“Que Valia était tombé amoureux, nous l'avons appris dès le matin suivant....
–Je m'appelle Valentin, mais tu peux m'appeler Valia....
–Et toi ? cria-t-il dans son dos.....
–Anna.
Camarade Anna ! énonça-t-elle d'un air de défi...”.
Voilà pour le titre et le préambule de notre histoire, qui débute de nos jours à Moscou.
Comme dans le livre de Sentchine, “Qu'est-ce-que vous voulez ?”, se dégage ici, le même manque d'idéale, d'ambition d'une jeunesse qui n'a pas connu le communisme, mais qui se retrouve dans une société sans valeurs, où pauvreté et richesse se côtoient sans aucune base de mérite, où la débrouillardise, la corruption,
le je m'en foutisme absolu débouchent sur une jeunesse perdue, accrochée aux valeurs matérielles de l'Occident inaccessibles à la majorité. En mettant face à face dans une relation amoureuse, deux protagonistes aux deux extrêmes de cette jeunesse, l'une rêvant d'idéalisme, accrochée au passé et ses symbols toujours concrètement présents, l'autre bien ancré au présent, se contentant de ce que lui apporte la vie, l'écrivaine nous en projette l'image déboussolée. le personnage de Valia est sublime, dans sa douceur, sa gentillesse et son intelligence cachée sous sa nonchalance, sa tolérance inée, son attitude fataliste bien ancrée dans la vie (“Il était calme comme la steppe, plein d'un détachement si rare et si précieux.”). Quand à la
camarade Anna, elle est émouvante dans sa fragilité, emmurée dans ses convictions et ses idéaux révolutionnaires (“elle trouvait dans cette époque révolue tout ce qui lui manquait dans le présent “), bien que........Un couple des moins banals.
Quelle force cette prose incroyable avec l'humour en prime ! Et bravo bien sûr à la traduction ! Rarement ai-je lu, écrits avec autant de simplicité que d'intensité, une description de faits courants comme l'état amoureux,ou description de la nature, de l'ambiance d'un lieu particulier avec tout ses composants.
Ni journaux, ni télévision, ni internet, rien de mieux que La Littérature écrit par un autochtone, pour prendre le pouls d'un pays, entrevoir les tréfonds de son âme, savoir vraiment ce qui s'y passe ! Une fin aussi très réussie qui nous laisse perplexe !
“-On nous abreuve de mensonges en nous assurant que maintenant nous vivons bien et qu'avant nous vivions mal, et tout le monde y croit. Ils y croient tous. Et ceux qui n'y croient pas sont perçus comme des dégénérés. Toi aussi tu le penses.
–Parce qu'avant, ce n'était pas pareil ? Avant, c'était la même chose.......
Quoi qu'on fasse ou ne fasse pas, dans cette vie rien ne changera jamais.”