fioriture, ces moments qui nous amènent de la joie, un bien être. Des mots et des sensations qu'on voudrait avaler et garder en soi.
Puis, au coeur du livre, ces pages bleues rappelant le ciel, et une lettre écrite à la main, écrite à son amour, résonne encore plus peut-être en nous, nous irradie par cette chaleur et cette beauté. Ce bleu et ces lettres manuscrites magnifient plus encore ces mots, donnent encore plus de force à chaque phrase, la rendent encore plus belle, majestueuse, si poétique.
Plusieurs fois j'ai ralenti ma lecture pour ne pas arriver à la dernière page trop rapidement, pour rester le plus longtemps dans cet espace-temps si rare et doux. Là aussi, le temps ralenti est nécessaire pour mieux savourer, pour mieux appréhender les choses. Plusieurs fois, j'ai relu des lignes pour me délecter du rythme, pour m'imprégner plus encore de la portée de ces mots, du pouvoir enchanteur qu'ils avaient sur moi. C'est un mantra, un rappel à l'optimisme et aux sourires, un rappel qu'il faut aller vers ce qui nous touche, nous transporte, nous anime, nous fait nous sentir vivants. L'homme-joie nous invite à trouver ces instants de bonheur qui existent par et pour ce qui nous entoure, par ce qui est en nous. Au plus profond de nous.

En écrivant ces mots, j'entends Arthur H dans « Confessions nocturnes » qui demande pourquoi la vie est si belle. Ecouter la voix de Brel, Brassens, Bashung et tant d'autres pourrait provoquer le même sourire, les mêmes ébranlements de l'âme. Ou encore écouter la voix de Nina Simone nous chanter combien elle se sent bien. Ecouter cette chanson en boucle. Immobile, hypnotisée devant un tableau, être touchée sans trop savoir pourquoi. Miser uniquement sur le 9 à la roulette comme ça, juste pour le fun, juste pour l'insolence de se sentir vivre et sentir battre le sang contre ses tempes et éclater de rire, d'un rire peut-être fou. La douceur de l'instant, une chaleur qui se répand, un sourire qui s'élargit, presque aussi grand que l'horizon, la tête dans les étoiles… Feeling good…
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