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Sylvain Menant (Préfacier, etc.)
EAN : 9782080702067
253 pages
Flammarion (02/11/1998)
3.75/5   50 notes
Résumé :
C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur
Pense de l'art des vers atteindre la hauteur.
S'il ne sent point du Ciel l'influence secrète,
Si son astre en naissant ne l'a formé poète,
Dans son génie étroit il est toujours captif;
Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif.
Ô vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse,
Courez du bel esprit, la carrière épineuse,
N'allez pas sur des vers sans fruit vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Tu rimes mal, animal ». Cette apostrophe de Caracole, le troubadour de la Horde du Contrevent lors d'une joute poétique, peut sembler incongru pour parler de l'Art poétique de Nicolas Boileau... Caracole explique que les strophes de son adversaire sentent la sueur et le travail, le labeur, alors que lui, plus libre, improvise, quitte à ce que le rythme soit parfois un peu bancal.
Et c'est l'impression que j'ai ressenti. Boileau écrit un « art poétique », c'est-à-dire une technique de l'écriture, au sens de l'apprentissage fourni par l'artisan qui fait et refait sans cesse les mêmes gestes. Après tout, c'est dans cette oeuvre qu'on trouve une formule proverbiale connue :
« Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez ».
Boileau semble vouloir cadrer la langue, « la réparer » (chant I), lui refuser toute fantaisie, toute virtuosité. Ainsi, pas d'image, pas de frivolité et encore moins d'érotisme, pas de mots vulgaires ni grossiers... Son écriture est donc une application par les mots de sa théorie. Ses alexandrins ont donc une « juste cadence » (chant I), à tel point que juste à la lecture on « sent » le découpage des pieds, on entend la césure ; aucune fantaisie dans les rimes qui sont d'ailleurs des rimes plates, aucun enjambement du vers sur le suivant... On sent qu'il a travaillé, au sens étymologique du terme, c'est-à-dire qu'il a souffert pour produire ses vers, recommençant plusieurs fois, comme il le recommande d'ailleurs. On est loin de l'image de la Muse inspiratrice du génie. Pas de génie, mais un homme de règles, de règlement même, qui cherche à donner à l'écriture de l'ordre, une rectitude absolue, lors de ce siècle appelé le Grand siècle, âge d'or du classicisme.
Il donne aussi une hiérarchie des genres, toujours dans cette volonté d'ordre et de classement, en méprisant d'ailleurs ce qui vient d'ailleurs, comme par exemple l'inspiration italienne du sonnet. le chant III est ainsi celui qui fixe par écrit les « règles du théâtre classique », le vraisemblable, l'unité de temps, la bienséance. S'érigeant en arbitre du bon goût, il critique toute la farce et le burlesque de Molière, tout le baroque des pièces de Corneille. Et, en ce Grand siècle qui n'est Grand que parce qu'il est celui de Louis le Grand, il finit en bon courtisan par recommander aux poètes d'écrire de la poésie épique et lyrique pour célébrer les victoires militaires du roi.
Moi qui apprécie en poésie la sensualité de Ronsard, la puissance de Hugo ou la musicalité de Verlaine, je n'ai rien retrouvé de ce que j'aime...
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Cet ouvrage, bien que qualifié de poésie, allie en réalité différents genres. En effet, bien que composé d'alexandrins, celui-ci de divise en quatre chants qui, chacun est porteur d'une doctrine sur l'art de bien composer ou décrire, que ce soit des poèmes ou encore des pièces de théâtre. Aussi, dans ce long poème, Boileau nous expose-t-il, et là se trouve vraiment le génie du poète, toutes les règles qui, selon lui, doivent être réunies pour que l'oeuvre soit parfaite.
Dans le premier chant, l'auteur nous explique d'abord que tout le monde n'est pas prédisposé à écrire ; il faut posséder un sens inné d'où ressortira le génie de l'écriture. Dans les deuxième et troisième chants, Boileau passe en revue les divers genres de poésie et de théâtre. Ici, le lecteur ressent bien une certaine aversion de l'auteur pour la poésie qu'il considère comme un art mineur alors qu'il place le théâtre sur un véritable piédestal en disant de celui-ci qu'il s'agit d'une oeuvre éternelle.
Enfin, il termine, dans son dernier chant, en chantant une éloge de la parole qu'il considère comme le pouvoir créateur de toute chose.

Bien que l'ayant lu il y a déjà plusieurs années, j'ai trouvé cette oeuvre remarquable puisqu'elle réussit à faire passer un message au lecteur sans que cela devienne pénible à lire puisqu'il évite les formes traditionnelles d'essais ou encore d'ouvrage de référence mais utilise un moyen détourné : celui de la poésie. Pourquoi ai-je retiré la cinquième étoile à cet ouvrage ? Tout simplement parce que j'ai été légèrement déçue par le deuxième chant dans lequel Boileau rabaisse l'art de la poésie. Ouvrage qui reste à découvrir cependant !
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Voici le vrai fossoyeur de la poésie, de l'âge classique à la fin du XVIIIème siècle....

Après lui, comme après Attila, l'herbe a tardé à repousser.. Seul La Fontaine, charmant original réfugié dans ses arbres et mal vu à la cour, a échappé à cette tondeuse nouveau modèle, à ce rouleau-compresseur. Heureusement , Verlaine a su nous réconcilier avec l'Art poétique...le sien est toute musique, chanson, images...Chez Nicolas Boileau, rien que de la rhétorique, et la pire: celle qui normalise et qui théorise...

La poésie française était, depuis le moyen-âge une des plus riches, des plus inventives, une des plus populaires aussi. Les joyeux drilles de la Pléiade avaient bien craché dans le bassinet médiéval, mais leur Défense et Illustration de la langue française était un manifeste plein d'audaces, de libertés, de découvertes, il ouvrait grand la porte aux chansons, aux épopées, à toute la poésie baroque avec ses excès et ses perles rares...Boileau, vilainement, la referme. Elle restera fermée -avec deux exceptions notoires; La Fontaine au XVIIème et Chénier au XVIIIème - jusqu'aux romantiques...

Il fallait que je le dise: c'est fait. Retourne à "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", Nicolas!...

les vrais poètes n'ont rien à faire de tes recettes de cuisine:ils ont d'autres épices...
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Est-il possible d'aimer un livre alors que la thèse défendue par l'auteur est aux antipodes de notre propre avis ? Je pense sincèrement que la réponse est oui. Et pour cause, bien qu'étant d'un point de vue radicalement opposé à celui de Boileau, cela ne m'empêche pas de reconnaître son génie de versification et ses qualités d'argumentation.

En effet, dans ce court petit ouvrage, ce poète nous fait part de sa propre vision des choses au sujet de la poésie, ou même de tout art versifié (dont la tragédie et la comédie). Nous exposant son point de vue, Boileau -chef de fils des classiques-, nous explique que selon lui, un long travail méthodique est nécessaire pour atteindre la perfection en poésie. Il nous partage des règles très précises pour prétendre à cette dernière, que tout le monde d'ailleurs ne pourrait pas atteindre. Et pour cause, un poète serait selon lui un être exceptionnel possédant un don inné : on ne devient pas un grand rimeur, on l'est déjà naturellement, même si du travail est nécessaire.

En définitive, une lecture intéressante qui résume à elle seule tous les principes du classicisme. le style de Boileau pourrait rebuté, mais une fois que l'on s'y fait, la lecture est plutôt agréable et les idées bien développées.
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Recueil de poèmes intéressant pour sa valeur historique puisque nous avons affaire à la poésie classique.
L'ouvrage peut être indigeste, lu d'un trait, dans son intégralité et de manière linéaire. Aller y glaner quelques vers de temps à autre n'est pas inintéressant.
Le contenu répond à l'esprit du temps.
Tout est au carré et bien pensant, aucune invitation à la subvertion ou au dévergondage.

Vers à picorer, par ci par là, deci delà, sans excès, et en mémoire de la poésie classique en tant qu'étape dans la création et l'histoire littéraire.
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Je hais ces vains Auteurs, dont la Muse forcée,
M'entretient de ses feux toûjours froide et glacée,
Qui s'affligent par art, et fous de sens rassis
S'érigent, pour rimer, en Amoureux transis.
Leurs transports les plus doux ne sont que phrâses vaines,
Ils ne sçavent jamais que se charger de chaînes,
Que bénir leur martyre, adorer leur prison,
Et faire quereller les sens et la raison.
Ce n'estoit pas jadis, sur ce ton ridicule
Qu'Amour dictait les vers que soûpiroit Tibulle,
Ou que du tendre Ovide animant les doux sons,
Il donnoit de son Art les charmantes leçons.
Il faut que le cœur seul parle dans l'Elegie.
(Chant II, vers 45 et suivants)
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Dans Florence, jadis, vivait un médecin,
Savant hâbleur, dit-on, et célèbre assassin.
Lui seul y fit longtemps la publique misère :
Là, le fils orphelin lui redemande un père ;
Ici, le frère pleure un frère empoisonné.
L'un meurt vide de sang, l'autre plein de séné ;
Le rhume à son aspect se change en pleurésie,
Et, par lui, la migraine est bientôt frénésie.
Il quitte enfin la ville, en tous lieux détesté.
De tous ses amis morts un seul ami resté
Le mène en sa maison de superbe structure
C'était un riche abbé, fou de l'architecture.
Le médecin, d'abord, semble né dans cet art,
Déjà de bâtiments parle comme Mansart :
D'un salon qu'on élève il condamne la face ;
Au vestibule obscur il marque une autre place,
Approuve l'escalier tourné d'autre façon...
Son ami le conçoit, et mande son maçon.
Le maçon vient, écoute, approuve et se corrige.
Enfin, pour abréger un si plaisant prodige,
Notre assassin renonce à son art inhumain ;
Et désormais, la règle et l'équerre à la main,
Laissant de Galien, la science suspecte,
De méchant médecin devient bon architecte.
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Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
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Durant les premiers ans du Parnasse François,
Le caprice tout seul faisoit toutes les loix.
La Rime, au bout des mots assemblez sans mesure,
Tenoit lieu d'ornemens, de nombre et de césure.
Villon sçeut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débroüiller l'art confus de nos vieux romanciers.
Vers 113-118
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Le dos chargé de bois et le corps tout en eau,
Un pauvre bûcheron, dans l'extrême vieillesse,
Marchait en haletant de peine et de détresse;
Enfin, las de souffrir, jetant là son fardeau,
Plutôt que de s'en voir accablé de nouveau,
Il souhaite la Mort et cent fois il l'appelle.
La Mort vient à la fin : « Que veux-tu ? lui crie t-elle,
Qui moi ? dit-il alors, prompt à se corriger.
Que tu m'aides à me charger. »
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Videos de Nicolas Boileau (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Boileau
Nicolas BOILEAU – Qui était Boileau ? (Cours audio, 2013) Une présentation de Nicolas Boileau au détour d'un cours d'Histoire de la Littérature française enregistré, en 2013, grâce à l'association de Frémeaux & Associés, de PUF et de la SCPP. Extrait du troisième cours dans lequel Alain Viala, professeur émérite à l’université de Paris Sorbonne, accompagné de Daniel Mesguich, lecteur d'exception, présente un Boileau sans ressentiment romantique
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