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David Fauquemberg (Traducteur)
EAN : 9782364684423
416 pages
Editions du sous-sol (01/04/2021)
5/5   2 notes
Résumé :
Baleo ! Baleo ! Baleo ! La vie des Lamalériens est régie par cet appel se propageant, tel un écho, des rivages jusqu’au cœur des montagnes. Il prévient les chasseurs qu’une baleine est proche. La chasse est ouverte… Sur une petite île volcanique, perdue au milieu de la mer de Savu, vit une tribu de chasseurs-cueilleurs qui, depuis plus d’un demi-millénaire, suit les préceptes des Ancêtres. À bord de leurs bateaux en bois et armés de leurs harpons en bambou, les Lama... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Après une immersion de trois années parmi les Lamalériens, l'anthropologue américain Doug Bock Clark nous livre un récit passionnant et bouleversant sur ce peuple de chasseurs-cueilleurs, le dernier à vivre quasiment exclusivement de la chasse au cachalot. Dans l'archipel indonésien des îles Solor, il est une petite île, Lembata. Sur sa côte, Lamalera, petit village situé au bord d'une plage envahie par les ossements gigantesques des cachalots que les Lamalériens chassent depuis 500 ans au harpon avec leurs pirogues de bois. La tribu, animiste et catholique, ne compte pas plus de 1500 hommes et femmes dont les conditions de vie sont bien différentes de celles des habitants de Jakarta. Sans terres cultivables sur leur petit coin d'île, la chasse au cachalot est leur principal moyen d'existence et leur permet de troquer riz, maïs et légumes avec le peuple des montagnes qui vit sur l'autre versant de l'île, à la terre plus arable que la leur. Sans électricité, ni eau courante, la vie des Lamalériens est difficile et précaire.

La chasse au cachalot est dangereuse : codifiée, ritualisée par la Voie des Ancêtres, cet ensemble de règles non écrites qui régit tout la vie de cette tribu, elle provoque régulièrement de graves blessures pouvant aller jusqu'à des membres sectionnés par la corde du harpon ou des noyades quand le cachalot blessé « sonde » brutalement vers les profondeurs pour tenter de se débarrasser des harpons qui le torturent.

Pour nous faire découvrir cette tribu, l'anthropologue qui a appris le lamalérien, a su se faire écrivain et nous brosse avec talent, plus que des portraits, des moments de vie, de partage ou de solitude : impressionnantes scènes de chasses au cachalot ou à la raie manta, moments de fête mais aussi plus intimement, nous découvrons les blessures, les doutes et le désespoir de Jon, le jeune apprenti chasseur qui rêve de devenir « lamafa » rang qui l'autoriserait à harponner en premier le cachalot, les angoisses de sa soeur Ika condamnée à rester au village et ses regrets de ne pouvoir faire des études, les tentatives du chamane Frans pour protéger, prolonger les traditions ancestrales.

Pour les jeunes, suivre la Voie des Ancêtres devient compliqué : confrontés au choix difficile de vivre comme leurs aînés en continuant à chasser le cachalot au prix d'une vie sans argent, sans confort, ou bien céder aux sirènes de la modernité, pour bénéficier des téléphones portables, de l'électricité ou de hors-bord motorisés. le choix est cornélien comme l'illustre bien celui que Jon devra faire tôt ou tard, partagé entre son envie de devenir « lamafa » et de rester au village pour veiller sur ses grands-parents et sa soeur et son attirance pour la ville où il pourrait gagner de l'argent.

Les anciens n'ont pas ce choix à faire, mais acceptent quelques entorses à la Voie des Ancêtres pour convaincre les jeunes de rester : ainsi, le chamane finit par autoriser le recours au hors-bord à moteur pour remorquer plus rapidement les pirogues de bois sur le lieu d'une chasse au cachalot. Mais une fois sur place, le hors-bord doit être détaché de la pirogue et la poursuite et la chasse doivent se faire avec les pirogues uniquement. Bien sûr, toute arme autre que le harpon traditionnel est interdite. Lente transition vers la modernité...

Bien écrit, abondamment documenté et illustré de photos, abordant les angles économiques, écologiques ou spirituels, c'est un témoignage riche et bouleversant qui interpelle : quel serait le meilleur destin possible pour cette petite tribu ? Les Lamalériens ne le savent pas eux-mêmes, l'anthropologue n'apporte pas non plus de réponse... En refermant ce livre, une question me hante : trois ans plus tard, que sont devenus, que vont devenir Jon, Honi, Ika, Ignatius, Frans et Sipri ?

Un grand merci à Babelio pour ce livre passionnant reçu dans le cadre d'une Masse Critique !

Challenge multi-défis 2021
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La Voie des Ancêtres est une oeuvre absolument extraordinaire. le portrait que fait Clark des Lamalériens, une tribu de chasseurs-cueilleurs vivant sur une île indonésienne isolée, est à la fois fascinant et émouvant. Il montre de manière experte comment les Lamalériens chassent le plus grand carnivore de l'histoire, le cachalot, en utilisant une technologie vieille de plusieurs siècles en attrapant leurs proies en se jetant à la mer depuis leurs chaloupes en bois et en les harponnant à la main.
Ayant vécu au sein de la tribu pendant trois ans, l'auteur est en mesure de décrire les chasses avec des détails étonnants et dramatiques, avec la perspicacité de quelqu'un qui connaît intimement non seulement les mécanismes du processus, mais aussi l'histoire, la culture et le peuple de Lamalera.

Les histoires des Lamalériens eux-mêmes sont encore plus captivantes, qu'il s'agisse d'un jeune baleinier orphelin qui attend sa chance ou d'un harponneur légendaire vieillissant qui s'efforce de comprendre la résistance de son fils au mode de vie traditionnel. Ils résistent courageusement aux forces de la modernisation, refusant en grande partie la technologie moderne qui rendrait les chasses plus faciles et beaucoup moins dangereuses, et s'appuyant sur le troc et les cadeaux au lieu de la monnaie de papier. Ils s'accrochent aux méthodes de leurs ancêtres, convaincus que leur tradition - aussi incommode soit-elle - renferme leur essence et qu'en l'abandonnant, ils risquent de perdre ce qui leur permet de vivre.

La Voie des Ancêtres nous rappelle qu'il faut réfléchir à ce que nous perdons peut-être lorsque nous accueillons à bras ouverts les dernières technologies et commodités. Alors que la modernisation et la mondialisation menacent le mode de vie des Lamalériens, Clark illustre richement comment ils parviennent à trouver un équilibre entre tradition et progrès d'une manière à la fois exotique et familière.

Il ne fait aucun doute que le mode de vie des Lamalériens est en train de disparaître, comme celui de milliers d'autres peuples indigènes dans le monde. La Voie des Ancêtres détaille la vie et la culture d'une tribu fascinante, tout en nous amenant à nous demander d'où nous venons et ce qui peut se perdre sans effort conscient. Les forces de la mondialisation, pour le meilleur ou pour le pire, sont imparables. Mais La Voie des Ancêtres nous aide à faire une pause pour célébrer la diversité et la résilience de l'humanité dont les Lamalériens sont l'exemple.

Un grand merci à Babelio pour ce livre incroyablement émouvant reçu dans le cadre d'une Masse Critique !
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Un livre digne d'un vrais reportage qui nous emmené en voyage au bord de l'eau.Le paysages est paradisiaques et les questionnement de l'avenir nous fait reflechir sur notre propre avenir.L'histoire des lamarelien est passionnante. Seul points négatif :le trop nombre de notes (qui souvent ne servent pas a grand chose a part pour une personne qui aimerais vraiment approfondir les recherche ) et parfois les trop grandes digression.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La plupart des peuples autochtones de la planète, qui rassemblent en tout plus de 300 millions d'êtres humains, sont confrontés tôt ou tard au même impossible dilemme : adopter le mode de vie des pays industrialisés ou rester fidèles à leurs traditions au risque de se retrouver désavantagés dans le monde contemporain. La mondialisation a apporté d'indéniables progrès à certaines portions de l'humanité en termes de santé, d'éducation et de niveau de vie. Mais en rejoignant la modernité, les peuples autochtones troquent souvent un mode de vie conçu en harmonie avec leur écosystème contre un autre qui le détruit, des mythologies sur mesure contre des légendes impersonnelles venues de Hollywood, Bollywood ou de Nollywood, et une identité tribale étroitement unie contre une identité nationale indifférenciée, dont le but consiste généralement à dissoudre leurs liens tribaux pour qu'ils puissent se fondre dans le reste de la population.
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Sans avoir lu aucun article sur le sujet, Jon savait sans doute intuitivement ce que certains chercheurs ont démontré : les peuples autochtones ont l'impression de mener une existence plus épanouissante, par bien des aspects, que celle des citoyens des pays industrialisés. Les sociétés traditionnelles étant plus égalitaires et moins enclines à l'exclusion, et tout le monde y participant à la vie du groupe, leurs membres ont moins tendance à se sentir seuls ou déprimés, à souffrir de stress post-traumatique ou d'autres maladies mentales directement liées à la vie sociale. Par ailleurs, les chasseurs-cueilleurs travaillent beaucoup moins que la semaine de quarante heures aujourd'hui en vigueur un peu partout dans le monde. Leur durée de travail hebdomadaire dépend du mode de vie de chacun, de la saison, et de nombreux autres facteurs - la routine d'un Inuit est fort différente de celle d'un bushman du désert de Kalahari - , mais, de manière générale, les chasseurs-cueilleurs travaillent environ vingt heures par semaine, même s'il existe évidemment des exceptions, comme les tâches harassantes et continuelles d'Ika. Le reste de leur temps est consacré à l'art, à la détente, à la vie sociale et surtout aux pratiques religieuses, un équilibre qui contribue au fait que, comme les anthropologues ont pu l'observer, les chasseurs-cueilleurs ont des vies spirituelles beaucoup plus riches que celles des citoyens modernes.
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Lorsqu'il perça la peau de l'océan, son premier souffle lui remplit le crâne de sensations, et son ouïe redémarra comme si les haut-parleurs du monde avaient soudain été poussés à un niveau assourdissant. Des cris suraigus. Des pagaies battant l'eau. Le grondement des moteurs hors-bord. Puis le cachalot refit surface dans un fracas terrible, comme un coup de tonnerre. Jon voulut battre des pieds pour rallier la coque retournée du Boli Sapang, mais l’anesthésie provoquée par la bouffée d'adrénaline commençait à se dissiper. La douleur se referma comme un piège à ours sur sa jambe droite. Il avait du mal à se maintenir à la surface.
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