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Une station balnéaire de la Costa Brava en pleine saison comme lieu idéal de perdition.

Pas le plus apprécié des romans du maitre Bolaño, mais sûrement l'un de ses plus aboutis…
Au vu des vastes latitudes d'appréciation qu'il laisse…

Une littérature des vaincus qui jamais ne se regardent dans le miroir.
Ou quand le Fusil de Tchekhov ne sert plus qu'à abattre un platiste mal réveillé.
Le loueur de pédalos n'est pas celui que l'on croit, malgré ses brûlures.

Les fantômes artificiels peuplant « La littérature nazie en Amérique » ne sont toujours pas revenus.
Goodwin sert encore ici de vague ligne d'horizon, tel ce spécialiste d'Hitler, qui finalement n'en parle jamais, dans le « Bruit de Fond » de Don DeLillo.
On joue avec, mais les pions ne sont pas de taille.

On pourrait aussi s'ennuyer, comme cela est suggéré… et puis non.
Cet Udo Berger, narrateur qui n'écrit même pas pour lui, et ce malgré l'antipathie, conserve une étrange forme d'intérêt, naturelle et froide, brillante comme un néon sale ou un capot de bagnole garée sur la plage.
Un souvenir de vacances qui ne devrait pas.
Un appeau de mouette ricaneuse qui aurait perdu toutes ses lettres, deux fois.

Mais peut-être qu'il n'y a rien à comprendre.
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Dans le Troisième Reich, c'est le rythme lent qui surprend au départ, comme si le livre et ses personnages étaient totalement abattus par la chaleur du soleil de la Costa Brava.

Dans ce décor balnéaire, Udo erre comme un zombie entre son jeu de rôles où il refait la guerre -une guerre où l'Allemagne gagne quasiment à chaque fois- et les personnages fantômes et métaphoriques qui l'entourent : Charly l'ami disparu, Frau Else l'image de la mère, le Brûlé qui va faire basculer sa vie en retournant son passé.

Un livre étrange, peu rationnel, mais dont le style simple sert une mise en abime du lecteur qui se laisse entraîner dans une ambiance lugubre, un monde parallèle, une spirale qui ne mène finalement nulle part.

C'est épuré, lent et inattendu, mais pour une première incursion dans l'univers de ce grand auteur que je découvre, c'est suffisant pour me donner envie d'explorer davantage le reste de son oeuvre.
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C'est la fin de l'été.
Un jeune Allemand, Udo, retourne sur la Costa Brava, dix ans après sa dernière visite effectuée avec ses parents. Il est accompagné de sa fiancée Ingeborg. C'est la première fois qu'il part en vacances avec elle.
Il a un travail alimentaire mais sa véritable vocation ce sont les jeux de stratégie qu'il prend très au sérieux. C'est un champion, un fait qu'il aime rappeler.
Il se voit comme quelqu'un d'équilibré et espère pouvoir concilier son amour pour Ingeborg et sa
passion des jeux.
En réalité, il passe beaucoup de temps dans sa chambre d'hôtel à étudier de nouvelles stratégies, tandis que son amie fait des rencontres ; Un couple d'Allemand : Charly et Hanna. Ils rencontrent aussi trois ‘'Indigènes''.
Survient un évènement dramatique : la disparition soudaine de Charly en mer. Est-ce un suicide, un accident ?
Cela se dégrade. Ingeborg rentre seule en Allemagne, cela n'allait pas si bien entr' eux.
Hanna rentre également sans attendre que l'on retrouve le corps de son fiancé.
Le temps se dégrade. Les hôtels se vident progressivement.
Udo reste, il doit continuer une partie de jeu contre un loueur de pédalos.
Il perd contre son adversaire, pourtant néophyte.
Il rentre en Allemagne, trouve un autre travail et va sans doute abandonner le milieu des joueurs de jeux de stratégie. Avec Ingeborg, il ne sait pas.
Voilà !
Et non ! Car la Littérature est là ainsi que le talent d'un écrivain qui orchestre une mélodie somme toute banale.
C'est un huis clos envoutant et inquiétant.
DES PERSONNAGES INQUIÉTANTS, INCERTAINS.
Les trois indigènes ne sont nommés que par des surnoms : le Loup, l'Agneau et on se demande si l'agneau n'est pas un loup. Il y a une histoire de viol : qui a violé ; Charly ? Qui a été violé ; Charly ?
Et enfin le Brûlé, loueur de pédalos, défiguré par des brûlures dans des circonstances énigmatiques. Peut-être Sud-Américain qui, autrefois, fut poète. La nuit, il se terre, sur la plage, sous la forteresse de ses pédalos.
Udo renoue avec l'attirance éprouvée lorsqu'il était adolescent pour la gérante de cet hôtel .On se demande d'ailleurs s'il n'est pas resté pour elle. Elle lui fait du charme et le repousse lorsqu'il veut coucher avec elle. Pourquoi ? Nous ne saurons pas.
Et aussi son mari, tel un colonel Wurtz d' Apocalypse Now, mourant.
Il y a aussi le patron d'un bar louche, qui semble savoir… mais…
LES ATTIRANCES DU HÉROS.
Udo est spécialiste du jeu « le Troisième Reich, » un jeu de rôle sur plateau qui met en scène la Seconde Guerre Mondiale. C'est un jeu dangereux où les nazis peuvent gagner. Il semble esthétiquement (?) fasciné par la guerre et le nazisme.
Udo aime la culture allemande, les écrivains qui vantent l'héroïsme du soldat dans l'adversité.
« Si le Brûlé connaissait ou appréciait un peu la littérature allemande de ce siècle, je lui dirais que Manstein est comparable à Günter Grass et que Rommel est comparable à… Celan
Dans une atmosphère trouble et angoissante. « Tout a l'air pareil qu'hier, même si la tristesse a commencé à détruire le paysage. »
Un personnage fantasmatique, Florian Linden, auteur fictif de roman policier, traverse l'histoire et les cauchemars de Udo pour lui signifier : quoi ? Lui signifier que pour lui ce jeu pourrait bien devenir une question de vie ou de mort.
Il (Udo et le livre) est de plus en plus paranoïaque et mélange jeu, cauchemars et réalité.
Un récit de désintégration morale et psychologique. Quelque chose qui nous est caché, et à Udo. Un livre envoûtant, inquiétant.
Selon certain standard, cela se termine bien (mais, malgré tout, avec une référence à l'ambigu général von Seeckt).
J'en suis un peu déçu.
Parce qu'il y a une fin ?
Ou tendrais-je vers la face noire de la Force ?

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Au moment de commencer, l'histoire du livre paraît tellement simple qu'on ne peut que se demander quel sera le tournant prit. Udo, jeune Allemand de 25 ans part en vacances en Espagne là où il allait traditionnellement avec ses parents il y a plusieurs années. Udo, accompagné de sa fiancée Ingeborg, est à un tournant de sa vie, il compte se consacrer pleinement à sa passion, les wargames. de nombreux personnages viennent perturber les premiers jours au soleil du couple, notamment le loueur de pédalo qui semble vivre sur la plage et qui s'avérera un redoutable adversaire sur plateau pour Udo. Petit à petit, les relations entre eux vont se complexifier et le héros se trouvera bien esseulé.

Que ce soit les Espagnols, l'adversaire d'Udo, le brûlé, les patrons de l'hôtel ou bien le gênant autre couple allemand en vacances, toutes les personnes qui interviennent dans la vie du couple le font de façon théâtrale. Je les ai imaginé parler fort en faisant de grand geste tout le temps. Chacun joue son rôle et n'en dévie pas de telle sorte que l'atmosphère de cette ville revêt un lustre irréel. Roberto Bolaño jongle entre le réel et le fantastique, la ville semble n'être que le décors du piège qui se referme sur Udo. Ses relations avec l'Allemagne qui se limitent à de brèves conversations téléphonique avec son meilleur ami Conrad, se tendent jusqu'à elles aussi sembler artificielles. le simple récit de vacances passe des chroniques de bronzage à la crainte d'un homme pour sa vie.

Si l'atmosphère moite et angoissante s'installe progressivement à merveille, la fin est tout de même décevante. Trop de pistes ont été évoquées pour expliquer les événements, pour finalement n'en creuser aucune. le choix du titre du roman qui prend le nom du jeu disputé entre le héros et le brûlé laisse à penser que l'héritage de la seconde guerre mondiale est au coeur du roman. Quelques réflexions sur la nationalité d'Udo abondent en ce sens. On imagine un lien avec l'histoire personnelle de son adversaire mais il doit me manquer des clés pour comprendre réellement la portée du thème et ainsi rassembler les pièces du puzzle.
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J'ai découvert Roberto Bolaño en Mars 2011 avec son magistral roman « 2666 » (cliquez sur le titre pour découvrir mon avis) qui avoisine les 1300 pages en version poche. Je l'ai lorgné un long moment sur la table de la librairie dans laquelle je faisais un stage, avant de me jeter à l'eau et de ressortir de cette lecture absolument conquise ! J'ai poursuivi ma découverte de cet auteur Chilien avec « Les Détectives Sauvages », autre roman à la taille conséquente, tout aussi déroutant et extraordinaire. Rien n'a pu me dissuader de lire ces pavés, et Roberto Bolaño a gagné une place privilégiée dans le top de mes écrivains préférés.

Et récemment, je suis tombée sur « le Troisième Reich ». Un titre qui ne manque pas d'attirer l'attention du lecteur, n'est-ce pas ? Un titre qui rend curieux, on se demande ce qui peut bien se dissimuler derrière. S'agit-il d'un énième roman sur ce sujet moult et moult fois abordé ? Détrompez-vous ! Ce livre est étonnant, et sort des sentiers battus !

Ce roman est certes en dessous de la qualité des précédents que j'ai lu de Bolaño, mais il s'agit là d'un très bon livre tout de même, dans lequel on retrouve l'ambiance étrange et les personnages complexes, torturés, propres à cet auteur. Un livre lent dans lequel il ne passe presque rien, mais un livre envoûtant, inquiétant, mystérieux, lancinant, qui nous poursuit longtemps après l'avoir reposé.

Udo est un jeune Allemand, et un joueur professionnel. Un joueur de Wargames. Il est le spécialiste du jeu « le Troisième Reich », un jeu de plateau qui met en scène la Seconde Guerre Mondiale et tous les pays impliqués dans le conflit. Lors de vacances estivales passées en Espagne, sur la Costa Brava avec Ingeborg, sa compagne, il passe beaucoup de temps enfermé dans sa chambre d'hôtel à potasser de nouvelles stratégies, tandis que son amie rencontre des gens singuliers, un couple d'Allemand et trois locaux, le Brûlé, le Loup et l'Agneau. Quelles relations les lient, qu'est ce qui rapproche des gens si différents ? Ces vacances vont prendre une tournure particulièrement inattendue, qui ne laissera personne indemne.

L'intrigue atypique ainsi que les personnalités fascinantes et fouillées des personnages sont mises en scène avec une grande maîtrise. le cadre estival de l'histoire enrichit le récit d'une atmosphère paisible, mise en péril par une épée de Damoclès que le lecteur devine au dessus des têtes des protagonistes. On attend le pire, mais on ne sait pas sous quel forme il apparaîtra. C'est puissant, c'est original, c'est désarmant. J'adore.

En revanche, pour ceux qui souhaiteraient découvrir cet auteur, je ne vous conseillerai pas de commencer avec ce titre. Lancez-vous plutôt dans « Les Détectives Sauvages ». L'univers de Bolaño est particulier, complexe, difficile à appréhender, et il ne faut pas s'attendre à une simple lecture divertissante. Bolaño s'amuse, Bolaño expérimente, et le lecteur est un cobaye contraint de se plier à ses fantaisies. Bolaño frise l'excellence, mais il se mérite.
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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Udo Berger, un jeune Allemand, s'installe avec sa copine Ingrid dans l'hôtel espagnol qu'il fréquentait avec ses parents pendant son enfance. Il chérit ses souvenirs et les partage avec Ingrid, mais la patronne allemande de l'hôtel, l'attractive Frau Else, semble avoir oublié la famille Berger. Elle s'occupe de la gestion de l'hôtel et de son mari espagnol, qui est gravement malade. Pendant leur séjour dans la station baléaire de la Costa Brava, il rencontrent un autre jeune couple allemand, Charly et Hanna. Udo n'est pas vraiment content de cette rencontre. Il préfère passer ses vacances avec sa copine, mais celle-ci se lie d'amitié avec Charly et Hanna. Entre-temps Udo se réfugie dans leur chambre d'hôtel où il se dédie avec passion à un jeu de rôle appelé le Troisième Reich. Il imite la seconde guerre mondiale en miniature. Il trouve son adversaire dans un type espagnol marginal qui loue de pédalos à la plage, surnommé le Brûlé à cause de ses cicatrices. de nouveau, Bolaño parvient à créer une atmosphère de dépaysement et de désorientation mentale. Après la disparition de Charly, Hanna et Ingrid rentrent en Allemagne. Udo décide de rester, sous prétexte de faire le suivi dans l'affaire de la disparition de Charly. La vraie raison est qu'il peut désormais vivre pleinement sa fascination pour Frau Else et pour le jeu le Troisième Reich. Il ne quitte presque plus l'hôtel, qui devient un peu la métaphore de son isolement mental. A part Else et du Brûlé, il a perdu le contact avec le monde extérieur. Ce qui a commencé comme une idylle estivale deviendra de plus en plus un cauchemar. Un cauchemar qui semble plutôt être créé par Udo lui-même, que par le monde extérieur. J'ai beaucoup aimé ce livre. Je suis un très grand fan de Bolaño. Et je n'ai pas été déçu par le Troisème Reich. Mais ne vous attendez pas à un livre sur la seconde guerre mondiale, malgré la présence de personnages allemands.
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Chacun connaît la loi du fusil de Tchekhov.
Imaginez maintenant un ouvrage dans lequel le procédé aurait été délibérément inversé, en lançant presque à chaque page une multitude de pistes narratives sans lendemain.
Envisagez ensuite qu'il y ait, dans cette kyrielle, une intention de créer un climat dérangeant et nauséeux de gêne, de crainte, de suspicion, de menace – ingrédient de certains polars – qui, lui aussi, est frustré par la procrastination et enfin par le manque d'événement. La première action – et la plus significative – se déroule à plus d'un tiers du livre. le sentiment de malaise, lui, est permanent.
Figurez-vous à présent un nombre réduit de personnages, dont certains aux noms énigmatiques (le Brûlé, l'Agneau, le Loup) qui n'atteindront jamais, eux non plus, la consistance minime indispensable à dénouer ne serait-ce que leur propre énigme ; ces personnages, et même tous les personnages, ont croisé le parcours du narrateur – pendant son récit ou non – et s'en éloignent de différentes manières (sortie de scène, au théâtre), même dramatiquement, sans que cela provoque un dénouement quelconque chez le protagoniste. D'ailleurs ce dernier ne fait guère exception : à la fin du roman, les hypothèses sur sa personnalité et sur ses motifs s'avèrent infondées.
Songez encore à un jeu de guerre sur plateau, éponyme du roman, qui commence à avoir du poids seulement à partir de la moitié de celui-ci, mais dont il serait vain de chercher des correspondances avec la fabula – c'eût été trop satisfaisant pour le lecteur… - même lorsqu'une liste de plus d'une page (328) de noms et surnoms de généraux nazis (réels ou imaginaires ? je n'ai pas eu le coeur de vérifier…) est jetée en pâture sans suite et sans raison. le déroulement du jeu ne reproduit ni des étapes textuelles (lesquelles ?!) ni celui de la véritable Seconde Guerre mondiale.
Croyez enfin que l'idée faite miroiter par la quatrième de couverture, sur « […] les formes étranges que peut prendre le nazisme ou l'idée que la culture – les jeux ou la littérature – se confond avec la réalité », je ne l'ai pas aperçue, et si bien même elle avait été abordée, elle aurait été NOYÉE dans une chaude mer d'insignifiance…
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Le Troisième Reich a été écrit par Roberto Bolano en 1989 et publié seulement en 2010. Je l'ai lu avec moins de plaisir que les autres oeuvres de ce génial écrivain.
Pourtant on y retrouve bien la poésie propre à l'auteur et ses préoccupations existentielles et politiques.
Un jeu de stratégie nommé "Le Troisième Reich" occupe une place centrale dans ce roman. Son objectif consiste à rejouer les phases de la seconde guerre mondiale avec le moins d'erreurs possible. On devine dès les premières pages qu'il est doté d' une importance symbolique énorme, et on le prend au sérieux. Bien plus qu'un jeu, il tient le rôle du psychopompe qui met à disposition le terrain d' une véritable guerre livrée par le narrateur contre lui-même et son monde d'hier comme le seraient les lames d'un tarot initiatique belliqueux : remise en cause de sa vie passée, de ses choix de vie, de ses relations amoureuses et amicales. Les diverses parties, menées contre un adversaire inquiétant et peut-être malveillant "Le Brûlé" ( probablement l'autre versant de lui-même mais toutes les interprétations sont ouvertes) le mènent de la certitude de la victoire à la perte progressive de ses avantages et à la défaite finale. Est-il fou de s'acharner ainsi contre vents et marées ? Cet échec le livrera-t-il aux terribles dangers qu'il pressent ou lui permettra-t-il de s'engager dans une nouvelle voie : la sienne ?
Tout cela aurait un grand intérêt, mais l'énumération interminable des généraux, des fronts de combat, des forces engagées, des pertes en hommes, en munitions et des manoeuvres offensives ou de contournement sur ce terrain de plastique et de carton est venue à bout de ma bonne volonté : j'ai terminé le roman en survolant les longues pages consacrées aux tactiques des combattants.


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Le troisième reich écrit par Bolano dans les années 1989 est un roman curieusement resté dans un tiroir et paru de façon posthume. Dans un univers d'un calme trompeur sur la Costa Brava, où résidait alors Bolano, le suspens et la fièvre prennent subtilement peu à peu le pas en développant de nombreux thèmes chers à l'auteur autour du rapport à l'écriture, au mal, à la violence et à la folie

Lien : http://kroniks-ivres.blogspo..
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Oeuvre écrite en 1989, le Troisième Reich constitue une parfaite entrée dans l'oeuvre dense, complexe de Roberto Bolaño quand il contient en germe les thèmes et le style de l'enfant terrible de la littérature chilienne.
Hanté par le souvenir d'une femme, Udo revient en Espagne dans l'hôtel où il descendait avec ses parents enfant. Des vacances durant lesquelles il débute un journal et rédige un article sur son « sport », le Troisième Reich, un jeu de stratégie où il reconstitue les campagnes de la seconde Guerre Mondiale.
Lente et puissante, l'écriture de Roberto Bolaño parvient à transcrire les minuscules détails du quotidien qui finissent, accumulés et digérés par un psychisme fourmillant, par susciter une angoisse d'être comme si une brume peu à peu recouvrait le monde. La réalité se dissipe (ou bien révèle-t-elle justement son étrangeté) lorsque sont rendues poreuses les frontières entre le réel et le rêve, les fantasmes et le jeu ; tout comme on imagine qu'elles ont disparu pour Bolaño entre sa vie et sa littérature, envisagée comme activité totale.
Le Troisième Reich est un roman entropique. Son rythme lent de l'égrenage des jours conduit à un paroxysme diffus rejetant, comme l'océan finit par rejeter les corps, la vie et la vision d'Udo irrévocablement changées.
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