AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782856164730
297 pages
Presses de la Renaissance (18/03/1998)
4.5/5   2 notes
Résumé :
EAN13

9782856164730

ISBN

978-2-85616-473-0

Éditeur

Presses de la Renaissance

Date de publication

1988

Nombre de pages

297

Fiches UNIMARC

UTF-8 / MARC-8
Que lire après Sophie de CondorcetVoir plus
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le renvoi de Turgot ne l'a pas surpris outre mesure. Dix-huit mois plus tôt, [Condorcet] avait fait part à son ami de ses craintes et de ses déceptions : « Toute réforme dans les lois devient impossible car nos lois sont excellentes pour ceux qui siègent et détestables pour ceux qui sont jugés... Nos adversaires méprisent toute lumière, toute philosophie et comme ils sont bouffis d'un orgueil digne de leur ignorance... ils tâcheront de nous replonger dans la barbarie. Je ne puis souffrir l'idée que vous soyez ministre et que le bien devienne impossible ; plus j'espère de vous, plus cette idée m'afflige. Aimez-moi toujours et si la France est désespérée, donnez-moi un coin dans les colonies. »
Mais l'abolition des corvées féodales, ce n'est pas rien, et Condorcet, dans un élan d'enthousiasme sans lendemain, s'est écrié en mars 1776 : « La servitude du peuple des campagnes est détruite... »
Il y avait de quoi se réjouir, en effet, de voir ses idées appliquées ! Le jeune savant-philosophe, lui-même marquis, écrivait voilà tout juste un an : « Qu'y a-t-il de noble dans l'état de forcer des paysans à nous donner leur travail ? Qu'y a-t-il de noble dans le droit de dépouiller les enfants de l'héritage de leur père lorsqu'ils n'ont pas rempli les formalités nécessaires selon les lois de votre fief ? Par quelle bizarrerie l'exploitation d'une manufacture devient-elle ignoble, et l'exercice d'un monopole considéré comme honorable ?... Si ces droits conservés dans nos temps sont des monuments de la puissance de nos ancêtres, c'est que nos ancêtres ont été des tyrans... Laissons la vanité de la noblesse, et songeons à conserver la dignité de la nature humaine ! »
Commenter  J’apprécie          10
Tandis que Condorcet occupe le devant de la scène, d'autres, parmi ses relations ou des proches, trébuchent dans les coulisses. En mai, Beaumarchais se heurte à un veto royal : pas question de faire représenter son Mariage de Figaro, trop impertinent. Six ans de travail pour rien !
Bientôt à Bordeaux, Charles Dupaty démissionne. Trop isolé, il ne peut appliquer la moindre réforme dans le cadre de ses fonctions. Quatre années de perdues ? Indifférent à son titre, le président se retire. À Paris, il fréquente avec plus d'assiduité sa loge, les salons, l'hôtel des Monnaies et le Musée. Ce prestigieux institut de hautes études, situé au coin de la rue de Valois et de la rue Saint-Honoré, est flamblant neuf. Le titulaire de la chaire de littérature, La Harpe, est un homme un peu trop pédant au goût de Charles. Mais Joseph Garat, un compagnon et presque compatriote (il est originaire de Bayonne), enseigne l'histoire et Condorcet les mathématiques. Celui-ci avance une méthode « pour déterminer la probabilité des événements futurs d'après les événements passés » qui fascine Charles car elle prend le contre-pied de la superstition. Même au Musée, son ami académicien trouve le moyen d'inspirer la haine du despotisme et l'amour de la liberté. Comme partout, il dénonce l'imprévoyance, le gâchis, la sottise des grands, stigmatise l'injustice du système, montre aux hommes leurs droits [...].
Commenter  J’apprécie          00
Il fait froid et il pleut presque sans arrêt jusqu'en mai. À défaut de promenades, la convalescente, confinée à l'intérieur, passe son temps à lire, à dévorer tous les journaux, à entendre toutes les conversations, à s'en nourrir. Sa tante, la jeune épouse Fréteau, mère d'un petit garçon, lui donne des cours de chant et de harpe. L'élève apprécie, sans plus. Ce qui l'intéresse vraiment, c'est d'interroger, à l'heure du dîner ou du souper, les adultes qui l'entourent. Sur tous les sujets. Avec, parfois, une impertinence qui irrite sa tante. Sophie s'amuse à interpréter les silences qu'on oppose à certaines de ses questions. Elle s'anime lorsqu'on évoque les événements d'Amérique. L'indépendance, de quoi s'agit-il au juste ? Quel est cet univers mystérieux et lointain qui déchaîne autant de passions ? Qui est ce bonhomme Franklin, inventeur du paratonnerre ? Elle entend : « savant », « dignitaire de la franc-maçonnerie », « député au Congrès américain », « négociateur de l'alliance avec la France ». Intelligente, Sophie essaie de démêler l'écheveau. Volontaire et même têtue, elle exige de tout savoir.
Commenter  J’apprécie          00
[Mme la marquise de Grouchy] est plus résolue que jamais à s'occuper personnellement de l'éducation de l'enfant qui va naître. Elle y pense chaque jour, c'est son obsession. Elle ne fera pas partie de ces mères indifférentes ou absentes, encore si nombreuses dans l'aristocratie après 1750. Certes, le bébé aura une gouvernante et plus tard un précepteur, mais le désir qu'elle a de s'investir totalement, d'être présente à tous les instants, est sans faille. Mme de Grouchy, si elle le peut, allaitera. Elle se passera de nourrice. Son instinct ne fait que rejoindre ses lectures... Dans de nombreuses brochures écrites depuis quelques années par des médecins, des moralistes, des administrateurs, l'amour maternel est exalté. Cette valeur naturelle et sociale irremplaçable, on l'avait simplement oubliée ! Le bonheur de l'enfant à venir est la seule chose qui compte.
Croyante, mais également un peu voltairienne sans le savoir, elle est séduite par l'idée selon laquelle la philosophie doit nous préparer moins à mourir qu'à vivre doucement...
Commenter  J’apprécie          00
Trois jours plus tôt la cour, à Versailles, et le peuple, à Paris, ont fêté la naissance d'un dauphin. Le roi en est-il bien le père ? disent les mauvaises langues. Les habitués d'Auteuil, eux, sont indifférents à l'évènement. Que dans trente ou quarante ans, pensent les plus pessimistes, ce soit le fils ou le frère de Louis XVI qui soit le nouveau roi, qu'y aura-t-il de neuf si les bigots de la Sorbonne, les courtisans corrompus et les hypocrites de tous poils continuent à régner, si les « restes » de la féodalité sont maintenus et l'ignorance du peuple entretenue?
La victoire franco-américaine de Yorktown en Virginie, le 19 octobre 1781, est infiniment plus importante : les Anglais ont capitulé, la guerre est finie. Les Américains découvrent la liberté ; leur Déclaration des Droits, voilà ce qui compte, ce qu'il faut faire connaître à tout prix. Partout en Europe. Dans son Épître à Catherine II, Voltaire pensait aux Russes et aux Suédois lorsqu'il écrivait : « C'est du nord aujourd'hui que nous vient la lumière. »
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : révolution françaiseVoir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1709 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}