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sur 248 notes
Un mari, une épouse, une maîtresse. Et un plan machiavélique où la manipulation réserve bien des surprises, au lecteur comme aux personnages…


Ce sont ses adaptations cinématographiques, en 1955 sous le titre « Les diaboliques » et en 1996 dans un remake américain, qui ont fait la célébrité de ce roman policier. Si les films ont bien conservé l'atmosphère angoissante et le crescendo de la peur associée au remord et à la culpabilité, les scénaristes ont pris de grandes libertés avec l'histoire originale, que l'on découvre ici avec curiosité.


Le point de départ est classique : dans le trio, l'un est de trop et les deux autres vont s'employer à l'éliminer. La méthode est tordue, mais paraît imparable. Sauf que l'un des meurtriers, ayant clairement agi sous l'ascendant de l'autre, perd les pédales quand la situation prend un tour inattendu et de plus en plus inexplicable. Si le lecteur, harponné par le mystère, pourra penser disposer d'un tour d'avance sur ce personnage en devinant sa fondamentale erreur de raisonnement, il n'en sera pas moins bluffé par les renversements successifs de situation et les dangereuses implications futures que l'épilogue laisse augurer.


Au-delà de l'intrigue et de ses rebondissements inattendus, c'est la construction psychologique des personnages qui donne tout son sel à ce roman noir. Englué dans sa vie sage et terne, plus naïf que méchant, ce couple anodin n'aurait sans doute jamais franchi la ligne jaune si une rencontre malveillante n'était venue le bousculer. Projetés du côté obscur par les circonstances, l'homme et la femme se retrouvent bien vite dépassés par les événements, à la fois bourreaux et victimes. Au final, pour quelques vrais démons, combien de pauvres diables, que leur faiblesse et leur lâcheté rendront complices ou acteurs du pire, question de situations ?


Un très bon cru donc que ce polar psychologique et d'atmosphère, à la facture classique et au charme à peine désuet.

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Mon medecin m'a recommande de changer d'air: “Sortez des grandes metropoles americaines et promenez vous dans de petits patelins francais, monsieur Dandine”. Ce n'etait qu'un conseil, mais moi, faible nature, je l'ai pris comme un ordre que je me suis empresse d'executer. J'ai donc prestement abandonne le hard boiled californien que j'affectionnais pour respirer un peu de noir psychologique gaulois, et je me suis pose au domaine Boileau-Narcejac, un domaine qui n'est plus mais a reussi en ses meilleures annees a produire un cru diabolique, dont on peut savourer une bonne bouteille encore de nos jours. Une bouteille de 1952 au juste, celle qui n'etait plus.


Voyons. Qu'est ce qui caracterise ce cru (et pratiquement toute la production du domaine)? Il est noir de noir, developpant un suspense grandissant au fil des pages, base presque uniquement sur la psychologie des personnages. Autres caracteristiques: son milieu, provincial et/ou banlieusard, et ses personnages, anodins, habitues a grise vie et chetifs plaisirs, qui s'embarquent dans une machination criminelle complexe qui les depasse. Et ca donne quoi? Un bouquet incomparable, puissant et fin en meme temps.


Il faut que j'arrete de boire ce livre, il s'agit de le lire, et un peu le caracteriser. Mais ses auteurs l'ont fait, dans une preface, mieux que tout ce que je pourrais elucubrer: “Les auteurs du livre ont imaginé un roman policier classique mais, au lieu de partir du crime, ils sont partis de la machination qui conduit au crime. le récit est entièrement écrit du point de vue de la victime, ce qui est la condition même du suspense. L'angoisse naît de la solitude hantée d'un être depuis longtemps condamné, et c'est précisément cette solitude que le roman cherche à rendre sensible, par une technique complexe dans ses effets mais simple par nature, puisqu'elle n'utilise que des mots.”


Mais c'est a moi qu'il revient de decrire l'intrigue. Un representant de commerce se plie au plan trace par son amante, plus cerebrale, plus audacieuse et plus determinee que lui, pour assassiner sa femme et empocher son assurance- vie. le plan reussit mais tres vite soulevera des difficultes qui engendreront chez l'homme une descente psychologique aux enfers. Et je vais spoiler la fin: elle est ebahissante.


C'est une histoire de triangle amoureux? Oui et non, parce que le crime, en verite, n'est pas commis par amour ou passion sexuelle mais tout simplement pour changer d'air (les criminels avaient vu mon medecin?), pour pouvoir passer de la grisaille nordique a la mediterranee ensoleillee. Un meurtre pour payer du soleil.


La grande reussite du livre est la description du changement qui se fait en l'homme, un etre faible, plus bete que mechant, qui se laisse entrainer (trainer serait peut-etre plus appropprie). Ses espoirs, ses doutes, puis ses peurs, puis ses angoisses, sa deterioration psychologique. Un assassin qui est une victime. En fait c'est de ca que traite ce livre, de la tete de gens simples, gris, a la fois bourreaux et victimes, victimes se voulant bourreaux.


Ce cru est donc un polar psychologique tres reussi. Sans fusillades a chaque coin de rue. Ca change de la Californie, et ca donne autant sinon plus de plaisir.


P.S. A mon avis le livre a mieux vieilli que le film qu'en a tire Henri-Georges Clouzot, qui l'avait un moment eclipse, mais qui reste quand meme un film a revoir.
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En fouillant et déménageant les bibliothèques de gens de mon âge, nés avec les années cinquante, j'ai souvent noté le patronyme "Boileau-Narcejac" en séries de petits livres que je me promettais de rencontrer un jour. Chose faite tardivement, je m'aperçois que le trait d'union cache une paire de vénérables auteurs de romans policiers disparus avec le siècle précédent. Pierre Boileau et Thomas Narcejac ont collaboré depuis 1950 pour l'écriture de romans policiers, dont "Celle qui n'était plus", leur deuxième écrit, qui a fait leur renommée internationale.

Ils partent de l'idée qu'il y a plus dans deux têtes que dans une : «Nous avons voulu faire du roman policier un roman tout court, et comme nous ne voulions pas renoncer au mystère qui est pour nous l'essence même du roman policier, il était presque indispensable de travailler à deux, l'un s'occupant presque uniquement de la mécanique sans beaucoup tenir compte des personnages, l'autre s'occupant surtout des personnages indépendamment du premier.» Les rôles ne sont pas figés. Mais c'est plutôt Boileau qui assure l'intrigue, et Narcejac la psychologie des personnages. Leur premier écrit en 1951, L'ombre et la proie, est pour eux une simple maquette et ne paraît d'ailleurs en librairie qu'en 1958, sous le pseudonyme anagrammatique d'Alain Bouccarèje. Mais leur deuxième, Celle qui n'était plus (1952), pourtant refusé par la plupart des maisons d'édition avant Denoël, est un coup de maître. » (Voir l'article complet sur À l'ombre du polar).

Fernand, un modeste représentant de commerce marié à Mireille, décide de la tuer avec l'aide de sa maîtresse, Lucienne, femme médecin avec qui il souhaite partager des jours paradisiaques dans le Sud. L'assurance sur la vie de l'épouse garantira leur bonheur. Mais voilà, noyée dans une baignoire au terme d'un sombre guet-apens, puis jetée sans vie dans un ruisseau, Mireille réapparaît. le cauchemar commence pour Fernand. Il faudra attendre l'épilogue de ces manipulations diaboliques pour voir le mystère s'éclaircir, la toute dernière réplique apportant encore son poids à l'intrigue. le roman a été adapté au cinéma par Henri-Georges Cluzot dans Les diaboliques (1955).

Le style de ce roman noir rappelle Simenon avec la part importante prise par la psychologie (voire la métaphysique). Je trouve que les Maigret sont plus laconiques, les descriptions et réflexions intérieures moins amples. Chez Boileau_Narcejac, ils attisent la tension, retardent fort la progression de l'intrigue à laquelle le lecteur est vissé. D'où le suspense soutenu, que personnellement je ne perçois pas de manière si aiguë dans les enquêtes du commissaire.

Si comme moi, vous êtes passé à côté du duo d'auteurs, pariez sur les frissons et tensions de leurs romans d'atmosphère. Voilà le site pour tout savoir sur le duo.

Lien : http://christianwery.blogspo..
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Lu d'une traite ce démoniaque traité de manipulation mentale, accrochée à ma chaise, le rythme cardiaque en hausse de page en page!
Eh oui, même en connaissant le film de Clouzot, ce polar est d'une efficacité redoutable. Question de focale (on est dans la tête faiblissante de la victime), d'atmosphère (années 50, la province, la pluie), et de renversement subtil par rapport au film (pas la même intrigue mais tout à fait la même).
Glaçant!
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Roman policier des années 50 écrit par le tandem Boileau -Narcejac alias Pierre Boileau et Pierre Ayraud dit Thomas Narcejac, Celle qui n'était plus est devenu Les Diaboliques . C'est H.G Clouzot qui a en réalisé l'adaptation cinématographique confiant les premiers rôles à Simone Signoret Paul Meurisse, Véra Clouzot et Michel Serrault dont c'était le premier film....Une fois de plus qui prime le roman initial ou l'adaptation ?
Qu'importe au fond ! Ce polar est génial ! Machiavélique au possible, Fernand Ravinel se laisse convaincre par sa maîtresse Lucienne de se débarrasser de sa femme Mireille...Les quais à Nantes au mois de novembe, Enghien quelques jours plus tard le brouillard qui poisse, qui vous colle à la peau , la peur qui s'insinue , le doute qui prend place et si c'était ........ Chef d'oeuvre à découvrir au fin fond du grenier avec ou sans poussière surtout n'hésitez pas .

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J'aime énormément Les Diaboliques, le film d'Henri-Georges Clouzot. Même s'il y a quelques scènes grandiloquentes, ce film fait parti de mes préférés et je le regarde toujours avec plaisir.

Je ne pensais pas lire un jour Celle qui n'était plus, le roman de Boileau-Narcejac, car j'avais le sentiment que j'allais m'ennuyer, connaissant toute la trame de l'histoire. Et puis je suis tombée dessus dans ma boutique de livres d'occasion, il me tendait les bras et je n'ai pas pu résister (surtout vu le tout petit prix demandé).

Bien m'en a pris : j'ai adoré ce roman ! Je n'imaginais pas que Clouzot avait pris tant de liberté avec l'histoire aussi j'ai été très surprise de découvrir une "trame inversée" et surtout cette fin ! La fin du roman, par sa noirceur, est bien meilleure que celle choisie par Clouzot.

En plus le bouquin est très bien écrit, le style est recherché bien qu'un peu désuet (c'est ce qui fait aussi son charme).

Je ne regrette pas d'avoir cédé à cet achat impulsif ni d'avoir pris, par la même occasion, Sueurs Froides qui m'attend bien sagement dans ma PàL !

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Avec CELLE QUI N' ÉTAIT PLUS, Pierre Boileau et Thomas Narcejac offrent le premier opus policier de leur talentueuse association.
Les deux compères, même s'ils reconnurent une différence plus que sensible de leur livre avec l' adaptation de Henri-Georges Clouzot, n'ont jamais renié le film.
La marque de fabrique de Boileau et Narcejac, avec et dès ce premier ouvrage, est la construction d'un roman policier plus proche de la psychologie des personnages et moins lié à une mécanique d' enquête policière.
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Voici un roman extrêmement bien fait et bien raconté dont le seul malheur fut de donner au véritable sorcier du cinéma que fut Henri-Georges Clouzot l'idée de l'adapter. Clouzot, certes, n'avait l'habitude de mâcher ni ses mots, ni ses images mais, pour une raison inconnue, il a gommé la trame lesbienne du roman et inversé, si l'on peut dire, la mécanique du roman. Son film, "Les Diaboliques", même s'il vire parfois - mais avec quelle délectation sadique ! - au Grand Guignol, se voit et se revoit toujours avec autant de plaisir, et ceci qu'on se rappelle ou non la fin (mais à vrai dire, comment l'oublier ? ) Bref, même s'il n'a ni l'élégante subtilité du "Corbeau", ni l'incroyable violence mentale du "Salaire de la Peur", "Les Diaboliques" a tendance à faire passer pour peu de choses le roman à qui il doit pourtant la vie.

Du coup, quand le lecteur découvre "Celle qui n'était plus", ou bien il est déçu et ne dépasse pas les deux premières pages, ou bien il devine tout de suite la fin : ajouter deux et deux, ça a toujours fait quatre. C'est dommage pour le livre car il s'agit d'un bon roman noir à la française, bien âpre, avec des personnages bien mesquins et l'un de ces anti-héros masculins faibles et en quête de dominateur - ou plutôt de dominatrice - dont le tandem Boileau-Narcejac avait le secret.

Donc, si vous n'avez pas encore vu "Les Diaboliques", lisez d'abord "Celle qui n'était plus." Et revenez nous dire si vous avez tout deviné du film - et si celui-ci vous a déçu - ce serait une première mais on ne sait jamais. ;o)
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Il n'est pas question des adaptations cinématographiques ici. Seul le texte, très bien écrit et qui, je ne sais pourquoi, m'a fait penser au style de Camus dans L'étranger. Rien que pour ça, il faut s'y replonger.
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Le titre les diaboliques convenait aussi bien que "celle qui n'était plus ..." Pour ce roman qui met en scène un crime sophistiqué et inventif au possible. Boileau et Narcejac ont utilisé la psychologie des acteurs au maximum et nous offre une chute bien imprévisible à retournements, plein de suspense.
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