Janine Boissard/5
1 notes
Résumé :
" Ça vous est arrivé, à vous, un soir que vous rentriez du boulot retrouver Bobonne, de vous faire héler sur un quai de métro par une mignonne au regard dévorant ? - Baptiste ! qu'elle m'a appelé. Avec amour. Forcément, je l'ai aimée à mon tour. Mais alors, fini le train-train, la grisaille. La paix aussi. A moi la peur, la violence, le mensonge, le sang. Tranquille comme Baptiste, hein ? Quelle blague ! Et le plus fort, c'est que, justement, je ne m'appelle pas Bap... >Voir plus
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Ma main descendit. Elle rencontra un bouton. Deux. Je sortis ses seins du corsage. Ils étaient à la taille de ma paume, terminés d’une fleur brune comme une châtaigne, celle que l’on trouve en automne au pied des arbres.
Après tout devint éblouissant. Je ne suis pas fort pour les fioritures ! Il y avait Paris, l’été, Madeleine, le môme, les gens et leurs histoires de lune, et à cheval sur tout ça, te le faisant sauter, il y avait cette petite, ses yeux baissés, ses contes à dormir debout, son air de ne pas y toucher qui vous cognait en plein ventre, et j’eus envie d’elle comme jamais je n’avais eu envie d’une femme, avec feu, avec angoisse, avec désir, avec tendresse, avec joie, avec désespoir, avec tout ce que le cœur est capable d’inventer quand il file à la rescousse du corps.
Après tout devint éblouissant. Je ne suis pas fort pour les fioritures ! Il y avait Paris, l’été, Madeleine, le môme, les gens et leurs histoires de lune, et à cheval sur tout ça, te le faisant sauter, il y avait cette petite, ses yeux baissés, ses contes à dormir debout, son air de ne pas y toucher qui vous cognait en plein ventre, et j’eus envie d’elle comme jamais je n’avais eu envie d’une femme, avec feu, avec angoisse, avec désir, avec tendresse, avec joie, avec désespoir, avec tout ce que le cœur est capable d’inventer quand il file à la rescousse du corps.
Je m’appelle Yves, Marie, Préjean. On m’a toujours donné un tas de surnoms ; il paraît que j’ai une bouille à ça. À l’école, c’était Pompon, vu que j’avais tout le temps un bonbon dans la joue. À la maison, on penchait pour Biquet. Je préférais encore Pompon. Dans ses accès de tendresse, ma femme m’appelle « mon Loup » parce qu’elle a entendu ce mot doux dans la bouche d’une actrice en pleine action et que ça lui a énormément plu. Comme je n’ai pas vu le film, je dois dire que ça ne me bouleverse pas. Bref, Yves, Marie, Pompon, Biquet, mon Loup, tout ce que vous voulez, mais pas Baptiste.
Imaginez une grande, grosse mais ferme, avec de beaux cheveux blonds tirés à la bourgeoise et pas en rideau dans les yeux comme on voit maintenant, et dessous un regard où vous vous lisez jusqu’au fond, des joues roses même sans badigeon, le tout fleurant le net, le douillet, le confortable, disant toujours ce qu’elle pense et pensant un peu trop, c’est certain, mais au fond chaude et rassurante comme une miche de bon pain et vous comprendrez pourquoi je l’ai épousée.
Elle était d’une humeur de rêve.
Elle était d’une humeur de rêve.
Il faut reconnaître que, physiquement, il a tout ce qu’il faut pour plaire. Des joues qui dégringolent juste assez pour montrer qu’il a vécu et peut vivre encore, quelques rides bien placées, du genre blasé qui ne demande qu’à tenter une ultime fois sa chance et, pour couronner le tout, de longs douillets poivre et sel, un peu gras mais tout le monde en est là. Côté boulot, un seul exemple, il a réussi un jour à faire partir avec Tristan un gars venu pour Tino Rossi.
Sa robe dégageait ses cuisses, au ras de ses fesses rondes, moulées sec dans du petit-bateau. Ce qui était provoquant chez elle, c’était son air de gamine, innocente, inconsciente de l’effet qu’elle produisait ; à moins qu’elle ne jouât la comédie, mais alors elle aurait eu le premier prix de conservatoire et cela n’aurait pas été dans le treizième arrondissement qu’elle serait venue exercer ses talents.
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