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EAN : 9782070339600
128 pages
Gallimard (04/01/2007)
4.07/5   109 notes
Résumé :
J'ai été seul pendant deux mille ans – le temps de l'enfance. De cette solitude, personne n'est responsable. Je buvais du silence, je mangeais du ciel bleu. J'attendais. Entre le monde et moi il y avait un rempart sur lequel un ange montait la garde, tenant dans sa main gauche une fleur d'hortensia – une sorte de boule de neige bleue. Peut-on imaginer cela ?

C. B.
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Lire Bobin c'est aller plus loin que le réel, c'est franchir à travers la légèreté des mots, des portes dérobées, pour déboucher sur un monde soudainement évident.
Ici, tout est délicatesse, grâce feutrée. La lumière, le silence, la simplicité sont extirpés de leur oubli. Il n'y a plus d'indélicatesse à se laisser emporter par eux…Soudain la morosité de nos jours vidés de toutes trépidations et d'exaltations factices, disparait, pour se transformer en un éclat qui rappelle le bonheur. La limpidité apparaît alors, et la seule sobriété du temps glissant sur nos vies devient une grandeur qui enflamme nos sens. Apprendre à regarder, ressentir, juste pour accéder à la paix intérieure, et faire un pas vers la sagesse…Un précieux moment de lecture.
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Ayant toujours un peu hésité à découvrir Christian Bobin - certaines de ses oeuvres m'apparaissant à première vue comme des sortes de recueils de haïkus à la française - , j'ai dû un peu m'en remettre au hasard afin de piocher le livre par lequel j'allais enfin pouvoir aborder le monde si particulier de poète renommé.
Et je pense avoir pêché le 'bon' avec cette petite perle, totalement en accord avec mes affinités en matière de poésie.
En deux mots, l'auteur nous y invite à découvrir sa ville (qui fut aussi son monde) - le Creusot, avec un style si caractéristique où non pas aucune phrase mais aucun mot n'est de trop.
En moins de cent pages, le lecteur appréciera ce voyage tout en émotions depuis sa fenêtre intérieure.

Et on referme le précieux objet en se réjouissant d'avoir encore des tas d'agréables découvertes littéraires à dénicher...
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A quelques semaines d'une rencontre entre ma classe et monsieur Bobin, je flâne parmi ses oeuvres, à la recherche d'extraits susceptibles de parler à des adolescents. C'est ma bibliothécaire qui m'a mis Prisonnier au berceau entre les mains en disant : ces jeunes creusotins ne peuvent qu'être sensibles à la façon dont Bobin parle de leur ville". J'ai vécu à deux pas de la maison d'enfance de Bobin. Ses descriptions du quartier Saint-Charles se confondent avec mes souvenirs. "Personne ne rêve de venir vivre au Creusot", annonce-t-il dès la première page. En effet, c'était une ville ouvrière assez grise, peu propice à la poésie. Cela importe peu à Christian Bobin, qui sait trouver dans les petits riens une source inépuisable de contemplation, mêlée de réminiscences enfantines. L'enfant regardait déjà à travers les carreaux les lilas printaniers, l'envol des oiseaux, avec ce regard avide d'élévation, de rêveries, d'enchantements purs. "C'est dans la mesure où il n'y a rien à voir que les yeux commencent à s'ouvrir". Quel plaisir que de retrouver dans ses descriptions ces lieux qui ont été ceux de mon enfance, plaisir d'autant plus vif que Bobin les pare d'une beauté que je n'avais pas perçue (pauvre de moi, j'avais les yeux fermés). J'en éprouve une certaine fierté, je me réconcilie avec les murs sombres des usines Schneider, avec la chaudronnerie qui a usé mon père durant des années. Je me sens à nouveau une enfant du Creusot, une enfant de la poésie des herbes folles et des chênes centenaires de la Verrerie. Merci Monsieur Bobin, et à très bientôt l'émotion de vous rencontrer...
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Est-il féérie plus grandiose qu'un livre de Monsieur Chistian Bobin ?

Je viens de boire la lumière et enrichir mon âme.

La source des mots et des images a nourri mon imagination.

109 pages c'est peu et c'est beaucoup quand ce sont 109 pages d'intense plaisir.

Que ce simple petit mot à Monsieur Bobin d'exister et de m'enchanter à chaque fois : Merci.
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Prisonnier au berceau est un écrin de poésie sous les yeux bienveillants des anges.
Christian Bobin nous fait découvrir le Creusot, son village natal où il n'en est jamais sorti, Emily Dickinson qui n'a plus quitter sa maison pendant vingt ans environ, son enfance entourée de livres.
Le détail le plus infime qu'il soit est un cadeau de la vie. Retrouvons notre émerveillement de nos premières années de vie.
Un petit bémol : les légendes des illustrations sont à la fin du livre. J'aurais préféré qu'elles soient à côté ou en bas de page.
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Citations et extraits (125) Voir plus Ajouter une citation
Peu de livres ont des phrases aussi subtiles que celles écrites par la lumière du ciel sur un mur. La lecture la plus étonnante que j’aie jamais faite eut lieu par un après-midi d’automne. Le soleil projetait sur le mur de la chambre le rectangle de la fenêtre, découpant un écran sur lequel tremblaient les ombres du feuillage d’un bouleau. Sur la table une bougie se consumait, allumée plus par goût de sa chanson silencieuse que par besoin de sa clarté. Prise dans le rayon de soleil, elle ajoutait son ombre sur le mur à toutes les autres. Il me fallut un long temps avant de voir que sa flamme, elle, ne projetait absolument aucune ombre : le corps blanchâtre de la bougie était bien reflété sur le mur - mais pas sa petite âme dorée. Désertant la scène du monde et de ses ombres chinoises, se laissant traverser par une lumière sans l’arrêter, elle était, de son vivant, au paradis. Elle vivait l’éblouissante vie des morts à côté de laquelle la nôtre est grise et sans tenue.
[p70/71].
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Il y avait un judas dans la porte d’entrée de ma maison : une ouverture grillagée, grande comme une boîte d’allumettes familiale, donnant sur la rue. Quand le dimanche mes parents s’absentaient, je ne sortais pas. J’allais dans ma chambre. J’ouvrais un livre. Je regardais les fourmis des lettres avancer par colonnes dans le désert de la page, porteuses de miettes de lumière. Je finissais par me lasser de ce spectacle et je venais coller mon visage au métal froid du judas. De l’autre côté, le fleuve de la rue roulait ses passants - à peine un par heure le dimanche. Je regardais les platanes en face, l’église Saint-Charles derrière eux et le ciel nimbant le tout de son bleu puis de son rose. J’étais au coeur de l’ennui, là où plus rien n’est ennuyeux. Ce que je voyais dans le ciel était plus grand que tous les empires de l’Histoire.
[p15]
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Le temps est la toupie de Dieu. Les saisons sont peintes sur son tour. La toupie tourne de plus en plus vite, jusqu’au jour où, comme si elle avait heurté un invisible obstacle, elle sort de son axe, bascule sur le côté, s’arrête : quelqu’un vient nous sortir du tourbillon de nos soucis et de nos peines.

J’admire chaque jour en sortant de chez moi la grande confiance des nuages, leur inlassable candeur qui roule au-dessus de nos têtes, comme s’il y avait une provision de bien éternellement plus grande que celle du mal.
[p93/94].
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Aux enfants on apprenait jadis que Dieu est dans le ciel. Mais qui leur apprendra que le ciel est sur terre, partout étincelant dans les choses simples ? Une vie sans éclat et attentive au simple est semblable à ces coings à la peau duvetée et à l’apparence rugueuse qui, mûrissant dans l’ombre, embaument l’air du cellier - comme fait le corps d’un saint après sa mort.
[p31].
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Le plus beau dans cette vie, c’est de se fatiguer pour quelqu’un sans qu’il s’en aperçoive. La jeune mère exténuée qui verse la lumière de son visage sur le visage de son enfant nouveau-né, veillant sur la profondeur de son sommeil, est couronnée par des anges las de contempler des Vierges aux yeux vides sur le bois mort des icônes.
[p66].
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