Je suis d'accord pour mourir n'importe quel jour.
Aux urgences, j'ai emmené un livre assez petit pour tenir dans une poche, assez dense pour éclairer des heures d'attente.
Je voudrais n'écrire que des livres qu'on puisse lire aux urgences, là où les questions qu'on nous pose et l'attention qu'on nous porte sont si froides qu'elles nous vident de notre âme.
Il y a une manière de vivre - comme si on ne tenait plus à la vie - qui est le nom le plus secret de l'amour.
Sur la neige couvrant la boite aux lettres, l’étoile minuscule d’une patte d’oiseau – de fraîches nouvelles du ciel.
La mort est innocente de tous nos maux. J’ai vu des gens, par goût de la puissance, changer de cœur en une seconde. C’était bien plus terrible qu’une mort et cela faisait tomber sur la vie une nuit bien plus dure. Il y a une écharde de néant dans notre cœur – la mort l’arrache d’un coup.
Chaque fois que je m’éloigne d’une page fraîchement écrite, je découvre à mon retour ce qui a fané sur les rameaux de papier, recroquevillé d’être inutile. Le temps qui passe est un ami précieux qui nous dépouille du superflu.
L’âme est plus subtile que l’air : la main de la mort ne peut se refermer sur elle.
J’avais vingt ans et j’ai failli mourir. Mon père vint à mon chevet. Un instant il prit ma main. Au matin je revins à moi sans autre souvenir que celui d’une main dont la pression sur la mienne avait suffi pour colmater une brèche dans le ciel. La mort est à côté de la vie quotidienne comme une bougie à côté d’une meule de paille. Cette proximité terrible fait la vie merveilleuse.
Cherchant en lui l’enfant qu’il avait été, je ne trouvais que son assassin.
Tout m’est lecture. La plus grande partie de ma bibliothèque est dans le ciel, avec ses volumes dépareillés de nuages, jamais à la même place.
Les vivants sont trop absorbés par ce qu’ils veulent et les morts trop éblouis par ce qu’ils voient pour jamais se rencontrer.
Sur la neige couvrant la boîte aux lettres, l'étoile minuscule d'une patte d'oiseau - de fraîches nouvelles du ciel.