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sur 275 notes
Quand l'auteur d'un livre m'est inconnue, dés les premières pages la prose prime sur le sujet, et influe sur mes ressentis pour la suite. Il n'est pas nécessaire qu'elle soit exceptionnelle ou autre, il suffit que je m'y sens bien. Là chez Guy Boley, loin de me charmer, ni me laisser indifférente, elle m'a mise mal à l'aise. Pourquoi ? Tout simplement j'y ai senti un style imagé forcé, alambiqué, maladroitement exprimé à mon goût, où souvent la longueur des phrases en rajoutent . “......si courette est le diminutif de petite cour, on devrait dire ruette pour une petite rue alors qu'on dit ruelle. Décidément, les voies de la grammaire, semblables à celles du Seigneur, lui sont impénétrables.”, et je vous épargne le début de la première phrase, cinq lignes à rajouter..... M'ont lassée aussi le Petit Larousse illustré du papa et les répétitions d'expressions , comme « paf, entre deux wagons, comme une crêpe, le pauvre », sa grand-mère qui parle de la mort de son grand-père paternel..... et ça a l'air de l'amuser, pas moi. Quand au sujet, un père qu'on estime sur le tard sur une base d'auto-fiction romancée, un sujet banal, qu'uniquement une plume séduisante, aurait pu rendre original ou insolite. Ce qui est loin d'être le cas ici.

Dans cette rentrée littéraire, sur le même sujet, j'ai lu beaucoup mieux. Toujours la boxe et relation père-fils, “Le blues du boxeur “, premier roman d'un auteur danois Michael Enggaard. Pour être bref, aucune émotion, aucune empathie pour les personnages, d'autant plus que l'histoire de “La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ” avec C/G.Grant ou Tarzan dans la jungle des femmes, ne m'ont pas du tout emballée. Difficile d'aimer dans ces circonstances là. Pour moi le charme malheureusement n'a pas opéré.
Merci blandine, et désolée.....
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C'est avec une boule à l'estomac que je referme à l'instant ce livre et après avoir pleuré à la page 174 (il y a longtemps que cela ne m'est pas arrivé). Mais on rit aussi, rassurez-vous ! Quelle force de mots ! Quelle émotion ! La sensibilité de Guy Bolet me fait penser à celle de Chalendon, c'est peu dire… L'auteur met en scène son père boxeur et forgeron et son ami d'enfance qui deviendra abbé. Mais c'est surtout la relation fils-père que j'ai rarement vu aussi bien décrite. Enfant qui admire son père, adolescent qui s'en moque, puis retournement de sentiments. Mon premier roman de la rentrée est un vrai coup de coeur qui sera difficile d'égaler. Fils de feu m'avait déjà rendue admirative de sa prose. Un monsieur qui a fait mille métiers, que la vie a secoué et c'est pour moi ce qui fait la différence, parce qu'il écrit avec ses tripes. BRAVO et merci pour la lectrice que je suis !
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"Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, les doigts encore gourds de tousles martèlements, les mains encore pleines d'escarbilles et de foudre, ouvrir son dictionnaire, son -Larousse illustré-, et recopier des mots, au hasard de leurs formes, de leurs sonorités, de leur place dans les lignes, de leurs bizarreries ou de leur orthographe. Ou ne pas recopier et simplement tomber sur l'un deux dont il se demande comment il parviendrait, dans son quotidien, à le tordre sous sa langue pour construire avec lui des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier sans même se demander comment il faut s'y prendre tant la chose va de soi quand ses mains lui racontent le chemin. (p. 90-91)"


Je débute cette chronique par cet extrait aussi touchant, qu'explicite, qui dit déjà beaucoup... Je découvre avec jubilation cet écrivain, avec ce deuxième roman, qu'une camarade-libraire ( Librairie "Caractères" / Issy ) m'a prêté, ayant eu le coup de coeur... Grand bien lui a fait...car je me suis plongée dedans, avec délice...

Le style est d'une fluidité confondante, entremêlant poésie, émotion, de l'humour...ironie et dérision, mais l'ensemble reste incroyablement bienveillant etchaleureux.... Une très belle échappée qui fait la part belle à l'amitié de deux jeunes garçons, d'origine modeste, vivant dans une Franche-comté rurale et populaire...et plus précisément à Besançon, sa capitale et celle de l'horlogerie ! L'un , orphelin de père, qui doit se mettre à travailler comme forgeron dès ses 14 ans... Il vit avec une mère, d'origine paysanne, âpre et se méfiant de la lecture et de la littérature...

Elle préfère faire faire de la boxe à son unique fils... pour être "plus sûr" ...qu'il devienne un homme !!
Et de l'autre, Pierrot, passionné de lectures aussi et de mythologie... Il deviendra prêtre. René, le forgeron- boxeur restera toute sa vie ami, et même comme un frère avec son Pierrot, qu'il ne peut plus, par contre appeler par son prénom depuis que son ami a embrassé la carrière ecclésiastique...tellement il a été secoué. Pierrot n'a plus droit qu'à un ironique et affectueux "Monsieur abbé " !!! Leur complicité, leur amitié sont restées , par ailleurs, aussi fortes et sincères...

De nombreuses observations sur le monde "des gens de peu"... avec leurs extraordinaires courage, dignité et richesses...remarques mordantes sur l'Eglise, et les fossés entre classes sociales...
Tout cela sur un ton, qui m'a parfois fait penser à un mélange de Desproges... et surtout de Jean-Louis Fournier !!!...

"Nul ne contredit l'abbé : personne dans le quartier, ne connaît Shakespeare. Ni aucun autre auteur de génie. Ni autre auteur tout court. C'est un quartier populaire, d'ouvriers et de cheminots, on y aime la boxe, l'opérette, le musette accordéon, on n'y lit quasiment pas, la culture est une affaire d'élégants , d'oiseux, d'aristocrates. Car lire est dangereux, ça instille dans les coeurs des mondes inaccessibles qui ne portent au fond d'eux qu'envies et frustrations; ça rend très malheureux quand on est gens de peu, de savoir qu'il existe, dans un ailleurs fictif, des vies sans rides, ni balafres, où les rires, l'argent, la paix, l'amour poussent aussi joliment que du gazon anglais. (p. 79)"


Un hommage extraordinaire d'un fils à son père... Père d'origine modeste , qui n'a pu faire des études, mais cela ne l'aura pas empêché de se battre du mieux qu'il pouvait...et avec un panache certain ! Un livre qui fait du bien, tant il est rempli de joie de vivre et de bienveillance...

Un très beau livre... qui va me faire me précipiter sur son premier roman, "Le Fils du feu", paru en folio, tout récemment....que j'ai hâte de lire !!

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Quand Dieu boxait en amateur se veut un hommage. Guy Boley réalise après la mort de son père qu'il le connaît fort mal, ne l'a pas compris, ne lui a pas assez dit qu'il l'aimait.

Remonter jusqu'à l'enfance, imaginer ce que sa vie a pu être, entre une mère trop tôt veuve, acariâtre, qui le pousse à travailler dès qu'il en a l'âge, et son ami de toujours Pierrot. Puis les bribes de ce qu'ils ont vécu ensemble comme en pointillés.

Ce roman ne m'a pas emballée. Tout au long de la lecture, j'ai ressenti comme un malaise, le sentiment que quelque chose sonnait faux. Certaines tournures de phrases, les énumérations, le style d'écriture qui en fait trop ou alors pas assez. Cela finit par ressembler à une hagiographie ratée.


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Autobiographie ou autofiction, Guy Boley rend ici hommage à son père auquel le lie un amour fusionnel : « Dans nos doigts fusiformes liés et alanguis reposait quelque chose comme Dieu, ou l'idée qu'on s'en fait, c'est-à-dire notre amour, son amour paternel et mon amour filial. »

170 pages de respect, de tendresse et d'amour pour ce père dont Guy Boley nous raconte le parcours de vie, atypique et mouvementé, tour à tour – ou tout ensemble – forgeron, boxeur, acrobate et vaguement acteur, orphelin de père élevé à la dure, qui n'a connu que « l'école au rabais » et très tôt l'apprentissage, mais amoureux depuis l'enfance des livres et des mots : « Il faut l'imaginer, mon père ce héros, roi du monde et boxeur, assis dans la cuisine, les doigts encore gourds de tous les martèlements, les mains encore pleines d'escarbilles et de foudre, ouvrir son dictionnaire, son « Larousse illustré », et recopier des mots, au hasard de leurs formes, de leurs sonorités, de leur place dans les lignes, de leurs bizarreries ou de leur orthographe. Ou ne pas recopier et simplement tomber sur l'un deux dont il se demande comment il parviendrait, dans son quotidien, à le tordre sous sa langue pour construire avec lui des phrases aussi belles et volubiles que les fers emmêlés qu'il façonne dans son atelier sans même se demander comment il faut s'y prendre tant la chose va de soi quand ses mains lui racontent le chemin. »

Un homme habité de rêves secrets, d'ambitions contrariées par le destin et par la vie et qui transparaissent dans un petit carnet d'écolier que son fils retrouve après sa mort. Une découverte, un choc pour ce fils qui comprend que du père tant aimé, tant admiré pourtant il ne connaissait rien, ou pas grand-chose, et surtout pas l'essentiel : « J'ignorais que mon père avait des rêves si grands. Toujours on sous-estime les gens qu'on aime trop, ou ceux qu'on aurait dû aimer davantage. » Et le portrait, la vérité intime, secrète et émouvante de ce père méconnu de lui, le fils, comme de tous, c'est à nous que l'offre Guy Boley au travers de ces pages, en guise de « devoir de mémoire » filial et bouleversant : « Il me faut désormais le recoudre, ce passé déchiré, assembler pièce par pièce le manteau d'Arlequin, puis frapper les trois coups pour que le rideau s'ouvre et que sur les tréteaux, glorieux et souverain, apparaisse cet homme que je pourrai sacrer : mon père ce héros. Mon roi d'éternité. »

Un livre beau et fort, infiniment respectueux et digne, que j'ai beaucoup aimé.
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Le père du narrateur est mort dans l'hôpital où il est né. L'histoire de cet homme est finie. Son fils nous raconte cette vie simple, passée dans cette petite ville de province. René, le père est élevé par sa mère, veuve. Une mère femme de ménage, sans espoir que celui de faire de son fils, un homme. Mais René a toujours le nez dans les livres. Il fera de la boxe, cela le forgera. Il n'a qu'un ami Pierrot qui deviendra abbé. Lui deviendra forgeron. L'un se marie, l'autre se met au service de Dieu et notre petit narrateur naît. Une vie simple qui pourrait être un peu fade sans l'attirance de René pour la culture. L'abbé va lui proposer le rôle de sa vie : Jésus ! Des années de spectacles, d'apprentissage, de belle vie. Partager, jouer, ils sont heureux.

René, son épouse, son fils le narrateur et par ricochet l'abbé vont subir un drame et plus rien ne sera pareil. Ce père si lumineux aura une tendance à boire un peu trop, sa femme est déjà sans vie. le fils s'éloignera de ses parents jusqu'à mépriser son père et boira à son tour.

C'est un récit écrit avec les larmes de sang de ce drame, un récit tour à tour lumineux et désespérant. La vie, simplement, comme un match de boxe avec ses victoires et ses défaites, dans un quartier d'une petite ville, comme une gloire des humbles. Une histoire d'amour dont on ne disait rien.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Mais quel est donc ce Dieu qui boxe en amateur dans ce roman de Guy Boley me direz-vous ?
Ce Dieu ?
C'est un père.
Le boxeur ?
Le même père.
René,  le forgeron.
Celui qui, enfant, passait des heures à lire, au grand dam d'une mère agacée de le voir plongé continuellement dans les pages d'un.... dictionnaire.
Celui qui montera un jour sur le ring, poussé par cette mère qui préfère le voir faire du sport plutôt que s'abrutir dans sa lecture....
Tu seras boxeur mon fils.
Et quand son copain de toujours, ce bon Pierrot, devenu "Père abbé " décide de monter un spectacle, adaptation de "La passion de notre Seigneur Jésus-Christ", c'est à René qu'il attribue le rôle-titre.
Le narrateur, sous la plume empreinte de poésie et d'humour de Guy Boley, nous relate avec l'admiration, la tendresse et l'émotion  d'un fils, la vie extraordinaire d'un père ordinaire...
J'avais eu un véritable coup de coeur pour Fils du feu de ce même auteur, il récidive de la plus belle des façons avec ce roman.
J'aime son art de manier la langue.
J'aime ses phrases à double sens qui amène le sourire ou le rire chez le lecteur.
J'aime l'émotion qu'il distille au fil des pages.
Je l'ai dit, c'est poétique et drôle, mais il y a aussi des maux et il y a surtout des mots...
De la phynance à l'enclumette, il prend plaisir à en glisser quelques-uns, pour vous pousser à dépoussiérer votre bon vieux Larousse.
Et puis, sont revenus à ma mémoire des souvenirs de charbon, moi aussi j'ai rempli le seau, dans ma jeunesse, de ces boulets noirs et... ovales... (Clin d'oeil à Mr Boley).
Quand Dieu boxait en amateur,  c'est un vrai plaisir de lecture.


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Une très belle découverte pour cet auteur ! je suis sous le charme de sa plume. L'histoire est attendrissante, émouvante, parfois souriante.
J'ai passé un agréable moment en compagnie des deux compères, j'ai aimé retrouver cette époque qui glissait vers un monde plus libéré, plus moderne.
Je ne connaissais pas le premier roman de cet auteur, et je vais pouvoir le découvrir, connaissant de par cette lecture l'histoire de son père, le récit sera peut être moins "intéressant" mais rien que pour le style, l'art et la manière de nous partager ces instants de vie, de complicité, je dis oui sans hésitation à lire ce premier roman qui avait d'ailleurs était remarqué.
J'espère que ce deuxième roman sera lui aussi honoré,il est déjà cité pour un éventuel prix littéraire, mérité sans aucun doute.
Il se fait rare de découvrir des nouveaux écrivains à la plume si particulière et un style tellement agréable, et des récits simples tellement touchants.
Une tranche de vie en couleur, son et lumière. Un spectacle ce roman et je suis sûr que de là-haut René et Pierrot sont très fiers et applaudissent de tout coeur et bonheur.
Un auteur qui mérite le devant de la scène.
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Le voilà, Guy Boley repart au combat avec son dernier livre, "Quand dieu boxait en amateur". Est-ce un combat contre lui même, ou s'inspirant de l'histoire de son père, il se prépare à remonter sur scène pour mieux nous ébranler.
Il fait parti de ces insoumis, ou ces rebelles, il habite les dernières pages quand la messe est dite, explorant son passé peu avant la mort de son père, et il craque. le combattant, l'éternel combattant, ce jour-là c'est son père, pas lui.
La dernière scène de "Quand dieu boxait en amateur" est inoubliable, car maquillée comme Muhammad Ali, son père gueule tellement fort qu'il retombe en vrac, et péta un accoudoir de son fauteuil roulant.


Guy Boley déroule un portrait du vieux, pour mieux lui dédier un hommage vibrant d'admiration. Les regards que ses admirateurs portent sur lui, le placent sur un piédestal, celui du champion de France de boxe, qui un jour va se fendiller comme une fracture. Lui le grand combattant est devenu un professionnel de la bibine, de l'apéro, du trou normand ! Non ! pas lui.
Les hommage à Cerdan, à Piaf sentent trop l'alcool pour que le fils puisse le croire. Où est passé celui qui maîtrisait le fer, dominait le feu, tordait des barres en métal.
Je vais me battre mais avec mes armes, avec mes livres fussent-ils interdits.


C'est d'ailleurs peut-être, ce qui a manqué à son récit, d'avoir laissé dans l'ombre, cette question lancinante de savoir, s'il n'avait finalement que déplié une unique mission, se battre mieux encore que son père.

Au regard du récit d'Amélie Nothomb, prenant la plume à la place de Jésus, la fiction que dessine Guy Boley, ne raconte pas, mais explique comment un homme se met dans la peau d'un autre homme Jésus.
L'incarnation va beaucoup plus loin que "Soif", car celui qui devient Jésus sur la scène est le père de Guy .
Et le fils comprend cette incarnation sobre, totale, désespérée, de l'homme au combat qui vient de recevoir un uppercut au foie, là où ça fait le plus mal ; la douleur devient intolérable, Jésus s'écroule sous le poids de sa croix, René tombe parce qu'il est devenu un autre homme.


Je passe sur l'amitié entre son ami d'enfance, l'abbé Delvaut et lui, j'espérais surtout en savoir plus sur cette mère qui tient les livres pour des objets dangereux et pervers.

Quand dieu boxait en amateur, n'a sans doute pas apaisé son auteur, mais les dernières pages dressent une belle couronne à ce père d'éternel boxeur.
Je t'avais dit que j'y arriverais, j'ai réussi,
tu as réussi, papa,
je ne suis pas un raté alors... page 174
Tu es mon unique dieu.
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Mon père, ce héros
Après Fils du feu, un premier roman choc, Guy Boley rend hommage à son père à travers les épisodes marquants de sa vie. L'occasion aussi de prendre congé d'un monde ouvrier et d'une époque englouties par le «progrès».

Présentant Fils du feu, le premier roman de Guy Boley, j'écrivais: «un livre forgé avec puissance et élégance, avec rage et exaltation. C'est l'enfer la tête dans les étoiles.» Quand Dieu boxait en amateur est dans la droite ligne de cette découverte initiale et nous offre le portrait de René Boley, né le 3 mai 1926 à Besançon à l'hôpital du quartier, «entre les rails et les wagons, les tenders et les tampons, dans les panaches bleutés de leurs lourdes bouzines aux déchirants sifflets», décédé le 8 octobre 1999, «dans ce lieu ferroviaire où le destin la lui avait offerte. (…) Distance entre le lieu de sa naissance et celui de sa mort: trois étages.»
Entre son décès et sa mort, il y a aussi le vibrant hommage d'un fils qui a partagé sa vie de chanteur, d'acrobate et acteur, de forgeron et de boxeur. Et de chercheur de mots. Car le dictionnaire ne l'a jamais quitté: «C‘est son problème, les mots, à cause du père inconnu qui s'est fait écraser paf-entre-deux-wagons-comme-une-crêpe-le-pauvre, la mère contrainte d'aller faire des ménages chez les riches (bourgeois du centre-ville) et lui l'école au rabais, puis l'apprentissage chez le premier patron qu'on a trouvé forgeron-serrurier, on aurait pu tomber sur pire pour, hop, entrer dans la vie active à tout juste quatorze ans, l'âge légal, parce que ça fait un salaire de plus à la maison.» le travail est dur, pénible, mais il n'est pas pour autant sujet à déprime. Au contraire, on essaie d'avancer, de progresser, de construire. «On ne choisit pas son enfance, on s'acclimate aux pièces du puzzle, on bricole son destin avec les outils qu'on a sous la main» Ainsi, avec sa belle voix pousse René à distraire ses amis les cheminots, à leur offrir des morceaux d'opérette. Mais il n'entend pas s'arrêter là: «La gloire l'attirait comme l'aimant la limaille».
Sa mère et son grand ami Pierre vont lui en donner l'opportunité. La première l'inscrit à la boxe pour l'aguerrir. le 28 décembre 1952, il sera couronné champion de France et donnera naissance trois jours plus tard à son narrateur de fils. le second, devenu curé, lui offre de un rôle d'apprenti comédien, «catégorie théâtre d'eau bénite» dans la représentation de la passion du Christ. On imagine bien ce que le garçon de trois ans peut ressentir en voyant son paternel en Jésus-Christ.
Mais cette route vers la gloire va soudain se briser. Car si les difficultés du quartier, l'arrivée des locomotives électriques et la mutation industrielle commencent à faire des dégâts, ce monde qui change n'est rien face à la douleur de perdre un enfant.
Le chagrin, l'incompréhension, la colère sourde s'exprimer alors avec violence.
Le roman a soudain basculé. le fils découvre un autre père…
Guy Boley a le sens de la formule qui fait mouche. Son style, à nul autre pareil, nous offre un roman superbe, entre épopée et tragédie. Où l'humain à toute sa place, à savoir la première!
« Quand un monde s'écroule, tous ceux qui vivent dedans, au loin ou à côté, s'en retrouvent affectés. Et, s'ils n'en meurent pas, toujours ils perdent pied Vésuve ou Pompéi, chagrins d'amour ou deuils intempestifs, c'est du pareil au même, il ne reste que cendres, vapeur d'eau ou buée, tempêtes de cris et océans de larmes. Des vies en suspens, comme des draps humides qui ne sécheront jamais plus. Aussi ai-je fui au plus vite ce pays endeuillé, et quitté ce cocon qui n'en était plus un. »

Lien : https://collectiondelivres.w..
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