![]() | lrntv 25 juillet 2020
Dans la troisième partie de 1984, O’Brien, le représentant de l’intelligentsia dirigeante, impose à l’homme ordinaire qu’est Winston une succession alternée de séances de tortures et d’entretiens philosophiques, au cours desquels il s’emploie à le débarrasser de son réalisme naïf et à lui inculquer des conceptions nouvelles : les faits historiques aussi bien que les vérités mathématiques sont construits , ils varient continuellement en fonction des intérêts et des besoins de la société dont la définition est aux mains de l’élite au pouvoir , si la réalité n’existe que dans les esprits et si les dominants peuvent imposer à tous les esprits les mêmes croyances (ce qui n’est qu’une affaire de technologie), la révolte n’a plus aucun sens. Le bourreau imaginé par Orwell est un philosophe constructiviste. « Ce qu’il y a de vraiment effrayant dans le totalitarisme, pensait en effet Orwell, ce n’est pas qu’il commette des atrocités mais qu’il s’attaque au concept de vérité objective. […] La vérité [est] quelque chose qui existe en dehors de nous, quelque chose qu’il faut découvrir, et non quelque chose que l’on peut inventer selon les besoins du moment. » La leçon philosophique et politique de 1984, c’est que la liberté et la démocratie sont incompatibles avec le relativisme et le constructivisme généralisés. [Jean-Jacques Rosat, dans la préface]
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