Le voilà,
Guy Boley repart au combat avec son dernier livre, "
Quand dieu boxait en amateur". Est-ce un combat contre lui même, ou s'inspirant de l'histoire de son père, il se prépare à remonter sur scène pour mieux nous ébranler.
Il fait parti de ces insoumis, ou ces rebelles, il habite les dernières pages quand la messe est dite, explorant son passé peu avant la mort de son père, et il craque. le combattant, l'éternel combattant, ce jour-là c'est son père, pas lui.
La dernière scène de "
Quand dieu boxait en amateur" est inoubliable, car maquillée comme Muhammad Ali, son père gueule tellement fort qu'il retombe en vrac, et péta un accoudoir de son fauteuil roulant.
Guy Boley déroule un portrait du vieux, pour mieux lui dédier un hommage vibrant d'admiration. Les regards que ses admirateurs portent sur lui, le placent sur un piédestal, celui du champion de France de boxe, qui un jour va se fendiller comme une fracture. Lui le grand combattant est devenu un professionnel de la bibine, de l'apéro, du trou normand ! Non ! pas lui.
Les hommage à Cerdan, à Piaf sentent trop l'alcool pour que le fils puisse le croire. Où est passé celui qui maîtrisait le fer, dominait le feu, tordait des barres en métal.
Je vais me battre mais avec mes armes, avec mes livres fussent-ils interdits.
C'est d'ailleurs peut-être, ce qui a manqué à son récit, d'avoir laissé dans l'ombre, cette question lancinante de savoir, s'il n'avait finalement que déplié une unique mission, se battre mieux encore que son père.
Au regard du récit d'
Amélie Nothomb, prenant la plume à la place de Jésus, la fiction que dessine
Guy Boley, ne raconte pas, mais explique comment un homme se met dans la peau d'un autre homme Jésus.
L'incarnation va beaucoup plus loin que "
Soif", car celui qui devient Jésus sur la scène est le père de Guy .
Et le fils comprend cette incarnation sobre, totale, désespérée, de l'homme au combat qui vient de recevoir un uppercut au foie, là où ça fait le plus mal ; la douleur devient intolérable, Jésus s'écroule sous le poids de sa croix, René tombe parce qu'il est devenu un autre homme.
Je passe sur l'amitié entre son ami d'enfance, l'abbé Delvaut et lui, j'espérais surtout en savoir plus sur cette mère qui tient les livres pour des objets dangereux et pervers.
Quand dieu boxait en amateur, n'a sans doute pas apaisé son auteur, mais les dernières pages dressent une belle couronne à ce père d'éternel boxeur.
Je t'avais dit que j'y arriverais, j'ai réussi,
tu as réussi, papa,
je ne suis pas un raté alors... page 174
Tu es mon unique dieu.