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EAN : 9781095718087
Agullo (12/05/2016)
3.43/5   34 notes
Résumé :
Personne ne pouvait négliger les deux millions de voix roms.’
Un roman de politique-fiction puissamment actuel, véritable " Borgen " des Balkans.

Un petit truand est retrouvé égorgé dans les rues de Bucarest. Quand un deuxième voyou, puis un troisième sont assassinés du même coup de

lame mortel, il devient clair qu’un meurtrier en série sévit dans la capitale roumaine. Ses victimes ont toutes le même profil : elles appartiennen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Après une enquête dans les brumes de la plaine du Pô avec le Fleuve de Brumes de Valerio Varesi, la nouvelle maison d'édition Agullo nous propose de découvrir la Roumanie avec Spada de Bogdan Teodorescu. Ainsi par l'entremise d'un roman féroce et détonnant l'auteur passe au crible toutes les strates d'une société secouée par une vague de crimes ethniques. Une plongée vive dans ce panier de crabe médiatique et politique que l'auteur maîtrise à la perfection ayant lui-même exercé dans le domaine du marketing politique en occupant, entre autre, le poste de secrétaire d'état au département de l'information.

Le bonneteau, une arnaque vieille comme le monde que La Mouche pratique avec plus ou moins de talent sur la place d'Orbor à Bucarest. Mais rien ne va plus lorsque l'on retrouve son cadavre dans une ruelle adjacente, égorgé d'un habile et unique coup de poignard. La nouvelle finirait dans la page des faits divers s'il ne s'agissait pas du début d'une longue série de meurtres qui présentent les mêmes similarités. Qui en veut donc aux voyous d'origine tsigane ? Les actes de ce sérial killer pour les uns, justicier pour les autres, n'ont pas fini de secouer le petit landernau politique et médiatique roumain.

Le personnage emblématique du tueur psychopathe est rapidement relégué au second plan puisque la traque du Poignard (Spada en roumain) ne sert que de prétexte pour nous introduire dans les arcanes d'un monde politique dénué de scrupule tentant par tous les moyens de maîtriser des événements qui dépassent rapidement les services de police. Avec des victimes issues de la communauté rom, le fait divers se transforme rapidement en enjeu politique majeur. Ainsi, entre le pouvoir en place et les différents mouvements d'oppositions, nous assistons à une guerre sournoise où les communiqués remplacent les coups. Il s'agit donc de maîtriser coûte que coûte la communication qui devient rapidement le véritable enjeu dans un contexte électoraliste explosif. Que ce soit aussi bien sur la scène internationale que sur le plan intérieur, Bogdan Teodorescu parvient à transporter le lecteur dans toutes les trames d'une lutte intestine pour la quête d'un pouvoir qui se bâtit sur le cynisme d'une vision à très court terme où les forces vacillent en fonction des opportunités et des alliances de circonstance.

A mesure que les crimes s'enchaînent, l'emballement médiatique devient soudainement féroce en déchaînant toutes les passions et tous les excès idéologiques au gré des interventions des différents acteurs politiques du pays. D'éditoriaux rédigés au vitriol en débats télévisés arbitraires, ce sont les conseillers en communication qui entrent dans la danse en entraînant le corps politique dans cette sarabande infernale. Dans ce climat délétère où la question de l'intégration des deux millions de roms se règle dans la rue à coup de règlements de compte sanglants et de manifestations violentes, la situation dégénère rapidement en faisant les choux gras d'un pouvoir médiatique en quête d'audience et de sensations.

Dans ce contexte de rage et de folie, l'appréhension de l'assassin demeure marginale car les hauts fonctionnaires de police sont davantage préoccupés à couvrir leurs arrières en endiguant les bavures de leurs hommes sous un flot de rapports fallacieux. Et puis l'assassin ne fait-il pas, d'une manière plus efficace, le travail de la police, au point tel que certaines associations vont jusqu'à se demander si ce mystérieux Poignard ne dissimule pas les activités occultes d'une brigade qui opérerait secrètement pour se débarrasser de ces roms indésirables tout en tentant de déstabiliser le pouvoir en place.

On le voit, Bogdan Teodorescu dresse un portrait peu flatteur de la Roumanie et met en scène avec une très belle virtuosité les interactions entre le pouvoir politique, les instances médiatiques et les services de police. de collusions obscures en compromissions malsaines, l'auteur entraîne le lecteur dans un florilège de portraits disgracieux appuyé par une écriture aussi expéditive qu'incisive, pleine de mordant. Personne n'est épargné.

Récit décapant agrémenté d'un humour corrosif, Spada prend la forme d'une fable de politique-fiction tragique aux connotations terriblement réalistes. Percutant et diaboliquement pertinent.

Bogdan Teodorescu : Spada. Editions Agullo Noir 2016. Traduit du roumain par Jean-Louis Courriol.

A lire en écoutant : Murder by Number par The Police. Album : Synchronicity. A&M Records 1983.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Nouvelles venues, les éditions Agullo débutent leur collection noire avec deux titres, l'un italien (Le fleuve des brumes, dont nous aurons l'occasion de parler sous peu) et un curieux roman noir politique roumain, Spada, de Bogdan Teodorescu, dont le précédent roman traduit en français, Des mecs bien… ou presque, avait paru chez feu L'Écailler il y a de cela quelques années.
Un soir d'été, La Mouche, rom spécialisé dans le jeu de bonneteau sur les marchés est égorgé dans une ruelle. Rien qu'un fait divers comme un autre, a priori. Sauf que très vite, un autre Tzigane, lui aussi détenteur d'un casier judiciaire plutôt chargé, soit assassiné de la même manière. Et la série ne fait que commencer.
Partir à la recherche du tueur que l'on appelle désormais le Poignard (Spada), eu égard à sa manière d'égorger d'un seul coup bien porté ses victimes ? Là n'est pas le propos de Bogdan Teodorescu. Ce qui intéresse l'auteur, ici, c'est la façon dont les actes de l'assassin vont être utilisés. Par les hommes politiques, bien entendu, ceux qui sont au pouvoir comme ceux qui voudraient l'avoir, par les journalistes du pays ainsi que par ceux de l'étranger, et par diverses associations dont les missions vont de la défense des minorités à celle d'une Roumanie débarrassée des Roms. Partant, Teodorescu met en lumière les engrenages et la manières dont ils s'emboîtent et finissent par tourner de concert. Car aussi différents ou même antagonistes soient les buts de chacun, tout le monde, avec un cynisme consommé, finit par trouver son compte dans ce fait divers sanglant.
Ignorés par une partie de la population complètement coupée des médias et plus préoccupée par son propre sort que par les événements qui se déroulent dans la capitale mais bien vite médiatisés à Bucarest et instrumentalisés par tous, les actes du Poignard ne vont pas tarder à faire vaciller le pouvoir. Et par la force d'une formidable autosuggestion appuyée tant par les éditorialistes que les hommes politiques qui les paient ou quelques présidents d'associations en recherche d'une crédibilité internationale qui leur fait défaut (« Une précédente initiative similaire concernant alors exclusivement les problèmes des homosexuels, avait déclenché un véritable scandale en Europe, scandale dont le paroxysme avait été le boycott par les organisations homosexuelles de Grande-Bretagne des vins importés de Roumanie. »), le crime sans revendication, l'acte crapuleux, porte lentement mais sûrement le pays au bord du conflit interethnique.
Décortiquant avec un malin plaisir et un humour à froid extrêmement grinçant cette tragi-comédie du pouvoir politique et médiatique, Bogdan Teodorescu livre ici un roman noir philosophique, une farce socio-politique, redoutable sur la construction d'un scandale national à partir d'un fait-divers. Et si, en quatrième de couverture Agullo Éditions convoque un autre auteur roumain, Georges Arion, pour dire que « Qui veut comprendre pourquoi le pays dans lequel nous sommes nés est dans l'état où il se trouve, doit absolument lire Spada. », on ajoutera que si Spada en dit beaucoup sur la Roumanie – et c'est là d'ailleurs un bon point en sa faveur, pour qui est curieux de savoir ce qui se passe à l'est – il en dit tout autant sur notre propre société abreuvée d'information en continu et de commentateurs politiques aux motivations tout aussi douteuses que celles des protagonistes du roman de Teodorescu.
Si l'on ajoute à tout cela le soin particulier que portent les éditions Agullo à l'objet livre lui-même (couverture, bandeau/marque-page/encyclopédie, qualité du papier…), autant dire que c'est là une lecture qui vaut largement le détour.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Si vous pensez vous embarquer dans un roman policier méfiez-vous ! Ce roman débute effectivement avec l'apparition du tueur en série qui sera rapidement surnommé « le Poignard », mais celui-ci ne sera qu'un élément très secondaire, un prétexte, pour nous plonger dans le capharnaüm médiatico-politique de la Roumanie des années 1990.
Très vite, nous sommes plongés en plein coeur des luttes de pouvoir, des manipulations de l'information, des réappropriations politiques et des détournements engagés, le tout gravitant autour d'une même problématique : le clivage entre Roumains et Roms. le climat pernicieux de la sphère politique est très bien rendu, nous sommes en Roumanie mais nous pourrions être ailleurs, et au lieu de l'intégration des Roms nous pourrions faire face à n'importe quelle autre problématique populaire, les jeux de pouvoir seraient les mêmes. Certains passages portent même à sourire (cyniquement), tant les manoeuvres auxquelles nous assistons trouvent un écho dans la réalité.
Néanmoins j'ai eu beaucoup de mal à m'investir dans cette fiction, non qu'elle manque d'intelligence ou que le style de l'auteur soit déplaisant… Je pense que je ne m'attendais tout simplement pas à cela –à une politique fiction et non un polars- et n'étant pas une grande amatrice du genre, je n'ai certes pas trouvé ce roman dénué d'intérêt, mais il ne m'a pas captivé pour autant. le récit est également un peu trop haché à mon gout : les très courts chapitres permettent de jongler facilement d'un personnage et d'un point de vue à l'autre mais ces changements, s'ils mettent en avant un panorama réaliste et varié du paysage politique et médiatique, sont si fréquents que cela à grandement freiné mon immersion. de même, les protagonistes sont légion et de ce fait la plupart sont pour moi restés flous, ce qui embrouillait parfois le fil du récit.
En tout cas, on peut dire que la couverture est bien choisie : quel panier de crabe que ce gouvernement ! Avis aux amateurs de politique fiction qui seront sans doute plus séduits que je ne l'ai été.
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À Bucarest règne un climat d'insécurité, des Tziganes opérant en dehors des lois sont retrouvés assassinés. Un sérial Killer baptisé POIGNARD joue les justiciers.

" Depuis plusieurs mois, un homme a dégainé un poignard pour faire ce qu'il croit être juste. Pour corriger ce qu'il croit être injuste."

Le pouvoir actuel se montre incapable de faire face. La délinquance augmente de façon inquiétante, et la population souffre. (En France? Non,non...En Roumanie.)

"Il y a plus de pauvreté dans nos maisons et plus d'insécurité dans nos rues."

Les journalistes ne sont pas en reste, les coups bas pleuvent de tous cotés. Trahison et rébellion, entrainent un conflit social et ethnique. Une animosité divise les Roms et les Roumains.

"Le bruit et la fureur reprennent dans une population étonnée et indifférente, attentive aux détails mais se désintéressant de tout, inquiète pour le lendemain, dégoutée d'hier et lasse d'aujourd'hui ..."

Un sacré panier de crabes que nous offre Bogdan Teodorescu (journaliste, professeur, écrivain) avec ce roman de politique-fiction. La Roumanie en toile de fond, un sujet plutôt universel assez brulant qui en insurgera certains et plaira à d'autres.

Un roman qui te permet d'en savoir un peu plus, toi qui déteste les informations télévisées et la politique.

Autre pays, autre écrivain, autre sujet, les Éditions Agullo sortent des sentiers battus, et nous proposent un second roman au style nerveux et engagé.

Un roman qui tient ses promesses, faut juste aimer la politique, mais la qualité de l'écriture et de l'histoire vous fera oublier ce coté un peu assommant.

Un lecture que j'ai apprécié, un auteur que je suivrai très certainement et une maison d'édition adoptée.

"Le Poignard a eu du courage ...Je vous dis que c'est le seul moyen de nettoyer la Roumanie!"
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Les éditions Agullo sont toutes jeunes, nées en mai de cette année. Elles ont commencé avec deux romans noirs dont celui-ci, Spada. Beau livre, couverture soignée et très réussie -pensez-vous, même le bandeau que d'habitude je jette à peine le livre en ma possession, cette fois-ci, je l'ai gardé- et mise en page de belle qualité, l'objet est donc déjà un succès. le contenu maintenant. Eh bien, il est à l'avenant de l'objet, réussi lui aussi. Bogdan Teodorescu n'écrit pas ce polar sous l'angle de l'enquêteur qui va chercher des indices, travailler sérieusement et méticuleusement pour trouver la moindre piste, non, pas du tout, il écrit son roman sous deux angles : ceux des dirigeants politiques et ceux des journalistes. Autant vous dire que ces deux mondes qui se croisent, se côtoient voire plus si affinités et souvent affinités il y a -ou s'il n'y a pas, on peut alors parler d'inimitié voire de haine qui lient tout autant les protagonistes- sont un véritable panier de crabes. C'est à celui qui pincera le plus fort, qui ira le plus loin pour obtenir pouvoir et reconnaissance. Un roman de politique-fiction sur base de tueur en série qui décrit des mondes où tout est permis même -et surtout- la trahison. Tous les coups sont bons pourvu qu'ils rapportent, même les plus sordides. Certains n'hésiteront pas à faire monter la haine entre Roumains et Tziganes, quitte à déclencher des heurts violents et la remontée des bas instincts de racisme, xénophobie et de communautarisme. Tout fait est montré, décrit, exagéré et tourne en boucle dans les journaux et télévision : "Avec lui, c'est toute la presse du jour qui accorde une large place aux incidents d'hier au centre de la capitale. Pour ne citer que quelques titres : Sang et violence à Bucarest ; La Roumanie en guerre civile : les Tziganes attaquent un supermarché dans le centre de la capitale ; La police est arrivée comme d'habitude pour compter les cadavres ; Comme au Moyen Âge, les employés d'un supermarché se défendent l'arme à la main contre des bandes d'agresseurs ; Explosion de violence au centre de Bucarest ; L'axe de la violence Constantsa-Movilà-Bucarest ; Maricel Iovista défend un supermarché contre les Tziganes. Et nous, qui nous défend ?" (p.190)

Bogdan Teodorescu montre les rôles de chacun, celui des politiques qui veulent être réélus ou qui veulent la place de l'autre et donc prêts aux alliances avec leurs ennemis d'hier, pas forcément pour le bien du pays, même si cette notion entre en jeu dans l'esprit de certains. Ceux du parti de l'Union Nationale qui profitent de chaque incident mettant en cause un Rom pour parler de patriotisme et de la Roumanie aux Roumains (remplacez Rom par Immigré -Maghrébin est encore mieux- La Roumanie aux Roumains par La France aux Français et Union Nationale par Front National et vous verrez que la montée des extrêmes se base partout sur les mêmes peurs et haines). Chaque homme politique est soucieux de sa place, de sa réélection éventuelle et de sa place dans les sondages, il cherche donc avant tout à éliminer les autres, puisque maintenant, aucun n'est élu sur un programme, des idées, une vision pour son pays mais uniquement en opposition à celui -ou ceux- qu'on ne peut plus voir. C'est sans doute un détail mais ça change tout : le seul but, ne pas décevoir pour se maintenir, et donc lorsque les événements se corsent eh bien chacun tire la couverture à soi.

Les journalistes ne sont pas en reste, cherchant le sensationnel, ce qui fera exploser les ventes et parler d'eux. Collusions, accointances ou même carrément collaborations voire chantages et/ou pots-de-vins sont donc courants pour ne pas dire plus. Ce sont eux qui jouent sur les peurs et les fantasmes du peuple.

Extrêmement bien maîtrisé et mené, Spada est un roman qui pose question sur notre monde actuel. Bogdan Teodorescu analyse et décortique le monde politico-médiatique -et vice-versa. Il a la bonne idée de ne pas verser dans le "tous pourris" qui n'aurait fait que rendre son livre exagéré et ridicule. Même s'il n'y a pas d'enquête à proprement parler, Spada est passionnant, il se lit avec enthousiasme et intérêt grandissant de page en page et même l'abondance de personnages ne nuit pas -trop- à la bonne compréhension du texte.

Un exercice brillant. Une maison d'édition à découvrir, que je retrouverai avec un énorme plaisir pour un autre titre dont je parlerai bientôt.
Lien : http://www.lyvres.fr
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le président de séance demanda le silence et le député reprit :
– Je sais que vous ne nous aimez pas. Pour vous, nous sommes des Tziganes, un point c’est tout. Je vois ça dans vos regards, tous les jours. Peu importe que j’aie fait des études, que je sois docteur ès sciences, que je sois marié et que j’aie trois enfants, que j’aie fait mon service militaire, que je paie mes impôts à l’État. Je reste un Tzigane. Et pour vous, c’est une tare. Je subis ces regards depuis mon enfance, j’avale des humiliations que vous ne soupçonnez même pas. Mon père, Dieu ait son âme, avait fait lui aussi des études universitaires, il avait des doctorats et un prestige international, et il a dû subir tout ça lui aussi. Depuis que je suis au Parlement, je ne cesse de dire que les Roms, que les Tziganes doivent s’intégrer à la société, qu’ils doivent accepter et dépasser leur statut de minorité… Mais ne l’oubliez pas, nous sommes une minorité très sage. Nous ne demandons pas de pancartes bilingues, nous ne demandons pas d’université ni de droits spéciaux, nous n’allons pas nous plaindre auprès de diverses instances européennes. Selon la loi de l’administration locale que nous votons ces jours-ci, il faudrait installer des pancartes bilingues roumain-tzigane en plein Bucarest. Mais nous considérons que c’est aller trop loin. Six Roms ont été assassinés uniquement parce qu’ils étaient roms, je le répète, seulement parce qu’ils étaient Roms ! Et aucun de ceux qui devraient faire la lumière et trouver l’assassin ne lève le petit doigt. J’ai des informations selon lesquelles le ministre de l’Intérieur aurait donné des instructions pour que personne ne soit affecté spécialement à ce dossier. Et je me demande pourquoi… Si c’étaient six Hongrois, six Magyars de Roumanie, qu’on avait retrouvés la gorge tranchée, tout le monde s’en occuperait. Pour des Tziganes, il n’y a pas urgence. Dépêchez-vous, messieurs, vous ne savez pas ce que c’est qu’un Tzigane furieux ! Ou qui a peur de mourir…
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Victor fit une nouvelle une avec la malédiction de la vieille, publia une photo plus grande des lieux du crime avec la mare de sang et le cadavre recouvert d’une toile noire, et il insinua dans son texte l’histoire de la dette et du prêteur sur gages qui aurait pu avoir des raisons de faire égorger la Mouche. Il lança l’impression du journal et se mit ensuite en quête d’Avakian qu’il rencontra tard dans la nuit devant le Vox, en face du palais du Parlement. Avakian ne voulut pas confirmer que la Mouche avait des dettes à son égard, mais ne le nia pas non plus. En revanche, il expliqua en quoi l’hypothèse d’un assassinat punitif était de toute façon absurde : ses méthodes de récupération de l’argent se fondaient sur l’élément clé de la survie du débiteur. On pouvait lui faire peur, on pouvait lui envoyer quatre armoires à glace moldaves, s’il ne voulait rien savoir on lui coupait un doigt avec des ciseaux mais pourquoi le tuer ? Qu’est-ce qu’on y gagnait ?
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La Mouche ramassa sa petite table, envoya promener sèchement la vieille qui faisait une dernière tentative pour récupérer son argent et prit le chemin de chez lui. Il aurait bien bu une bière mais entre lui et la terrasse se tenait la vieille qui râlait, pleurnichait et ne semblait pas avoir la moindre intention de partir.
Dans le passage longeant le magasin, il y avait de l’ombre et, malgré les mauvaises odeurs, il s’y arrêta pour souffler un peu. Au moment où il s’apprêtait à en sortir, il vit un individu habillé d’une longue cape gris-blanc qui se dirigeait vers lui. Quand il fut à deux mètres de distance, le type écarta d’un geste ample le pan de sa cape et sortit un poignard qu’il fit tourner prestement avant de le planter dans la gorge de la Mouche.
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-Alors comme ça, pauvres types que vous êtes, vous croyez que j'ai pris le pouvoir pour que vous vous foutiez de ma gueule ? Vous croyez que c'est pour ça que je vous ai accordé vos fonctions ? Pour que vous me fassiez du mal ? Pour que je perde des points ? Pour que l'autre clown de Cotrocéni se paye ma tête ? Mes petits amis, si je me casse la gueule vous en ferez autant...
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Une précédente initiative similaire concernant alors exclusivement les problèmes des homosexuels, avait déclenché un véritable scandale en Europe, scandale dont le paroxysme avait été le boycott par les organisations homosexuelles de Grande-Bretagne des vins importés de Roumanie.
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