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EAN : 9782352211822
304 pages
Editions Paulsen (22/09/2016)
4.26/5   113 notes
Résumé :
C'est l'histoire d'une enfant asthmatique qui serre très fort un caillou dans sa main pendant le supplice du cours de gym. D'une petite fille sensible qui aime se perdre hors des sentiers. Qui d'aussi loin qu'elle se souvienne, a choisi de regarder sa vie de haut, à la verticale de soi. Surtout depuis cette fêlure, celle d'une petite sœur disparue trop tôt et qui lui a donné ses ailes : " Vivre. Vivre intensément ", écrit-elle. Perdue pour le sport, Stéphanie Bodet ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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« A LA VERTICALE DE SOI » Stéphanie Bodet (Guérin, 295 pages)
On ouvre ce livre parce qu'on aime la montagne, la grimpe, la nature aussi. Quand on le referme, on est en plus tombé sous le charme de l'auteur d'un magnifique livre de lumières, d'un écrivain vraiment entré en littérature, et pas seulement en littérature « de montagne ». Voici un récit autobiographique, un parcours atypique d'une jeune femme plutôt fragile, asthmatique, que les hasards de la vie, sa soif d'aventures, une détermination hors du commun, et un environnement propice vont conduire le long des parois rocheuses, jusqu'à devenir championne du monde d'escalade à 23 ans, puis sur les plus hauts sommets de la planète. C'est l'histoire d'une sensibilité, d'une humilité généreuse, d'une ouverture au monde, à la nature, mais aussi aux humains qu'elle croise dans ses périples montagnards à côté de chez elle dans les Alpes, ou aux antipodes. Nul besoin d'être montagnard ou grimpeur averti pour apprécier ses escalades et ses escapades, même si les familiers des rochers apprécieront à leur juste valeur nombre de passes et le cran qu'elles nécessitent ; le lecteur n'est pas trop noyé dans les aspects techniques de toutes ces grimpes qui se refusent de plus en plus à être des performances, et l'esprit de pure compétition s'estompe. Se dépasser soi sans jamais chercher à dépasser les autres (« La verticale de soi » quel titre magnifique), à l'opposé de certains « récits de montagne » parfois bien élitistes (« -Peut-être est-il bon d'avoir dans son coeur des montagnes sur lesquelles on ne montera jamais. »). Car la montagne de Stéphanie Godet est tout le contraire d'un repli sur un entre soi réservé à un monde d'initiés. Il est question de la beauté de l'escalade comme une mathématique épurée, mais aussi d'amour, d'amitiés (quelles pages exceptionnelles sur le lien avec Sadiya, sa jeune amie marocaine d'un village du haut Atlas). Il est surtout question, profondément, de belle humanité, de sincérité, d'éthique dans son rapport au monde, c'est –à-dire aux humains et à la nature.
Et quelle superbe plume… L'écriture poétique de Stéphanie Bodet ressemble sans doute à ce qu'elle donne à voir d'elle sur une paroi : fine, élégante, simple et forte, sans emphase, elle ouvre des voies aux mots comme elle les ouvre sur des à-pics (« - Au sortir des gorges, la vallée s'épanouit. La rivière se prélasse et jouit de plusieurs lits. » / « - Prise au filet des grands yeux effarouchés, me voici embarquée à la sortie du village. » / « - Il (Arnaud, son mari) s'exprime comme moi j'ouvre des plaques de chocolat, froissant sans vergogne l'aluminium des mots. Et je m'exprime comme lui ouvre les siennes. Avec mesure en en prenant des gants. » / « - Chacun se repliait dans l'ombre, infime à midi, et les tournesols découragés baissaient la tête. » / « - On peut naître, hélas, sans jamais avoir le bonheur d'éclore. »…
Tant de belles phrases ouvrent à Stéphanie Bodet de belles perspectives d'écriture. Et l'on espère vivement un prochain opus, montagnard ou pas.

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A la Verticale de soi est bien davantage qu'un témoignage d'une jeune femme habitant le monde et grimpant aux sommets de son immensité. C'est un infini de bienveillance, de douceur, une ode à la nature et à ses pouvoirs mirifiques, un baudrier pour les jours sombres et incertains, un bréviaire pour celles et ceux qui souhaitent, qui aimeraient que le temps soit parfois suspendu pour mieux admirer les vallées, pour mieux recueillir les petites choses de l'univers qui vous entourent et en tirer toute la beauté qui en découle.

Mariant aisance du récit et volupté de la plume, Stéphanie Bodet raconte son enfance, ses premiers pas sur les rochers, les falaises ; raconte cette envie de se reconvertir en lézard humain pour ramper sur les pierres d'où se dégage une puissance insoupçonnable ou en chamois des hautes montagnes pour escalader les longueurs de l'existence ; ce désir d'ouvrir de nouvelles voies pour rencontrer l'autre, qu'il soit humain, animal ou végétal. Et apprendre combien l'infiniment grand transforme votre âme en guide de l'humilité.

Une large place est évidemment dédiée à sa principale activité depuis plus de vingt ans : l'escalade. de ses falaises de Céüse au massif du Mont-Blanc, l'alpiniste aventurière a franchi toutes les parois qui paraissent, aux yeux du profane, inaccessibles, et parfois surmontées dans des conditions plus que périlleuses et quasi surhumaines. de sa chute depuis la paroi de Tagougimt dans le Haut-Atlas et sa « pierre miraculeuse » jusqu'au Salto Angel, en passant par El Capitan, le Karakoram… sans oublier cette paroi à couper le souffle : la majestueuse Fleur de Lotus. Vertigineux ! Et encore plus lorsque soi-même on commence à déjà chanceler en haut d'un escabeau de cinq marches…

Cette progression vers les hauteurs ne s'est pas effectuée en solitaire. En février 1995 lors d'un stage professionnel à Aix-en-Provence elle rencontre celui qui est déjà un champion et qui deviendra son compagnon de cordée et de vie : Arnaud Petit. Une complémentarité exemplaire pour franchir les défis de l'impossible, un binôme équilibré pour des chemins d'équilibristes. Entre eux des parallèles de différences mais pourtant les croisements se forgent au gré des verticales. Un amour est né, un amour vivra, un amour se forgera comme si la caresse des pierres devenait un catalyseur pour enflammer les deux coeurs.

Deux coeurs à l'unisson pour un terriblement blessé, meurtri. le 23 juillet 1996, dans tout l'éclat de ses quinze ans, Emilie, la petite soeur s'en va rejoindre les étoiles. Comment expliquer l'inexplicable… Pour qui connaît hélas ces drames au sein d'une famille, une empathie se forme pour cette résilience que Stéphanie et ses proches vont se forger. Continuer pour ne pas oublier, rallumer les étincelles d'une trop courte vie dans l'invisible du firmament.

Une narration d'une sensibilité extrême mais qui laisse entrevoir en transparence un tempérament de courage, et, la fragilité d'un corps – l'auteure est asthmatique – qui puise ses forces dans des rêves, dans la conviction de surpasser ses craintes et angoisses. Page après page, les mots suivent une cordée avec des refuges de réflexion, de philosophie, de déclarations à la beauté de l'espace. Même pour un non alpiniste, aucun décrochage, juste la curiosité et la satisfaction de suivre l'ascension livresque grâce à ces pitons de poésie si justement posés.

Pour qui lira lentement, pour qui franchira dans un lâcher-prise les 290 pages, apparaîtra une source de bien-être, un pétillant d'énergie positive pour dynamiser l'appétit de vivre. le tout baigné dans les effluves d'une encre scripturale qui fait monter d'un cran notre soif de littérature et nous porte vers une précieuse alacrité. le voeu d'Hörderlin a été exaucé, Stéphanie Bodet faisant « habiter poétiquement la terre ».

Verticalement harmonieux, harmonieusement vertical.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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La verticale de soi. Pardon, la Verticale, avec une majuscule ; la verticalité comme une personnalité à part entière, un personnage de la vie. Stéphanie Bodet reprend sans doute là une posture de yoga, de méditation, une décentration pour parler de sa vie.
Sa vie, elle n'est pas rose. Petite fille, si elle vit non loin des reliefs, rien ne la dispose à une carrière de sportive. Finalement, par un concours de circonstance et surtout une force de caractère hors du commun, la voilà championne du monde d'escalade, puis alpiniste et grimpeuse qui fait le tour du monde à l'assaut des parois mythiques du globe. On connait ce destin si l'on suit un peu et s'intéresse à la verticalité. le couple Bodet/Petit est connu, reconnu et apprécié.
On ne sait pas en revanche les épreuves intérieures que due traverser la jeune (et moins jeune) Stéphanie. Elle en dévoile certaines, d'autres apparaissent en creux, on les devine derrière sa poésie, sous sa fragile et gracile écriture. On ne peut qu'être touché car elle ne force rien, elle explique doucement comment elle s'en est sortie, comment elle a transformé l'ombre en lumière, comment elle a changé de regard sur elle, sur son escalade, sur sa vie. Ce qu'elle a construit avec son compagnon est simple et beau.
Cependant, il y a un mais. Si le livre m'a touché, je n'ai pas tellement accroché à l'écriture, et j'ai tout le long du livre ressenti un certain mal-être. Doucereux, lancinant, très loin en arrière plan. Deux de mes amis ont aussi lu cet ouvrage. L'une a adoré, s'est retrouvé dans les mots de l'auteure, l'autre au contraire s'en est trouvé tellement incommodé, mal à l'aise qu'il est ressorti de ce livre triste et noir. Je me situe entre les deux, sans savoir expliqué pourquoi ni comment.
L'histoire m'a touchée mais pas la poésie car j'y ai sans doute placé autre chose, venant de moi, qui m'a gêné... Enfin bref, je ne sais pas.

Ce qui est sûr c'est que Stéphanie Bodet n'est pas que grimpeuse. Elle sait écrire aussi. Ce livre peut donc plaire à des non-escaladeurs car son histoire est celle d'une femme ordinaire qui a orienté sa vie de façon extraordinaire, et inspirante.
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Acheté au Festival de la Cinémathèque d'Images de Montagnes de Gap en novembre 2018. Lecture hiver 2019. (Me semble-t-il, j'ai un doute)
Il se trouve que je connais Stéphanie Bodet, nous étions ensemble au lycée dans les années '90 et nous avons eu les mêmes professeurs, sans doute des amis différents, mais une trajectoire un brin similaire.
Bon, je ne suis pas devenue une sportive célèbre, (l'escalade ne me déplait pas cela-dit, sauf que je ne suis pas très douée... ), nous avons cependant la même sensibilité concernant l'évolution de la Terre, la place qu'une femme sans enfant peut y occuper, la difficulté de s'accomplir et, éventuellement, les impressions fugaces que l'on ressent quand la vie s'envole avec le temps.
A la Verticale de soi n'est pas un livre d'escalade, c'est un livre sur la voie que l'on trouve et sur le choix, les choix, sur la simplicité de la vie et sur l'amour de cette vie . Bien sûr, Stéphanie Bodet y évoque ses escalades à l'autre bout du globe, souvent en compagnie d'Arnaud Petit son mari, lui aussi grimpeur, mais la grimpe sert souvent de métaphore pour la découverte de soi, l'épanouïssement et la résilience.
L'écriture est fluide et poétique, contemplative. Stéphanie ne décrit pas uniquement l'ivresse de conquérir des sommets, en général cette tendance me fatigue dans les récits de montagne, elle s'enflamme pour la beauté de la nature, le soleil, la magie de l'instant.
Un beau récit, une philosophie de vie proche de la mienne et de belles retrouvailles.
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Stéphanie Bodet est une championne, incontestablement. Tout lui réussit, vie de famille, vie conjugal, vie sportive, vie professionnel. On ne peut que se réjouir de se bonheur qu'elle nous partage à travers ce livre.
Fort de ses succès, on peut quand même se poser quelques questions : Ou sont les déboires avec une famille peu compréhensive ? Ou est le dilemme posé par un conjoint qui serait : le rocher ou moi ? Ou est l'accident grave ? Ou sont les difficultés avec les sponsors pour trouver des financements ? (difficultés qui doivent tout de même bien exister) Ou est le doigt gelé ?
Plaisanterie mis à part on ne peut que se réjouir de cette "success story".

Une fois n'est pas coutume, l'auteure avait envie de parler des trains qui arrivent à l'heure. Le récit est un peu trop lisse, malgré quelques aspérités il n'évoque que rarement le chemin rugueux qui est la vie. Parfois, il ne tient qu'à un fil, ou plutôt une longueur de corde, que le succès ne se transforme en drame. Fort heureusement, il n'en est rien, mais nous pauvres lecteurs on s'ennui un peu... 
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le premier contact avec une voie ressemble à une rencontre amoureuse. On en a rêvé de loin, on la découvre soudain dans son intimité, dans le grain de sa peau et ses replis de calcaire. On en épouse tous les contours, tous les reliefs. On s’apprivoise ainsi mutuellement, tremblant à l’idée de ne pas se correspondre sur tous les points. Cette première phase de découverte est celle que je préfère en escalade sportive.
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"Comment t'expliquer, mon amie, que lorsque la vie devient trop douce chez nous, il faut s'en extraire et éprouver ces sensations qui te sont familières, le froid et la fatigue ? Comment t'expliquer, à toi qui t'endors épuisée sur ton tapis de laine que chez nous, les gens ne parviennent plus à dormir en paix dans leur lit moelleux à cause de leurs soucis ? Comment t'expliquer, à toi qui bats ton linge l'hiver dans l'eau glaciale de la rivière, que pour nous, les cures d'inconfort sont une question de survie ? Comment te dire, Sadiya, qu'en dépit de leurs belles dents et de leurs machines à laver, les gens d'ici continuent de rechercher une vie meilleure ? Comment te faire comprendre que tout ce qui te manque ne fait pas la vie gaie ?"
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Nous avions à cet instant l'invulnérabilité des Clochards Célestes et la vie nous semblait une éternelle épiphanie...
Bivouaquer avec pour toit un ciel criblé d'étoiles et pour lampe, une lune ronde et fertile. S'endormir le nez glacé et le coeur en feu. Vivre pour ces minutes, pour ces heures, pour ces jours où le temps n'a plus de prises. Hors-la-loi bénis du temps qui passe, du temps qui fuit, du temps qui coule... Vivre au dessus de ses forces pour en créer des nouvelles !
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Hé ! Toi qui te sens prisonnière !
As-tu jamais songé à modifier l'orientation des barreaux
De ta cellule pour en faire une échelle ?
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La compétition m’apprend que la peur est une projection. Une émotion liée à l’anticipation.
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Videos de Stéphanie Bodet (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphanie Bodet
Avec Gerard Guerrier pour son livre Eloge de la peur aux éditions Paulsen (préface Bertrand Piccard). Au Salon du livre de Genève à Palexpo avec le Club du Livre https://club-livre.ch
Pour mieux comprendre ces peurs choisies, Gérard Guerrier s'est tourné aussi bien vers des philosophes que vers des neuroscientifiques et des psychiatres. Surtout, il s'est entretenu de longues heures avec de nombreux aventuriers et sportifs de l'extrême, comme Isabelle Autissier, Pierre Mazeaud, Géraldine Fasnacht, Loïck Peyron, Stéphanie Bodet, Bertrand Piccard. Ici, philosophes et sociologues, base-jumpers et freeriders, explorateurs, montagnards et marins dialoguent par-delà l'histoire et la géographie, le temps et l'espace sur la peur, leurs peurs. Et, comme en la matière, rien ne vaut l'intime, Gérard Guerrier nous livre également ses peurs vécues... de la simple appréhension à la terreur pure.
REMERCIEMENTS
SALON DU LIVRE DE GENEVE @salondulivregeneve http://www.salondulivre.ch Laurence Brenner, Maud Couturier CLUB DU LIVRE @clublivreswiss https://www.club-livre.ch Manuela Nathan @Manuela.nathan , Aurelie Garcia @aurelieautheatre , Williams Mouriere, Yves Jaques, Michael Bouvard @Michael_Bouvard Interview de l'Auteur : Manuela Nathan Prod/Post-prod Interview de l'Auteur : Williams Mouriere, WM Productions
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