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Gilles Dattas (Illustrateur)
EAN : 9782070427109
176 pages
Gallimard (28/01/2003)
4.06/5   224 notes
Résumé :
Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous, assez éloignée pour que nos erreurs ne viennent jamais la ternir.»
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne sais pas si, comme je l'ai lu, ce n'est pas le « meilleur de Bobin » mais un livre n'est-il pas une auberge espagnole…. ?
En tout cas pour moi c'est une de mes premières bonnes rencontres en 2014, à l'instar d'un ami rencontré ou retrouvé et qui me veut du bien…
Personnellement, je m'y sens bien, j'y retrouve une foultitude de ces trop rares et brefs instants de lucidité, ces petites gorgées, non pas de bière, mais de lumière, où nous avons l'impression d'être pleinement vivant. Il me semble en effet que le propos de ce livre n'est pas de ressusciter, mais de rester vivant ou de batailler avec toutes les petites morts qui nous guettent.

Je dirai, en le parodiant, que chaque plongée dans ce livre me « désencombre un peu plus », faisant glisser les peines « de mes épaules, comme la neige, par plaques ».
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Christian Bobin fait partie des écrivains qu'on lit et relit si souvent qu'on s'imagine être leur ami. Il nous conduit, au fil de ses récits et de ses interrogations, à un cheminement intérieur qui l'a fait devenir écrivain.
Ses livres font partie de ceux que je garde près de moi pour les jours où je veux du beau, des choses simples et précieuses qui me vont droit au coeur.
« Il y a une étoile mise dans le ciel pour chacun de nous, assez éloignée pour que nos erreurs ne viennent jamais la ternir. »
Il parle souvent des riens du quotidien mais surtout de l'amour, de la beauté d'un arbre, de sa présence bienfaitrice, de musique, de peinture, de personnes âgées ou d'enfants, de l'importance de rencontres qui marquent comme des rayons de soleil, du temps qui passe inexorablement.
Quand je le lis, je prends mon temps, je fais des pauses et je me surprends même à interrompre ma lecture pour relire certains passages et les savourer comme un dessert de choix.
Pour résumer, ses écrits oscillent toujours entre prose et poésie, je les déguste comme des petits chocolats soigneusement choisis, mais surtout Christian Bobin a l'art de m'émouvoir.
Un très beau livre que je continue d'ouvrir de temps en temps.

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Un livre de Bobin ne se raconte pas, il se lit, se délecte en douceur et dans le silence du jour naissant. C'est tout un pur bonheur de se plonger dans son univers fait de petits riens du quotidien, mais qui fait la grandeur de son oeuvre. C'est délicat, pur et simple comme la vie en fait, et fragile aussi. Savoir lire Bobin c'est savoir écouter le chant d'un oiseau, apprécier la lumière qui joue dans les feuilles d'un tilleul, apprécier la grâce d'un vol d'oiseau.
Ce livre est composé de tableaux divers et variés, de pensées, de gouttes de miel, de caresse du vent, du parfum des roses, la divine chance de s'abreuver à des mots qui résonnent en soi.
Je ne cherche jamais à acheter du Bobin, il vient toujours au hasard de mes ballades livresques, comme si un rdv m'était offert, je flâne chez un bouquiniste, et ma main rencontre deux Bobin d'un coup, double chance. Je repars avec la certitude d'un divin moment de lecture, et je pense à celui qui a laissé son nom sur la première page blanche, comme une évidence à partager aussi sa joie d'avoir lu Bobin, merci à celui a cédé ce livre qui continue son chemin de main en main, il sème la certitude qu'il a un autre monde pour ceux qui se sentent étrangers à celui ci.
Un pur moment de grâce que les mots de Bobin comme une évidence noire sur blanc, mais qui éclaire si agréablement un instant notre journée et qui chante longtemps dans notre esprit jusqu'au prochain Bobin qui m'attend sagement parmi d'autres livres, mais celui ci je sais qu'il aura une saveur particulière qu'on ne trouve que chez les poètes.
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Alors là les amis, je tombe des nues. Je suis vraiment passé à côté de cet auteur il y a vingt ans environ quand j'attribuais deux étoiles à une petite robe de fête ou à la folle allure. Ai-je changé à ce point ? Mûri ? Mes goûts se sont-ils modifiés avec la lecture plus intense de ces dernières années ?
Ce petit livre est un bijou de poésie, une invitation à regarder la vie qui s'écoule ou qui s'en va, des moineaux qui s'envolent d'un tilleul, des tourterelles sur la branche d'un bouleau, un papa qui s'éteint doucement « dans la nuit bleutée de l'hôpital » et une feuille morte qui tourbillonne, poussée par le vent.
J'ai surligné des passages entiers ou de simples phrases que je vais consigner dans le cahier ad hoc, peut-être en apprendre quelques unes, c'est dire mon enthousiasme !!

Et puis j'aime le bonhomme, ce qu'il dit en filigrane de notre société, de notre rapport au monde, son côté un peu rustre aussi qui se cache derrière sa courtoisie. Il n'y a que sur la religion que j'aurais quelques difficultés à le suivre bien qu'il égratigne au passage les curés et ça, ça me plait bien. Ce minimalisme proche des haïkus, cet émerveillement devant la vie, cette humilité.

Trois petites citations pour finir :
« L'ennui prépare l'émerveillement, comme on déploie une nappe blanche sur la table, les jours de fête ».
« Une phrase dansait sur la page d'un livre comme une baguette sur la peau d'un tambour ».
« Un rouge-gorge, au pied du tilleul, saute à la corde avec un rai de lumière ».
Et quand il parle de la place aux arcades de Marciac, village du Gers où il est enterré (tiens, j'irai lui rendre une petite visite la prochaine fois que je me rendrai au festival de jazz), il écrit, à propos des rues qui partent de cette place : « Les rues s'en vont dans la campagne comme à un bal ». C'est pas joli ?
Enfin de la poésie qui me parle.

Challenge Multi-Défis 2024.
Challenge Riquiqui 2024.
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Le présent recueil est une suite de pensées, apparemment sans linéarité, cependant suivant une trame que le coeur reconnaîtra.
A chaque fois que j'ouvre un Christian Bobin, je nettoie mon être de lourdeurs inutiles et retrouve la légèreté divine qui nous définit, le plaisir de vivre, ici et maintenant, ma condition humaine.
Au départ, je voulais vous donner quelques citations que j'aime pour vous donner la musicalité générale de cette symphonie du Verbe, seulement il m'aurait fallu recopier le livre dans son entier !

Ressusciter...
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Citations et extraits (256) Voir plus Ajouter une citation
Le jour de l'enterrement de sa mère, C. a été piquée par une abeille. Il y avait beaucoup de monde dans la cour de la maison familiale. J'ai vu C. dans l'infini de ses quatre ans, être d'abord surprise par la douleur de la piqûre puis, juste avant de pleurer, chercher avidement des yeux, parmi tous ceux qui étaient là, celle qui la consolait depuis toujours, et arrêter brutalement cette recherche, ayant soudain tout compris de l'absence et de la mort. Cette scène, qui n'a duré que quelques secondes, est la plus poignante que j'aie jamais vue. Il y a une heure où, pour chacun de nous, la connaissance inconsolable entre dans notre âme et la déchire. C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit déjà venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble.
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J'ai vu un jour ce qu'on ne voit jamais. J'ai vu quelqu'un mourir d'amour. C'était dans un café, un automne à Paris. La jeune femme qui me parlait venait d'être abandonnée par un homme au cœur d'or. Ils avaient partagé le pain de dix années entières. Il l'a quittée comme on cesse de lire un livre, gagné en une seconde par un sommeil analphabète. Un geste avait suffi que rien n'annonçait et cette jeune femme s'était découverte aussi vaine qu'un livre jeté sur le parquet d'une chambre. Depuis elle allait comme un fantôme dans les rues surpeuplées de visages inutiles. Le couteau de la séparation s'était enfoncé dans son cœur et le manche en bougeait à chaque respiration. Elle ne maudissait ni ne geignait. Elle cherchait à comprendre ce que même les anges, affolés autour d'elle comme des abeilles ayant perdu le chemin de la ruche, ne pouvaient comprendre. Elle ne savait plus que parler de son ami, aucun mot n'étant trop beau pour dire sa grandeur et son intelligence. Il était dans sa parole comme la neige en plein été, quand il semble qu'une telle magie blanche ne reviendra plus. Le monde où nous vivons est enchanté par l'amour et sans cet enchantement nous n'y séjournerions pas une seconde. Nous sommes jetés dès notre naissance dans un réduit où nous ne pourrions que dépérir, s'il n'y avait la lucarne du cœur donnant sur le ciel. Il n'y a que le cœur de réel dans cette vie, alors pourquoi nous entêtons-nous à rêver d'autre chose? Les vagues sentimentalités par lesquelles les gens se réchauffent les uns aux autres sont comme les brindilles qui servent à allumer un feu: cela brûle et meurt aussitôt. La flambée qui donnait aux visages de cette femme et de son ami le rouge et or d'une peinture de Georges de La Tour se nourrissait d'un aliment bien plus beau. Dieu se promenait émerveillé dans leurs paroles comme un paysan dans son champ. Si Dieu n'est pas dans nos histoires d'amour, alors nos histoires ternissent, s'effritent et s'effondrent. Il n'est pas essentiel que Dieu soit nommé. Il n'est même pas indispensable que son nom soit connu de ceux qui s'aiment: il suffit qu'ils se soient rencontrés dans le ciel, sur cette terre. Cette femme avait connu cette grâce, et cette grâce lui était retirée. Dans un café où je l'écoutais ce jour-là, elle parlait du ciel et de son ami, de leur fuite commune, et sa parole était comme deux mains plaquées contre une plaie par où la lumière giclait à flots. La salle où nous étions assis était atroce de même que la ville alentour, énervée et bruyante -comme si on avait mis une musique criarde dans une chambre d'agonie. Si nous ne respirons plus dans le ciel, alors nous suffoquons dans le néant: c'est aussi simple et net.
(P86)
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Le jour de l'enterrement de sa mère, C. a été piquée par une abeille. Il y avait beaucoup de monde dans la cour de la maison familiale. J'ai vu C. dans l'infini de ses quatre ans, être d'abord surprise par la douleur de la piqûre puis, juste avant de pleurer, chercher avidement des yeux, parmi tous ceux qui étaient là, celle qui la consolait depuis toujours, et arrêter brutalement cette recherche, ayant soudain tout compris de l'absence et de la mort. Cette scène, qui n'a duré que quelques secondes, est la plus poignante que j'aie jamais vue. Il y a une heure où, pour chacun de nous, la connaissance inconsolable entre dans notre âme et la déchire. C'est dans la lumière de cette heure-là, qu'elle soit déjà venue ou non, que nous devrions tous nous parler, nous aimer et même le plus possible rire ensemble.
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On n'a qu'une faible idée de l'amour
tant qu'on n'a pas atteint ce point où il est pur,
c'est à dire non mélangé de demande, de plainte
ou d'imagination.
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La sainteté n'est rien de ce qu'on imagine. J'ai rencontré aujourd'hui une troupe de primevères bavardant à l'air libre et faisant de leurs bavardages une prière qui montait droit au ciel. Leur coeur était ouvert aux pluies, aux sécheresses et même à l'arrachement. Ne pas choisir dans ce qui vient était leur manière impeccable d'être saintes. Je piétinais dans mes pensées quand elles me sont apparues sur le bas-côté de la route, offrant à la lumière le berceau coloré de leurs pétales. Le vent faisait vibrer leurs formes, imprimant sur un fond d'herbes un texte digne de louanges. Tous ceux que je rencontre me font de la peine. Je vois une ombre-un chagrin, une absence, un manque-traverser leurs yeux même quand ils rient, comme un petit lézard qui se faufilerait entre deux pierres, tremblant d'être aperçu. Et moi je suis pareil à eux. Mon coeur bat dans le noir. La vie s'attriste de ne pouvoir nous atteindre que rarement. Elle est avec nous comme une mère qui donnerait son coeur à manger à ses enfants, et ses enfants ne voudraient pas goûter à cette nourriture sublime, ils ne voudraient même pas en entendre parler. L'éclat des primevères, pour m'arriver, avait dû déchirer la nuit qui entoure mon coeur. Je tiens pour un miracle de voir des choses très pauvres. Je ne me lasse pas de ces miracles et suis bien incapable d'expliquer pourquoi parfois il n'y a rien, pourquoi parfois il y a tout. Le paradis, ce serait de vivre une journée entière comme une seule de ces primevères.
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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