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« Je comprends qu'il ait fallu que tu travailles, mais pas au risque de te brûler les ailes. Prends plutôt en compte ta nature profonde. Tu ne seras jamais un salaud, Célio. » Qui d'entre nous ne rêve pas de s'entendre dire cela ? Moi, en tout cas, elle me parle, cette phrase ! J'ai donc suivi avec intérêt la trajectoire du jeune Célio, passionné de mathématiques, tellement passionné...qu'il adapte la vie à ses formules. Un petit exemple pour que vous compreniez bien : « Parfois même, lorsqu'il lui avait fallu jauger ses semblables, il lui avait été utile de savoir que ‘deux pyramides, qu'elles soient droites ou obliques, étaient identiques si les bases et les hauteurs étaient les mêmes'. L'apparence ne comptait pas, il fallait savoir mesurer ce qu'il y avait à l'intérieur, comme chez les êtres humains. » Curieux, me direz-vous. En effet ! Et tellement curieux que le grand chef du Bureau « Information et Plans » veut l'embaucher illico. Avant tout, une petite précision (c'est vrai que je n'ai pas l'esprit très mathématique, moi, et j'avais complètement oublié de situer le problème) : nous sommes au Congo, au début des années 2000, plus précisément à Kinshasa, ville où chacun, chaque jour, tente de sauver sa peau contre la Faim, monstre sanguinaire et impitoyable. Où chacun tente de se frayer un chemin aussi, dans la jungle des politiciens véreux, corrompus. Où chacun ne rêve que de démocratie, encore loin, hélas. Revenons donc à nos prémisses. A la faveur d'un coup monté où meurt un des amis de Célio, Tshilombo engage celui-ci dans son fameux Bureau. Voici le gaillard, tel que le définit le narrateur : « Tshilombo était non seulement l'expert en écran de fumée, mais aussi le spécialiste en « comment poser une poutre dans l'oeil du voisin sans faire tomber la paille qui s'y trouve déjà », des qualités inestimables en matière d'intoxication et de désinformation. » Ca vous situe le personnage et par là, le contexte. Que vient faire Célio le pur, dans cette foire d'hypocrisie ? Et bien...des mathématiques, voyons ! Il meurt de faim, Célio, et ne réfléchit pas une seconde qu'il s'engage dans une partie de coups bas. Il fonce donc pour adapter ses formules à la vie courante. Le narrateur s'en donne donc à coeur joie et nous décrira la vie quotidienne, pleine d'embûches et de pièges de ce Congo très réaliste. J'ai dit « à coeur joie », car c'est vrai, on sourit beaucoup ! Même si la politique congolaise ne m'intéresse pas du tout, j'ai quand même pris plaisir à suivre les aventures de ce jeune Candide qui s'est pour un temps brûlé les ailes. Un soupçon de sorcellerie en plus, avec l'adjudant Bamba très crédule, et le tour est joué. CQFD. + Lire la suite |