Un essai très cohérent qui explore des thématiques et des combats devenus communs mais qui les éclaire de ce concept fort et évocateur du "principe du cumshot". Une dose de science humaine pour clarifier les idées reçues, une dose d'expérience personnelle pour accompagner le lecteur. Un essai assez équilibré et nuancé même si on peut effectivement trouver dommage de ne pas proposer des réelles "ouvertures" dépassant le constat.
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La plupart des hommes pourront très bien avoir une érection si une femme les excite sans les intéresser vraiment, parce qu’on les a entraînés toute leur vie à séparer dans leur esprit la personnalité et le physique des femmes.
Notre système patriarcal ne saurait autoriser que les hommes soient traités de manière si cavalière par les femmes. On ne doit pas percevoir ceux-ci comme des objets sexuels. Leur intégrité doit être respectée en tout temps, leur parole, écoutée. Survaloriser leur physique reviendrait a mettre en danger leur pouvoir au sein de la collectivité.
Nous ne souhaitons pas que le corps des hommes soit sexualisé dans l’espace public, car cela contribuerait à établir une réciprocité et un rapport de force égalitaire entre les sexes.
L’exposition du corps des femmes sur les pancartes publicitaires, dans nos contenus culturels et sur la rue ne serait pas sexiste en soi si le contexte social n’en était pas un de ségrégation sexuelle. Car ce qui est sexiste, c’est la coutume qui fait en sorte que les femmes sont dévêtues, tandis que les hommes couvrent leur corps sans chercher à créer de tension sexuelle en le faisant.
D’autres femmes ont admis qu’elles aimaient le défi que représente un homme qui les repousse et se montre stoïque face à l’amour.
Ces réactions sont cohérentes avec la manière dont on présente le bad boy dans la culture populaire, soit comme l’homme le plus désiré et donc le plus désirable. Mais elles ont sans doute aussi un lien avec la quête du Graal amoureux des femmes. Car dans un contexte où on les socialise en leur disant qu’être en couple doit constituer le but premier de leur vie, atteindre cet objectif rapidement et sans difficultés () mettrait abruptement fin à une quête censée les occuper sur une longue période. Le jeu finit trop vite. Pour plusieurs femmes, l’exquise attente de l’élu qui tombera à leurs pieds en leur déclarant son amour doit se savourer, avec la crainte que tout puisse s’arrêter à chaque instant. Un homme a genoux au premier rendez-vous éteint la flamme et fait dérailler la quête qui donnait un sens à la vie de sa conquête.
Un autre sacrifice que l’on exige des femmes : elle doivent s’attendre à dorloter davantage leur conjoint qu’il ne les dorlote. C’est ce qu’on appelle le travail émotionnel.
Cette expression inventée en 1983 était utilisée a l’origine pour parler du travail relié à certaines catégories d’emplois - principalement ceux de services - où l’on exige des employés qu’ils se montrent souriants, tolérants, chaleureux et déférents afin d’assurer au client une expérience émotionnellement satisfaisante. Pensons aux barmaids et aux infirmières: les émotions qu’on leur demande d’exprimer (de feindre) font partie de leur travail.
Mais le travail émotionnel s’observe aussi dans la sphère privée. Prenons les femmes qui feignent l’orgasme, ce qu’on percoit souvent comme un mensonge mesquin. Elles le font justement pour que leur partenaire soit émotionnellement satisfait de son expérience.
Réfléchir à la sexualité est un exercice qui peut devenir inconfortable dès lors que l'on cesse de réduire cet enjeu à sa composante biologique.
Le malaise s'installe à partir du moment où on admet que le sexe est une activité fondamentalement sociale.
Dans notre culture, les seins des femmes - qui sont des glandes dont la fonction biologique est d’allaiter les bébes - sont considéré comme sexy ou obscènes, et on exige des femmes qu’elles les cachent dans des lieux où les hommes, ont le droit de montrer les leurs. La censure de la poitrine manifeste un sexisme qui relève d’un choix de socièté. Je parle abondamment de cette discrimination envers le corps des femmes dans mes textes et, chaque fois, plusieurs lecteurs hommes réagissent avec stupeur à l’idée que cette partie du corps des femmes puisse être désexualisée. Ces lecteurs sont effrayés par l’idée que la poitrine des femmes devienne banale, et donc qu’elle perde son attrait sexuel pour eux.
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Le Salon dans tes oreilles - S1E02 - Réinventer la «fantasy» au féminin
La «fantasy», ou «fantasie» ou merveilleux, est en pleine évolution: alors qu'elle mettait traditionnellement l'accent sur les héros masculins, on y retrouve aujourd'hui des personnages féminins forts, des sociétés matriarcales, ou encore des histoires où les femmes se retrouvent à l'avant-scène. Lors de cette table ronde, nos invitées discuteront du rôle des femmes dans la «fantasy» et se demanderont en quoi l'arrivée d'autrices a permis de réinventer le style. Ce sera aussi l'occasion de faire découvrir ce genre en pleine ébullition à une nouvelle génération de lecteur·rice·s.
Avec :
Lili Boisvert, autrice
Héloïse Côté, autrice
Valérie Harvey, autrice
Ariane Gélinas, animatrice
Livres :
La tueuse de dragons Volume 2, Les monstres intérieurs
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/la-tueuse-de-dragons-volume-2-les-monstres-interieurs
Anan Tome 1, le prince
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/anan-tome-1-le-prince
L'Héritage du Kami
https://www.salondulivredemontreal.com/livres/l-heritage-du-kami
Le Salon dans tes oreilles est un balado issu des entrevues, tables rondes, et cabarets enregistrés dans le cadre du Salon du livre de Montréal 2020. Écoutez des auteurs, autrices et personnalités parler de livre, de lecture et d'écriture et échanger autour des cinq thématiques suivantes: le Féminisme, la Pluralité des voix, 2020, et après?, Récit et inspiration et Famille et enfance. Bonne écoute!
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