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EAN : 9782915543513
120 pages
Editions Jean-Claude Béhar (22/09/2016)
4/5   4 notes
Résumé :
[LIVRE RELIGIEUX]

Né en 1945, François Boespflug a opté subitement, au cours de sa scolarité l'Ecole Nationale des Mines de Saint-Etienne, pour la vie religieuse au sein de l'Ordre des dominicains, en 1965. Pourquoi ? Il l'a quittée cinquante ans plus tard, en 2015. Pourquoi ? Il s'en explique ici. Il ne vise pas d'abord à accuser ni à dénoncer, mais raconte ce qui lui est arrivé, et réfléchit à partir de son expérience. Car il se pourrait que ce parc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce témoignage et court livre de François Boespflug avait suscité ma curiosité par la thématique qu'il aborde, et je dois dire que je suis allé d'étonnement en étonnement, dans le bon sens du terme, au fil de sa lecture. le style de François Boespflug est claire et limpide, l'articulation et la nuance dans la présentation des idées coulent d'elles-mêmes, comme un écrivain ayant passé une grande partie de sa vie à produire essais, études et présentations de haut niveau dans les domaines de la théologie ou gravitant autour, comme la représentation religieuse ou l'architecture ecclésiastique.
Ce témoignage a de la valeur à plus d'un titre : premièrement aux yeux de l'auteur lui-même, comme on le sent très bien dans ses propos. François Boespflug a certainement fait publier ce témoignage dans l'espoir de susciter un débat qu'il estime urgent au sein de l'Ordre Dominicain et plus généralement de l'institution catholique, en même temps qu'il se désole de n'avoir suscité que gêne ou indifférence auprès des premiers concernés lorsqu'il s'est essayé à la même démarche en interne. le débat oui, le désaccord oui, mais surtout pas l'indifférence !
Deuxièmement, il s'agit d'un témoignage d'utilité pour l'Eglise elle-même, et s'inscrit plus largement dans un débat d'utilité publique sur la place de la religion dans nos sociétés sécularisées. Parmi les questions urgentes à traiter selon François Boespflug : l'obligation de célibat des prêtres, qu'il considère comme historiquement conjoncturel et non théologiquement fondé, et qui induit beaucoup plus d'effets pervers qu'il ne permet de mieux gérer et régler la vie de l'Eglise et de ceux qui ont fait le voeu de s'y engager. On ne développera pas ici tout l'argumentaire de ce gros débat et chantier. Je ne ferai que mentionner mon accord complet sur le sujet avec l'auteur. Parmi les autres questions à traiter dans le soucis d'améliorer l'institution, François Boespflug parle aussi de revoir la position de la femme et son rôle possible au sein de l'Eglise. Sur un plan plus intellectuel ou théologique, qui sont des aspects essentiels dans le choix d'engagement initial de l'auteur dans l'Ordre dominicain, celui-ci déplore une sorte de dérive anti intellectualiste au sein de l'Eglise, une méfiance peut-être inconsciente ou une paresseuse indifférence vis-à-vis du débat théologique, ainsi qu'une tendance à conférer au prêtre le rôle d'accompagnateur permanent des fidèles de la paroisse pour tous leurs petits tracas quotidien, ou pour le dire plus clairement : d'assistante sociale dotée d'un vernis culturel chrétien, disponible à merci pour les fidèles. Ce qui pousse l'idée de sacrifice de la personne jusqu'à un point qui, humainement parlant, peut s'avérer difficile à supporter. de la même façon, je rejoins entièrement l'auteur sur ce point.
François Boespflug a désormais 70 ans, et lorsqu'il nous parle dans son ouvrage des débuts de ses entrées dans l'Ordre en 1965 et de sa sortie en 2015, on est saisi de vertige à l'idée des transformations dont la société française a été l'objet entre ces deux dates. L'auteur donne l'impression d'être entré dans une institution au sein de laquelle le temps s'est en bonne partie suspendu au regard de ces profondes transformations de la société française. Cela m'a frappé à la lecture de l'ouvrage, même si, comme l'auteur le note, les Dominicains ne sont pas tous imperméables à l'air du temps, en bien ou en mal.
Au final, ce témoignage de François Boespflug est remarquable et passionnant, je le recommande vivement pour sa qualité d'écriture, son intérêt indéniable, et la valeur humaine et personnelle que l'auteur a eu le soucis de mettre dedans, et qui transparaît clairement entre les lignes.
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De l'auteur, je connaissais ses travaux universitaires portant sur l'iconographie religieuse (par ex. : Dieu et ses images). Ce petit livre de 124 pages - au format agréable (10,5 x 20) - m'a attiré pour ce qu'il m'apprendrait sur le chercheur, et ce qu'il m'apporterait sur les problèmes de l'Église. C'est une remise en cause, courageuse, de toute une vie qui s'articule en trois chapitres : 1- Pourquoi quitter la vie religieuse ? [Entendez l'Ordre dominicain] ; 2- Pourquoi quitter le ministère sacerdotal ? [Entendez l'état de prêtre] ; 3- Être ou ne plus être théologien ?
A la fois témoignage, analyse, justification, ce livre, d'un style alerte, truffé de références, décrit la démarche spirituelle de l'A. , sa conviction, ses attentes, ses déceptions et finalement son départ. Comme le note bien l'A., une question se pose : "Pourquoi si tard ?" ; pourquoi avoir attendu "quarante -sept ans pour [se] décider à quitter cet Ordre (...)" ? Il semble que "la mise d'office à la retraite de l'Université" ait agi comme un déclencheur (p. 15). le lecteur qui n'a pas à en juger ne peut toutefois s'empêcher de se demander si l'engagement initial de Fr. Boespflug ne reposait pas sur une erreur d'appréciation de la vie religieuse et de la distance entre son idéal et la réalité, entre ses aspirations et les obligations de l'état religieux. Il expose, dans le chapitre II, trois raisons de quitter le ministère sacerdotal : "Parce qu'il est déclaré incompatible avec la vie de couple" ; "Parce qu'il expose à être la chose d'une paroisse ou d'un mouvement " ; "Parce qu'il est condamné à écouter quantité de délires sur la religion". Mais ces contraintes, de nature différente, n'étaient -elles pas connues dès le départ ? On notera aussi qu'un des aspects du divorce entre l'Ordre dominicain et lui réside dans le manque d'intérêt (ou de considération) de l'Ordre pour ses travaux universitaires [mais le manque de reconnaissance n'est pas propre à ce milieu ; n'est-ce pas un phénomène beaucoup plus général qui affecte la plupart des chercheurs ?]. D'ailleurs, cette orientation vers la recherche - dont on se félicite au vu des résultats - n'est pas dictée par l'Ordre mais résulte d'une décision individuelle. N'est-ce pas la liberté dont l'A a joui au sein de l'Ordre qui explique "une telle lenteur à décamper" (p. 14) ? Finalement, sa vie aurait-elle été aussi différente s'il avait choisi d'être - seulement - un universitaire chrétien ? Il faut prendre un peu de temps pour apprécier toutes les nuances du propos, les retenues aussi.
Au-delà de son cas personnel, l'A. aborde des problèmes généraux : le célibat des prêtre, le rôle des femmes dans l'Église, la dépréciation des intellectuels, et leurs conséquences. Sa conclusion ("l'honneur d'être chrétien") pose quelques jalons concernant son évolution à venir et ses espérances. On aimerait en apprendre davantage sur les fondements de sa foi et sur l'objet de sa croyance. En quel Dieu croit-il ? Ayant eu à vivre un drame familial, il s'interroge sur "la scandaleuse passivité de Dieu" (p. 87) ; ailleurs, il dit son attachement au "Jésus des Évangiles" , au Christ "indépassable comme homme accompli et comme homme libre" (p. 112). Venant d'un historien habitué à jongler avec les représentations imagées des trois personnes de la Trinité, le propos n'est pas indifférent.
Au total, un livre personnel, riche, qu'il faut sans doute relire pour ne pas en déformer le sens.
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L'ouvrage est divisé en trois parties répondant à trois questions : Pourquoi quitter la vie religieuse ? Pourquoi quitter le ministère sacerdotal ? Être ou ne pas être théologien ? Ces trois questions sont l'occasion de retracer la vie de l'auteur et les différentes étapes qui l'ont amené à revêtir – ou pas - l'habit dominicain puis celui de professeur, dans les premières années de son investiture. Et puis surtout, les décennies qui se sont lentement écoulées pour aboutir au « défroquage » et au mariage. le mariage, s'il est décisif pour ce qu'il officialise la sortie de l'Ordre qu'aucun rituel ne venait souligner, n'est pas la cause première de cette décision importante. L'éloignement de l'Ordre a été progressif et à double-sens, voilà ce que ce livre s'efforce d'évoquer.

Surtout François Boespflug exprime ici avec précision et nuance, comme toujours, ce vers quoi il aimerait voir l'Eglise évoluer, il appelle de ses voeux une transformation de l'institution ecclésiale, une ouverture aux problématiques contemporaines, notamment à propos du mariage des prêtre et de l'homosexualité dans les milieux monacaux, et d'avantage de sincérité et de liberté de parole surtout.
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Reçu dans le cadre de masse critique

Un dominicain pas ordinaire, ou plutôt, un ex-dominicain. Même s'il se défend de régler ses comptes avec l'Ordre, François Boespflung met un peu mal à l'aise. Peu de chose sur sa vocation initiale, sur ce choix de la vie religieuse, dans cet ordre plutôt qu'un autre. Comment a-t il pu prononcer ses voeux définitifs, alors qu'il reconnaît n'avoir jamais "su" prier, et très vite abandonné la pratique de l'oraison personnelle? Comment a-t il accepté l'ordination sacerdotale alors qu'il n'éprouve aucun besoin de dire ou d'assister à la messe? Et surtout, pourquoi être resté dominicain près de cinquante ans tout en étant en désaccord sur les principes mêmes de l'Ordre?
Qu'il ait trouvé l'opportunité de mener une brillante carrière universitaire de théologien et d'historien de l'art est indéniable. mais faut-il être prêtre dominicain pour cela? Être favorable au mariage des prêtres est une chose, rester, marié, dans un Ordre qui impose le célibat à ses membres en est une autre, dont la logique m'échappe. Et pourquoi ne pas avoir plus vite quitté cet état religieux si pesant (il est irrité au plus haut point par les échanges avec les fidèles qui n'ont, hélas, pas la même culture théologique que lui)?
Un témoignage qui pose davantage de questions qu'il n'apporte de réponses, et l'image d'un dominicain fort éloigné des frères que j'ai eu l'occasion de rencontrer.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
J'ai éprouvé de véritables révoltes, durant des années, au fur et à mesure que l'on m'adressait des pseudo-consultations sur le ton de "Qu'en pensez-vous, mon Père ? Ne faut-il pas en déduire que Dieu vous aime énormément pour vous envoyer pareille épreuve ?". J'abomine désormais ce genre de pensées qui font de Dieu un amant sadique et invitent ses victimes à l'action de grâce : si je souffre, c'est que Dieu m'aime (avec le corollaire pervers : si je ne souffre pas, je dois m'inquiéter). Je préfère croire, tout bien pesé, que cet accident est opaque et n'a aucun sens déchiffrable à vue humaine. Il me paraît en tout cas plus digne de s'en tenir là.
[...]
Au total, je le reconnais, la théologie comme discours sur Dieu à la place de Dieu m'est devenue durablement suspecte.
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Il y a d'ailleurs à cet égard une raison spéciale d'être inquiet de soi dans les Ordres mendiants : à la différence des ordres monastiques, les supérieurs n'y sont pas nommés ou élus à vie, mais renouvelés périodiquement, ce qui expose les religieux à des changements d'affectation pouvant être incohérents ou déstabilisants - ou au contraire, mais cela ne vaut pas mieux, à une forme d'oubli qui condamne certains d'entre eux à végéter dans des postes qui ne leur correspondent pas.
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La foi, pour ce que j'en sais, est indissociable de l'exercice du doute comme du sentiment rémanent du mystère de Dieu. Elle m'a habitué, c'est vrai, à me considérer comme un "Je" qui peut Lui parler comme à un "Tu", mais ce droit statutaire de s'adresser à Dieu souligne son altérité et son caractère personnel, et n'abolit en rien l'éloignement sidéral entre nous, impliqué par sa transcendance.
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