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Fanni Bogdanow (Éditeur scientifique)Anne Berrie (Traducteur)
EAN : 9782253066811
831 pages
Le Livre de Poche (06/09/2006)
4.33/5   12 notes
Résumé :

À une fête de la Pentecôte, le Graal apparaît aux chevaliers du roi Arthur réunis autour de la Table ronde et les rassasie d'une nourriture surnaturelle. Ils jurent alors de partir en quête pour le retrouver et pour percer ses mystères. Mais après tant d'années d'aventures, tous portent le poids du passé, avec ses combats, ses menaces, ses amitiés, ses amours, ses péchés. Tous doivent affron... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La Légende du Roi Arthur aurait été favorisée par la dynastie des Plantagenêts pour justifier leur pouvoir en liant la légende et la réalité politique. L'entreprise fut une réussite populaire considérable au-delà de ses ambitions politiques originelles. Il semble en effet que la légende arthurienne ait rencontré un succès tel qu'elle n'épargna pas même les moines. Les instances chrétiennes les plus sérieuses ne considéraient pas d'un bon oeil ces ferments d'hérésie. L'affirmation du pouvoir religieux chrétien au Moyen Âge se révèle clairement en analysant les romans successifs qui constituent la légende arthurienne. Les premiers romans font la part belle aux éléments païens de la mythologie celtique mais avec la Quête du Saint Graal, le paganisme trouve sa condamnation la plus explicite.


Il faut d'abord lire le Conte du Graal de Chrétien de Troyes pour réaliser que cette continuation, attribuée à Gautier Map, se présente comme l'itinéraire pratique de conversion à l'usage du pur chrétien. On retrouve les personnages de Lancelot et de Perceval, amoindris ici par la présence d'un nouveau chevalier de la Table Ronde : Galaad. Alors que Lancelot et Perceval renvoient aux origines celtiques de la légende, Galaad arrive avec sa pureté toute chrétienne. Il relève les épreuves du Siège Périlleux et de l'Epée fichée dans le roc. Ces épreuves qui semblaient merveilleuses jusqu'alors ne l'étaient qu'à cause de l'ignorance dans laquelle étaient maintenus les pêcheurs, c'est-à-dire les mauvais chrétiens.


« Et s'ils trouvent peu d'aventures, c'est parce que « les aventures qui adviennent maintenant sont les signifiances et les manifestations du Saint-Graal, dont les signes n'apparaîtront jamais aux pécheurs ». »


Le Saint-Graal apparaissait à Lancelot et Perceval comme le symbole horrifique et fascinant d'un monde inaccessible. A travers eux, le lecteur pouvait aussi s'effrayer de ce vase légendaire qui, depuis Robert de Boron, aurait recueilli le sang du Christ. Galaad semble au contraire étrangement creux, inconsistant, sans personnalité. Peu d'émotions le traversent et il avance sur le chemin de sa quête comme s'il ne devait jamais réfléchir : parce qu'il le doit. Et devant les merveilles du Siège Périlleux et de l'Epée magique, son humilité seule semble lui permettre d'accéder à leur signification véritable.


La lecture de cette Quête du Saint-Graal est éblouissante car elle révèle comment l'histoire primitive de Chrétien de Troyes a été réutilisée pour permettre à une conception religieuse de s'exprimer, dans la tentative de persuader ses lecteurs de suivre l'exemple de Galaad et de devenir comme lui un pur chrétien. Lancelot et Perceval, détournés de Dieu par l'amour de la chevalerie ou par l'excès de courtoisie, sont trop ancrés dans le monde pour pouvoir comprendre les merveilles d'un territoire enchanté. Il fallait que Galaad s'annonce pour que l'étendue magique d'un royaume trouve enfin sa signification. On comprend également en quel sens le christianisme se percevait comme processus de sur-rationalisation.


La Quête du Saint-Graal constitue un parfait exemple du pouvoir que la littérature peut exercer sur le monde. La légende arthurienne constitue un bon exemple qu'il nous est facile d'observer de notre point de vue détaché de lecteurs de l'ère moderne. Reste ensuite à s'interroger sur les modalités d'expression de notre propre Légende arthurienne, sans doute encore trop enveloppante et proche pour se laisser enrober facilement par nos regards.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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J'étais ravie d'avoir cette oeuvre au programme de ma licence car je suis une inconditionnelle du mythe Arthurien et je possède de nombreuses versions à la maison; Il me manquait celle-ci, ça tombait à point.

Néanmoins, cette lecture n'a pas été une partie de plaisir.

Premier écueil, il faut bien connaître la genèse du mythe pour apprécier cet ouvrage. La quête du Saint Graal a été écrite entre 1220 et 1225, mais Chrétien de Troyes a élaboré son cycle entre 1160 et 1180. Antérieurs à l'oeuvre de Chrétien de Troyes, le roman de brut de Wace (que l'on trouve chez 10/18) date de 1155 et s'inspire de la fameuse historia regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, élaborée vers 1135. Autre célébrité, Robert de Boron rédige, vers 1190, ce qui est peut-être le premier roman en prose et en tout cas l'ébauche d'un cycle qu'ont peut lire en collection Bouquins chez Laffont sous le titre Merlin et Arthur : le Graal et le royaume. Enfin, on complètera ces lectures avec le non moins célèbre Thomas Malory qui a achevé son Morte d'Arthur en 1470 et Marie de France et ses lais (lire d'abord le Lai de Lanval).

Je ne dis pas qu'il faut nécessairement avoir lu tout ça, mais ça aide quand même à bien comprendre les partis pris et le cheminement de celui ou ceux qui ont écrit la Quête du Saint-Graal.

Les personnages-phares sont présentés de façon bien différente que chez Chrétien. C'est le personnage de Lancelot qui est le plus malmené car présenté de manière très négative. Il porte le poids de son péché (son amour coupable pour Guenièvre) et est donc complètement hors-course pour la quête. D'ailleurs, dans ce roman, les femmes sont quasiment inexistantes. Ce ne sont pas les exploits terrestres, les aventures amoureuses ou guerrières qui intéressaient l'auteur du roman mais bien la quête spirituelle.

Le public ciblé était celui des seigneurs et chevaliers que l'auteur cherchait à convaincre des valeurs chrétiennes d'humilité et de simplicité. On ne nous dit pas si ça a marché...

Revenons à l'histoire. Cette fameuse quête du Saint Graal est suivie par quelques 150 chevaliers de la cour du roi Arthur. Evidemment, nous n'en suivrons que quelques uns. On croise brièvement Melyant, Lionel, Yvain, Gauvain et Hector mais on s'attarde longuement sur Lancelot, Perceval, Bohort et surtout Galaad, l'Elu.

Les retours dans un passé très lointain sont fréquents, et l'auteur fait constamment référence à l'Ancien et surtout au Nouveau testament. le Graal est d'ailleurs un personnage à lui tout seul ; il a beau être seulement un objet, il apparait et disparait à sa guise, se déplace seul. Il a un passé et un avenir. il est un peu magique quand même. D'ailleurs c'est bien la seule chose qui m'a intéressée à son sujet : il est l'héritier des fameux chaudrons des mythes celtiques (lisez Fetjaine, vous comprendrez...).

Les chevaliers que l'auteur a choisi de suivre, sont classés hiérarchiquement, Galaad se trouvant au sommet de la pyramide puisque nous savons dès les premières lignes que lui seul est l'Elu. Les autres chevaliers font un peu de remplissage si je puis dire. Tous rencontrent à plusieurs reprises des ermites. Ces derniers connaissent le passé mais aussi le présent des chevaliers et ont pour rôle de décrypter les rêves ou aventures des quêteurs (ce qui est aussi bien utile pour le lecteur !).

C'est donc une quête spirituelle, un voyage de l'âme pour trouver Dieu et à ce titre, la fin est on ne peut plus logique. le grand Mystère, l'ultime Vision est réservée à Galaad qui peut ainsi mourir, heureux, son âme est emportée par les anges... Donc, si vous souhaitiez assister à de terribles combats, ou de nobles joutes, avec des demoiselles à sauver, ce n'est pas l'ouvrage idéal !

Alors bien sûr, pour moi qui suis quelque peu allergique à toute religion, tout ceci est un petit peu trop prêchi-prêcha à mon goût. Il est heureux que j'ai pu bénéficier d'un cours très solide autour de cet ouvrage car mon inculture relative à l'Ancien et au Nouveau testament s'apparente à un gouffre béant, ce qui est plutôt gênant pour lire cette quête du Saint Graal. Vous l'aurez compris, je n'aurais pas eu spécialement envie de lire cette version sans le programme de la fac. Ceci étant précisé, je me réjouis - tout de même - d'avoir plu glaner un peu de savoir supplémentaire grâce à cette oeuvre. En restera-t-il quelque chose dans 6 mois ? J'en suis moins sûre...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ils trouvèrent bien l’ermite mort ; mais sa chair était nette et intacte comme vous la voyez, et la chemise n’était pas entamée. […] Par ce miracle que Celui qu’il servait a fait pour lui, vous pouvez voir qu’il n’est pas perdu, mais sauvé.
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Pucelage ne peut pas s’égaler à virginité, je vous dirai pourquoi. C’est que pucelage est une vertu que possèdent tous ceux et celles qui n’ont pas eu attouchement de compagnie charnelle. Mais virginité est chose bien plus haute et plus vertueuse : nul ne la peut posséder, homme ni femme, s’il a eu désir d’assemblement charnel.
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Quand ils furent tous assis, ils entendirent approcher un bruit de tonnerre, si prodigieux qu’ils crurent que le palais allait s’écrouler. Et voici qu’entra un rayon de soleil qui fit la salle sept fois plus claire qu’elle n’était auparavant. Ceux qui étaient là furent comme s’ils étaient illuminés par la grâce du Saint Esprit, et commencèrent à se regarder les uns les autres : tous, grands et petits, étaient silencieux. Lorsqu’ils furent demeurés longtemps, sans que nul d’entre eux eût pouvoir de parler, à s’entre-regarder comme bêtes muettes, le Saint-Graal parut, couvert d’une pièce de soie blanche ; mais personne ne put voir qui le portait. Il entra par la grand-porte et, dès qu’il y eut pénétré, la salle se remplit de bonnes odeurs comme si toutes les épices de la terre s’y fussent épandues.
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[Inscription sur le fourreau de l’épée]

Jamais nul ne soit assez hardi pour me tirer du fourreau, s’il ne doit mieux faire que personne, et plus vaillamment. Quiconque autrement me tirera, qu’il sache qu’l ne manquera pas d’en mourir ou d’en être mutilé. Cela a déjà été vérifié plusieurs fois.
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Dès que Galaad fut mort, il advint une grande merveille : ses deux compagnons virent distinctement une main qui descendait du ciel, sans qu’on aperçut le corps auquel elle appartenait. Elle alla droit au Saint-Vase, le prit, saisit aussi la lance, et les emporta au ciel, en sorte que depuis lors nul homme ne put être si hardi qu’il prétendît avoir vu le Saint-Graal.
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