AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 122 notes
5
9 avis
4
10 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Je comprends qu'il ait fallu que tu travailles, mais pas au risque de te brûler les ailes. Prends plutôt en compte ta nature profonde. Tu ne seras jamais un salaud, Célio. »

Qui d'entre nous ne rêve pas de s'entendre dire cela ? Moi, en tout cas, elle me parle, cette phrase ! J'ai donc suivi avec intérêt la trajectoire du jeune Célio, passionné de mathématiques, tellement passionné...qu'il adapte la vie à ses formules. Un petit exemple pour que vous compreniez bien : « Parfois même, lorsqu'il lui avait fallu jauger ses semblables, il lui avait été utile de savoir que ‘deux pyramides, qu'elles soient droites ou obliques, étaient identiques si les bases et les hauteurs étaient les mêmes'. L'apparence ne comptait pas, il fallait savoir mesurer ce qu'il y avait à l'intérieur, comme chez les êtres humains. »
Curieux, me direz-vous. En effet ! Et tellement curieux que le grand chef du Bureau « Information et Plans » veut l'embaucher illico.

Avant tout, une petite précision (c'est vrai que je n'ai pas l'esprit très mathématique, moi, et j'avais complètement oublié de situer le problème) : nous sommes au Congo, au début des années 2000, plus précisément à Kinshasa, ville où chacun, chaque jour, tente de sauver sa peau contre la Faim, monstre sanguinaire et impitoyable. Où chacun tente de se frayer un chemin aussi, dans la jungle des politiciens véreux, corrompus. Où chacun ne rêve que de démocratie, encore loin, hélas.

Revenons donc à nos prémisses. A la faveur d'un coup monté où meurt un des amis de Célio, Tshilombo engage celui-ci dans son fameux Bureau. Voici le gaillard, tel que le définit le narrateur : « Tshilombo était non seulement l'expert en écran de fumée, mais aussi le spécialiste en « comment poser une poutre dans l'oeil du voisin sans faire tomber la paille qui s'y trouve déjà », des qualités inestimables en matière d'intoxication et de désinformation. »
Ca vous situe le personnage et par là, le contexte. Que vient faire Célio le pur, dans cette foire d'hypocrisie ? Et bien...des mathématiques, voyons ! Il meurt de faim, Célio, et ne réfléchit pas une seconde qu'il s'engage dans une partie de coups bas. Il fonce donc pour adapter ses formules à la vie courante.
Le narrateur s'en donne donc à coeur joie et nous décrira la vie quotidienne, pleine d'embûches et de pièges de ce Congo très réaliste. J'ai dit « à coeur joie », car c'est vrai, on sourit beaucoup !
Même si la politique congolaise ne m'intéresse pas du tout, j'ai quand même pris plaisir à suivre les aventures de ce jeune Candide qui s'est pour un temps brûlé les ailes. Un soupçon de sorcellerie en plus, avec l'adjudant Bamba très crédule, et le tour est joué.

CQFD.
Commenter  J’apprécie          403
Thriller congolais qui allie suspens, politique, critique sociale et histoire récente de ce magnifique pays, le tout épicé de manipulation des masses et de communication savamment orchestrée.

C'est résolument moderne. C'est aussi résolument africain avec ses jeunes femmes aux seins hauts et fermes comme des goyaves, ses histoires de sorcellerie, ses enrichissements express et ses déchéances tout aussi fulgurantes.

Et c'est résolument réaliste, avec une note de pessimisme, qui n'est pas sans rappeler « l'équilibre du monde » de Mistry, où il est question de l'Inde dans les années 1970. Tout ceci démontre que bien avant la mondialisation du commerce, de l'économie et de la finance, il y avait une mondialisation de l'exploitation humaine et de la Faim, dont l'auteur fait une très belle allégorie.

J'ai apprécié cette lecture, même si je trouve que les allusions aux mathématiques sont très tirées par les cheveux, et d'ailleurs pas toujours exactes (la définition de la continuité d'une fonction ou des limites sont incorrectes, par exemple…). Dommage, car l'idée de base était excellente mais ça méritait un peu plus de réflexion, un peu plus de maturation. L'auteur russe Zamiatine dans son magnifique « Nous» avait fait beaucoup mieux. Vous me direz qu'on apprécie chez un écrivain sa créativité, et pas forcément son exactitude scientifique. D'accord, je vous l'accorde, même si je reste avec un petit sentiment de frustration.
Commenter  J’apprécie          352
Voici une immersion en Afrique, pas celle des savanes et des safaris, mais celle des villes, Kinshasa en l'occurrence. Tentaculaire, embouteillée et poussiéreuse, royaume de la corruption à tous les niveaux de pouvoir, en particulier dans les sphères les plus élevées. Bling-bling, luxe et apparence de démocratie côté face, côté pile c'est plutôt une sorte de cour des miracles où la Faim règne en tyran, rythmant le quotidien des habitants au ventre creux. Trouver du travail pour manger, voilà la principale préoccupation de nombreux Kinois.
Parmi ceux-ci, Célio Mathematik sort du lot. Eduqué, la petite trentaine, orphelin de guerre, il a survécu au traumatisme du massacre de ses parents en s'accrochant à un vieux bouquin d'algèbre, qui lui a valu son surnom. Ce manuel tient lieu de bible à Célio, qui puise dans les théorèmes mathématiques et les principes de physique des professions de foi qui, croit-il, guideront sa vie et la marche du monde.
Après une émeute qui tourne mal, Célio est repéré par un homme puissant au service du Président. le voilà recruté au laconique « Bureau Information et Plans ». Célio a sauté sur cette occasion unique d'enfin gagner décemment sa vie, et se met sans trop de scrupules au service d'une entreprise de manipulation politico-médiatique de l'opinion.
Mais malgré l'ascenseur social, cette situation s'avérera de moins en moins tenable pour Célio, imprégné qu'il est malgré tout d'une certaine morale que la politique politicienne réprouve.
Très bien écrit, ce roman prend des allures de thriller politique, mais il vaut surtout pour la fresque très réaliste à travers laquelle il dépeint une Afrique urbaine, mélange complexe de débrouille, de violence, de corruption, de misère, de manipulation et de solidarité, où la tension est permanente et l'implosion jamais bien loin.
Une réussite, donc, et aussi un tour de force d'avoir mêlé humour, amour et…mathématiques.
Commenter  J’apprécie          306
Thriller politique au coeur du Congo.

In Koli Jean Bofane nous livre une intrigue au coeur de la politique congolaise, entre malversations, mensonges, pouvoir et pauvreté.

Célio, jeune congolais, orphelin, marqué par la guerre, et fasciné par les mathématiques, lutte contre la faim et l'oisiveté avec ses amis dans les quartiers pauvres de Kinshasa.
Après une manifestation contre le parti d'opposition qui tourne mal, et qui se solde par le décès d'un de ses amis, Célio se voit proposer un poste au sein d'un bureau rattaché à la Présidence.
Etonné par cette opportunité mais surtout ravi de pouvoir enfin manger à sa faim, Célio fait taire les doutes qui le tenaillent sur les risques de ce nouveau job. Car l'activité de ce bureau relève de la plus grande confidentialité tant l'éthique de ses actions est contestable.
Célio découvre ce nouvel univers et applique les lois et théorèmes mathématiques pour le comprendre et proposer à son boss diverses stratégies pour assurer son pouvoir, sa notoriété, et limiter l'action des partis d'opposition.

Tous les coups sont permis pour rester au pouvoir !

Célio va progressivement douter du bien fondé des actions menées par son patron, et son intégrité et son sens moral vont le rattraper.

Mathématiques Congolaises est un thriller politique très bien construit composé de personnages attachants qui mêle la petite histoire à la grande. A travers cette intrigue, In Koli Jean Bofane nous fait voyager dans un Congo tiraillé entre le poids des traditions et l'attrait des systèmes démocratiques occidentaux. Une démocratie qui tente de se construire sur un système corrompu.
L'écriture est fluide et les dialogues incisifs et drôles : l'humour est utilisé comme remède permettant de lutter contre le désespoir. Les personnages sont épiques et attachants.
Enfin, le sens de la formule de In Koli Bofane rend cette lecture enthousiasmante.
J'ai adoré le lien entre les formules mathématiques complexes et la philosophie de vie de Célio et sa capacité à construire des stratégies d'actions sur cette base.
Un hommage au Congo et aux mathématiques !!



Commenter  J’apprécie          180
Célio vit à Kinshasa. de son père, mort durant une guerre civile, il n'a gardé qu'un manuel de mathématiques, qu'il a étudié religieusement et appliqué dans tous les aspects de sa vie. Les théorèmes de Pythagore, de Thalès, sont devenus dans son esprit autant de lois régissant la vie quotidienne de ses concitoyens.

Apprécié dans son quartier malgré, ou grâce à son originalité, Célio viendra frapper dans l'oeil du directeur de la propagande du gouvernement, qui le prend sous son aile. Célio désormais utilisera ses principes de géométrie pour faire tomber des têtes gênantes, organiser des complots internationaux ou orienter les résultats des élections dans le bon sens. Et si le directeur fronce d'abord les sourcils en entendant son nouveau protégé déblatérer sur les principes de physique quantique, il doit bien le reconnaître, les résultats qu'il obtient sont au-delà de ses espérances.

Si l'humour est omniprésent dans le récit, il est souvent acerbe et grinçant. le peuple congolais mange un jour sur deux, et on loue sa capacité de résistance. Les leaders d'opposition sont souvent des connaissances du président en place, qui les rémunère régulièrement pour entretenir l'illusion d'un véritable débat démocratique. Les manifestants sont des personnes affamées payées pour faire un peu de bruit, quelle que soit la cause à défendre. L'entièreté du monde politique apparaît ainsi comme un immense jeu de dupe, ou une sinistre farce.

Le roman s'achève toutefois sur une note d'espoir, avec l'idée que ces dictatures post-coloniales ne sont que des anachronismes qui ne peuvent pas perdurer encore bien longtemps. Malheureusement, je n'ai pas l'impression que cette idée revienne dans les livres suivants de l'auteur…

J'ai découvert l'auteur cet été, et j'ai retrouvé le même plaisir à lire ce roman. le livre est assez percutant, et tout le monde en prend pour son grade. Les vérités brutes sont enrobées d'une touche d'humour qui permet de faire passer la pilule et de continuer la lecture dans la bonne humeur, au lieu de sombrer dans le désespoir. Car si les protagonistes mène une vie dure, ils gardent toute leur dignité.
Commenter  J’apprécie          120
Je ne suis pas attirée en soi par l'Afrique noire. Pas davantage par le Congo, même si mon pays l'a colonisé et, non sans taches, a accepté son indépendance et qu'un quartier de ma ville porte le nom d'un quartier de Kinshasa, Matongé.

Donc c'était plus sur l'incitation d'un libraire que je suis venue à ouvrir ce livre. Bien m'en a pris.

C'est une véritable étude de civilisation, mais à travers un roman rondement mené, où les personnages sont tous attachants. Qui vous fait perdre vos dernières illusions sur les régimes politiques soutenus par nos gouvernants pour d'autres motifs que la démocratisation réelle de ces contrées.

A lire.
Commenter  J’apprécie          80
Bienvenu au Congo à Kinshasa dans les bidonvilles au milieu des laissés pour compte qui ont la faim pour fidèle compagne. Sans travail, on traine, on discute autour d'un jeu de dames en carton et capsules de bière, alors quand des gros bras militaires vous proposent de participer à une manif pour quelques billets, ça ne se refuse pas.
Les manifestations truquées pour soutenir des politiciens véreux c'est le quotidien dans un pays où clientélisme et corruption se cachent sous une démocratie de façade.
Célio Matemona un jeune orphelin voit partir ses deux copains Baestro et Gaucher vers la manif mais seul Gaucher reviendra, Baestro fera partie des morts nécessaires aux affrontements planifiés par Gonzague Tshilombo pour discréditer l'opposition au président tout puissant.

Bien qu'ayant perdu ses parents dans une des multiples guerres civiles du pays, Celio a été éduqué par un missionnaire et s'est découvert une passion pour les mathématiques. Toute sa philosophie vient d'un simple manuel : « Abrégé de mathématiques à l'usage du second cycle », pour Célio la vie peut être résumée à des équations, des théorèmes, des axiomes. le logique Celio comprend vite à qui profite la mort de Baestro et décide de faire la lumière sur la tragédie. Armé de ses sentences mathématiques il va interpeller le machiavélique Tshilombo qui, intrigué par ce jeune homme peu ordinaire, va le prendre à son service. Décidé à monter dans les sphères du pouvoir pour venger la mort de son ami, Celio va aider son nouveau patron à monter des coups tordus de plus en plus sophistiqués au risque d'y perdre son âme.

Mais au Congo la politique doit composer avec la magie ancestrale, les problèmes se règlent avec des dessous de table, des passages à tabac mais aussi avec les incantations des sorciers et bien sûr ce mélange va être explosif pour l'avenir des personnages.

Voilà un roman assez parfait avec une bonne histoire, de l'humour, des rebondissements et surtout une vision lucide de la politique et de la société congolaise qui filent du mauvais coton. On pourra lui reprocher une certaine superficialité et des ficelles visibles mais il est aussi pédagogique, le lecteur apprendra comment organiser un coup d'état et ou monter un piège pour déconsidérer la France en Afrique. Dès 2008, In Koli Jean Bofane était en avance sur Wagner et les putschistes d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          40
Mathématiques congolaises est ma deuxième lecture de Jean Bofane, dont j'avais adoré Congo Inc et son ambitieux Isookanga.

Dans cet ouvrage, on retrouve Kinshasa, ses habitants et leurs préoccupations propres : certains doivent déjouer la faim jour après jour, d'autres poursuivent leurs ambitions politiques, entre gouvernement en place et oppositions, on retrouve également un ancien mercenaire tentant d'échapper à ses démons. Au beau milieu de cette faune, Celio, un intellectuel autoproclamé grâce à une minutieuse lecture d'un traité de mathématiques, qui permet, selon ses dires, d'expliquer la marche du monde et de la RDC.

Suite à une succession de hasards et de bagou d'esquiveur, Celio se voit soudainement propulsé directeur de communication du parti en place. Fort de son tortueux et rationnel esprit de mathématicien, il va jouer avec brio de la rumeur, sacrifier quelques politiciens pour le bien commun, prendre au piège un ressortissant européen pour tordre le bras aux puissances et à leurs revendications démocratiques onusiennes.

Ces tractations machiavéliques laissent entrevoir les stigmates de la guerre, les destins non choisis, l'ambition démesurée décomplexée. Kinshasa semble être le théâtre de menus complots permanents, d'une guerre de la manipulation, où tous les coups sont permis : instrumentalisation de crève la faim pour organiser de soit-disant manifestations d'opposition, habile jeu de la frustration sexuelle de femmes d'affaires écrasant leurs maris, recours aux ancêtres et aux gris-gris pour s'assurer un brillant avenir.

Et comme dans son précédent ouvrage, Jean Bofane assène d'hilarantes piques et d'impertinentes remarques sur la géopolitique, la mondialisation et la société. Si j'ai eu moins d'éclats de rire qu'à la lecture de Congo Inc., Mathématiques congolaises demeure une lecture truculente, et j'attends avec impatience la sortie en poche de la Belle de Casa.
Commenter  J’apprécie          40
(3,5/5)
Bon livre qui se lit très rapidement, avec une plume agile et un rythme palpitant. le livre se déroule dans une des plus grandes mégalopoles africaines: Kinshasa. La RDC est un géant africain bien que rarement décrit que ce soit au cinéma ou dans la littérature (une exception magistrale étant Congo de Didier van Reybrouck).
Au fil des pages, on parcourt Kinshasa dans ce qu'elle a de plus clinquant et de plus poussiéreux. On se sent pleinement intégré dans le quotidien des kinois entre système d'et magouilles des puissants.
En partant de l'histoire personnelle de Célio, les hautes sphères politiques et militaires nous sont présentées; et malheureusement il est assez facile de penser que ce portrait est bien réel.
On est très rapidement accroché dans l'histoire et le développement de l'histoire, très prenant (entre développement personnel de Célio et exposition du système autoritaire).

Si mes souvenirs sont bons, la deuxième partie du bouquin m'avait semblé un tout petit peu en dessous (un peu moins dynamique et moins nuancée politiquement parlant), que la première partie, qui est quant à elle frénétique à l'image de l'agitation de Kinshasa.

A découvrir sans aucun doute pour passer un bon temps tout en apprenant des choses sur la RDC (et bien loin de l'image d'Epinal ou tragique souvent véhiculée sur l'Afrique dans des oeuvres artistiques).

Commenter  J’apprécie          20
A lire , vraiment!
C'est un roman moderne sur la vie à Kinshasa où politique et magouilles vont de pair et où la sorcellerie est encore d'actualité.
Pas ennuyeux du tout, ce roman est bien mené du début à le fin.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (280) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}