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EAN : 9781090062123
Editions iXe (11/06/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Instauré dans les années 1960 par les autorités sportives internationales, le test de féminité vise à distinguer les «vraies femmes» des autres en vertu de critères «scientifiques» qui ont varié au cours du temps: la féminité fut d'abord certifiée sur la base d'un examen gynécologique, puis chromosomique, puis hormonal. Mais la conformation anatomique des organes sexuels est parfois jugée «ambiguë», il existe d’autres formules chromosomiques possibles que «XX» et «X... >Voir plus
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Que lire après Test de feminite dans les competitions sportives une histoire classee XVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans sa préface, « du sexe musculaire au genre de la testostérone », Elsa Dorlin indique « Avec ce livre, elle (Anaïs Bohuon ) nous livre une histoire du sexe musculaire ; non pas tant que les muscles aient un sexe – de fait, ils n'en ont pas -, mais les muscles fabriquent littéralement ”le sexe” , ou plutôt une certaine définition contemporaine de la différence sexuelle ».

Canon de beauté, féminité sont ici « abordés du coté de l'idéologie de la non-mixité et du dogmatisme biomédical des milieux sportifs ».

D'un coté il s'agit de « réactualiser un vieux préjugé sur la faiblesse des femmes et la débilité de leur corps », de l'autre de « préférer les sportives qui, paradoxalement, n'ont pas l'air de l'être ». Mais au fond la question, que posent ces pratiques sportives, est d'une autre dimension « Comment maintenir une hiérarchie des sexes tout en promouvant une supériorité de classe ou de race, dans un contexte qui est celui de l'impérialisme » Si cette formulation peut sembler excessive, elle a le grand mérite de souligner que « la féminité » dans les compétitions sportives est bel et bien une question politique. Et en cela, ce livre est indispensable. Soulevant le poids idéologique d'un ”il ne doit y avoir que deux sexes”, le livre traite de l'acharnement biomédical sur « les individuEs ”bizarres” », de l'intersexualité, des trans, du « genre kaléidoscopique des corps » et confirme « qu'il doit y avoir bien plus de deux sexes ».

Au coeur de l'ouvrage : la déconstruction des « prémisses naturalistes » et un questionnement sur les pratiques sportives sexuées et leur présupposé sur l'inégalité biologique des sexes.

Anaïs Bohuon revisite ici l'histoire sociale du « contrôle de féminité ».

Le livre est composé de quatre chapitres

Le « spectre de la virilisation » des sportives

L'histoire des tests de féminité : du contrôle gynécologique et morphologique à la recherche du chromosome Y

La « vraie femme » : une définition impossible

L'intersexuation dans le monde du sport : l'éthique sportive bouleversée ?

Le titre de cette note utilise « l'expression métaphorique ”d'archipel du genre” » que Vincent Guillot propose en remplacement de l'idée de continuum, présent dans un citation de Ilana Lowy reproduite « Si le sexe social est construit sur un mode binaire, le sexe biologique se présente comme un continuum, avec, aux deux extrêmes, les ”sexes biologiques” clairement définis et, au milieu, une large gamme de situations intermédiaires – des individus ”intersexe”. »

Un livre à la fois sur la reconstruction en permanence du corps genré, « le corps genré est bel et bien construit, voire reconstruit, toujours dans le même objectif de maintenir la bicatégorisation sexuée », sur l'impossible définition univoque du sexe biologique, sur la suspecte gestion médicale de l'identité sexuée, sur la construction idéologique de la différence contre l'égalité, sur l'orientation géopolitique des soupçons « L'orientation géopolitique des soupçons renvoie en définitive aux critères normatifs d'une féminité définie à partir d'un idéal occidental qui a toujours régi l'intégration des femmes au monde monde du sport », sans oublier la souffrance provoquée des athlètes déniées comme Caster Semenya, etc… de multiples analyses et réflexions passionnantes.

En conclusion de son remarquable ouvrage, Anaïs Bohuon souligne que l'intersexuation et la transidentité « remettent fondamentalement en cause un des principes de base de la compétition : l'idée que la catégorisation garantit l'équité ». Elle ajoute « Les questions d'identité sexuée mettent en lumière ce paradoxe : il est en effet troublant de constater que contrairement à toutes sortes d'avantages morphologiques, physiques, physiologiques ou génétiques qui suscitent l'admiration, seule la supériorité imputée à l'intersexuation est contestée. le brouillage qu'elle opère sur la catégorisation sexuée désoriente les milieux sportifs ». L'auteure revient aussi sur la philosophie et la culture du sport. « La question fondamentale à se poser porte sur la pertinence, l'objectivité et la validité juridique de ce qu'on entend par ”femme”, ”féminin”, ”féminité”, et par ”homme”, ‘masculin”, ”masculinité” ».

Une question qui dépasse le sport et interroge plus largement dans nos sociétés.

A lire, indépendamment de sa « sensibilité » ou non à la compétition, au dépassement de soi, aux chronomètres et autres mesures et au sport de manière plus générale.
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Cet essai mène une réflexion de fond sur le problème de la bicatégorisation sexuée du monde, exacerbée dans le domaine du sport, avec tout ce qu'elle a de réducteur pour la diversité des êtres et de discriminatoire pour ce qui ne rentrent pas dans l'une ou l'autre de ces catégories.

C'est un excellent travail de recherche sur cette question très spécifique du test de féminité dans l'histoire du sport, qui analyse les situations de façon très rigoureuse et en tire des réflexions très instructives et inspirantes sur la pulsion normative de notre société, qui à force de vouloir classer le vivant en arrive à des absurdités qui vont à l'encontre de la dignité humaine. La réflexion est centrée sur le monde du sport, mais elle peut s'étendre bien au-delà, car comme l'explique très bien l'auteur, le sport est une sorte de miroir grossissant de la société. Il n'est donc nul besoin d'être sportif ou d'aimer le sport pour apprécier ce livre, que je conseille vivement.
Lien : http://le-cornepage.ek.la/le..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les athlètes intersexes peuvent parfois produire plus de testostérone que la moyenne, et bénéficier en conséquence d'une supériorité physique, mais cette "inégalité" n'est-elle pas aussi "naturelle", par exemple, que le rythme cardiaque plus lent de bien des athlètes d'exception ? Il existe en effet des avantages/désavantages innés que le classement par âge, par sexe, par taille, etc., ne suffit pas à niveler. La production de testostérone des athlètes intersexes est endogène, et, à cet égard, c'est un atout comparable à celui qu'offre un cœur qui bat lentement. Au nom de quoi est-il légitime de pénaliser une différence "naturelle" et pas l'autre ?
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La question fondamentale à se poser porte sur la pertinence, l’objectivité et la validité juridique de ce qu’on entend par ”femme”, ”féminin”, ”féminité”, et par ”homme”, ‘masculin”, ”masculinité”
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Les questions d’identité sexuée mettent en lumière ce paradoxe : il est en effet troublant de constater que contrairement à toutes sortes d’avantages morphologiques, physiques, physiologiques ou génétiques qui suscitent l’admiration, seule la supériorité imputée à l’intersexuation est contestée. Le brouillage qu’elle opère sur la catégorisation sexuée désoriente les milieux sportifs
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L'idée selon laquelle le sexe est une propriété différentielle qui procurerait aux hommes un avantage physique sur les femmes explique qu'il soit érigé en premier facteur de classification dans la quasi totalité des disciplines sportives. (...) Mais a-t-on jamais envisagé qu'un homme qui produirait "trop" de testostérone (...) doive être interdit de compétition tant qu'il n'a pas suivi un traitement visant à ramener ses taux à un niveau moyen acceptable ? Et pourquoi le taux hormonal naturel de certaines athlètes féminines devrait-il, lui, être artificiellement diminué ? (...) Ainsi, on ne voit toujours pas pourquoi les taux d'androgènes mesurés chez Caster Semenya doivent être corrigés, puisque s'agissant de la définition différentielle des sexes, si la médecine appliquait ces critères normatifs à toute la population la distinction mâle/femelle ne tiendrait pas. [Elle] intervient sur les corps afin de (re)construire et de maintenir la prétendue spécificité de l'un et l'autre sexe.
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L'intersexuation révèle tout ce que la dichotomie masculin/féminin doit au mythe et à l'idéologie. Si certaines athlètes féminines se voient contraintes de réguler leurs taux hormonaux, c'est en raison de l'hypothèse voulant que les "vraies femmes" soient irrémédiablement inférieures aux "vrais hommes". Chacun peut cependant constater que beaucoup de femmes sont plus grandes, plus fortes, plus puissantes que bien des hommes.
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