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EAN : 9782714471048
400 pages
Belfond (14/01/2016)
4.05/5   148 notes
Résumé :
Entre 1939 et 1967, de Paris à Toulouse et de New York à Tel Aviv, l'extraordinaire destin de deux êtres fracassés par la guerre.

Rien ne prédestinait Simon et Léna à se rencontrer. Lui appartient à la bourgeoisie juive parisienne, patriote, laïque et assimilée ; il a été maquisard et blessé au combat. Elle est issue d'un milieu de petits commerçants polonais et a réussi à survivre au Ghetto de Varsovie.
En 1945, la guerre leur a tout pris. Cha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (72) Voir plus Ajouter une critique
4,05

sur 148 notes
Ariane Bois est à l'honneur en ce moment sur Babelio avec « L'amour au temps des éléphants ». Devant le coup de coeur de @Fanfanouche24, j'ai eu envie de découvrir cette auteure. J'ai donc suivi le conseil de @Frconstant et de @Gouelan en commençant ma découverte par « le Gardien de nos frères » et je les en remercie tant ce fut un important moment de lecture.

Ariane Bois est d'origine juive turque par sa branche maternelle. Elle a obtenu un DEA à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris en histoire sur « La résistance juive organisée en France » autant dire qu'elle maîtrise son sujet.

Ariane Bois choisit la fiction historique, romanesque afin d'évoquer un sujet délicat et déchirant, celui des «enfants juifs cachés en France pendant la seconde guerre mondiale. Pour illustrer son propos et emporter son lecteur, elle s'appuie à la fois sur ses recherches liées à son DEA et une documentation assez conséquente que l'on retrouve en fin de livre.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, Simon et Léna, deux jeunes gens d'identité juive mais originaires de deux univers diamétralement opposés, vont se rencontrer. Elle, polonaise, rescapée du ghetto de Varsovie, issue d'un milieu pauvre et religieux, parlant le yiddish et Simon, français, descendant d'une longue lignée de juifs alsaciens, famille de grand bourgeois, cultivée, républicaine, laïque, athée, vont tenter d'exister, briser cette solitude, ce vide monstrueux qui s'est installé au creux de leur existence. Réunis, malgré eux, dans un destin commun, chacun habité par sa propre motivation, ils vont être réunis dans une quête qui va redonner un sens à leur vie.

Simon, ancien maquisard et scout au sein des Eclaireurs Israélites de France, se retrouve, à la sortie de la seconde guerre mondiale, brisé, orphelin. Sa soeur Madeleine et son frère Lucien, sont tous les deux décédés lors d'une mission. Il ne lui reste plus qu'un petit frère Elie, confié à leur nounou, elle-même victime d'une crise cardiaque. Qu'est devenu Elie ? Qu'a-t-il subi ? Simon se lance alors à la recherche d'Elie et intègre la filière de ceux que l'on appelle « Les dépisteurs ».

Lecture addictive, dotée d'une profonde humanité, passionnante et enrichissante, Ariane Bois nous livre un pan de l'histoire de la résistance juive notamment dans les environs de Toulouse et de Montauban. La quête de Simon retrace le sort de ces enfants dont les parents ne reviendront pas, ces enfants cachés, rescapés de la Shoah, parfois séparés de leurs parents très jeunes. Ils connaissent trop vite et trop bien les changements d'identité, l'errance de cachette en cachette, l'impact de la violence sur leur psychisme, le sentiment d'abandon, l'incompréhension devant le mot « juif ». Certains sont accueillis dans de chaleureuses familles qui prendront, plus tard, le titre de « Juste », mais d'autres ont moins de chance et se trouvent placés au sein de familles maltraitantes, exploitant les enfants. Ariane Bois nous fait pressentir toutes ces dérives avec retenue, sans jamais enliser le récit dans l'horreur ; l'histoire se suffisant à elle-même.

Ce roman retrace aussi la genèse de ces filières comme le réseau Garel ou l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) et la Maison d'accueil de Jouy-en-Josas. Elle rend ainsi hommage à tous ces réseaux, à toute cette chaîne humaine, à tous ceux qui ont contribué à sauver ces enfants comme les réseaux catholiques et protestants. Ariane Bois met aussi en évidence l'opposition à la barbarie nazie dont ont fait preuve Mgr Saliège de Toulouse, Mgr Théas de Montauban, Mgr Moussaron d'Albi.



Elle évoque, également, le refus de certaines familles, soutenues par l'Eglise catholique, qui refuseront de restituer ces enfants à leur famille ou à ces maisons d'accueil. Ces drames deviendront l'objet de procédures entre l'église catholique et les autorités juives, comme l'affaire Finaly.

Ce livre soulève aussi beaucoup de question sur la société française d'hier comme sur le devenir de ses enfants. Comment leur redonner leur identité, leur dignité. Si tous ces enfants n'ont pas été écoutés au sortir de la guerre, depuis plusieurs années, des associations se sont créées pour donner la parole à tous ces enfants devenus des retraités aujourd'hui.

C'est un livre écrit pour un large public à la lecture duquel, tout être humain ne peut qu'être bouleversé par le sort de ces enfants et ce livre suscite toujours les mêmes interrogations lancinantes sur l'être humain. L'empathie de l'auteure pour ces enfants, sa tendresse, son questionnement émerge de cette quête, elle a aussi écrit un livre sur ces petits de l'Ile de la Réunion, c'est un thème qui lui est cher. Je vais continuer ma découverte.

Pour approfondir cette recherche, la documentation en fin de livre est nombreuse. J'ai une pensée pour Boris Cyrulnik qui a connu cette clandestinité. A lire aussi, pour un large public, « L'enfant de Noé » d'Eric-Emmanuel Schmitt qui soulève la question de la transmission de l'identité pour ces enfants cachés.

« Un homme n'est jamais si grand que lorsqu'il est à genoux pour aider un enfant »
Pythagore


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Je referme cet ouvrage poignant , bouleversant , lu en deux jours en retenant mon souffle ....
J'ai lu beaucoup de livres à propos de la Shoah et des camps de la mort mais celui - là vivra longtemps en moi !
De 1939 à 1967 il conte l'histoire de deux êtres seuls , fracassés et brisés par la guerre, Simon, orphelin ( il a perdu ses parents , son frére et sa soeur ). Il appartient à la bourgeoisie parisienne , laïque et patriote, maquisard et blessé au combat , Léna , issue d'un milieu de petits commerçants polonais qui a réussi, seule de sa fratrie à survivre au ghetto de Varsorvie .
En 1945 , la guerre leur a tout pris......
Chacun de leur côté , ils vont accepter une mission trés particulière dont l'auteur a choisi de nous informer avec intelligence, une finesse saisissante de précision et de nostalgie pour ces coeurs blessés : rechercher des enfants cachés par leurs parents dans des familles pour les protéger du pire, des voisins, des institutions catholiques , des couples , des couvents , qui souvent, refusent de les rendre à leur famille ....
On les appelait des" " Depisteurs " de l'oeuvre de secours aux enfants :OSE.
Retrouver ces enfants devient un devoir moral et une priorité absolue aux quatre coins de la France.
La revendication du retour de l'enfant pose un problème religieux, social et politique .
Certains Depisteurs se heurtent à des refus catégoriques lorsqu'ils retrouvent des enfants déja baptisés au cours d'adoption , de prosélytisme , " âmes à sauver "" , main du seigneur "et autres raisonnements fallacieux ....

Simon cherche son petit frère Elie , le dernier de sa fratrie , caché quelque part .....Fatigué , angoissé, assiégé d'obscures pensées , il prend soin de ces enfants dispersés et cachés même si son chagrin l'étouffe , aux côtés de Lena , fragile et lumineuse , passionnée, meurtrie par les épreuves,....
Turbulents, agressifs ou repliés sur eux - mêmes les orphelins savent tous qu'une tragédie à frappé leurs familles et que plus rien , désormais ne sera comme avant .....
Ils ont été terrifiés, battus parfois, humiliés, déçus par les adultes , ce sont des forteresses assiégées , ces enfants , ces gamins , privés de l'essentiel ....

Cauchemars , ombres grises , wagons de plomb , névroses liées à la déportation , tant de moments perdus , tout se brouille et s'éfface sur le miroir de la mémoire pour Simon et Lena !

L'auteur revient sur les rafles, les arrestations, la vie d'après, la douleur intense, la colére, la souffrance incommensurable, intraduisible d'avoir tout perdu , le vide , la détresse, le courage de ces adultes de résister à l'instabilité ambiante . ....

Sans parti pris, discrètement, l'auteur a reconstitué l'atmosphère de l'époque....

Le récit est minutieusement documenté, le travail de recherche, parfait, fouillé, précis , le contexte reconstitué sur le fil.
Elle construit des personnages meurtris par la vie qui désirent compenser , comme une espèce de revanche sur la vie !
Ce trés bel ouvrage fait écho à la détresse des victimes de cette barbarie , fauchés et disparus en pleine vie d'amour et de promesses .
Lena et Simon vont se reconstruire dans une France exsangue grâce à la force de l'amour !
L'histoire est bien plus compliquée mais n'en disons pas plus ,....

Ces enfants retrouvés incarnent l'espoir, le futur, la trace vivante et prometteuse du passage de leurs parents sur terre, là où l'absence et l'attente, le manque ont créé des gouffres,...

Merci à l'auteur pour son travail et la mise en exergue d'un point de vue plutôt méconnu de cette période !

À lire absolument , ce n'est qu'un conseil , bien sûr !
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Un sujet sur l'après-guerre que je ne connaissais pas du tout. Les orphelins cachés. Il est vrai que l'après-guerre et les différentes situations qui en ont découlé n'est que peu souvent abordé. Merci à Ariane Bois pour nous éclairer à ce sujet. La situation n'a du être évidente pour personne et les décisions à prendre non plus.
- Remettre des enfants à leur famille, parfois lointaine, s'ils étaient malheureux, exploités, battus, dans les familles d'accueil, a du être un soulagement. Ils retrouvaient les leurs et leurs racines.
- Remettre des enfants à la famille mais où aucun protagoniste n'était vraiment préparé à vivre ensemble, cela a du être difficile et parfois les amener au désastre, sachant que la guerre avait changé chacun en profondeur.
- Remettre des enfants à leur famille qui était devenue une inconnue à leurs yeux alors qu'ils avaient retrouvé un foyer aimant et protecteur a du être source d'innombrables dilemnes.
Bref, chaque situation devait être totalement différente...
Ce livre résume très bien cette période sur la recherche des enfants juifs cachés.

Au niveau écriture, j'ai eu un peu de mal avec la première partie du roman. L'auteur pose les bases historiques de cette époque, c'est dense, beaucoup de détails sur les organisations mises en place. La deuxième partie est plus légère même si le thème est sérieux. On y découvre la vie de Simon qui retrouve son frère, la vie avec Lena et j'ai trouvé cela plus facile à lire. Quant à la fin, je l'ai trouvé un peu baclée.
J'ai eu le sentiment qu'Ariane Bois avait un tas d'informations extrêmement importantes et qu'elle a tout voulu condenser dans une histoire. Ce qui m'a rendu la lecture parfois lourde.
Ceci est mon ressenti par rapport à la lecture même. En revanche, j'ai vraiment trouvé le sujet passionnant et instructif.
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Effarée ! Je suis effarée lorsque je découvre le décalage entre l'engouement autour de ce roman et mon propre ressenti.
Effarée de n'avoir éprouvé aucune émotion face à cette recherche d'enfants juifs placés dans des familles d'accueil le temps de la guerre, et dont les parents ont disparu, gazés, torturés, fusillés.
Et pourtant, Dieu sait que je suis très sensible à cette époque-là et son cortège d'horreurs, en particulier en ce qui concerne les enfants, qui me bouleversent.

La 4e de couverture annonce « l'extraordinaire destin de deux êtres fracassés par la guerre ». Je m'attendais donc à ce que l'auteure entre dans le vif du sujet dès le début. Que nenni ! Il a fallu 120 pages de souvenirs de guerre de la famille du héros accompagnés d'explications encyclopédiques pour pouvoir, enfin, l'accompagner dans les différents endroits de France où pourraient se trouver les enfants cachés. Et la dynamique de cette quête (menée par la commission de dépistage de l'EIF, Eclaireurs israélites de France, dont fait partie le héros) est brisée elle aussi par de multiples retours en arrière.
Première cause, donc, qui m'a freinée dans mon élan.

Deuxième raison : le type de point de vue adopté par l'auteure, qui m'a empêchée « d'y être ». J'ai conservé tout au long du roman un détachement inopportun envers tous les personnages.

Troisième raison : le style assez commun, avec quelquefois de belles expressions imagées, mais ô combien d'autres très cliché, notamment pour découvrir la faaaaabuleuse histoire d'amour entre les deux jeunes investigateurs.

Désolée donc pour cet avis négatif, et malgré que j'aie appris beaucoup de choses ici (l'auteure, effectivement, est très bien documentée), cette lecture m'a profondément ennuyée, paradoxe total vu mon intérêt pour tout ce qui touche à la guerre 40-45 et à la condition des êtres humains en souffrance.
Que les lecteurs ayant adoré ce roman ne se sentent pas blessés, je m'en voudrais !
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C'est en naviguant sur Babelio que mon épouse a trouvé des critiques sur ce roman et a décidé de le lire.Hélas pour elle,je m'en suis emparé pour lire la quatrième de couverture et...je ne le lui rends qu'aujourd'hui,après avoir tourné la dernière page....Bon,je suis pardonné car mon emprunt n'a duré que 24 heures environ...Oui,vraiment,un livre que j'ai "avalé",passionné par cette rencontre avec Simon et Lena...et les autres.
C'est la guerre.Les Mandel sont juifs.Une famille aisée, bourgeoise,peu portée sur la religion.Chez les Mandel,on est français avant d'être juif,mais,en ces temps de guerre,les juifs ne sont souvent,malheureusement,que juifs.Après avoir fait partie de la résistance, Simon revient chez lui et,là ....
Le garcon est détruit lorsqu'on lui confie une mission,retrouver les enfants juifs cachés aux quatre coins du territoire.On lui adjoint la jeune Lena,rescapée du ghetto de Varsovie,brisée ,elle aussi.
Leurs points de vue s'opposent souvent mais leur volonté commune de "se reconstruire" est telle qu'ils se deviennent indispensables l'un à l'autre et se lancent avec coeur et détermination dans leur quête.
C'est là que l'on découvre combien le sort des enfants a pu être différent en fonction des motivations des "accueillants".Il sera beaucoup question de l'église chrétienne ,si généreuse,.... en apparence.Je vous laisse découvrir.
La guerre,pour ces hommes et femmes ne s'est pas arrêtée au jour de l'Armistice...La France d'après guerre garde en elle un profond ressentiment contre les juifs.Se reconstruire dans ce contexte relève d'une mission impossible ou ...presque.Ce roman en est une illustration.
On ne peut contester le travail de l'auteure et on doit la remercier de nous avoir permis de découvrir cette ambiance délétère d'après guerre.C'est un très grand travail de mémoire étayé par une bibliographie imposante.Bravo à cette dame.
Ce livre,c'est la douleur des âmes de tous ces gens persécutés par les nazis et juste acceptés par la suite.C'est l'origine de leur quête de liberté et l'illustration de leur envie d'exister,de se relever,de se rassembler.
Un livre que je conseille vivement à tous ceux qui apprécient la paix et le respect des uns et des autres.Superbe.
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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
Munie de faux papiers et se prétendant assistante sociale, Madeleine prospectait, démarchait les familles, sans toujours leur révéler l'identité juive de leurs pensionnaires. Parfois le réseau passait même des annonces dans le journal local : "enfant malade recherche papi et mamie pour l'accueillir à la campagne." Le bouche à oreille fonctionnait et l'on trouvait souvent des paysans prêts à ouvrir leurs portes contre rémunération. Tenace mais sympathique, Madeleine avait le chic pour les convaincre. N'hésitant pas à trinquer autant de fois qu'il le fallait pour gagner leur confiance, elle rentrait à Toulouse un peu grise mais fière d'avoir encore réussi à cacher un frère et une sœur ici, une gamine ailleurs. Sa mission ne s'arrêtait pas là. Il fallait revenir tous les mois avec des cartes d'alimentation et de l'argent - 200 francs par mois et par enfant -, s'enquérir du moral et de la santé des pensionnaires, transmettre des nouvelles, quand on en avait. Madeleine avalait les kilomètres à pied ou à vélo en chantant du Suzy Delair ou du Charles Trenet. Et répondait aux angoisses des enfants comme elle le pouvait . "Qu'est-ce qui se passe si j'oublie mon vrai nom ?.... Et alors, je ne m'appelle plus Rebecca ? ...."


page 65
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- Vous voulez dire que mon Jean est israélite ? C'est impossible... Il ressemble à tous les autres enfants !
Interdits, Simon et Léna se regardent.
- Et alors ?
- M. le curé nous a toujours parlé des Juifs somme du diable. Et Jeannot n'a rien de diabolique.
- En effet, madame.
- Vous êtes sûrs qu'il est juif ?
Pour un peu, on la sent prête à explorer le corps du garçonnet pour vérifier s'il ne serait pas pourvu de sabots, d'une longue queue ou de griffes en quelque endroit secret.
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La compassion et l'aide républicaine des premiers mois a peu à peu laissé place à une sorte de méfiance, de silence hostile. Le vent a tourné, l'opinion n'est plus favorable aux recherches. Dans Libération, un certain Alex Danan, partisan de l'adoption pure et simple des enfants, a signé un article qui a fait bondir Simon. Aux trop rares parents survivants, il déconseille de chercher à retrouver leur progéniture... "Eux qu'on appelle d'un prénom joli, Monique, Michel ou Simon, ont oublié leur patronyme, qui dit le vieux ghetto pouilleux et le pogrom." Et le sinistre plumitif de conclure : "Si vous n'êtes pas morts, vos enfants sont morts à vous. Tout est consommé, c'est ici la grande dispersion. Ils vous haïraient d'être revenus, vous ne reviendrez pas." Léna ne décolère pas.
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« Le voilà chez lui, dans un appartement saccagé, mais habitable. Les siens ne seront pas à la rue, comme les grappes de mendiants croisées depuis la garde d'Austerlitz jusqu'ici. Les familles juives reviennent de leurs cachettes ou d'exil trouvent souvent leurs serrures obstruées par de la cire rouge, leurs biens sous scellés. Depuis l'automne 1944, des acheteurs de logements et de magasins juifs avaient même créé un « comité d'acquéreurs de bonne foi » et manifestaient dans Paris. Ils détenaient ces biens en toute légalité ! Le retour de leurs propriétaires, c'était le problème de l'État, pas le leur ! L'indécence frôlait l'ignominie. »
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« Quand il croise les yeux de Léna, deux petites mers, il n'entrevoit qu'un vortex de désespoir. Dans l'insomnie qui suit ses récits terrifiants, son cerveau semble se désintégrer. Alors, il fuit dans sa propre chambre, s'abat sur l'oreiller. S'ils s'endorment ensemble, il la trouve rarement près de lui au réveil. Elle marche sans but dans le bois, retrouve des sensations de là-bas, exténuant sa tristesse. Un voile de chagrin les sépare, des phrases suspendues, des mots qui flottent dans l'air. Il la sent si abîmée par ce qu'elle a vécu que cette douleur, en miroir de la sienne, l'effraie. Loin de se dissiper , le mystère grandit. »
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