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EAN : 9782226403056
288 pages
Albin Michel (28/02/2018)
3.25/5   14 notes
Résumé :
Lorsque Valia, étudiant débarqué de province, rencontre Anna à Moscou, il pourrait vivre avec elle une jolie histoire d’amour. Mais Anna, membre de « L’Union des jeunes patriotes » qui usent et abusent du terme « camarade » et organisent des réunions secrètes à l’image des cellules marxistes d’avant la révolution, considère l’amour comme une notion petite-bourgeoise...
Qui est vraiment Anna ? Une adolescente prise à son propre jeu ou le symbole d’une nouvelle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
“Que Valia était tombé amoureux, nous l'avons appris dès le matin suivant....
–Je m'appelle Valentin, mais tu peux m'appeler Valia....
–Et toi ? cria-t-il dans son dos.....
–Anna. Camarade Anna ! énonça-t-elle d'un air de défi...”.
Voilà pour le titre et le préambule de notre histoire, qui débute de nos jours à Moscou.

Comme dans le livre de Sentchine, “Qu'est-ce-que vous voulez ?”, se dégage ici, le même manque d'idéale, d'ambition d'une jeunesse qui n'a pas connu le communisme, mais qui se retrouve dans une société sans valeurs, où pauvreté et richesse se côtoient sans aucune base de mérite, où la débrouillardise, la corruption,
le je m'en foutisme absolu débouchent sur une jeunesse perdue, accrochée aux valeurs matérielles de l'Occident inaccessibles à la majorité. En mettant face à face dans une relation amoureuse, deux protagonistes aux deux extrêmes de cette jeunesse, l'une rêvant d'idéalisme, accrochée au passé et ses symbols toujours concrètement présents, l'autre bien ancré au présent, se contentant de ce que lui apporte la vie, l'écrivaine nous en projette l'image déboussolée. le personnage de Valia est sublime, dans sa douceur, sa gentillesse et son intelligence cachée sous sa nonchalance, sa tolérance inée, son attitude fataliste bien ancrée dans la vie (“Il était calme comme la steppe, plein d'un détachement si rare et si précieux.”). Quand à la camarade Anna, elle est émouvante dans sa fragilité, emmurée dans ses convictions et ses idéaux révolutionnaires (“elle trouvait dans cette époque révolue tout ce qui lui manquait dans le présent “), bien que........Un couple des moins banals.

Quelle force cette prose incroyable avec l'humour en prime ! Et bravo bien sûr à la traduction ! Rarement ai-je lu, écrits avec autant de simplicité que d'intensité, une description de faits courants comme l'état amoureux,ou description de la nature, de l'ambiance d'un lieu particulier avec tout ses composants.
Ni journaux, ni télévision, ni internet, rien de mieux que La Littérature écrit par un autochtone, pour prendre le pouls d'un pays, entrevoir les tréfonds de son âme, savoir vraiment ce qui s'y passe ! Une fin aussi très réussie qui nous laisse perplexe !


“-On nous abreuve de mensonges en nous assurant que maintenant nous vivons bien et qu'avant nous vivions mal, et tout le monde y croit. Ils y croient tous. Et ceux qui n'y croient pas sont perçus comme des dégénérés. Toi aussi tu le penses.
–Parce qu'avant, ce n'était pas pareil ? Avant, c'était la même chose.......
Quoi qu'on fasse ou ne fasse pas, dans cette vie rien ne changera jamais.”
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Camarade Anna : le titre du roman d'Irina Bogatyreva, le premier traduit en français, fleure bon l'époque soviétique. Et pourtant non, le livre est très actuel, portrait de la jeunesse russe d'aujourd'hui, urbaine en tous cas, et plus précisément moscovite. Ceux qui connaissent la ville ne manqueront d'ailleurs pas de se retrouver en terrain familier tellement sa description est précise et très évocatrice. A travers ses deux personnages principaux, Valia et donc Anna, l'un plutôt fataliste et doux, l'autre enragée et passéiste, l'auteure nous parle de l'absence de repères de cette jeunesse presque autiste vivant dans une société vendue au consumérisme et ne trouvant, dans le cas d'Anna, que l'idéologie communiste comme béquille pour vivre. L'histoire d'amour que vivent ces deux protagonistes est forcément singulière pour des caractères aussi différents, comme si une héroïne de Tolstoï rencontrait un garçon issu d'un roman de Tourgueniev ou de Gogol. Il y a beaucoup de finesse psychologique chez Irina Bogatyreva mais aussi de lucidité sociale sans oublier une manière très intelligente de faire progresser son intrigue avec parfois une fantaisie inattendue. A sa façon, elle est l'héritière des grands écrivains russes, avec un style limpide et un art très juste de portraitiste qui ne cherche pas à imposer de jugement en laissant le lecteur libre de faire son travail d'imagination. On a maintenant hâte de découvrir d'autres romans de cette auteure aussi précieuse que Gouzel Iakhina, dans un tout autre registre. La femme serait-elle l'avenir de la littérature russe ?
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Livre très intéressant, même si je n'ai pas bien compris, la fin. Ambiance très très russo-soviétique. Les personnages sont criants de vérité. La description de Moscou et aussi d'Oulianovsk très détaillée, on s'y croirait. L'autrice est très prometteuse. Aurons nous encore de ses nouvelles ? Et des traductions en français ?
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tu as lu les souvenirs de Mariengof ? Ah oui, c’est vrai, je suppose que tu ne les as pas lus… Il raconte qu’à l’automne de je ne sais plus quelle année, Essenine et lui ont loué les services d’une fille pour réchauffer leur lit. Tu imagines, c’était la famine, ils n’avaient pas de bois de chauffage, un vrai cauchemar partout, pratiquement la fin du monde, et ces deux petits malins invitent une fille juste pour s’étendre un moment dans leur lit. Drôle d’idée, pas vrai ? Elle se ramène, elle se déshabille, se couche sur le drap rêche et froid, reste là une demi-heure, puis Essenine et Mariengof arrivent, elle se lève, se rhabille et s’en va. Et eux, ils se couchent. Pas mal, hein ? Le comble de la perversion.
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Que Valia était tombé amoureux, nous l'avons appris dès le matin suivant. Il était comme ça : malgré toute la torpeur de son âme somnolente, aux allures d'ours mal léché, rien de ce qui pouvait y naître ne demeurait caché. Le moindre sentiment suintait aussitôt de Valia, de son regard sombre de Bachkir, avant même qu'il n'ait eu le temps d'en prendre conscience. Nous le savions tous, ses yeux ne se réveillaient pas souvent, et l'émotion était si rare à jaillir dans leurs profondeurs de mercure gris qu'il n'était guère difficile de la remarquer, à moins que l'observateur ne soit aussi lent que Valia.
... sur ses lèvres vacillait un sourire distrait. Le vieux rock russe qui l'avait vu grandir lui déchirait l'âme de sa tristesse coutumière. Valia l'écoutait et exhibait une joie chaleureuse, tendre comme celle d'un enfant. Quelque chose d'ancien, de vivant, d'oublié depuis l'adolescence, de sevèrement anéanti par l'armée, ressuscitait en lui.
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C'était un automne boueux, mais pas encore glacé, Anna portait un manteau de cuir qui moulait son buste et dont le bas évasé virevoltait au rythme de sa marche alerte ; il étirait sa silhouette et la découpait nettement ; elle semblait sculptée dans une pierre noire et brillante. Ses cheveux châtain clair étaient rassemblés en un chignon serré sur le sommet de la tête, fixé par une épingle en bois, coiffure qui étonnait toujours Valia par sa simplicité et son mystère parce qu'on se demandait forcément comment elle pouvait tenir.
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