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Robert Amutio (Traducteur)
EAN : 9782267020861
412 pages
Christian Bourgois Editeur (08/04/2010)
3.46/5   112 notes
Résumé :
Udo Berger, vingt-cinq ans, est passionné par les jeux de guerre. En compagnie de sa fiancée, Ingeborg, il part quelques jours sur la Costa Brava, dans l’hôtel tenu par la belle Frau Else. Dans sa chambre, Ugo installe une grande table afin d’établir de nouvelles stratégies pour son jeu, le Troisième Reich. La nuit venue, le couple rencontre deux autres Allemands, Charly et Hanna. Lorsqu’ils descendent sur la plage, l’imprévisible Charly leur présente certains locau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 112 notes
Une station balnéaire de la Costa Brava en pleine saison comme lieu idéal de perdition.

Pas le plus apprécié des romans du maitre Bolaño, mais sûrement l'un de ses plus aboutis…
Au vu des vastes latitudes d'appréciation qu'il laisse…

Une littérature des vaincus qui jamais ne se regardent dans le miroir.
Ou quand le Fusil de Tchekhov ne sert plus qu'à abattre un platiste mal réveillé.
Le loueur de pédalos n'est pas celui que l'on croit, malgré ses brûlures.

Les fantômes artificiels peuplant « La littérature nazie en Amérique » ne sont toujours pas revenus.
Goodwin sert encore ici de vague ligne d'horizon, tel ce spécialiste d'Hitler, qui finalement n'en parle jamais, dans le « Bruit de Fond » de Don DeLillo.
On joue avec, mais les pions ne sont pas de taille.

On pourrait aussi s'ennuyer, comme cela est suggéré… et puis non.
Cet Udo Berger, narrateur qui n'écrit même pas pour lui, et ce malgré l'antipathie, conserve une étrange forme d'intérêt, naturelle et froide, brillante comme un néon sale ou un capot de bagnole garée sur la plage.
Un souvenir de vacances qui ne devrait pas.
Un appeau de mouette ricaneuse qui aurait perdu toutes ses lettres, deux fois.

Mais peut-être qu'il n'y a rien à comprendre.
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Dans le Troisième Reich, c'est le rythme lent qui surprend au départ, comme si le livre et ses personnages étaient totalement abattus par la chaleur du soleil de la Costa Brava.

Dans ce décor balnéaire, Udo erre comme un zombie entre son jeu de rôles où il refait la guerre -une guerre où l'Allemagne gagne quasiment à chaque fois- et les personnages fantômes et métaphoriques qui l'entourent : Charly l'ami disparu, Frau Else l'image de la mère, le Brûlé qui va faire basculer sa vie en retournant son passé.

Un livre étrange, peu rationnel, mais dont le style simple sert une mise en abime du lecteur qui se laisse entraîner dans une ambiance lugubre, un monde parallèle, une spirale qui ne mène finalement nulle part.

C'est épuré, lent et inattendu, mais pour une première incursion dans l'univers de ce grand auteur que je découvre, c'est suffisant pour me donner envie d'explorer davantage le reste de son oeuvre.
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Au moment de commencer, l'histoire du livre paraît tellement simple qu'on ne peut que se demander quel sera le tournant prit. Udo, jeune Allemand de 25 ans part en vacances en Espagne là où il allait traditionnellement avec ses parents il y a plusieurs années. Udo, accompagné de sa fiancée Ingeborg, est à un tournant de sa vie, il compte se consacrer pleinement à sa passion, les wargames. de nombreux personnages viennent perturber les premiers jours au soleil du couple, notamment le loueur de pédalo qui semble vivre sur la plage et qui s'avérera un redoutable adversaire sur plateau pour Udo. Petit à petit, les relations entre eux vont se complexifier et le héros se trouvera bien esseulé.

Que ce soit les Espagnols, l'adversaire d'Udo, le brûlé, les patrons de l'hôtel ou bien le gênant autre couple allemand en vacances, toutes les personnes qui interviennent dans la vie du couple le font de façon théâtrale. Je les ai imaginé parler fort en faisant de grand geste tout le temps. Chacun joue son rôle et n'en dévie pas de telle sorte que l'atmosphère de cette ville revêt un lustre irréel. Roberto Bolaño jongle entre le réel et le fantastique, la ville semble n'être que le décors du piège qui se referme sur Udo. Ses relations avec l'Allemagne qui se limitent à de brèves conversations téléphonique avec son meilleur ami Conrad, se tendent jusqu'à elles aussi sembler artificielles. le simple récit de vacances passe des chroniques de bronzage à la crainte d'un homme pour sa vie.

Si l'atmosphère moite et angoissante s'installe progressivement à merveille, la fin est tout de même décevante. Trop de pistes ont été évoquées pour expliquer les événements, pour finalement n'en creuser aucune. le choix du titre du roman qui prend le nom du jeu disputé entre le héros et le brûlé laisse à penser que l'héritage de la seconde guerre mondiale est au coeur du roman. Quelques réflexions sur la nationalité d'Udo abondent en ce sens. On imagine un lien avec l'histoire personnelle de son adversaire mais il doit me manquer des clés pour comprendre réellement la portée du thème et ainsi rassembler les pièces du puzzle.
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Chacun connaît la loi du fusil de Tchekhov.
Imaginez maintenant un ouvrage dans lequel le procédé aurait été délibérément inversé, en lançant presque à chaque page une multitude de pistes narratives sans lendemain.
Envisagez ensuite qu'il y ait, dans cette kyrielle, une intention de créer un climat dérangeant et nauséeux de gêne, de crainte, de suspicion, de menace – ingrédient de certains polars – qui, lui aussi, est frustré par la procrastination et enfin par le manque d'événement. La première action – et la plus significative – se déroule à plus d'un tiers du livre. le sentiment de malaise, lui, est permanent.
Figurez-vous à présent un nombre réduit de personnages, dont certains aux noms énigmatiques (le Brûlé, l'Agneau, le Loup) qui n'atteindront jamais, eux non plus, la consistance minime indispensable à dénouer ne serait-ce que leur propre énigme ; ces personnages, et même tous les personnages, ont croisé le parcours du narrateur – pendant son récit ou non – et s'en éloignent de différentes manières (sortie de scène, au théâtre), même dramatiquement, sans que cela provoque un dénouement quelconque chez le protagoniste. D'ailleurs ce dernier ne fait guère exception : à la fin du roman, les hypothèses sur sa personnalité et sur ses motifs s'avèrent infondées.
Songez encore à un jeu de guerre sur plateau, éponyme du roman, qui commence à avoir du poids seulement à partir de la moitié de celui-ci, mais dont il serait vain de chercher des correspondances avec la fabula – c'eût été trop satisfaisant pour le lecteur… - même lorsqu'une liste de plus d'une page (328) de noms et surnoms de généraux nazis (réels ou imaginaires ? je n'ai pas eu le coeur de vérifier…) est jetée en pâture sans suite et sans raison. le déroulement du jeu ne reproduit ni des étapes textuelles (lesquelles ?!) ni celui de la véritable Seconde Guerre mondiale.
Croyez enfin que l'idée faite miroiter par la quatrième de couverture, sur « […] les formes étranges que peut prendre le nazisme ou l'idée que la culture – les jeux ou la littérature – se confond avec la réalité », je ne l'ai pas aperçue, et si bien même elle avait été abordée, elle aurait été NOYÉE dans une chaude mer d'insignifiance…
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J'ai découvert Roberto Bolaño en Mars 2011 avec son magistral roman « 2666 » (cliquez sur le titre pour découvrir mon avis) qui avoisine les 1300 pages en version poche. Je l'ai lorgné un long moment sur la table de la librairie dans laquelle je faisais un stage, avant de me jeter à l'eau et de ressortir de cette lecture absolument conquise ! J'ai poursuivi ma découverte de cet auteur Chilien avec « Les Détectives Sauvages », autre roman à la taille conséquente, tout aussi déroutant et extraordinaire. Rien n'a pu me dissuader de lire ces pavés, et Roberto Bolaño a gagné une place privilégiée dans le top de mes écrivains préférés.

Et récemment, je suis tombée sur « le Troisième Reich ». Un titre qui ne manque pas d'attirer l'attention du lecteur, n'est-ce pas ? Un titre qui rend curieux, on se demande ce qui peut bien se dissimuler derrière. S'agit-il d'un énième roman sur ce sujet moult et moult fois abordé ? Détrompez-vous ! Ce livre est étonnant, et sort des sentiers battus !

Ce roman est certes en dessous de la qualité des précédents que j'ai lu de Bolaño, mais il s'agit là d'un très bon livre tout de même, dans lequel on retrouve l'ambiance étrange et les personnages complexes, torturés, propres à cet auteur. Un livre lent dans lequel il ne passe presque rien, mais un livre envoûtant, inquiétant, mystérieux, lancinant, qui nous poursuit longtemps après l'avoir reposé.

Udo est un jeune Allemand, et un joueur professionnel. Un joueur de Wargames. Il est le spécialiste du jeu « le Troisième Reich », un jeu de plateau qui met en scène la Seconde Guerre Mondiale et tous les pays impliqués dans le conflit. Lors de vacances estivales passées en Espagne, sur la Costa Brava avec Ingeborg, sa compagne, il passe beaucoup de temps enfermé dans sa chambre d'hôtel à potasser de nouvelles stratégies, tandis que son amie rencontre des gens singuliers, un couple d'Allemand et trois locaux, le Brûlé, le Loup et l'Agneau. Quelles relations les lient, qu'est ce qui rapproche des gens si différents ? Ces vacances vont prendre une tournure particulièrement inattendue, qui ne laissera personne indemne.

L'intrigue atypique ainsi que les personnalités fascinantes et fouillées des personnages sont mises en scène avec une grande maîtrise. le cadre estival de l'histoire enrichit le récit d'une atmosphère paisible, mise en péril par une épée de Damoclès que le lecteur devine au dessus des têtes des protagonistes. On attend le pire, mais on ne sait pas sous quel forme il apparaîtra. C'est puissant, c'est original, c'est désarmant. J'adore.

En revanche, pour ceux qui souhaiteraient découvrir cet auteur, je ne vous conseillerai pas de commencer avec ce titre. Lancez-vous plutôt dans « Les Détectives Sauvages ». L'univers de Bolaño est particulier, complexe, difficile à appréhender, et il ne faut pas s'attendre à une simple lecture divertissante. Bolaño s'amuse, Bolaño expérimente, et le lecteur est un cobaye contraint de se plier à ses fantaisies. Bolaño frise l'excellence, mais il se mérite.
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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critiques presse (1)
Actualitte
04 août 2016
Une curiosité et un suspense qui nous accrochent, un texte fluide qui se lit avec avidité, même si les finales se concluent dans la grisaille.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'orage n'a pas mis longtemps à éclater et maintenant la pluie frappe le balcon ouvert comme une main très longue et osseuse, obscurément maternelle, qui voudrait m'avertir des dangers de l'orgueil.
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Et si je te dis que je sens quelque chose d'intangible, de bizarre, tournant autour de moi, menaçant, tu me crois ? Une force supérieure qui m’observe. je laisse de côté, bien sûr, ton veilleur de nuit, bien que lui aussi s'en soit rendu compte, inconsciemment, c'est pourquoi il me repousse. Travailler la nuit met en éveil certains sens.
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Aujourd'hui, après une longue promenade à pied, j'ai dit à Conrad que, à bien y réfléchir et pour tout résumer, nous étions tous pareils à des fantômes qui appartenaient à un état-major fantôme s'exerçant sur des plateaux de jeux de guerre.
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Le Brûlé sourit férocement (et, dans sa férocité, il est possible de deviner les traces d'une géométrie précise et démente) avec la certitude que ses pédalos seront sur la plage même si tous les pédalos de la ville prennent leurs quartiers d'hiver ; la forteresse persistera sur la plage, lui persistera à m'attendre ou à attendre l'ombre bien qu'il n'y ait pas de touristes ou que les pluies arrivent. Son obstination est une sorte de prison.
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L'amour, on le sait, est une passion exclusive, bien que, dans mon cas, j'espère concilier la passion pour Ingeborg et mon inclination ardente pour les jeux.
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Video de Roberto Bolaño (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roberto Bolaño
Roberto Bolano - Entre parenthèses .Ignacio Echevarria vous présente l'ouvrage de Roberto Bolano "Entre parenthèses" aux éditions Bourgois.http://www.mollat.com/livres/roberto-bolano-entre-parentheses-9782267021455.html
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