AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_Bison


Il s'appelle Rock et vient du Québec. Elle se prénomme Kathryn et a vécu en Colombie-Britannique. Moi, je suis juste le bison et viens d'une plaine silencieuse à brouter en silence mon herbe à bison trempée dans de la vodka congelée. Les températures se sont glacées, et les rêves ont réchauffés les majeurs de ces deux-là. Une envie de partir, de fuir leur environnement pollué par la vitesse, le bruit et les gens. Des rêves de trappeur. Seuls en terre inconnue, aux confins du territoire du Yukon, comme Jack London quelques années auparavant.

Du courage, de la ténacité, une part d'insouciance. Ou d'inconscience. Deux citadins amoureux du silence de la nature. Ils se rencontrent dans un décor de far-west, comme dans la grande époque de la ruée vers l'or. Dawson, la première étape avant l'appel de la forêt, et la plongée dans le silence du Grand Nord Canadien. Puis les méandres du Klondike et l'extrême.

« le silence est précieux, car, loin de nous couper l'un de l'autre, il nous permet d'être réceptifs ensemble à ce qui nous entoure. » Dans ce décor sauvage et blanc, ils expérimentent une nouvelle vie, ils fondent une nouvelle expérience, ils découvrent surtout l'amour de leurs vies. Là où « les mots en réalité deviennent superflus ». D'ailleurs, à quoi bon parler, la parole s'envole dans la violence du blizzard. Et puis, perdus là-bas entre les hurlements des loups et du vent, « il n'y a pas de vide à remplir », ils sont « présents l'un pour l'autre ». Cela suffit à leur communication. le silence de la neige, le silence de la nuit, le silence d'une lune bleue au milieu des étoiles scintillantes.

Pendant que Rock & Kathryn construisent leur première cabane en rondins, le vieux bison les observe presqu'avec envie. Il admire leur courage, il sent par moment la peur qui les submerge. Au début, le silence fait peur. Ensuite, le silence apprivoisé devient beauté. Je ne sens plus le froid, tout est gelé en moi. Trop de beauté, trop de bonheur, trop d'immensité dans ce gigantesque décor glacé sans fin. Peut-il en être « trop » ? Malgré tout, ma grosse carcasse devient « un petit point minuscule perdu dans cet immense paysage blanc ». Je me mets à leur place, essayant de leur faire part de l'indispensable et de l'essentiel dans une cabane. le poêle, par exemple, me paraît indispensable. Mais le décapsuleur lui n'est qu'essentiel. Et c'est là toute l'essence de ma vie. « Je savoure la caresse du vent sur mon visage, j'admire les sommets qui découpent le bleu du ciel entre les arbres. » Décapsuler une bouteille dans le silence de la solitude du Yukon. Magnifique, non ?!

J'imagine que des trappeurs de cette trempe, il ne doit plus y en avoir beaucoup même dans la région, le silence est devenu tellement effrayant, tout comme la solitude. Et pourtant, Rock & Kathryn vivent encore dans cet esprit qui au début semblait plus proche du courant hippie que d'une réelle communion avec la nature. Maintenant, ils ne peuvent vivre qu'aux confins de cette nature, ils ont réussi à fonder une famille par -40°C, fuck le blizzard, au milieu des loups et de leurs huskies. Un formidable témoignage, une préface de Nicolas Vanier, Rock & Kathryn Boivin, les derniers vrais trappeurs du Yukon.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
Commenter  J’apprécie          495



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}