D'abord, il y a eu le cheval...maintenant, il y a le blessé...et ce blessé, le cheval doit le ramener à son maître. c'est sa mission! Seulement, il est évident que le cheval ne viendra pas chercher le blessé... c'est là où la réalité va mettre la légende en échec.
Sans atout admirait le calme de son père, et, en même temps, il éprouvait une joie intense, car il savait, lui ! Il connaissait depuis deux heures toute la vérité, mais il ne pouvait la faire éclater. Pas encore !
Minuit. Toujours rien. Est-ce que Jean-Marc s'était trompé? François ne voyait rien, n'entendait rien. L'ombre des tours semblait s'être rassemblée au pied des murs. La lande était baignée d'une lumière de rêve. Mais, soudain. François se contracta. Son front heurta le bois de la persienne. Ce bruit?...Non. Il n'offrait aucun mystère. c'était tout bonnement le pas d'un cheval qui se promenait là-bas, derrière les murs.
- C'était de bonne guerre !
- Voilà un mot que je n'aime pas entendre.
Comme disent les Anglais, c’est quand il faut aller vite qu’il ne faut pas se presser.
Il avait lu trop de romans d'aventures; il imaginait des passages secrets, des escaliers dérobés menant Dieu sait où, des souterrains, des oubliettes.. Il écoutait les bruits de la nuit. Il va encore les écouter, dans quelques heures, avec plaisir, avec regret, aussi, car il n'est plus cet enfant trop pensif qui entendait marcher des ombres.
Un jour, le professeur de François avait improvisé un long développement sur l'ordre et avait conclu en disant :
« L'ordre, c'est, dans la vie, le meilleur atout ! »
Et François avait été aussitôt surnommé « Sans Atout ». Le sobriquet lui avait plu.
Il avait en main la meilleure des cartes : sa jeunesse.
Le cœur serré, le jeune garçon retrouve la vieille forteresse.